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Publié : 21 nov. 03, 20:14
par christian
J'ai pas encore trouvé le temps de visionner ce film mais dèja la musique de Don Ellis (trouvable sur CD depuis peu de temps) est un petit bijou : du free-jazz très rythmé mixé audacieusement avec un quatuor à cordes usant de toute sortes de techniques contemporaines : echos, col legno, traitements divers... un OVNI musical, la BO pour le "French connection 2" est encore plus délirante (à la Lalo Schifrin)

Publié : 21 nov. 03, 20:52
par Kurtz
TROMA a écrit :
Cinetudes a écrit :salut,

juste pour dire que Friedkin à fait beaucoup de Tv et que c'est son style de faire des films qui avancent sans s'arrêter sur les personnages.

Le style documentaire voulu par Friedkin se retrouve plus dans le scénario et le jeu des acteurs que dans la mise en images (les acteurs ont travaillé avec de vrais flics, le vrai "Popeye" était conseiller sur le tournage) - Dans le comm' audio de French Connection, Friedkin cite A bout de souffle de Godard et Z .
ça ne m'étonne pas.

en fait, c'est vrai que quand on y réfléchit, l'influence de Godard a été énorme sur le cinéma mondial.
c'est dingue, d'autant qu'A bout de souffle n'est pas un chef d'oeuvre.

Publié : 22 nov. 03, 01:37
par Troma
Kurtz a écrit :et que pensez vous du 2 ?

l'idée de rendre Popeye drogué était excellente même si c'est dommage que Frankenheimer ait passé trois plombes là-dessus.
Je viens juste de le redécouvrir ce fabuleux volume 2 ! oui, ben j'en parlerais plus tard...

Publié : 22 nov. 03, 14:59
par Claude Couillec
Bonjour,
Harry Dawes a écrit :
Claude Couillec a écrit :Friedkin n'a aucun point de vue, aucune conscience ni morale.
Oui, il n'a pas de regard, pas de propos, comme Verhoeven d'ailleurs :roll: :lol:
J'aimerais bien comprendre comment peut-on n'exprimer aucun point de vue ?

Conclusion : Claude Couillec n'aime pas le cinema nihiliste...
Il est possible que ce soit une explication. Vérifions : faites une petite liste (5 ou 6 noms en dehors de ceux déjà cités) de quelques réalisateurs que vous situez dans cette tendance. Je vous dirai ce qu'il en est.

Cordialement,
Claude.

Publié : 22 nov. 03, 19:34
par Kurtz
Claude Couillec a écrit :Bonjour,
Harry Dawes a écrit :
Oui, il n'a pas de regard, pas de propos, comme Verhoeven d'ailleurs :roll: :lol:
J'aimerais bien comprendre comment peut-on n'exprimer aucun point de vue ?

Conclusion : Claude Couillec n'aime pas le cinema nihiliste...
Il est possible que ce soit une explication. Vérifions : faites une petite liste (5 ou 6 noms en dehors de ceux déjà cités) de quelques réalisateurs que vous situez dans cette tendance. Je vous dirai ce qu'il en est.

Cordialement,
Claude.
Peckinpah est le premier nom qui me vient à l'esprit quand on parle de réalisateur nihiliste

Publié : 22 nov. 03, 19:36
par Super Seb le Bat Coco
je suis un peu dans le meme cas que kurtz...

je viens de decouvrir (uniquement le premier, hier soir) film...

contrairement a l'exorciste où j'avais trouvé que ce film avait tres mal vieilli...

FC 1 est tres agreable a regarder... l'intrigue et les acteurs marchent bien...

apres je ne me rend pas du tout compte des nouvelles valeurs que ce film a apporté... Surement que c'est beaucoup...mais en bien en tout cas...??

je regarderai plus tard le 2 et les bonus... :D (avec plaisir...)

