The Host (Joon-ho Bong - 2006)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Strum a écrit :
frédéric a écrit :A tout prendre, je préfère 100 fois le traitement de certains gros films US (je vais me faire massacrer sur ce coup là, bien tant pis), dont le GODZILLA de Emmerich, voilà je l'ai dit.
:o Ta comparaison est totalement stérile et abusive. Les deux films sont à des années lumières l'un de l'autre, dans la forme, le fond, l'ambition, les thèmes, etc.... Tant mieux d'ailleurs, puisque l'un de ces films est un sommet de niaiserie et de simplisme, un truc totalement creux et sans âme. Je te laisse deviner lequel.
Comment ne pas être d'accord ?!
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Strum
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Message par Strum »

Ben Castellano a écrit :Encore que le Emmerich dégage un côté très satirique derrière le film de monstre... J'ai bizarrement pas arrété d'y penser pendant le film de Bong.
J'imagine que l'on peut prétendre que la nullité intrinsèque du film d'Emmerich tient de la satire pour choisir de passer un bon moment en sa compagnie.

En revanche, je ne vois guère le rapport avec The Host, qui ne contient des éléments satiriques que de manière incidente ; en dernier analyse, ce n'est pas un film satirique. The Host est un film sincère sur une famille de démunis, de dépossédés luttant contre l'arbitraire des contrôlants et du pouvoir. Il ne peut être qualifié de "film de monstre" que selon une approche superficielle et des critères trop vagues pour ne pas être réfutés. C'est parce que Bong a conscience du ridicule de sa bête, et nous met dans la confidence pour nous faire comprendre que le vrai sujet (mélodramatique) du film c'est la famille Park, que ce n'est pas un film de monstre, mais un film social, une espèce de tragicomédie italo-coréenne. Aucune comparaison possible avec la machinerie cynique de Godzilla. Au sein de la galaxie du cinéma, les films sont à deux extrêmes, sans qu'aucun lien (hormis celui du synopsis, mais le synopsis n'est évidemment pas un film) ne les relie.
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Flol
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Message par Flol »

Strum a écrit :
Ben Castellano a écrit :Encore que le Emmerich dégage un côté très satirique derrière le film de monstre... J'ai bizarrement pas arrété d'y penser pendant le film de Bong.
J'imagine que l'on peut prétendre que la nullité intrinsèque du film d'Emmerich tient de la satire pour choisir de passer un bon moment en sa compagnie.
La seule chose légèrement ironique que je perçois dans le film d'Emmerich, c'est le fait qu'au final, les militaires américains provoquent bien plus de dégâts que le monstre lui-même.
Sinon à part ça...
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Message par Griff Bonnell »

Emmerich, dans une interview, avait dit de ses films (Godzilla et Independance Day) qu'il ne fallait pas les prendre sérieusement, que c'était du second degré. Je trouve ça malhonnête et insultant. Insultant déjà pour les personnes qui ont aimé, leur renvoyant leur goût de merde à la figure. Et surtout malhonnête, le gars se décharge d'avoir fait une merde (voir 2) prétextant que c'était voulu, que c'est ça qui est drôle. Ben non, ça reste une merde et ça n'a rien de drôle. Dépenser des millions de dollars en étant persuadé de les jeter par les fenêtres, en n'essayant même pas de faire quelque chose de pas trop mal, c'est vraiment une sale attitude.
Pour en revenir à "The Host", je l'ai vu hier soir et vriment adoré. Comme la plupart ici, j'ai été séduit pa le mélange des genres, et la liberté au sein du cadre fantastique (et l'amour du genre) dont les auteurs ont fait preuve.
Je vais me chercher "Memories Of Murder" de ce pas.
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Colqhoun
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Message par Colqhoun »

Griff Bonnell a écrit :Dépenser des millions de dollars en étant persuadé de les jeter par les fenêtres, en n'essayant même pas de faire quelque chose de pas trop mal, c'est vraiment une sale attitude.
Je vais me faire l'avocat du diable, mais parce que le film ne doit pas être pris au sérieux (ou pris au second degrès), ça en fait une bouse ?
Du coup, Starship Troopers, c'est de la merde en boîte.
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Message par Griff Bonnell »

