Pour lire (et écouter en MP3) l'entretien, c'est par ici. Vos commentaires sont les bienvenus sur ce topic.En exergue de cette interview, Philippe Morisson a écrit :Edward Turk est professeur de Littérature française et de cinéma au célèbre MIT (Massachusetts Institute of Technology) de Cambridge, Massachusetts. Il est également docteur en Lettres françaises de l'université de Yale. Il a publié notamment un livre sur le romancier français du 17° siècle Gomberville (Baroque Fiction-Making) en 1978 ainsi qu'une biographie en 1998 de l'actrice et la chanteuse d'opérette et d'opéra Jeanette MacDonald qui a débuté avec Ernst Lubitsch en 1929 (Hollywood Diva, a Biography of Jeanette MacDonald). En 1996, il a été nommé Chevalier des Arts et des Lettres en France. Il écrit en ce moment une étude sur le théâtre français contemporain.
Le livre qu'il a consacré à Marcel Carné (Child of Paradise, Marcel Carné and the Golden Age of French Cinema) a été publié en 1989 à la Harvard University Press avant d'être traduit en 2002 chez L'Harmattan (Marcel Carné et l'âge d'or du cinéma français 1929-1945). L'ouvrage américain a reçu un prix de la Theatre Library Association en 1990, et la version française a gagné en 2003 le Prix du Syndicat de la Critique du cinéma pour le meilleur livre étranger. Notons que cette traduction sauf pour un seul chapitre sur "Carné et la Nouvelle vague" s'arrête dans la carrière de Carné en 1945 et donc censure d'une manière regrettable toute la deuxième partie de l'originel, de 1946 à la fin, c'est-à-dire des Portes de la Nuit à La Merveilleuse Visite renforçant l'impression désastreuse que les films de Carné après la guerre sont de peu de valeur.
Il est donc révélateur que cela soit à un universitaire américain que l'on doit la première et la seule étude sérieuse sur toute la carrière de Carné, à croire qu'en France il n'intéresse personne. Les extraits de l'interview que vous allez pouvoir lire et entendre (MP3) sont inédits et exclusifs. Edward Turk m'a très aimablement autorisé à les reproduire sur marcel-carne.com (ainsi que sur celui de Dvdclassik que je remercie au passage). Cette interview fut la première d'une longue série qui dura une bonne partie des années 80. Lors de l'un de ses voyages à Paris, Edward Turk se souvient avoir été invité par Roland Lesaffre à un déjeunerner avec Carné et Arletty (qu'il avait déjà interviewée) et avoir été fasciné par l'amitié et la joie qui les unissaient. En 1981, il invita Carné à venir à Boston, où se trouvent les archives de Marcel Carné à la French Library, pour présenter le film Thérèse Raquin et débattre avec les étudiants.
Au début de l'année 1980, cela fait sept ans que Marcel Carné a tourné son dernier film La Merveilleuse Visite. Puis en 1977, il avait tourné un documentaire sur les mosaïques de la basilique de Monreale en Sicile et continuait à avoir des projets de films dont l'inachevé Mouche en 1992. Les deux hommes ne se sont jamais rencontrés auparavant et l'interview qui débute durant un dîner dans un restaurant de la rive gauche à Paris se poursuivra dans un taxi puis dans l'appartement de Carné et durera près de trois heures. C'est un document inestimable car c'est la possibilité d'entendre Carné parler plus librement de sa carrière, jusqu'à aller à se confier lors de rares moments comme celui où il parle de l'influence de la mort de sa mère (lorsqu'il avait cinq ans) sur sa sensibilité, sûrement le moment le plus émouvant de cette interview.
Edward Turk terminera son livre sur Carné par ses mots : "Les films de Carné corroborent la vision baudelairienne selon laquelle chagrin et mélancolie sont les composantes fondamentales de l'art. Ils confirment que les sentiments de perte, d'exil et d'impuissance peuvent engendrer des oeuvres d'une beauté profonde".
Entretien inédit avec Marcel Carné
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Entretien inédit avec Marcel Carné
En association avec le site de Philippe Morisson marcel-carne.com, Dvdclassik est fier de vous présenter en exclusivité cette série d'entretiens inédits entre le critique américain Edward Turk et Marcel Carné, disparu il y a tout juste 10 ans.