Publié : 22 nov. 03, 22:48
par Jeremy Fox
TROMA a écrit :
Kurtz a écrit :et que pensez vous du 2 ?

l'idée de rendre Popeye drogué était excellente même si c'est dommage que Frankenheimer ait passé trois plombes là-dessus.
Je viens juste de le redécouvrir ce fabuleux volume 2 ! oui, ben j'en parlerais plus tard...
Du film de Frankenheimer, il ne me reste que de mauvais souvenirs surtout du à des tics de mise en scène que je n'ai pas réussi à digérer mais ça remonte à loin

Publié : 24 nov. 03, 02:47
par Troma
Jeremy Fox a écrit :Du film de Frankenheimer, il ne me reste que de mauvais souvenirs surtout du à des tics de mise en scène que je n'ai pas réussi à digérer mais a remonte à loin
Hum ! On retrouve dans FC2 les principes narratifs du premier (longues scènes sans dialogues ou trés peu, peu de musiques), filmé caméra sur l'épaule. FC2 possède une action plus lisible et moins flou que le Friedkin, et comporte quelques rares inserts de caméras subjective (Friedkin préférait suivre les personnages, souvent de derrière ou de coté).

Je dirais que la mise en scène à moins de classe, que ce qu'elle gagne en clarté, elle le perd en ambiance, la tension obsessionnelle qu'accumule Hackman dans sa poursuite de Charnier dans le premier opus et porte tout le film, ne se ressent vraiment que dans la dernière partie du film de Frankenheimer.

Si le point d'orgue du Friedkin est cette mémorable poursuite en bagnole qui vient injecter une adrénaline inattendue dans une enquête pleine de frustration, celui du Frankenheimer est autrement plus surprenant - L'intoxication d'Hackman est d'autant plus imprévisible qu'elle occupe une bonne partie du film, je trouve l'acteur impressionnant de vérité lorsqu'il est sevré dans le commissariat. Le cauchemar se poursuit dans sa double cellule, celle de la drogue, et celle ou l'on enferme, au début pour le briser, ensuite pour le reconstruire. Dure dualité pour un flic qu'on peine à distinguer d'un gangster...

Re: French Connection (Friedkin-Frankenheimer, 1970-75)

Publié : 10 mars 10, 23:08
par Boubakar
Je n'avais plus revu le premier depuis plusieurs années, et une ressortie au cinéma m'a fait replonger dans ce film que je trouve parfait en tout point.
Avec un Gene Hackman fantastique (il est difficile de faire d'un héros un personnage aussi antipathique, raciste... et pourtant, on est lui, on ne le lâche pas), et le reste du casting également du même tonneau, le film partage avec Cruising (revu aujourd'hui au ciné) le talent de Friedkin pour le cinéma documentaire ; plusieurs scènes ont l'air "volées" (on remarque qu'il y a parfois beaucoup de monde autour des personnages, comme si ils regardaient en direction de la caméra), et le réalisateur arrive toujours à choper ce qu'il faut, y compris durant la célèbre course-poursuite, vraiment mémorable.
Et cette fin est peut-être l'une des plus fortes que je connaisse, elle laisse trainer une certaine ambiguïté sur le sort des personnages.

Petit bémol sur la copie (assez propre) ; les scènes "en français" du film étaient présentées avec d'énormes sous-titres anglais, à faire flanquer des boutons au Commissaire. Mais à part ça, je le trouve fabuleux, et posant les jalons de ces flics un peu borderline (comme dans The shield).

Re: French Connection (Friedkin-Frankenheimer, 1970-75)

Publié : 11 mars 10, 12:07
par Flol
Boubakar a écrit :plusieurs scènes ont l'air "volées"
Je crois même qu'elles n'en ont pas que l'air : certaines ont réellement été filmées à l'arrache dans les rues de New York (et on peut effectivement voir régulièrement des "figurants" fixer la caméra).