Colqhoun a écrit :
Griff Bonnell a écrit :Dépenser des millions de dollars en étant persuadé de les jeter par les fenêtres, en n'essayant même pas de faire quelque chose de pas trop mal, c'est vraiment une sale attitude.
Je vais me faire l'avocat du diable, mais parce que le film ne doit pas être pris au sérieux (ou pris au second degrès), ça en fait une bouse ?
Du coup, Starship Troopers, c'est de la merde en boîte.
Ce n'est pas du tout ce que je dis. Je dis qu'une bouse, même prise (et faite) au second degré, ne deviens pas un objet formidable de subversion, ça reste une bouse. Pour que l'ironie fonctionne, il en faut un peu plus que du copier/coller de séquences grotesques
Starship Troopers, c'était bin autr chose: Il y a eu du boulot pour atteindre ce niveau. Dans son second degré de lecture, il développe un propos, qui parvient à justifier la bétise de ses personnages et de certains de ses dialogues. Il donne des clés aux spectateurs pour comprendre ce second degré, et l'ammener à réfléchir au pourquoi de ce choix. Godzilla ou Independance Day se contente de montrer des pans entiers de films déjà (mal) fait, et se contente de dire:Regardez, c'est trop drôle, c'est trop nul.
Pour moi, ça ne marche pas comme ça.
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Colqhoun
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Message par Colqhoun »

Griff Bonnell a écrit :Je dis qu'une bouse, même prise (et faite) au second degré, ne deviens pas un objet formidable de subversion, ça reste une bouse.
Bien sur. Mais là, dans ce que tu racontais, Emmerich ne s'excusait pas que son film soit naze, il disait juste que ce n'était pas un film à prendre au sérieux. Je ne vois pas là une volontée particulière de se défendre de la nullité de son travail. La manière de comprendre un film et sa qualité intrinséque n'ont, pour le coup, pas grand rapport.
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Message par Griff Bonnell »

Colqhoun a écrit :
Griff Bonnell a écrit :Je dis qu'une bouse, même prise (et faite) au second degré, ne deviens pas un objet formidable de subversion, ça reste une bouse.
Bien sur. Mais là, dans ce que tu racontais, Emmerich ne s'excusait pas que son film soit naze, il disait juste que ce n'était pas un film à prendre au sérieux. Je ne vois pas là une volontée particulière de se défendre de la nullité de son travail. La manière de comprendre un film et sa qualité intrinséque n'ont, pour le coup, pas grand rapport.
Il répondait alors à une question sur le côté pueril de son cinéma.
Il ya une différence entre ne pas prendre les films au sérieux (ce qui est une évidence en voyant les deux films sus-cités), et de les prendre au second degré.
Le cinéma de divertissement n'a pas vocation à être pris au sérieux par les spectateurs, ce n'est pas pour autant qu'il ne doit pas être envisagé sérieusement par ceux qui le font. Pour moi, sa réponse résonne comme une mauvaise excuse. Comme le mec te dit que "oui, le film est idiot, mais c'est comme ça qu'il a été conçu", je perçois un certain foutage de gueule.
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Ben Castellano
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Message par Ben Castellano »

Enfin ça se voit que "Godzilla" ne se prends pas au sérieux, entre les militaires catastrophes et gaffeurs, et les petits délires sur les relations europe/ USA... ça n'en fait pas un film bras d'honneur pour autant , mais gentiment ironique derrière la grosse carlingue... et peut-être un peu cynique oui. Enfin dans son genre ça me semble aussi calibré que "The Host"...
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Message par Strum »

Ben Castellano a écrit :Enfin dans son genre ça me semble aussi calibré que "The Host"...
Un film "calibré" The Host ? Tu confonds avec le nouveau James Bond, issu d'études marketing, comme le font les studios américains pour leurs blockbusters ; Bond, voilà du cinéma distrayant, sympa, parfois excitant, mais "calibré" (ce qui n'a d'ailleurs rien de honteux). Sinon, je n'ai toujours pas compris comment on pouvait comparer The Host à Godzilla et ce n'est pas ton dernier commentaire (obscur) qui va m'y aider. The Host est d'ailleurs un film si "calibré" que ses droit ont été rachetés en vue d'un remake américain, aucun distributeur US ne voulant prendre le risque de sortir un film aussi original que The Host aux Etats-Unis autrement que dans un circuit de salle ultra limité. D'ailleurs, plus j'y pense, plus je trouve qu'il n'existe aucun autre film ressemblant de près ou de loin à The Host.
Ben Castellano
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Message par Ben Castellano »

Je trouve juste pas le film très surprenant et trop dans le surlignage dans ses sous-textes, pas toujours très finaud dans son aspect satirique justement... j'ai eu la sensation de voir un enchaînement d'intentions plutôt qu'un film qui fonctionne vraiment, quelque chose de très conscient. Le sens "calibré" venait de là pour moi, les films d'auteurs ou dit iconoclastes peuvent aussi l'être :wink: J'avais beaucoup aimé "Memories of murder" qui à mon sens faisait quelque chose de beaucoup plus fort à partir de son genre initial, moins grossier. Toute l'opacité sur laquelle débouchait cette tragi-comédie avait quelque chose de vraiment fort et qui donnait une certaine vigueur au thriller, en l'encrant socialement en particulier. Ici, on retrouve les élément de Bong, mais l'humour marche moins bien, il est plus répétitif et souligné, et verse plus allégrement dans le symbolique. Ceci dis l'homme a du talent je ne le contesterait pas, mais pour moi "The Host" manque singulièrement de spontanéité, même dans sa façon mécanique de prendre des contre-pieds. Je regardais ça de vraiment loin au bout d'un moment.

