Mario Monicelli (1915-2010)
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Re: Mario Monicelli (1915-2010)
Vogliamo i colonnelli (Nous voulons les colonels) (Mario Monicelli, 1973)
http://alligatographe.blogspot.com/2011 ... nelli.html
J'ai connu Monicelli, Age et Scarpelli beaucoup plus inspirés. Non que le film soit inintéressant, loin de là, mais disons que la satire qu'ils nous proposent là n'a pas d'une aussi grande portée qu'à l'accoutumée. On les a connu plus incisifs. Il y a avec ces colonels quelque chose qui cloche pour définitivement éveiller plus qu'un rire moqueur.
Certes, le regard porté sur les personnages est virulent mais à trop en faire dans la caricature, l'illustration grasse de cette bêtise leur fait perdre leur part de vérité. On a bien du mal à croire à ces personnages tant ils sont trop cons. Les auteurs ont voulu montrer une extrême droite italienne formée de bras cassés, de pieds nickelés, afin de se foutre de leurs gueules. L'intention va à la jouissance, mais fait figure de vœu pieu en fin de compte. Dans tes rêves, l'ami, car l'extrême est plus dangereuse que ridicule. Celle-ci n'existe pas vraiment. L'estocade n'est jamais donnée car la "bête immonde", la vraie, s'en relève trop facilement.
Le trait critique de ce film manque de finesse. Ces colonels manquent de poids. Au final, le film ressemble plus à une farce -où le grotesque le dispute à la vulgarité- qu'à une critique pertinente et subtile. Dommage. "Nous voulons les colonels" fait rire, mais jamais peur.
Dans la distribution Ugo Tognazzi accentue l'aspect vulgaire et quasi dégénéré de son personnage, un peu trop à mon goût, mais son pouvoir de conviction lui permet de sauver les apparences. On découvre François Périer, puis à la toute fin Claude Dauphin dans des rôles un peu moins extravagants.
Pas le meilleur Monicelli.
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J'ai connu Monicelli, Age et Scarpelli beaucoup plus inspirés. Non que le film soit inintéressant, loin de là, mais disons que la satire qu'ils nous proposent là n'a pas d'une aussi grande portée qu'à l'accoutumée. On les a connu plus incisifs. Il y a avec ces colonels quelque chose qui cloche pour définitivement éveiller plus qu'un rire moqueur.
Certes, le regard porté sur les personnages est virulent mais à trop en faire dans la caricature, l'illustration grasse de cette bêtise leur fait perdre leur part de vérité. On a bien du mal à croire à ces personnages tant ils sont trop cons. Les auteurs ont voulu montrer une extrême droite italienne formée de bras cassés, de pieds nickelés, afin de se foutre de leurs gueules. L'intention va à la jouissance, mais fait figure de vœu pieu en fin de compte. Dans tes rêves, l'ami, car l'extrême est plus dangereuse que ridicule. Celle-ci n'existe pas vraiment. L'estocade n'est jamais donnée car la "bête immonde", la vraie, s'en relève trop facilement.
Le trait critique de ce film manque de finesse. Ces colonels manquent de poids. Au final, le film ressemble plus à une farce -où le grotesque le dispute à la vulgarité- qu'à une critique pertinente et subtile. Dommage. "Nous voulons les colonels" fait rire, mais jamais peur.
Dans la distribution Ugo Tognazzi accentue l'aspect vulgaire et quasi dégénéré de son personnage, un peu trop à mon goût, mais son pouvoir de conviction lui permet de sauver les apparences. On découvre François Périer, puis à la toute fin Claude Dauphin dans des rôles un peu moins extravagants.
Pas le meilleur Monicelli.
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Re: Mario Monicelli (1915-2010)
En fait le titre renvoie à la dictature grecque (dite "des colonels"), les héros voulant établir un régime semblable en Italie.(d'où ce "nous voulons les colonels")
Je trouve cette grosse farce (parce que c'en est une) plus corrosive qu'il n'y paraît. Les nostalgiques et/ou retraités du fascisme mussolinien devaient d'ailleurs être encore assez nombreux à l'époque du tournage (et il y eut en 1970 une tentative de putsch).
Et, comme il a été dit un peu plus haut dans le topic, la conclusion est glaçante...
Je trouve cette grosse farce (parce que c'en est une) plus corrosive qu'il n'y paraît. Les nostalgiques et/ou retraités du fascisme mussolinien devaient d'ailleurs être encore assez nombreux à l'époque du tournage (et il y eut en 1970 une tentative de putsch).
Et, comme il a été dit un peu plus haut dans le topic, la conclusion est glaçante...
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Re: Mario Monicelli (1915-2010)
C'est plus subtile et interessant qu'il n'y parait derrière les bouffonneries d"un Tognazzi.Alligator a écrit : Au final, le film ressemble plus à une farce -où le grotesque le dispute à la vulgarité- qu'à une critique pertinente et subtile. Dommage. "Nous voulons les colonels" fait rire, mais jamais peur.
Dommage qu'il n'y est pas davantage de comédie de cette qualité !
