Je reprends le topic du début, faut toujours revenir aux origines.Truffaut Chocolat a écrit :Depuis quelques temps, je sens cette passion se consumer petit à petit, comme si elle n’avait plus sa place en moi. Par exemple, alors que toutes les semaines, je me réapprovisionnais à la médiathèque par brouettes entières, je n’y ai rien emprunté depuis un bon mois et demi. Et comme je vais très peu en salles…
Ce n’est pas une question de temps, quand je veux quelque chose, j’ai toujours le temps pour, non, c’est vraiment une question de curiosité, c’est ça qui me fait peur. Ce sentiment d’arriver au bout, de ne plus vouloir aller plus loin, oui, c’est comme si j’avais l’impression d’avoir fait le tour de la question. Et pourtant je sais à quel point c’est faux ! Pire, je n’arrive plus à me mettre en situation émotionnelle pour regarder un film, comme un buvard gorgé d’encre si vous voulez.
Tout ceci est bien confus mais j’aimerais bien savoir si cette sensation vous est déjà arrivée.
Si oui, cette période a-t-elle durée longtemps, ou un jour, avez-vous eu le sentiment que rien ne serait plus comme avant, sans nécéssairement savoir pourquoi ?
Rien à voir avec ces impressions.
Cinéphilie, déjà, c'est pas vraiment une expression à moi, même si je connais bien le terme. C'est le cinéma.
Le cinéma, ça n'est pas ma vie (il y a le boulot, les emmerdes, la famille et les enfants (je confonds pas avec les emmerdes, même si ), les voyages, le monde, l'actualité...)
Mais le cinéma c'est une grande partie de ma vie. Je ne sais pas quand ça a commencé, mais évidemment très jeune, comme la plupart ici.
Deux chocs avec lesquels je peux admettre que je suis devenu cinéphile, même si pour moi, c'est le cinéma.
1) le début de Ministry of Fear de Fritz Lang. L'horloge, le gars dont on comprend qu'il n'est pas fou du tout mais sors quand même d'hôpital psychiatrique, l'histoire de dingue, et le happy end (mais quand même, est-ce un happy end ou un drôle de rêve...depuis le début du film?). Cinéma de minuit vers 1985.
2) un soir de 1986. J'étais au lycée à Rouen, il devait neiger très fort, je faisais l'aller-retour de chez moi à Rouen, mes parents ont eu peur que je ne puisse prendre le train le lendemain, ils m'ont payé une nuit à l'hôtel. Là, sorti du lycée vers 18h, je vais au cinéma et je vois Mauvais Sang de Carax. C'est la première fois de ma vie que j'ai vu un film trois fois, mais là, en restant dans la salle, pas en y retournant le lendemain. J'ai du rentrer à l'hôtel vers 1h du mat, j'étais pas en retard au lycée le matin...Mais Juliette Binoche toute jeune , Denis Lavant langue pendue, Piccoli et Hans Meyer, Hugo Pratt qui apparaît, Carrol Brooks qui donnait l'impression d'être aussi bonne que Lauren Bacall, mais dont c'était le premier et dernier film. Et le petit mais indispensable rôle de "Lise" Julie Delpy (toute jeune aussi), la danse de Denis Lavant sur China Girl, le saut en parachute...Avec raison, je suis tombé définitivement amoureux de Juliette Binoche plus que de Carax...J'ai beaucoup aimé Pola X (je suis d'accord avec Rivette), par contre Holy Motors, ça m'a fait pitié. L'adolescence, c'est très beau, il y a des Rimbaud qui ne parviennent pas à en sortir. Carax n'est pas Rimbaud et n'en est, semble t-il (toujours d'accord pour donner une nouvelle chance) pas sorti.
Après ça, comme chacun, des périodes fortes (un des gros avantages de travailler comme indépendant depuis Février, je peux aller au cinéma presque tous les jours à l'heure du déjeuner sans que ça soit gênant pour le boulot) et des périodes faibles (le mariage, les gamins petits...), mais quelques impératifs:
- TOUJOURS, même si quelquefois c'est rarement, voir des films en salle. Le cinéma c'est une expérience collective, même si on est seul dans la salle. Et le vrai cinéma, c'est sur grand écran.
- TOUJOURS échanger à propos des films. Avec des cinéphiles comme sur ce forum, avec une voisine si je reviens d'une séance, que j'ai les yeux qui brillent, et qu'elle me demande pourquoi. Je dis une voisine, mais ça peut-être n'importe qui, le cinéma ça se partage, culture populaire.
- TOUJOURS voir un nombre minimum de films par mois. Ça peut être juste deux ou trois mais zéro, ça serait signe de dépression et cela ne m'est jamais arrivé.
- TOUJOURS ne jamais craindre d'être irascible, d'être violent, de mauvaise foi...La littérature, on peut en parler calmement, le cinéma aussi bien sûr, mais si on ne s'énerve pas une fois de temps en temps en parlant cinéma, c'est, voir au-dessus, signe de dépression