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Re: Sur la Route de Madison (Clint Eastwood, 1995)

Publié : 13 janv. 12, 12:06
par Brody
Demi-Lune a écrit :Grand moment d'émotion hier soir avec Sur la route de Madison, à peine entamé par une VF surprenante (Clint n'y a pas sa voix traditionnelle, celle qui double également Sean Connery : Jean-Claude Michel).
D'une certaine façon tu as "de la chance" de ne pas avoir été géné par le doublage français, que je trouve totalement ignoble pour Clint, on dirait Lorant Deutsch en pleine pré-puberté... ça a été rédhibitoire pour moi, j'ai arrêté au bout de 20 mn, et un zapping de 10 mn pendant les scènes finales m'ont confirmé que j'avais bien fait...
Si tu peux le redécouvrir en VO c'est encore bien plus prenant :wink:

Re: Sur la route de Madison (Clint Eastwood - 1995)

Publié : 13 janv. 12, 12:22
par Demi-Lune
Tancrède a écrit :Oui enfin, les qualités que tu trouves, fort justement, à Sur la route de Madison (simplicité, précision, équilibre, retenue) ne sont pas vraiment celles du cinéma de Spielberg (qui en a d'autres).
Pas d'accord mais si je me lance là-dessus je n'en finirai pas, et mon point de vue sera forcément partial compte tenu du lien que j'ai avec le cinéma de Spielberg.
Ma remarque était plus une boutade qu'autre chose, mais pour y donner plus de corps je dirai simplement qu'à l'exception d'Impitoyable (et donc maintenant de celui-ci), les films d'Eastwood que j'ai vus me laissent en général très distants d'un point de vue émotionnel, ils ne m'impliquent pas, ils ne titillent pas ma sensibilité. Pour toutes sortes de raisons et je conçois tout à fait qu'on puisse retourner ces mêmes raisons contre le cinéma de Spielberg (qui lui me procure quelque chose d'essentiel, d'intime).
Or, je remarque ici que l'empreinte de Spielberg sur Madison est relativement importante (cf. cet article making-of : http://www.ew.com/ew/article/0,,297675,00.html) et si Eastwood a fait exactement le film selon son inspiration et s'il porte indiscutablement sa marque, l'approche émotionnelle du film me parle profondément et en cela, compte tenu de la sensibilité de Spielberg et de ce qu'il a apporté dans l'élaboration du projet, et compte tenu de mon impassibilité récurrente face au cinéma d'Eastwood, je suis tenté d'y voir son ingrédient secret.

Re: Sur la Route de Madison (Clint Eastwood, 1995)

Publié : 13 janv. 12, 12:28
par Demi-Lune
Brody a écrit :Si tu peux le redécouvrir en VO c'est encore bien plus prenant :wink:
Ce sera fait en HD mais pas avant longtemps.
C'est vrai que la voix française de Clint sur ce film est bien trop juvénile.

Re: Sur la Route de Madison (Clint Eastwood, 1995)

Publié : 13 janv. 12, 12:48
par Flol
Demi-Lune a écrit :
Brody a écrit :Si tu peux le redécouvrir en VO c'est encore bien plus prenant :wink:
Ce sera fait en HD mais pas avant longtemps.
C'est vrai que la voix française de Clint sur ce film est bien trop juvénile.
Son doubleur autrefois attitré, Jean-Claude Michel, était pourtant encore de ce monde en 1995 (il est décédé en 1999), mais c'était une volonté de la part des distributeurs français pour tenter de rajeunir le personnage (c'est vrai qu'une histoire d'amour entre personnes d'âge mûr, c'est nul). De toute façon, je n'ai jamais vu ce film en VF...

Re: Sur la route de Madison (Clint Eastwood - 1995)