Bien sur la charge est lourde, parfois cocasse et grivoise mais salutaire quand on pense a une actualité ou le gouvernement de Bush Junior a utilise la peur pour dépenser sans compter dans l'armement et imposer des lois liberticides aux américains. Ils ont fini par se réveiller avec la crack boursier de sept 2008.
Le cinéma est un art populaire. Si la masse comprend le message politique et en plus se divertit, je considère que c'est une réussite.
une comédie italienne a découvrir d'urgence.
http://comedieitalienne.com/2009/03/19/ ... olonnelli/
J'ai adore cette comédie que j'ai vu en italien.
Pas vu la VF.
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Re: Mario Monicelli (1915-2010)
Oui, mais si l'on reprend les personnages de l'armata Brancaleone ou de La grande guerre, des personnages pas finauds non plus, des caricatures également, avec des traits forcés, on se rend compte également qu'il se dégage de leur parcours picaresque une histoire profondément humaine. De la farce nait un portrait très touchant, tellement proche du public. Or, ces colonels m'ont laissé complètement froid de ce point de vue. La distance avec eux ne s'amenuise jamais pendant le visionnage.
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Re: Mario Monicelli (1915-2010)
J'ai eu à peu près la même impression que toi en visionnant ce film. Monicelli a très bien su nous toucher dans d'autres films, mais là ce n'était visiblement pas son but (et heureusement d'ailleurs !).Alligator a écrit :Oui, mais si l'on reprend les personnages de l'armata Brancaleone ou de La grande guerre, des personnages pas finauds non plus, des caricatures également, avec des traits forcés, on se rend compte également qu'il se dégage de leur parcours picaresque une histoire profondément humaine. De la farce nait un portrait très touchant, tellement proche du public. Or, ces colonels m'ont laissé complètement froid de ce point de vue. La distance avec eux ne s'amenuise jamais pendant le visionnage.
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
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Re: Mario Monicelli (1915-2010)
Encore heureux c'est une critique virulente et politique contre ces dictateurs ou potentiels dictateurs nostalgiques de Mussolini.Alligator a écrit :Or, ces colonels m'ont laissé complètement froid de ce point de vue. La distance avec eux ne s'amenuise jamais pendant le visionnage.
Monicelli montre un portrait touchant quand il parle des petites gens, même s'il s'agit de cambrioleur comme dans le Pigeon ( i soliti ignoti). Politiquement il était proche du PSI, parti socialiste italien. A +90 ans, quand il s'est inscrit sur Facebook, j'ai vu qu'il avait ajoute tout les pages relies au PSI. Il m'a fait l'honneur et le plaisir d'ajouter ma page sur la comedie italienne dans ses pages favorites.
Il a essaye d'alerter les citoyens italiens contre cette menace réelle qui avait échoue de peu dans le passe. Pour moi c'est réussit et salutaire encore maintenant quand on regarde la politique américaine d'un Bush Junior et l'utilisation de la peur du terrorisme avec la complicité des médias. J'ai d'ailleurs note cette comédie avec cet aspect et utilité politique. Sinon j’aurai mis une note légèrement inférieur a 9/10 ... sans doute 8.
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Re: Mario Monicelli (1915-2010)
Je trouve le film, en effet, derrière son aspect de farce parfois épaisse, beaucoup plus virulent et corrosif qu'il ne paraît. Il date de 1973, et il faut le replacer dans son époque (c'est peut-être son gros défaut aujourd'hui : si le thème est toujours d'actualité, la satire est un peu datée). A cette époque, sévissaient en Europe trois dictatures de type fasciste : la Grèce (à laquelle fait d'ailleurs directement allusion le titre du film, les personnages voulant établir un régime semblable à celui des colonels grecs), le Portugal et l'Espagne. De plus , il y avait eu au tout début des années 70 une tentative de putsch militaire fasciste en Italie. Le film était donc en plein dans l'actualité, un aspect qui peut échapper aujourd'hui. Mais, même sans ça, je trouve la farce réjouissante, et la conclusion vraiment glaçante (pour le coup, on ne rit plus, et c'est voulu...).
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Re: Mario Monicelli (1915-2010)
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Re: Mario Monicelli (1915-2010)
Pas les suites ?
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Re: Mario Monicelli (1915-2010)
apparemment, non.bruce randylan a écrit :Pas les suites ?
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Re: Mario Monicelli (1915-2010)
Jack Carter a écrit :apparemment, non.bruce randylan a écrit :Pas les suites ?
Et pas de BR non plus du coup? Parce que ça fait un moment qu'ils sont sortie en Italie. (Chez Studio Canal en plus, ce qui à le don de m'énerver)
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Re: Mario Monicelli (1915-2010)
non, prevu uniquement en dvd dans la collection orange...Rick Blaine a écrit :Jack Carter a écrit : apparemment, non.