Re: French Connection (Friedkin-Frankenheimer, 1970-75)

Publié : 11 mars 10, 12:22
par Watkinssien
Ratatouille a écrit :
Boubakar a écrit :plusieurs scènes ont l'air "volées"
Je crois même qu'elles n'en ont pas que l'air : certaines ont réellement été filmées à l'arrache dans les rues de New York (et on peut effectivement voir régulièrement des "figurants" fixer la caméra).
Exact, notamment la fameuse course-poursuite qui témoigne d'un grand sens du montage. J'adore The French Connection, qui est pour moi un modèle de film policier. J'aime moins le second réalisé par Frankenheimer, sa mise en scène est très honorable mais elle est moins inspirée que celle de Friedkin, plus percutante, plus audacieuse, plus instinctive.

Re: French Connection (Friedkin-Frankenheimer - 1970-75)

Publié : 11 mars 10, 13:09
par Demi-Lune
Pareil. Je considère French Connection comme un chef-d'oeuvre du polar. Moins onirique que son pendant californien et ensoleillé To Live and Die in L.A., le New-Yorkais French Connection est quand même un uppercut, par la sécheresse de sa mise en scène et la méticuleuse volonté du réalisateur de se coller le plus près possible de la réalité urbaine sordide. De la multitude de lieux de tournage extérieurs à son casting à trognes, ce polar sale, grisâtre et anti-manichéen (le personnage antipathique mais entêté de Popeye Doyle, joué par un Gene Hackman fascinant, est caractéristique du cinéma de Friedkin en ce qu'il flirte constamment entre le Bien et le Mal) est du 100% Nouvel Hollywood, burné, crédible, cru, jubilatoire et très noir, jusque dans sa conclusion ambiguë. Culminant avec la monumentale course-poursuite, la mise en scène péchue de Friedkin est d'une maîtrise totale.
French Connection, c'est la preuve que l'on peut exceller à adopter un style documentaire sans avoir à recourir aux tics hideux actuellement à la mode.

Re: French Connection (Friedkin-Frankenheimer - 1970-75)

Publié : 14 mai 10, 19:31
par Jack Griffin
Découverte du 2, au moins aussi intéressant que le premier. Une gestion de l'attente et du rythme très particulière, des échappés dans le script vraiment surprenantes. Une deuxième partie qui se justifie pleinement. Très bonne surprise !
Image du Blu-ray excellente.

Re: French Connection (Friedkin-Frankenheimer - 1970-75)

Publié : 6 oct. 11, 11:22
par Demi-Lune
Après l'avoir idiotement snobée pendant des années (je considère le French Connection de Friedkin comme un monument et étais réticent à voir une suite), j'ai finalement regardé French Connection 2 et en suis très agréablement surpris.
Je trouve que c'est une suite assez remarquable qui s'appuie sur les acquis jetés par Friedkin (mise en scène proche du documentaire, sans fioritures, souci du réalisme et ambiance très sèche) tout en développant sa propre originalité, sa propre personnalité.
En l'occurrence, le scénario se révèle très intéressant. En désaméricanisant le cadre, Frankenheimer s'amuse sur le décalage entre les cultures et les méthodes de Popeye Doyle, rentre-dedans et inconscient, et les narcotiques français, plus professionnels et réfléchis. Cette coopération ne donne pas lieu à une écriture caricaturale ; les stéréotypes sont là dans les dialogues, mais ils sont le fait du personnage de Hackman, qui reste aussi marquant que chez Friedkin mais qui n'est pas plus grandi, entre attitude bornée, dérapages et remarques dépréciatrices pour ses collègues froggies. Sa relation avec Bernard Fresson est plutôt bien construite, sorte de préfiguration intelligente du buddy movie.