Publié : 13 janv. 12, 13:01
par Tancrède
Demi-Lune a écrit :
Tancrède a écrit :Oui enfin, les qualités que tu trouves, fort justement, à Sur la route de Madison (simplicité, précision, équilibre, retenue) ne sont pas vraiment celles du cinéma de Spielberg (qui en a d'autres).
Pas d'accord mais si je me lance là-dessus je n'en finirai pas, et mon point de vue sera forcément partial compte tenu du lien que j'ai avec le cinéma de Spielberg.
Ma remarque était plus une boutade qu'autre chose, mais pour y donner plus de corps je dirai simplement qu'à l'exception d'Impitoyable (et donc maintenant de celui-ci), les films d'Eastwood que j'ai vus me laissent en général très distants d'un point de vue émotionnel, ils ne m'impliquent pas, ils ne titillent pas ma sensibilité. Pour toutes sortes de raisons et je conçois tout à fait qu'on puisse retourner ces mêmes raisons contre le cinéma de Spielberg (qui lui me procure quelque chose d'essentiel, d'intime).
Or, je remarque ici que l'empreinte de Spielberg sur Madison est relativement importante (cf. cet article making-of : http://www.ew.com/ew/article/0,,297675,00.html) et si Eastwood a fait exactement le film selon son inspiration et s'il porte indiscutablement sa marque, l'approche émotionnelle du film me parle profondément et en cela, compte tenu de la sensibilité de Spielberg et de ce qu'il a apporté dans l'élaboration du projet, et compte tenu de mon impassibilité récurrente face au cinéma d'Eastwood, je suis tenté d'y voir son ingrédient secret.
Tu as vu Un monde parfait? Avec les deux que tu cites, il forme ce que j'appelle la fabuleuse trilogie eastwoodienne des années 90. Je te le conseille.
Ensuite, toi qui connais bien Spielberg dois bien admettre que:
1. Son style ne fait pas dans la retenue, au contraire de celui d'Eastwood dans ce film
2. S'il y a bien un truc qu'il n'a, au cours de ses quarante ans de carrière, jamais filmé (du moins d'une façon convaincante), c'est l'amour et plus encore les femmes amoureuses.

Re: Sur la route de Madison (Clint Eastwood - 1995)

Publié : 13 janv. 12, 13:14
par makaveli
Je suis d'accord avec toi demi-lune pour dire qu'impitoyable et madison sont les 2 plus beaux eastwood mais d'autres sont très bons également.
Tu n'a pas aimé ( josey wales, l'homme des hautes plaines, un monde parfait, mystic river,million dollar baby, gran torino......).

Re: Sur la route de Madison (Clint Eastwood - 1995)

Publié : 13 janv. 12, 14:04
par Demi-Lune
Tancrède a écrit :Tu as vu Un monde parfait? Avec les deux que tu cites, il forme ce que j'appelle la fabuleuse trilogie eastwoodienne des années 90. Je te le conseille.
Ensuite, toi qui connais bien Spielberg dois bien admettre que:
1. Son style ne fait pas dans la retenue, au contraire de celui d'Eastwood dans ce film
2. S'il y a bien un truc qu'il n'a, au cours de ses quarante ans de carrière, jamais filmé (du moins d'une façon convaincante), c'est l'amour et plus encore les femmes amoureuses.
J'ai vu Un monde parfait, je n'avais pas trop aimé.
Pour les deux points que tu soulèves, là encore la question de la subjectivité intervient, évidemment. Perso j'apporterai des nuances, le style de Spielberg est certainement plus empathique et flamboyant que l'épure totale d'un Eastwood, mais ça n'exclue pas pour autant des beaux moments de cinéma portés sur la retenue et sur la simplicité (ex : l'annonce de la mort de Dreyfuss à Holly Hunter dans Always, filmé de loin, la déclaration d'Elliott au cadavre d'E.T., l'ouverture dans le cimetière de Colleville dans le Soldat Ryan, la dernière partie d'A.I., etc etc). En fait derrière cela je crois qu'il y a l'éternelle question de la place de la musique de John Williams, alourdissant les images pour les uns, les sublimant pour les autres.
Pour l'autre point, malgré le fait que Spielberg ait très peu mis en scène de films de romance affichés comme tels, l'amour me paraît être un nerf essentiel de son cinéma. C'est la philosophie d'un film comme La Couleur pourpre et c'est quelque chose qui caractérise fortement ses films, sous diverses formes (amitié, amour des parents, amour des enfants, idylles contrariées - c'est d'ailleurs une quasi constante chez lui, les histoires d'amour se finissent souvent par un départ commun, dès Amblin' en 1968). Mais c'est vrai qu'il manque à son cinéma une vraie et grande histoire d'amour à l'ancienne. Maintenant, pour ce qui est des femmes amoureuses... je ne sais pas. On peut sans doute convenir que ce sont pas les personnages les plus marquants de sa filmographie, même si certains portraits m'inspirent beaucoup d'intérêt pour leur fort tempérament (Marion dans Raiders, Shug Avery dans La Couleur Pourpre, Dorinda dans Always, Amelia dans Le Terminal...).
Mais revenons à Eastwood :mrgreen:
makaveli a écrit :Tu n'a pas aimé ( josey wales, l'homme des hautes plaines, un monde parfait, mystic river,million dollar baby, gran torino......).
Je ne supporte pas Mystic River, Million Dollar Baby aurait pu être à mon sens bien meilleur s'il n'y avait pas toutes ces énormes ficelles. Pas encore vu les autres. Je mise plus sur le Clint d'avant plutôt que sur celui des 15 dernières années qui me semble être à bout de souffle.

