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Publié : 8 avr. 06, 10:53
par Encolpio
Max Schreck a écrit :On pouvait également clouer les crucifiés tout en maintenant leur bras attachés au montant de la croix avec des cordes.
Pour ma question: voir topic Histoire de l'art (afin de ne pas trop faire de hors sujet)...

Publié : 19 avr. 06, 16:55
par AlexRow
Jean-Auguste-Dominique Ingres, Musée du Louvre, Hall Napoléon.

Nous avons enfin réussi à entrer dans cette exposition. Arrivés peu après l'ouverture, nous avons échappé à la foule. Nous y avons passé deux heures mais j'avoue que vers la fin j'ai commencé à bâcler certaines oeuvres (mon dieu, cette imagerie saint-sulpicienne du "renouveau catholique"...). Je suis surtout ravi d'avoir vu les dessins si rarement exposés. Très bonne surprise aussi : les éclairages permettent de découvrir les toiles comme personne ne les a jamais vues et comme Ingres ne les a sûrement jamais imaginées :mrgreen:. L'illusion du relief des anatomies ou des sculptures feintes est incroyable :shock:. J'ai apprécié la logique de regroupement des oeuvres, particulièrement pour les portaits. Les différentes options qu'il a adoptées au cours de sa carrière ressortaient avec beaucoup de force : pour une fois je devinai la logique des différents espaces avant d'avoir lu les notices inscrites sur les murs : rendu des matières, étude psychologique de ses modèles, mise en scène de leur situation sociale... c'était limpide. La réunion de 8 des 9 portraits dessinés de son épouse est exceptionnelle et très émouvante. J'ai aussi apprécié l'exposition de quelques unes des études léguées par Ingres au musée de sa ville de Montauban. J'y soupçonne une sorte de mise en scène autant qu'un testament artistique de la part d'un artiste désireux de se recommander du patronage des plus grands génies qui l'ont précédé et auprès desquels il a puisé librement les sources de son art si atypique. Trouvaille géniale également, la vitrine qui exposait la source d'une expression si familière : le violon d'Ingres.

Publié : 19 avr. 06, 17:16
par Holly Golightly
AlexRow a écrit :Nous avons enfin réussi à entrer dans cette exposition. Arrivés peu après l'ouverture, nous avons échappé à la foule. Nous y avons passé deux heures mais j'avoue que vers la fin j'ai commencé à bâcler certaines oeuvres (mon dieu, cette imagerie saint-sulpicienne du "renouveau catholique"...).
Je n'ai pas encore fini l'expo, mais je suppose que tu veux parler de ces innombrables "Vierges à l'hostie" ? C'est vrai que ce n'est pas la partie la plus fascinante de son travail. Même si je les trouve quand même assez sensuelles, ces madones raphaëlisantes. Elles ont des lèvres charnues, rouges, des cous grâcieux.
Je suis surtout ravi d'avoir vu les dessins si rarement exposés. Très bonne surprise aussi : les éclairages permettent de découvrir les toiles comme personne ne les a jamais vues et comme Ingres ne les a sûrement jamais imaginées :mrgreen:.
Les éclairages sont un peu le point faible de l'exposition selon moi. Le Portrait du duc d'Orléans en souffre beaucoup.
Sinon, d'accord avec tout le reste : très grande clarté, intelligence de la réflexion, muséographie agréable à suivre. Et ces portraits, mon dieu, ces portraits...

Publié : 19 avr. 06, 17:25
par AlexRow
Cette lumière est bien trop artificielle. En plus de créer des reflets sur certaines oeuvre - qui en deviennent peu lisibles - elle exagère les contrastes. Et puis cette façon de les faire surgir de la pénombre est à l'opposée des conditions d'accrochages pour lesquelles elles ont été conçues.

Publié : 19 avr. 06, 17:31
par AlexRow
Holly Golightly a écrit :je suppose que tu veux parler de ces innombrables "Vierges à l'hostie" ?
Oui... et du tableau sur une sainte bergère dont j'ai oublié le nom.