D'un autre côté, la désaméricanisation crée une curieuse impression quant au personnage de Popeye Doyle. A mes yeux, ce policier est new-yorkais de la tête aux pieds et la formidable pression urbaine que Friedkin avait réussi à créer sur French Connection, participait du basculement de ce personnage dans sa propre part d'ombre. En déplaçant l'action à Marseille, Popeye ne semble plus autant vampirisé par le cadre urbain. Marseille est moins prégnante, en tant que ville-monstre, que le New-York du premier volet. Du coup, Popeye est moins fascinant, moins obsédé par sa proie (d'une manière générale, le film est moins tendu que le premier opus). Le scénario développe des temps d'arrêt qui permettent de creuser sa personnalité, alors que Friedkin nous dessinait son portrait très efficacement au détour des rebondissements ou des actes du personnage. Cela permet certes de l'approfondir, mais c'est parfois au détriment du rythme. Je pense notamment à cette fracture étonnante que représente le dopage et la désintoxication de Doyle. C'est une vraie audace. Casser le fil narratif pendant une trentaine de minutes, pour un truc en plus aussi glauque... fallait oser. Frankenheimer aurait pu faire preuve de concision, raccourcir, mais non, il préfère prendre le temps qu'il faut pour montrer, avec un réalisme renforcé par la prestation de Hackman, les effets de la dépendance et la détresse du dépendant. Au final, cette "bulle" au sein du film apparaît tout aussi longuette qu'impressionnante.

Ce qu'il manque au film, c'est une tension continue. Ce n'est véritablement que dans la dernière partie du film que les enjeux décollent. Le tout culmine avec une course-poursuite absolument intense, morceau de bravoure qui troque la vitesse automobile du premier French Connection contre une cavalcade effrénée, avec un Popeye lessivé qui court jusqu'à s'en cracher les poumons pour rattraper Charnier à travers les rues de Marseille puis le Vieux Port.
Frankenheimer fait le pari d'une séquence peu spectaculaire en soi (en tout cas bien moins que la construction de la course-poursuite de French Connection, son découpage ahurissant et sa vitesse), mais diablement immersive et prenante, sans musique, sans rien. Les plans cramés en vision subjective, qui nous font partager l'ultime chemin de croix de Popeye, renforcent le malaise. La séquence devient vraiment physique, avec une superbe retranscription du sentiment d'être à bout de souffle... Doyle ne s'arrête jamais, n'en peut plus, a de plus en plus de mal à franchir les obstacles, à enjamber les barrières... et l'épuisement du personnage, admirable dans son abnégation, s'accompagne de la propre tension du spectateur qui redoute la réussite de l'évasion de Charnier. L'issue de cette fantastique séquence laisse bée, parce que le sentiment de justice ne se défait pas du malaise de l'illégalité du geste. La sécheresse technique conforte ce sentiment (brutale coupe et tout de suite le nom du réalisateur au générique).

Au final, une suite vraiment intéressante, certes inférieure au Friedkin, mais pouvant facilement s’inscrire comme l'une des meilleures suites jamais filmées.

Re: French Connection (Friedkin-Frankenheimer - 1970-75)

Publié : 6 oct. 11, 11:37
par Rick Blaine
Demi-Lune a écrit : Ce qu'il manque au film, comme je le disais, c'est une tension continue.
J'ai découvert le 2 le mois dernier après avoir revu le Friedkin avec grand plaisir, c'est tout ce que j'en ai retenu pour ma part. Un film long, qui n'a pas grand chose à raconter, et qui n'a jamais vraiment réussi à susciter mon intérêt. En plus visuellement j'ai trouvé ça très anodin.
Quant on voit la tension que pouvait imprimer Frankenheimer à 7 Jours en Mai ou à un Crime dans la tête, il y a de quoi être déçu, et continuer à trouver bizarre sa carrière en dents de scie.
Demi-Lune a écrit : Au final, une suite vraiment intéressante, certes inférieure au Friedkin, mais pouvant facilement s’inscrire comme l'une des meilleures suites jamais filmées.
Tu mettrais ça au niveau de ce qu'est le Parrain II par rapport au premier par exemple?! Même si tu es plus enthousiaste que moi sur le film, ça me parait beaucoup tout de même! :D