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Mario Monicelli (1915-2010)

Publié : 30 nov. 06, 11:56
par Alligator
EDIT DE LA MODERATION:

Vous pouvez aussi consulter le topic consacré à Mes chers amis 1 et 2 (1975-1982)

et un autre topic sur un tournage en Afrique en 2005.






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La grande guerra (La grande guerre) - Mario Monicelli - 1959 - 8/10

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Lion d'or à Venise, bien mérité. La comédie vire au drame, puis à la tragédie, les vas-et-viens entre les émotions se font sans repère, déboussollés comme il se doit avec la guerre. Les acteurs sont magnifiques, les dialogues excellents et la musique de Nino Rota quand il oublie les instruments militaires (mais c'est bien difficile ici je le concède) donne encore plus de couleurs à ce cinémascope n&b impeccable.
Les moyens mis en oeuvre par la production De Laurentiis sont au service d'un superbe casting franco-italien et de la caméra maîtrisée de Monicelli. Du grand ciné italien, entre rires et larmes.

Publié : 30 nov. 06, 12:20
par Watkinssien
Un film poignant de bout en bout, dans la grande lignée des Monicelli 50-60.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Les 20 dernières minutes sont un modèle de rupture de ton.

Publié : 30 nov. 06, 12:34
par Alligator
Watkinssien a écrit :Un film poignant de bout en bout, dans la grande lignée des Monicelli 50-60.
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Les 20 dernières minutes sont un modèle de rupture de ton.
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Au départ, on a presque l'impression de voir un bidasse en folies italien... bon, j'exagère un chouïa, disons Les gaietés de l'escadron. Y a un humour qui fonctionne sur la mauvaise foi et la lacheté de Gassman et Sordi... puis peu à peu la guerre s'impose, le ton change, revient à la bonhommie, et retourne effectivement dans la dernière partie sur le tragique. C'est tout le ciné italien que j'aime. Les ruptures, les dialogues, les acteurs.

Publié : 13 août 07, 10:23
par joe-ernst
Le pigeon (I soliti ignoti, 1958), de Mario Monicelli.

De jeunes hommes pauvres et désoeuvrés tentent un casse contre un Mont-de-Piété....

Une excellente comédie italienne que ce film découvert ce week-end. Le scénario est excellent, tout comme les acteurs, et les dialogues sont jouissifs. Très amusant de voir Mastroianni (qui n'était pas encore une star à l'époque) tenter de tirer la couverture à lui par moments, mais il avait fort à faire. La dimension sociale est toujours bien présente mais jamais pesante. La photo est magnifique et rappelle le noir hollywoodien, même s'il s'agit d'une comédie, et la mise en scène est géniale.

Publié : 3 nov. 07, 10:21
par Alligator
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I Compagni (Les camarades) Mario Monicelli, 1963) :
8/10
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Tragédie sociale au ton résolumment réaliste et gauchiste. Et donc un film politique qui aborde la thématique de l'exploitation des ouvriers de manière frontale.

J'étais plus porté à voir dans le cinéma de Monicelli une tonalité légère et enjouée. Encore que La grande guerre contient son lot d'infortunes et de drames. Du reste, les personnages du Pigeon baignent dans un monde rude et pas loin d'être fruste sur bien des aspects. Si bien qu'on peut dire a priori que Monicelli fait bien parti de ces hérauts d'un cinéma italien prompt à faire fondre dans un canevas tragique des éléments de comédie ou bien plutôt le contraire. La comédie italienne a cette capacité à balancer du drame aux rires en quelques secondes, l'un appuyant les autres; continuelle culbute qui prend le spectateur au coeur. Quand les larmes ne savent plus d'où elles viennent.
Ce film là saute également d'un pas de douce valse à un tango fébrile.

L'on suit ces ouvriers lors d'un hiver turinois de fin de siècle, XIXe du nombre. Asservis à un temps, à des hommes, à leur estomac. Jusqu'à l'accident de fatigue, le bras arraché de trop. Et l'arrivée d'un trublion idéaliste interprété par un idéal Mastroianni. La grève se décide bon gré mal gré et nouera les destins de tous.

Le regard de Monicelli est cruel pour le patronat, cruel mais surtout amer, triste et le dernier plan avec la grille de l'usine qui se ferme sur l'image, emprisonnée dit tout.

Voilà un film qui sait jouer des émotions du spectateur. Avec quelques touches de drolerie, quelques caresses sentimentales et puis la brutalité d'un enfant qu'on tue, d'un couple qui se sépare sur le bord du rail, d'une bagarre qui se finit mal. Un souffle mortel, des rêves qui se brisent, une eau gelée dans la bassine le matin, le noir et blanc de ce film peut paraitre très orienté. Il l'est. Peut-on pour autant le taxer de caricaturer la figure patronale de ces temps pas si anciens, de la culture du profit, du capitalisme etc? Pas sûr. Les personnages sont finement dessinés, les acteurs sont prompts à leur donner une assise et une exactitude de bonne composition.

