Werner Herzog

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Blue
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Message par Blue »

La ballade de Bruno aka Stroszek (Werner Herzog, 1977)
Avec Bruno S., Eva Mattes, Clemens Scheitz

Note : 7,5/10

Le rêve américain et un portrait peu reluisant de l'Allemagne, écrit en 4 jours puis mis en boîte par Herzog, cinéaste aussi singulier que casse-cou.

"La ballade de Bruno", dont le titre français donne bien idée du côté road-moviesque de la chose, est un film-culte en puissance, une bonne grosse poilade satyrique mais fort heureusement jamais ridicule, ce qui rend son caractère toujours intact avec le temps.

Et quel pessimisme, quelle critique acerbe dans tous les sujets que le réalisateur allemand embrasse ici avec fureur : réinsertion d'ex-taulard, prostitution, difficultés de s'établir à l'étranger, barrières de la langue, etc.

Bruno S. trouve-là son deuxième grand rôle après "L'Enigme de Kaspar Hauser", autre collaboration fructueuse avec Herzog.
"Der Bruno", comme il se nommerait lui-même, fait ici montre d'un talent hors-normes, digne des plus grands de l'actor's studio. Sans doute parcequ'il n'est pas acteur dans ce film, mais lui-même - le script portant une dimension autobiographique palpable.

Le climax final, portant l'oeuvre loin et haut dans les sphères d'un certain nihilisme typiquement seventies, nous laisse un drôle d'arrière-goût : on rit jaune sur le coup, avant de laisser place à l'un de ces silences introspectifs dans lesquels on verse son estime à ce remarquable talent de sociologue qui anima Werner Herzog lorsqu'il fit ce film.

Viele Danken, Werner !
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ed
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Message par ed »

L'énigme de Kaspar Hauser
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Conte moral probablement influencé par les philosophes des Lumières, le film de Werner Herzog est également un beau poème visuel nimbé de flou. Si l’on saisit des pistes (l’ « enfant de la Nature » confronté aux règles sociales et aux croyances – religieuses comme scientifiques – d’une petite bourgade, à la spontanéité et la simplicité pas adaptées à ce monde), le film ne s’inscrit pas comme un manifeste mais déroule une atmosphère, assez lancinante, assez prenante. Beau, et mystérieux.
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frédéric
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Message par frédéric »

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Ballin Mundson
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Message par Ballin Mundson »

Ballin Mundson a écrit :Est ce qu'un dvd avec VF ou STF est prévu pour cobra verde ?
C'est un film qu'on nous avait montré au collège l'année du bicentenaire de la révolution et de l'abolition de l'esclavage.
C'est un film qui m'avait beaucoup marqué (avec aguirre qu'on nous passait pour illustrer les conquistadores)
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demain sur Action :D
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dmonteil
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Message par dmonteil »

Je remet ici ce que j'ai dit dans "Bon plans":

Ya une boutique qui a ouvert près de chez moi, à Tours, qui propose plein de DVD neufs, mais à prix complètement cassé.
Dans le lot, ya les deux coffrets Opening de Werner Herzog et le 1er coffret Opening John Ford à 14,99€ pièces.

Les 2 Herzog me tente, mais j'en ai jamais vu un seul (c'est surtout Aguirre et Ftizcarraldo qui m'interessent).
Que me conseillez-vous?
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julien
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Message par julien »

Personellement je préfère Fitzcarraldo. Cette idée de vouloir batir un opéra, au plein coeur de la forêt péruvienne chez des gens qui n'ont pas accés à la culture je trouve ça intéressant. Complétement dingue mais intéressant.
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Jack Griffin
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Message par Jack Griffin »

julien a écrit :Personellement je préfère Fitzcarraldo. Cette idée de vouloir batir un opéra, au plein coeur de la forêt péruvienne chez des gens qui n'ont pas accés à la culture je trouve ça intéressant. Complétement dingue mais intéressant.
On a deux conséquences de la folie: destructrice dans Aguirre, positive dans Fitzcarraldo. Les deux se complètent bien.
dmonteil
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Message par dmonteil »

Bon, j'ai acheté le 1er coffret et je l'ai commencé aujourd'hui:

Coeur de Verre:
En fait, le problème du film, c'est principalement le but 1er de son existence: l'expérimentation sans concession de Herzog. Pour ceux qui ne le savent pas, Coeur de Verre est connu pour sa direction d'acteur, ces derniers étant hypnotisés par le cinéaste, qui souhaitait donner plus de réalisme à la folie dans laquelle ces villageois s'enfoncent. Ce procédé...particulier...a le mérite de dénoter sérieusement et de plonger le spectateur dans un état de malaise constant. De plus, les scènes de visions du berger, associées à la musique de Popol Vuh, sont, elles aussi, réellement hypnotisantes (ce sont d'ailleurs les plus belles scènes du film, les plus entêtantes).
L'ennui (et c'est le cas de le dire), c'est que ce procédé parvient très vite à ces limites, et bien souvent, c'est dans une lassitude profonde que le spectateur se situe.
La mise en scène très austère de Herzog n'est pas là pour arranger, et c'est bien une semi-réussite (ou semi-échec, c'est selon) à laquelle nous assistons.