Re: Sur la route de Madison (Clint Eastwood - 1995)

Publié : 13 janv. 12, 14:10
par Tancrède
Demi-Lune a écrit :
Tancrède a écrit :Tu as vu Un monde parfait? Avec les deux que tu cites, il forme ce que j'appelle la fabuleuse trilogie eastwoodienne des années 90. Je te le conseille.
Ensuite, toi qui connais bien Spielberg dois bien admettre que:
1. Son style ne fait pas dans la retenue, au contraire de celui d'Eastwood dans ce film
2. S'il y a bien un truc qu'il n'a, au cours de ses quarante ans de carrière, jamais filmé (du moins d'une façon convaincante), c'est l'amour et plus encore les femmes amoureuses.

Pour les deux points que tu soulèves, là encore la question de la subjectivité intervient, évidemment. Perso j'apporterai des nuances, le style de Spielberg est certainement plus empathique et flamboyant que l'épure totale d'un Eastwood, mais ça n'exclue pas pour autant des beaux moments de cinéma portés sur la retenue et sur la simplicité (ex : l'annonce de la mort de Dreyfuss à Holly Hunter dans Always, filmé de loin, la déclaration d'Elliott au cadavre d'E.T., l'ouverture dans le cimetière de Colleville dans le Soldat Ryan, la dernière partie d'A.I., etc etc). En fait derrière cela je crois qu'il y a l'éternelle question de la place de la musique de John Williams, alourdissant les images pour les uns, les sublimant pour les autres.
Pour l'autre point, malgré le fait que Spielberg ait très peu mis en scène de films de romance affichés comme tels, l'amour me paraît être un nerf essentiel de son cinéma. C'est la philosophie d'un film comme La Couleur pourpre et c'est quelque chose qui caractérise fortement ses films, sous diverses formes (amitié, amour des parents, amour des enfants, idylles contrariées - c'est d'ailleurs une quasi constante chez lui, les histoires d'amour se finissent souvent par un départ commun, dès Amblin' en 1968). Mais c'est vrai qu'il manque à son cinéma une vraie et grande histoire d'amour à l'ancienne. Maintenant, pour ce qui est des femmes amoureuses... je ne sais pas. On peut sans doute convenir que ce sont pas les personnages les plus marquants de sa filmographie, même si certains portraits m'inspirent beaucoup d'intérêt pour leur fort tempérament (Marion dans Raiders, Shug Avery dans La Couleur Pourpre, Dorinda dans Always, Amelia dans Le Terminal...).
bref on est d'accord

Re: Sur la route de Madison (Clint Eastwood - 1995)

Publié : 13 janv. 12, 14:38
par Tancrède
Pour en revenir au film proprement dit, il a longtemps été un de mes préférés toutes catégories confondues donc j'y reste attaché mais une récente révision m'a quelque peu déçu.
Je ne crois plus au personnage de Robert Kincaid. Autant je peux comprendre que Fransesca, la mère au foyer qui n'est jamais sortie de son Iowa, se berce d'illusions romantiques lorsque le beau photographe surgit dans sa vie, autant je vois mal pas ce qui rendre ce baroudeur amoureux au point de tout vouloir quitter après trois jours de baise. Je vois tout ce que Kincaid apporte à Fransceca donc je comprends son amour mais dans le sens inverse, ça fonctionne moins.
A mon avis, cette facilité est un relent du bouquin qui paraît-il est un truc pour midinettes.
Après, le reste est toujours très bien hein (à part la fin plus lourdingue que le reste).
Mais ce film n'est plus un de mes favoris du genre.

Re: Sur la route de Madison (Clint Eastwood - 1995)

Publié : 13 janv. 12, 15:27
par AtCloseRange
Demi-Lune a écrit : l'ouverture dans le cimetière de Colleville dans le Soldat Ryan
J'imagine que c'est une blague...
De la retenue?

