Re: Hou Hsiao Hsien
Publié : 5 août 20, 19:55
Je te rejoint à 100% Demi-Lune.
Absolument et copieusement détesté, d'une part musicalement (notamment ce thème, qui fait penser à un thème de Zelda SNES, façon Hyrule le matin), mais encore plus par son aspect répétitif totalement abrutissant. Ce serait des nappes plus longues, je ne dirais pas, mais on dirait que les quelques (3 ?) pistes musicales durent 3 min chacune et tournent en boucle 12 fois chacune.Alibabass a écrit :Tu as quand même aimé la musique du film ?
Je reviens là dessus ayant maintenant vu le BR Carlotta et jeté un oeil à droite à gauche sur le net, et c'est effectivement totalement dégrainé.
Tout à fait d'accord avec toi. La première vision des Fleurs de Shanghai il y a une douzaine d'années m'avait pourtant bien ennuyé, à une époque où j'étais en pleine phase HHH. Je l'avais vu lors d'une séance spéciale où la scénariste était invitée, et ses premiers mots après la projection furent "ça va? vous n'avez pas trop dormi?" Je ne m'étais en effet pas intéressé aux personnages et à leurs vies, contrairement à ceux de Millennium Mambo qui vivaient à mon époque et étaient de ma génération. Sans compter le doublage en shanghaien pas toujours très convaincant.Demi-Lune a écrit : ↑5 août 20, 19:28 L'abolissement de la notion de temps me semble, en effet, être le pari de ce film qui précède quelque part les recherches sur la narration cinématographique sous-tendant Millennium mambo et Three times du même réalisateur. Même si je comprends parfaitement qu'on se fasse royalement chier dessus, reprocher au film son absence d'histoire ou de personnages déchiffrables me semble être un mauvais procès dans la mesure où, premiers films exceptés, ce n'est pas le cinéma qui caractérise et motive HHH. A l'instar de son chef-d’œuvre The assassin qui pousse encore plus loin la démarche, le film doit plutôt s'envisager comme une expérience sensitive - le genre de film auquel on repense le lendemain matin comme d'un rêve beau et mystérieux -, comme un souvenir encapsulé et raffiné des vapeurs de la Chine du XIXe siècle dont le confinement de la salle de cinéma (je rejoins Alibabass, pour l'avoir découvert lors de la rétrospective consacrée au cinéaste à la Cinémathèque, l'enfermement joue à plein) doit entrer en écho avec l'enfermement des protagonistes, qu'il soit littéral avec cette maison de jeu, ou symbolique avec leur addiction au jeu. Au fond, les personnages des Fleurs de Shanghai sont prisonniers de ce tripot (je ne me souviens pas d'une seule scène à l'extérieur, et la répétition de ces soirées à la bougie, qui s'égrènent par fondus au noir, a un effet volontairement inextricable évoquant quelque chose de l'ordre du rituel auquel se soumettent complaisamment les personnages), comme Noodles peut l'être de la fumerie d'opium d'Il était une fois en Amérique, ou les prostituées de Bertrand Bonello, de l'Apollonide. Pour reprendre le sous-titre du film de Bonello, ils sont des "souvenirs" de cette maison close, ils ont une existence moins en tant que personnages en chair et en os, qu'en tant que spectres qui hanteraient encore les lieux, des vieux portraits jaunis auquel un contemporain imaginerait vaguement des histoires, des contrariétés. C'est sûr que c'est pas très bandant dit comme ça, et que les spectateurs en quête d'histoire en bonne et due forme en seront pour leurs frais, mais c'est une vision d'auteur puissante, volontairement impressionniste pour être d'autant plus évocatrice. Si l'on consent à s'abandonner à cette vision, à ce rythme engourdi par la méticulosité princière des plans-séquences, et à cette photo mordorée qui semble reléguer cette époque à un songe exquis et mélancolique, le film agit comme un puissant opium dont le souvenir s'imprime durablement en mémoire. Il est certain que c'est un cinéma qui a le défaut de ses qualités - un intérêt très ténu car conditionné à l'abandon du spectateur - mais c'est clairement pour moi l'une des réussites de HHH, auteur ardu auquel je goûte modérément, au demeurant.
J'en ressort quand même avec un gros cafard (mais sans doute que ça résonne trop avec un certain état d'esprit actuel tout à fait personnel ).Profondo Rosso a écrit : ↑26 janv. 21, 02:52 Un temps pour vivre, un temps pour mourir (1985)
Un temps pour vivre, un temps pour mourir tient avec brio la promesse de son titre en étant jamais totalement euphorique, ni complètement dépressif.