3/6

Aguirre, La Colère de Dieu:

Le film est le plus connu de son auteur. Est-ce dû à son acteur principal, littéralement habité par son rôle? Ou bien à son tournage chaotique durant lequel le cinéaste a risqué sa vie (et celle de son équipe) à plusieurs reprises? C'est, je pense, surtout dû au fait que le film est une véritable oeuvre folle. Folle de par sa thématique bien sûr (plusieurs conquistadors partent à la rechercher de l'Eldorado et sombre petit à petit dans la démence), mais surtout par le parti-pris de Herzog (l'association du "naturalisme", dû à l'aspect documentaire, et de la mise en scène viscérale et à forte connotations mélancoliques). L'ambition dévorante de Aguirre fait alors clairement écho à celle de son metteur en scène, qui semble possédé par l'envie insatiable de tourner.
Aguirre est un film qui se vit avant de se voir, qui se ressent avant de se regarder. Au spectateur de savoir s'il est prêt à se laisser porter tout au long de ce voyage au coeur des ténèbres...

6/6

Il est fort probable que je prenne le 2nd, Fitzcarraldo me tentant vraiment, ainsi que Kaspar Haueser et les Nains...
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DaveDevil666
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Message par DaveDevil666 »

N'oublions pas d'associer la musique envoûtante de POPOL VUH, collectif opérant au sein du courant musical Krautrock, aux films du magicien Herzog.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Krautrock
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"Aguirre" m'a profondément bouleversé, et l'intro du film restera à jamais pour moi un grand moment d'émotion, sachant que les images ont été prises au Machu Picchu.
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Comment ne pas parler à son propos de cinéaste aventurier mêlant risques physiques et démarche artistique ?
Dans une biographie, je me souviens de ses paroles concernant l'importance de la marche à pied (il expliquait préférer perdre la vue que l'usage de ses jambes) : en apprenant la maladie de l'historienne du Cinéma Expressionniste Allemand, Lötte Eisner, n'avait-il pas entrepris, en plein hiver, une longue marche, de Münich à Paris, estimant que sa démarche de pélerin allait la sauver ?

Même si le film a été fort critiqué (Oh, Hérésie !), j'ai beaucoup apprécié "Nosferatu", avec une Adjani gothique et un Roland Topor cabotin. Un + aussi pour "Fitzcarraldo".

Le dernier film que j'ai vu de lui : "Invincible" avec Tim Roth. Pas mal mais trop conventionnel.

Je souhaiterais voir "Coeur de Verre" et "Les Nains aussi ont commencé petits".
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Message par Super Seb le Bat Coco »

j'ai vu Woyzeck à l'art gallery of NSW (important musée de la ville de Sydney)

la seance etait gratuite, le film en VO sous titré en anglais. c'etait beau mais j'etais un peu naze, j'ai dormi. chose qui m'arrive pratiquement jamais.
Ballin Mundson
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Message par Ballin Mundson »

:shock: tu ne dors jamais ? :shock:
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Jack Griffin
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Message par Jack Griffin »

Wheel of time

Plongé hypnotique dans le rite boudhiste du Kalashakra avec Herzog comme guide...Une caméra à hauteur d'homme et immergée dans la foule donne des images impressionantes sorties d'un univers déconnecté du monde contemporain, toujours en mouvement, caractérisant cette idée centrale d'impermanence.

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White diamond

Superbe documentaire dans la lignée de Grizzly man, un cran au dessus de Wheel of time. Là encore des images de dingue, qui ne font jamais national geographic, proche parfois de l'abstraction. Et puis la rencontre de personnages étonnants, qui se perdent dans leur passion. Peut être une bonne alternative à into the wild
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G.T.O
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Message par G.T.O »

Jack Griffin a écrit :White diamond

Superbe documentaire dans la lignée de Grizzly man, un cran au dessus de Wheel of time. Là encore des images de dingue, qui ne font jamais national geographic, proche parfois de l'abstraction. Et puis la rencontre de personnages étonnants, qui se perdent dans leur passion. Peut être une bonne alternative à into the wild
Sans l'ombre d'un doute ! :mrgreen:
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Message par G.T.O »

Wheel of Time:


Survol quelconque du boudhisme et de ses rites...
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Message par G.T.O »

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The White Diamond commence de la manière la plus classique et efficace possible; par un bref exposé sur les débuts de l'aviation. Mais, les images impressionnent et déjà une des thématiques chère à Herzog commence à se donner: l'ambivalence de tout "rêve" et de sa proximité avec la folie. Ici, le fou est un doux rêveur déguisé en scientifique dont l'hallucination consiste à voler, à l'aide d'un zeppelin miniature, au dessus de je ne sais quelle forêt équatoriale.
L'environnement sauvage associé à cette modernité est propice à déclencher tout une série d'images hallucinantes; une magie naive qui joue des contrastes entre fragilité et dureté de la Nature, technologie et cadre équatoriale, le blanc du ballon sur fond vert de la jungle ou bleu du ciel( du vrai Fellini) par moment mystique lorsque un natif transi du spectacle surnomme l'engin maladroit The White Diamond, des plans à la limite de la figuration, un pointillisme animé. De la brume en accélérée qui parait se déchirer comme du coton sur les montagnes :shock: L'émotion qui surgit au cours d'une banale scène de confidence, l'émotion communicative du "savant fou" après son vol réussi, le natif avoue qu'il est sans nouvelle de sa famille restée en Europe, une fin à tomber... :shock: C'est une oeuvre qui se joue de toute classification, c'est à la fois extrêmement travaillée et en même temps spontanée, vif et opaque, superbement hétérogène mais équilibrée, certaines scènes sont étirées d'autres au contraire étonnent par leur économie.

C'est ce qu'on appele communément un choc !


PS: Encore merci Jacky ! :wink:
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