Et pas de BR non plus du coup? Parce que ça fait un moment qu'ils sont sortie en Italie. (Chez Studio Canal en plus, ce qui à le don de m'énerver)
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Re: Mario Monicelli (1915-2010)
Bon, du coup je garde mes BRs, tant pis pour M6.Jack Carter a écrit :non, prevu uniquement en dvd dans la collection orange...Rick Blaine a écrit :
Et pas de BR non plus du coup? Parce que ça fait un moment qu'ils sont sortie en Italie. (Chez Studio Canal en plus, ce qui à le don de m'énerver)
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Re: Mario Monicelli (1915-2010)
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Romanzo popolare (Romance et confidences) (Mario Monicelli, 1974)
Monicelli, Age, Scarpelli, Muti et Tognazzi : en voilà une affiche qui vous met l'eau à la bouche! A tous les niveaux, le film a donc bien des attraits.
Dans une certaine mesure pourtant il ne va pas au bout de ses promesses. On perçoit bien ce à quoi l'on s'attendait, cependant une indéfinissable déception tire la langue à la fin du film. J'aime bien ce film, mais en aucun cas il ne me frappe, ne m'interpelle, ni me touche profondément en fin de compte. Quelques moments de belle émotion en font un film intéressant, mais pas un grand film.
Le sujet d'abord est on ne peut plus ordinaire : les auteurs nous invitent à assister au spectacle de l'amour conjugal malmené entre Giulio (Ugo Tognazzi) et Vincenzina (Ornella Muti), une romance populaire.
"Populaire" d'abord parce que vécue par un couple d'ouvriers italiens à Milan. Le cadre industriel, laborieux imprègne tout le film. Ils sont issus du sud de l'Italie et ont voulu s'extirper de la pauvreté, et quelque part aussi, de la culture sudiste. Giulio dans un souci constant d'assimilation s'imagine changer la donne en se faisant le héraut de la civilisation moderne des années 70 où l'homme n'est plus une bête, un animal qui aliène sa femme, sa fille, etc. Comme si le nord était plus évolué. Déjà le personnage vit dans un monde fantasmé. Pour lui, syndicaliste militant, l'oeuvre modératrice de la civilisation apaisée du nord entre les individus au sein du collectif qu'il soit travailleur ou conjugal doit être au centre de son existence. Pas question de violence, de vendetta, d'opprimer l'ouvrier ni la femme. Pour son couple, pas question donc d'être jaloux.
Voilà le canevas sur lequel Age, Scarpelli et Monicelli vont s'amuser. D'abord, ils jettent sur ce jeu de quilles un beau policier ténébreux (Michele Placido). Progressivement, le doute se fait une petite place chez Giulio. Puis la paranoïa grandit, l'italien du sud en sommeil ne peut s'empêcher de laisser se réveiller ses instincts primaires. La jalousie monte et commence de bouffer la raison de Giulio. Quand la réalité rattrape le pauvre Giulio, toute la palette des réactions, des émotions le submerge tour à tour.
Ce sont devant ces séquences qu'on peut admirer le travail d'Ugo Tognazzi, superbement mis en valeur. C'est véritablement dans ces moments-là qu'on mesure la qualité de jeu du comédien, tout en nuance, tout en force, en explosions, en retenue, en grotesque comme en subtilité. Vraiment, il m'a impressionné.
Étonnamment, la petite Ornella Muti lui donne une belle réplique. Sans pour autant atteindre de hauts cimes, elle assure une performance fort honorable. "Étonnamment", parce que jusqu'à maintenant, je n'avais vu en elle qu'une belle femme, mais je n'avais pas été séduit ni franchement navré par ses prestations. Elle ne m'avait pas tapé dans l’œil plus que ça... là, je la trouve plutôt bonne.
Je suis toujours aussi sceptique pour Michele Placido (quoique j'ai plutôt bien aimé sa prestation dans "Mio Dio, come sono caduta in basso!" qu'il a tourné l'année précédente). Ici, il a un rôle un brin coincé. Mais bon, ce n'est pas un personnage central. Mais il aurait pu faire exister ce personnage avec un peu plus de mystère ou de charisme.
Donc, il y a une certaine émotion à suivre les lentes circonvolutions auxquelles se livre le personnage de Giulio, fragilisé par ses sentiments déstabilisés, alors qu'il s'était patiemment construit une existence sage, basée sur la raison plus que la passion. De ce point de vue, la présence d'Age et Scarpelli au scénario se reconnait aisément. Et puis, il y a également cet humour pince sans rire, acide, sans concession, que des dialogues mettent en bouche chez les comédiens avec une savoureuse malignité. Entre saillies politiques perfides et grossièretés bien grasses, pas de doute sur la paternité du texte.
Cependant, il manque quelque chose, un souffle qui place le film sur une autre échelle que celle d'une aimable comédie de mœurs. Le film est agréable, le récit se suit sans déplaisir, mais l'ensemble ne décolle pas vraiment, souffre d'un manque difficile à définir.
De même je pourrais dire que la fin est plutôt moche, sans grand intérêt, laissant un goût de fadeur qui est bien inhabituel pour le trio aux manettes. J'ai pas du tout compris les dix dernières minutes, qui m'ont presque ennuyé.
- Jeremy Fox
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