Re: Sur la route de Madison (Clint Eastwood - 1995)

Publié : 13 janv. 12, 15:37
par Demi-Lune
De la simplicité.
Un vieil homme qui arpente les croix de vétérans et se trouve submergé par l'émotion.
Je ne vois pas en quoi ce serait une blague.

Re: Sur la route de Madison (Clint Eastwood - 1995)

Publié : 13 janv. 12, 15:47
par Nomorereasons
On va dire que c'est de la retenue grandiloquente. Un peu comme du Marguerite Duras.

Re: Sur la route de Madison (Clint Eastwood - 1995)

Publié : 13 janv. 12, 15:52
par riqueuniee
Tancrède a écrit :Pour en revenir au film proprement dit, il a longtemps été un de mes préférés toutes catégories confondues donc j'y reste attaché mais une récente révision m'a quelque peu déçu.
Je ne crois plus au personnage de Robert Kincaid. Autant je peux comprendre que Fransesca, la mère au foyer qui n'est jamais sortie de son Iowa, se berce d'illusions romantiques lorsque le beau photographe surgit dans sa vie, autant je vois mal pas ce qui rendre ce baroudeur amoureux au point de tout vouloir quitter après trois jours de baise. Je vois tout ce que Kincaid apporte à Fransceca donc je comprends son amour mais dans le sens inverse, ça fonctionne moins.
A mon avis, cette facilité est un relent du bouquin qui paraît-il est un truc pour midinettes.
Après, le reste est toujours très bien hein (à part la fin plus lourdingue que le reste).
Mais ce film n'est plus un de mes favoris du genre.
On comprend d'autant mieux Francesca qu'elle est italienne, et n'a atterri en Iowa que parce qu'elle a rencontré un soldat américain en 19441945 (parlant anglais, elle faisait l'interprète). Ce n'est pas Mme Bovary (son union n'est pas malheureuse), mais ses illusions (frustrations ?) viennent sans doute un peu de là.
En ce qui concerne le film (pas revu depuis sa sortie), je le trouve beau, mais je trouve Breezy (beau film pas assez connu) plus touchant.

Re: Sur la route de Madison (Clint Eastwood - 1995)

Publié : 13 janv. 12, 16:04
par Tancrède
riqueuniee a écrit :
Tancrède a écrit :Pour en revenir au film proprement dit, il a longtemps été un de mes préférés toutes catégories confondues donc j'y reste attaché mais une récente révision m'a quelque peu déçu.
Je ne crois plus au personnage de Robert Kincaid. Autant je peux comprendre que Fransesca, la mère au foyer qui n'est jamais sortie de son Iowa, se berce d'illusions romantiques lorsque le beau photographe surgit dans sa vie, autant je vois mal pas ce qui peut rendre ce baroudeur amoureux au point de tout vouloir quitter après trois jours de baise. Je vois tout ce que Kincaid apporte à Fransceca donc je comprends son amour mais dans le sens inverse, ça fonctionne moins.
A mon avis, cette facilité est un relent du bouquin qui paraît-il est un truc pour midinettes.
Après, le reste est toujours très bien hein (à part la fin plus lourdingue que le reste).
Mais ce film n'est plus un de mes favoris du genre.
On comprend d'autant mieux Francesca qu'elle est italienne, et n'a atterri en Ioa que parce qu'elle a rencontré un soldat américain en 19441945 (parlant anglais, elle faisait l'interprète). Ce n'est pas Mme Bovary (son union n'est pas malheureuse), mais ses illusions (frustrations ?) viennent sans doute un peu de là. .
Tout à fait riqueuniee

Re: Sur la route de Madison (Clint Eastwood - 1995)

Publié : 13 janv. 12, 16:53
par homerwell
Tancrède a écrit : Je ne crois plus au personnage de Robert Kincaid. Autant je peux comprendre que Fransesca, la mère au foyer qui n'est jamais sortie de son Iowa, se berce d'illusions romantiques lorsque le beau photographe surgit dans sa vie, autant je vois mal pas ce qui rendre ce baroudeur amoureux au point de tout vouloir quitter après trois jours de baise. Je vois tout ce que Kincaid apporte à Fransceca donc je comprends son amour mais dans le sens inverse, ça fonctionne moins.
Je m'insurge contre la sécheresse de cette vision. Tu voudrais que Kincaid soit plus raisonnable ! On te décrit une passion et tu cherches une raison.