Au détour d'un carrefour, après l'école, le grand frère rosse son petit frère qui ne travaille pas bien à l'école. Il frappe fort, en pleurant, en criant qu'il doit travailler pour avoir un diplome. Le petit ne veut pas aller à l'école mais veut aller à l'usine comme son grand frère. La violence (ou l'amour) qu'il met à donner des coups à son petit frère est poignante et ne laisse pas d'interloquer. Il lui ramasse sa casquette, l'essuie, le mouche et ils repartent main dans la main. Cette petite scène à elle seule vaut de voir ce film. Pûre. Nette. Stupéfiante de vérité et de force.

Publié : 3 nov. 07, 15:43
par Cosmo Vitelli
Le Cinemed a organisé une rétrospective ? :P
Deux réussites indéniables du Maestro, même si je crois que Les Camarades avait reçu un mauvais accueil critique en France.

Monicelli est un des réalisateurs que j'affectionne le plus. Pour moi il a sa place aux côtés des plus grands cinéastes transalpins (et donc mondiaux :o ). Portraitiste cruel et humaniste à la fois, sa fidelité à un genre (en l'occurence la comédie) est tout à fait exemplaire. La Cinémathèque Française doit organiser un hommage au printemps. J'invite ceux qui pensent que Monicelli est l'homme d'un film (Le Pigeon) à venir appronfondir le sujet.


EDIT: posté le 22 juin 2006

Vu hier à la cinémathèque :
Père et Fils de Mario Monicelli.
Avec Vittorio de Sica et Marcello Mastroianni.

Ni vrai film à sketches, ni vrai film choral, une belle évocation du rapport fillial ponctué de brillantes trouvailles scénaristiques. Monicelli et ses scénaristes (inévitables Age et Scarpelli) partent d'une situation archétypale (l'amour impossible entre un jeune homme et une jeune femme) et font graviter autour de ce duo toute une galerie de personnages. Au contact du couple, les personnages seront amenés à redéfinir leurs rapports à la paternité. C'est drôle, cocasse, touchant...bref une réussite de plus à mettre à l'actif de Monicelli.
Je suis souvent dubitatif quant au jeu des très jeunes (moins de 10 ans) acteurs. Eh bien là, le gamin qui donne la réplique à Mastroianni est assez extraordinaire !
paul_mtl (le 8 juillet 2006) a écrit :Assez décu par cette comedie Padri e Figli 4/10
qui m'a plutôt ennuyé avec ces lieux communs et le mediocre jeu des acteurs.
J'ai trouvé bon juste 2 acteurs l'enfant de - de 10 ans et
un acteur de second plan ici meilleur que Mastroianni et De Sica :
Ruggero Marchi que j'avais découvert dans la tres bonne comedie
Il Vedovo avec Sordi ou il incarne un homme d'affaires ami de sa femme.

Publié : 3 nov. 07, 15:49
par Alligator
Rétrospective Marcello Mastroianni avec Les camarades et Le pigeon du sieur Monicelli.
Oui un grand auteur mais dont je le répète la comédie glisse facilement vers le drame voire le tragique. En soi un maître de la comédie italienne qui n'est définitivement pas un cinéaste d'un film j'en compte pour ma part déjà 3 (avec Le pigeon).

Publié : 3 nov. 07, 18:55
par Watkinssien
Alligator a écrit :Image

I Compagni (Les camarades) Mario Monicelli, 1963) :
8/10
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Tragédie sociale au ton résolumment réaliste et gauchiste. Et donc un film politique qui aborde la thématique de l'exploitation des ouvriers de manière frontale.

J'étais plus porté à voir dans le cinéma de Monicelli une tonalité légère et enjouée. Encore que La grande guerre contient son lot d'infortunes et de drames. Du reste, les personnages du Pigeon baignent dans un monde rude et pas loin d'être fruste sur bien des aspects. Si bien qu'on peut dire a priori que Monicelli fait bien parti de ces hérauts d'un cinéma italien prompt à faire fondre dans un canevas tragique des éléments de comédie ou bien plutôt le contraire. La comédie italienne a cette capacité à balancer du drame aux rires en quelques secondes, l'un appuyant les autres; continuelle culbute qui prend le spectateur au coeur. Quand les larmes ne savent plus d'où elles viennent.
Ce film là saute également d'un pas de douce valse à un tango fébrile.

L'on suit ces ouvriers lors d'un hiver turinois de fin de siècle, XIXe du nombre. Asservis à un temps, à des hommes, à leur estomac. Jusqu'à l'accident de fatigue, le bras arraché de trop. Et l'arrivée d'un trublion idéaliste interprété par un idéal Mastroianni. La grève se décide bon gré mal gré et nouera les destins de tous.