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Géniale initiative! Et inteview des plus intéressantes! Et la mettre en mp3!
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Plus que d'entendre gueuler Mocky ?Nada a écrit :Entendre parler Carné est très émouvant
Superbe initiative, bravo DVDCLASSIK !
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Je pense que ça s'est fait comme ça. C'était la première fois que Turk rencontrait Carné et lors de cette interview il a un peu tout survolé pour une première approche j'imagine. il a ensuite re-interviewé Carné plusieurs fois donc il a du approfondir le sujet.Boubakar a écrit :Bizarre qu'on n'y parle jamais des Enfants du Paradis.
Mais il en parle quand même par rapport à Lacenaire, c'est assez intéressant d'ailleurs.
Et content aussi (rapport à Nada et Wall of Voodoo fan) que le fait d'entendre Carné vous plaise, personnellement je trouve que parfois c'est assez émouvant même.
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Re: Entretien inédit avec Marcel Carné
Quel passionnant entretien !
J'aime beaucoup la remarque comparative de Carné sur Apocalypse now et Voyage au bout de l'enfer et en même temps, c'est une impression assez étrange, étonnante, limite spatio-temporelle d'entendre un représentant du cinéma classique s'exprimer sur ce qui était alors le summum du cinéma contemporain.
Marrantes les questions (faussement ?) naïves de Turk concernant les sous-entendus homosexuels - pourtant si clairs - du personnage de Lacenaire, d'autant plus joué (et avec quel talent !) par un acteur comme Marcel Herrand qui en fait un inoubliable personnage de dandy aussi raffiné et précieux que dangereux et impitoyable. Toujours trouvé de fortes correspondances entre ce personnage/acteur et Waldo Lydecker/Clifton Webb dans Laura, deux Pygmalions littéraires au verbe acide, jaloux jusqu'au crime des hommes qui tournent autour de leur inaccessible Galathée.
Pas mal aussi ce qu'il dit sur Renoir et sur le personnage de Berry dans Le jour se lève. Je n'avais pas vu sa fin ainsi mais ce qu'explique Carné est éclairant, à défaut d'être totalement plausible. J'ai sans doute tort mais pour moi, Valentin n'est pas homme à se suicider. C'est une telle ordure et il est si sûr de lui-même, de son pouvoir manipulateur qu'il joue la provoc' sans réaliser qu'il est allé trop loin. Le désespéré, ce n'est pas lui, c'est bien Gabin/François. Valentin se fait (ou se laisse stupidement) tuer à cause de son ego et de son orgueil démesurés.
J'aime beaucoup la remarque comparative de Carné sur Apocalypse now et Voyage au bout de l'enfer et en même temps, c'est une impression assez étrange, étonnante, limite spatio-temporelle d'entendre un représentant du cinéma classique s'exprimer sur ce qui était alors le summum du cinéma contemporain.
Marrantes les questions (faussement ?) naïves de Turk concernant les sous-entendus homosexuels - pourtant si clairs - du personnage de Lacenaire, d'autant plus joué (et avec quel talent !) par un acteur comme Marcel Herrand qui en fait un inoubliable personnage de dandy aussi raffiné et précieux que dangereux et impitoyable. Toujours trouvé de fortes correspondances entre ce personnage/acteur et Waldo Lydecker/Clifton Webb dans Laura, deux Pygmalions littéraires au verbe acide, jaloux jusqu'au crime des hommes qui tournent autour de leur inaccessible Galathée.
Pas mal aussi ce qu'il dit sur Renoir et sur le personnage de Berry dans Le jour se lève. Je n'avais pas vu sa fin ainsi mais ce qu'explique Carné est éclairant, à défaut d'être totalement plausible. J'ai sans doute tort mais pour moi, Valentin n'est pas homme à se suicider. C'est une telle ordure et il est si sûr de lui-même, de son pouvoir manipulateur qu'il joue la provoc' sans réaliser qu'il est allé trop loin. Le désespéré, ce n'est pas lui, c'est bien Gabin/François. Valentin se fait (ou se laisse stupidement) tuer à cause de son ego et de son orgueil démesurés.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
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