Sinon tous les blockbuster US ne sont pas aussi caricaturalement définissables aux "etudes marketting" :!:
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Message par tronche de cuir »

Ben Castellano a écrit :Je trouve juste pas le film très surprenant et trop dans le surlignage dans ses sous-textes, pas toujours très finaud dans son aspect satirique justement... j'ai eu la sensation de voir un enchaînement d'intentions plutôt qu'un film qui fonctionne vraiment, quelque chose de très conscient. Le sens "calibré" venait de là pour moi, les films d'auteurs ou dit iconoclastes peuvent aussi l'être :wink: J'avais beaucoup aimé "Memories of murder" qui à mon sens faisait quelque chose de beaucoup plus fort à partir de son genre initial, moins grossier. Toute l'opacité sur laquelle débouchait cette tragi-comédie avait quelque chose de vraiment fort et qui donnait une certaine vigueur au thriller, en l'encrant socialement en particulier. Ici, on retrouve les élément de Bong, mais l'humour marche moins bien, il est plus répétitif et souligné, et verse plus allégrement dans le symbolique. Ceci dis l'homme a du talent je ne le contesterait pas, mais pour moi "The Host" manque singulièrement de spontanéité, même dans sa façon mécanique de prendre des contre-pieds. Je regardais ça de vraiment loin au bout d'un moment.

Sinon tous les blockbuster US ne sont pas aussi caricaturalement définissables aux "etudes marketting" :!:
+ 1000 :wink:
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Ben Castellano a écrit :Je trouve juste pas le film très surprenant et trop dans le surlignage dans ses sous-textes, pas toujours très finaud dans son aspect satirique justement... j'ai eu la sensation de voir un enchaînement d'intentions plutôt qu'un film qui fonctionne vraiment, quelque chose de très conscient. Le sens "calibré" venait de là pour moi, les films d'auteurs ou dit iconoclastes peuvent aussi l'être :wink: J'avais beaucoup aimé "Memories of murder" qui à mon sens faisait quelque chose de beaucoup plus fort à partir de son genre initial, moins grossier. Toute l'opacité sur laquelle débouchait cette tragi-comédie avait quelque chose de vraiment fort et qui donnait une certaine vigueur au thriller, en l'encrant socialement en particulier. Ici, on retrouve les élément de Bong, mais l'humour marche moins bien, il est plus répétitif et souligné, et verse plus allégrement dans le symbolique. Ceci dis l'homme a du talent je ne le contesterait pas, mais pour moi "The Host" manque singulièrement de spontanéité, même dans sa façon mécanique de prendre des contre-pieds. Je regardais ça de vraiment loin au bout d'un moment.

Sinon tous les blockbuster US ne sont pas aussi caricaturalement définissables aux "etudes marketting" :!:
J'avais beaucoup aimé Memories of Murder. Mais j'ai été bien plus ému par The Host, finissant la séance en pleurs. Il y avait une distanciation ironique permanente dans Memories. Dans The Host, cette distanciation s'estompe, puisque l'on est aux côtés de la famille. Le lien au film est beaucoup plus directe. Je me suis attaché à cette famille de laissés pour compte et à leur combat inégal. Je ne dis pas que c'est un film subtil, mais c'est un film sincère et généreux, où l'on devine la compassion de l'auteur pour la famille Park. Parce que seule cette famille intéresse Bong, qui est la victime d'un ennemi irrationnel, que ce soit le monstre ou les pouvoirs en place. A cette aune, The Host est un film tout à fait tragique, une histoire maintes fois racontée d'opprimés et d'offensés, mais par la grâce d'un tragique pudique qui se cache sous les atours de la farce. Voilà pourquoi je pense à Kafka. Un Kafka coréen, qui fait donc la part belle à l'absurde, avec l'humour de Dino Risi, un truc totalement original, bien trop original pour parler de film "calibré", film d'auteur ou non. Le calibrage implique l'existence de référents précis qu'un film imiterait. Quel autre film The Host imiterait ? Je ne vois pas. Est-ce spontané ? Rien n'est moins spontané que le cinéma, alors qu'importe ; moi je trouve cela génial. Quant à la conscience du film d'exister, c'est un film qui a une conscience sociale marquée, ce dont il tire une partie de sa force.