Le regard de Monicelli est cruel pour le patronat, cruel mais surtout amer, triste et le dernier plan avec la grille de l'usine qui se ferme sur l'image, emprisonnée dit tout.

Voilà un film qui sait jouer des émotions du spectateur. Avec quelques touches de drolerie, quelques caresses sentimentales et puis la brutalité d'un enfant qu'on tue, d'un couple qui se sépare sur le bord du rail, d'une bagarre qui se finit mal. Un souffle mortel, des rêves qui se brisent, une eau gelée dans la bassine le matin, le noir et blanc de ce film peut paraitre très orienté. Il l'est. Peut-on pour autant le taxer de caricaturer la figure patronale de ces temps pas si anciens, de la culture du profit, du capitalisme etc? Pas sûr. Les personnages sont finement dessinés, les acteurs sont prompts à leur donner une assise et une exactitude de bonne composition.

Au détour d'un carrefour, après l'école, le grand frère rosse son petit frère qui ne travaille pas bien à l'école. Il frappe fort, en pleurant, en criant qu'il doit travailler pour avoir un diplome. Le petit ne veut pas aller à l'école mais veut aller à l'usine comme son grand frère. La violence (ou l'amour) qu'il met à donner des coups à son petit frère est poignante et ne laisse pas d'interloquer. Il lui ramasse sa casquette, l'essuie, le mouche et ils repartent main dans la main. Cette petite scène à elle seule vaut de voir ce film. Pûre. Nette. Stupéfiante de vérité et de force.
Avec Le pigeon, mon Monicelli préféré !

Publié : 3 nov. 07, 23:17
par Blue
J'en ai vu que trois : "La grande guerre", "Le Pigeon" et "Les Camarades", justement :wink: J'apprécie surtout les deux derniers.
Y a t-il d'autres Monicelli du même niveau ?

Publié : 3 nov. 07, 23:35
par Fatalitas
Blue a écrit :J'en ai vu que trois : "La grande guerre", "Le Pigeon" et "Les Camarades", justement :wink: J'apprécie surtout les deux derniers.
Y a t-il d'autres Monicelli du même niveau ?
Je crois que l'Armée Brancaleone jouit d'une excellente reputation :wink:

Publié : 4 nov. 07, 08:10
par Alligator
J'aimerais bien voir Mes meilleurs amis, m'a tout l'air d'être très bien.
Et Un bourgeois, tout petit, petit.

Publié : 4 nov. 07, 18:39
par Cosmo Vitelli
Alligator a écrit :J'aimerais bien voir Mes meilleurs amis, m'a tout l'air d'être très bien.
Mes Chers Amis I et II (je préfère le II, véritable chef-d'oeuvre pour moi) sont des sommets d'humour vachard, Tognazzi et Noiret y sont géniaux. Au niveau de l'humour, on est peut être plus proche d' Affreux sales et méchants (la dimension sociale en moins) que du Pigeon. Ces deux films ont eu un succès incroyable en Italie (je n'ai pas vul le troisième volet signé Nanni Loy, mais il est, paraît-il, dispensable). Le premier de la série a été premier au Box Office local (se payant le luxe de dépasser Les Dents de la Mer en nombre d'entrées). Ce sont deux autres sommets de la carrière de Monicelli, diffusés régulièrement à la télévision transalpine. Quand j'étais à Florence (les films ont été tourné là-bas) j'ai pu mesurer leur popularité.
Sinon, Fata a raison de parler des Brancaleone incursion burlesque au moyen-âge aussi drôle que Sacrée Graal dans un genre un peu différent.

Film mystère ?

Publié : 7 janv. 08, 14:37
par Arca1943
Curieux : nos aimables monicellistes ont mentionné les sommets que sont Le Pigeon, La Grande guerre, Les Camarades, Mes chers amis et Un Bourgeois tout petit petit, mais semblent avoir oublié la plus puissante farce de l'histoire du parlant...

Je l'ai ici, entre mes mains tremblantes, dans une édition brésilienne (Zone 1, donc) avec sous-titres anglais. Il ne me manque plus que son excellent sequel...

Re: Film mystère ?

Publié : 7 janv. 08, 15:12
par Cosmo Vitelli
Arca1943 a écrit :Curieux : nos aimables monicellistes ont mentionné les sommets que sont Le Pigeon, La Grande guerre, Les Camarades, Mes chers amis et Un Bourgeois tout petit petit, mais semblent avoir oublié la plus puissante farce de l'histoire du parlant...

Je l'ai ici, entre mes mains tremblantes, dans une édition brésilienne (Zone 1, donc) avec sous-titres anglais. Il ne me manque plus que son excellent sequel...
L'Armée Brancaleone a été cité plus haut.

Publié : 7 janv. 08, 15:14
par Alligator
oh l'aut' hé! J'attends incessament sous peu la réception de ces deux dvds et ils ont les sous-titres français, mossieur!
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