Shôhei Imamura (1926-2006)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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-Kaonashi-
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Re: Shôhei Imamura (1926-2006)

Message par -Kaonashi- »

John Holden a écrit : 15 févr. 22, 09:21 Le contenu de la rétrospective Shohei Imamura, à la Cinémathèque, du 6 Avril au 7 Mai :
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LES FILMS
Anguille (L') Shohei Imamura / Japon / 1996 Sa 16 avr 16h30Ve 22 avr 20h15
Ballade de Narayama (La) Shohei Imamura / Japon / 1982 Di 17 avr 16h30Sa 30 avr 17h00
Ces dames qui vont au loin Shohei Imamura / Japon / 1975 Lu 11 avr 20h45Me 4 mai 18h00
Cochons et cuirassés Shohei Imamura / Japon / 1961 Sa 9 avr 18h00Ve 22 avr 18h00
De l'eau tiède sous un pont rouge Shohei Imamura / Japon-France / 2000 Lu 25 avr 19h45Sa 30 avr 20h00
Désir inassouvi Shohei Imamura / Japon / 1958 Ve 8 avr 20h00Di 17 avr 19h15
Désir meurtrier Shohei Imamura / Japon / 1964 Di 10 avr 17h00Lu 18 avr 19h00
Désirs volés Shohei Imamura / Japon / 1958 Ve 8 avr 18h00Me 20 avr 21h00
Dr Akagi Shohei Imamura / Japon-France / 1997 Sa 16 avr 19h00Ve 29 avr 19h30
Eijanaika Shohei Imamura / Japon / 1981 Me 20 avr 18h00Je 28 avr 19h00
Évaporation de l'homme (L') Shohei Imamura / Japon / 1967 Lu 11 avr 18h00Lu 25 avr 17h00
Femme insecte (La) Shohei Imamura / Japon / 1963 Sa 9 avr 20h15Je 21 avr 21h30
Histoire du Japon racontée par une hôtesse de bar Shohei Imamura / Japon / 1970 Me 13 avr 20h45Me 27 avr 19h00
Mon deuxième frère Shohei Imamura / Japon / 1959 Di 24 avr 19h15Me 4 mai 20h30
Pluie noire Shohei Imamura / Japon / 1989 Ve 15 avr 20h45Sa 23 avr 16h45
Pornographe : Introduction à l'anthropologie (Le) Shohei Imamura / Japon / 1965 Je 7 avr 18h00Me 13 avr 18h00
Profond désir des dieux Shohei Imamura / Japon / 1968 Je 7 avr 20h45Di 10 avr 20h00
Vengeance est à moi (La) Shohei Imamura / Japon / 1979 Me 6 avr 20h00Sa 23 avr 19h15
Zegen, le seigneur des bordels Shohei Imamura / Japon / 1987 Ve 15 avr 18h00Di 24 avr 16h45
COURTS MÉTRAGES
Brute revient au pays natal (La) Shohei Imamura / Japon / 1973 Sa 7 mai 19h45
Devant la gare de Ginza Shohei Imamura / Japon / 1958 Je 5 mai 20h45
En suivant ces soldats qui ne sont pas revenus : La Malaisie Shohei Imamura / Japon / 1971 Je 5 mai 18h30
En suivant ces soldats qui ne sont pas revenus : La Thaïlande Shohei Imamura / Japon / 1971 Je 5 mai 18h30
Pirates de Bubuan (Les) Shohei Imamura / Japon / 1972 Sa 7 mai 19h45
September 11 : Japon Shohei Imamura / France / 2002 CM Je 5 mai 20h45
RENCONTRES ET CONFÉRENCES
Shohei Imamura, la révolte de la chair. Conférence par Stéphane du Mesnildot Je 21 avr 19h30
Mon premier réflexe en lisant ça fut : "encore une rétro Imamura ?!".
Puis j'ai réalisé que la précédente, c'était... il y a déjà 20 ans, fin 2001, à la Cinémathèque de Chaillot. Ma première séance à la cinémathèque je crois (Zegen, trouvé un peu trop long, pas des masses de souvenirs aujourd'hui).
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The Eye Of Doom
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Re: Shôhei Imamura (1926-2006)

Message par The Eye Of Doom »

La balade de Narayama
A une période indéterminée, dans un village isolé de montagne, un groupe de familles tente de survivre au gre des saisons. Quand il y a une bouche à nourir de trop on s’en débarrasse. Et les petits vieux s’en vont mourir a la montagne de Nara.

Le film est assez singulier….
On est transporté dans ce microcosme qui pourrait presque passer pour une éloge de l’humanité au plus proche de la nature si la vie présentée n’était pas si terrible.
Les conditions de vie sont terribles.
A peine sorti de sa condition animale et vivant au milieu des animaux, l’homme vit pourtant en société au rythme de la nature.
Ce qui frappe en fait, et qui choque, est justement l’extrême rationalité des regles et actions des personnages et de la communauté.
En contraste avec les côtés triviaux des activités ( on bouffe et on baise , quand et comme on peut), les personnages sont tres loin d’etre des « brutes ». Au contraire, il y a une grande intelligence et sensibilité des principaux caractéres, la vieille Orin en tete bien sur. Pour survivre, il faut limiter le nb de bouche a nourrir aux seules capacités du village. D’ou des regles simples:
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on tue les nouveaux nés masculins (dont les corps servent d’engrais), on vends les filettes pour acheter du sel, on elimine ceux qui n’ont finalement aucunes chances de survivre si ce n’est au depend de la communauté, … et les vieux s’en vont mourrir a la montagne le moment venu.
Tout la force du film joue sur ce contraste qui met le spectateur mal a l’aise, pour pas dire plus, deux ou trois fois.
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Moi, c’est le passage ou Orin s’éclate les dents et vas ensuite parader pour bien montrer que son heure est venue, que j’ai trouver le plus dur
Et donc on a le portrait extraordinaire d’une femme, pas si vieille, qu’une grande intelligence, sensibilité et humanité, qui decide que c’est le moment qu’elle se sacrifie pour sa famille.
Au dela ou a la place de la palme à cannes, j’airais volontier donner le grand prix d’interprétation à Sumiko Sakamoko pour ce role.
Elle est constamment bouleversante. Son interaction avec sa nouvelle belle fille débarquée du village voisin donne lieu à des scenes magnifiques : l’acceuil au domicile, la priere a la defunte 1ere epouse, la peche aux truites, … On sent une humanité bouleversante, à fleur de peau, dans cette femme.
Ce qui rend bien sur ce processus de sacrifice inacceptable, et pour nous spectateur, et pour le fils.

Loin de tout pathos, on a ici un des plus belles descriptions de l’amour filial que j’ai pu voir au cinéma.

Orin part de son plein gré et avec toute sa tete . Ce n’est pas le cas d’un autre vieillard , que le fils est obligé de maintenir attaché toute la journée
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et qu’il finira par jeter du haut d’un ravin.
Scene horrible…mais frappée de l’inneductable. Et qui contraste avec les vues d’Orin en Bouddha priant dans la montagne.
Le film est d’un abord pas facile, justement à cause du coté trivial de pas mal de scenes de la première moitié. Le basculement se fait pour moi avec l’arrivée de la nouvelle bru. Le film change sensiblement de ton et on est emporté jusqu’au dénouement.

Un film marquant qu’on oublie pas.
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