Sinon, je n'ai pas défini les blockbusters par leur recours au marketing. Je dis simplement que les studios y ont recours. C'est fort différent. C'était d'ailleurs un commentaire gratuit que cette discussion n'appelait probablement pas. C'est ton commentaire "calibré" qui en est sans doute la cause. :wink:
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ed
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Message par ed »

Pardon Strum de te quoter une nouvelle fois...
Strum a écrit :Car le sens de l'absurde qui nourrit le film n'a que peu à voir avec le burlesque. Le vrai burlesque, celui du slapstick, est le lieu où tout est permis sans qu'il existe une sanction pour le personnage. Il peut tomber d'une échelle, se faire tirer dessus, subir une catastrophe naturelle, il se relèvera toujours. Indemne, pour la plus grande joie enfantine du spectateur. Car le burlesque n'a rien à voir avec la vie.

Dans The Host, au contraire, les personnages qui tombent ne se relèvent pas, et c'est entre le rire et les larmes, tout comme la musique hésite entre la farce et le lyrisme, que nous voyons ceux qui sont toujours debout continuer à se battre contre l'adversité. Car The Host est le récit d'une famille qui se bat contre les possédants, les controllants. Il y a du manichéisme dans ce film, mais on l'accepte avec tout le reste. C'est l'absurde du tragique qui est à l'oeuvre, l'absurde qui nait du récit aux dérisoires et kafkaïen méandres d'une famille humiliée, amputée, qui pleure ses membres les plus aimés.
Strum, dans un autre message, a écrit :Je me suis attaché à cette famille de laissés pour compte et à leur combat inégal. Je ne dis pas que c'est un film subtil, mais c'est un film sincère et généreux, où l'on devine la compassion de l'auteur pour la famille Park. Parce que seule cette famille intéresse Bong, qui est la victime d'un ennemi irrationnel, que ce soit le monstre ou les pouvoirs en place. A cette aune, The Host est un film tout à fait tragique, une histoire maintes fois racontée d'opprimés et d'offensés, mais par la grâce d'un tragique pudique qui se cache sous les atours de la farce. Voilà pourquoi je pense à Kafka. Un Kafka coréen, qui fait donc la part belle à l'absurde, avec l'humour de Dino Risi, un truc totalement original, bien trop original pour parler de film "calibré", film d'auteur ou non. Le calibrage implique l'existence de référents précis qu'un film imiterait. Quel autre film The Host imiterait ? Je ne vois pas. Est-ce spontané ? Rien n'est moins spontané que le cinéma, alors qu'importe ; moi je trouve cela génial. Quant à la conscience du film d'exister, c'est un film qui a une conscience sociale marquée, ce dont il tire une partie de sa force.
Tout cela me semble très juste : rarement dans un film "de monstre" j'avais eu l'occasion de ressentir à ce point l'urgence des personnages, leurs frustrations, etc... Pas qu'il y ait vraiment identification, vu la bande de bras-cassés, de losers, de maladroits (le père tout le long, sa soeur trop lente, son frère à la fin, le grand-père vous-savez-quand etc...), mais cet aspect très humain, y compris dans les ratés, bien loin du héros irréprochable et brillant, procure une rare émotion. Je dois avouer que la qualité d'écriture et d'interprétation des personnages m'a très agréablement surpris (vilain a-priori ?)... Ils sont attachants, à se débattre maladroitement dans ces vies mal ajustées...

Je trouve par ailleurs que le mélange des genres fonctionne particulièrement bien : entre l'humour absurde et l'aspect horrifique par instant sacrément flippant, la dimension sociologique me semble moins manichéenne que beaucoup l'évoquent...
Certes, les américains sont responsables et ils ne font qu'aggraver la situation, mais les coréens ne sont pas mieux lotis : foule hystérique (dans le gymnase), policiers incompétents (et sourds), paranoïa collective, relations sociales fausses etc... Ce que décrit Bong Joon-Ho, c'est aussi une société (coréenne) malade (l' "hôte" du virus) et les évocations multiples du titre doivent aussi être ainsi prises en compte...

Enfin, la mise en scène (et principalement la mise en espace de certaines séquences) est proprement époustouflante, d'une grande variété dans les effets, sans esbrouffes (plus une photo magnifique et un score de qualité)...
Vaguement oserai-je reprocher quelques redondances (notamment les trois "chutes" simultanées de la fratrie) et conséquemment des longueurs, mais le film m'a proprement emballé, poursuivant l'excellente période dont je profite actuellement (et je n'ai pas vu ni le Cuaron ni le Scorsese...)
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Message par Strum »

ed a écrit :Pardon Strum de te quoter une nouvelle fois...
Ce n'est pas moi qui te le reprocherai. :)
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