La balade de Narayama
A une période indéterminée, dans un village isolé de montagne, un groupe de familles tente de survivre au gre des saisons. Quand il y a une bouche à nourir de trop on s’en débarrasse. Et les petits vieux s’en vont mourir a la montagne de Nara.
Le film est assez singulier….
On est transporté dans ce microcosme qui pourrait presque passer pour une éloge de l’humanité au plus proche de la nature si la vie présentée n’était pas si terrible.
Les conditions de vie sont terribles.
A peine sorti de sa condition animale et vivant au milieu des animaux, l’homme vit pourtant en société au rythme de la nature.
Ce qui frappe en fait, et qui choque, est justement l’extrême rationalité des regles et actions des personnages et de la communauté.
En contraste avec les côtés triviaux des activités ( on bouffe et on baise , quand et comme on peut), les personnages sont tres loin d’etre des « brutes ». Au contraire, il y a une grande intelligence et sensibilité des principaux caractéres, la vieille Orin en tete bien sur. Pour survivre, il faut limiter le nb de bouche a nourrir aux seules capacités du village. D’ou des regles simples:
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- on tue les nouveaux nés masculins (dont les corps servent d’engrais), on vends les filettes pour acheter du sel, on elimine ceux qui n’ont finalement aucunes chances de survivre si ce n’est au depend de la communauté, … et les vieux s’en vont mourrir a la montagne le moment venu.
Tout la force du film joue sur ce contraste qui met le spectateur mal a l’aise, pour pas dire plus, deux ou trois fois.
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- Moi, c’est le passage ou Orin s’éclate les dents et vas ensuite parader pour bien montrer que son heure est venue, que j’ai trouver le plus dur
Et donc on a le portrait extraordinaire d’une femme, pas si vieille, qu’une grande intelligence, sensibilité et humanité, qui decide que c’est le moment qu’elle se sacrifie pour sa famille.
Au dela ou a la place de la palme à cannes, j’airais volontier donner le grand prix d’interprétation à Sumiko Sakamoko pour ce role.
Elle est constamment bouleversante. Son interaction avec sa nouvelle belle fille débarquée du village voisin donne lieu à des scenes magnifiques : l’acceuil au domicile, la priere a la defunte 1ere epouse, la peche aux truites, … On sent une humanité bouleversante, à fleur de peau, dans cette femme.
Ce qui rend bien sur ce processus de sacrifice inacceptable, et pour nous spectateur, et pour le fils.
Loin de tout pathos, on a ici un des plus belles descriptions de l’amour filial que j’ai pu voir au cinéma.
Orin part de son plein gré et avec toute sa tete . Ce n’est pas le cas d’un autre vieillard , que le fils est obligé de maintenir attaché toute la journée
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- et qu’il finira par jeter du haut d’un ravin.
Scene horrible…mais frappée de l’inneductable. Et qui contraste avec les vues d’Orin en Bouddha priant dans la montagne.
Le film est d’un abord pas facile, justement à cause du coté trivial de pas mal de scenes de la première moitié. Le basculement se fait pour moi avec l’arrivée de la nouvelle bru. Le film change sensiblement de ton et on est emporté jusqu’au dénouement.
Un film marquant qu’on oublie pas.