Publié : 19 avr. 06, 22:32
par Jack Griffin
Pas encore réussi à y entrer...Faut dire que j'y ai été un début d'après midi.
Rhaa virez moi tous ces touristes :twisted:

Publié : 19 avr. 06, 22:35
par Holly Golightly
Jack Griffin a écrit :Pas encore réussi à y entrer...Faut dire que j'y ai été un début d'après midi.
Rhaa virez moi tous ces touristes :twisted:
Je ne te le fais pas dire. Fait pas bon fréquenter le Louvre en ce moment. Ce monde... :shock:

Publié : 19 avr. 06, 22:36
par Carlito
Jack Griffin a écrit :Pas encore réussi à y entrer...Faut dire que j'y ai été un début d'après midi.
Rhaa virez moi tous ces touristes :twisted:
Il faut aller aux nocturnes, je l'ai visitée tranquillement samedi dernier. :wink:

Publié : 19 avr. 06, 22:38
par Super Seb le Bat Coco
Jack Griffin a écrit :Pas encore réussi à y entrer...Faut dire que j'y ai été un début d'après midi.
Rhaa virez moi tous ces touristes :twisted:
le truc, c'est que ces "touristes" ont payé parfois plusieurs mois à l'avance, pour voir cette expo. :| :idea:

Publié : 13 mai 06, 13:34
par Max Schreck
Belle surprise que cette expo Ingres. Se sont confirmés certains trucs que je savais du peintre (ses audaces anatomiques), s'en sont révélés d'autres (le fait que sa peinture n'était déjà pas dans le goût de son temps). Dans ce genre de grandes retrospectives, je suis toujours particulièrement gourmand des dessins et esquisses et j'ai été comblé. Limite ça me rassurait de voir surgir à l'occasion des hésitations et des corrections sur certaines études ! Ses portraits d'enfants sont véritablement exquis et fascinants.

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La famille Stamaty
Une composition magique.


Côté peinture, j'ai pris beaucoup de plaisir à zieuter ses nus célèbres et j'ai été complétement séduit par certaines courbes et certains regards (l'amoureuse Fornarina de Raphaël).

Et puis je suis resté scotché sur pas mal de ses portraits dont certains n'ont franchement rien à envier aux plus belles réussites de la Renaissance (lumières dans le regard, rendu des étoffes, touche aérienne). Celui-ci en particulier m'a longtemps captivé :

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Portrait de Madame de Senonnes
Ça me semblerait vraiment déplacé pourtant j'ai l'impression que c'est sur un lit défait qu'elle est assise. Ajoutez à ça le miroir à l'arrière et des cartes insérées dans le coin (dont une portant le nom du peintre), et vous obtenez une image plus que troublante.


Moins touchant mais bien impressionnant techniquement :
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Portrait de la Princesse de Broglie
La robe attire évidemment tous les regards, et puis on se rend compte de la finesse à l'oeuvre dans les dentelles, et les bijoux.

Publié : 13 mai 06, 13:54
par Super Seb le Bat Coco
sinonje suis allé au vernissage de "la force de l'art" à la nef du grand palais...

Publié : 13 mai 06, 14:10
par Max Schreck
Super Seb le Bat Coco a écrit :sinonje suis allé au vernissage de "la force de l'art" à la nef du grand palais...
J'y serai dans une heure.

Publié : 13 mai 06, 16:21
par Holly Golightly
Max Schreck a écrit : Ses portraits d'enfants sont véritablement exquis et fascinants.
Toutafé. Ils sont magnifiques. J'ai été très émue aussi par les portraits de sa femme, Madeleine.

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Portrait de Madame de Senonnes
Ça me semblerait vraiment déplacé pourtant j'ai l'impression que c'est sur un lit défait qu'elle est assise. Ajoutez à ça le miroir à l'arrière et des cartes insérées dans le coin (dont une portant le nom du peintre), et vous obtenez une image plus que troublante.
Madame de Senonnes est aussi celui qui me fascine le plus, depuis toujours. Il est incroyable. En revanche, je ne crois pas qu'il faille y voir un lit défait ; je crois plutôt à une banquette soigneusement désordonnée, dans un boudoir (cf la tapisserie de la même couleur). En revanche, ça lui permet de jouer, comme dans de nombreux autres portraits, sur un déséquilibre, une instabilité. Comme Madame Rivière, on ne sait pas trop comment est assise Madame de Senonnes, comment elle "tient". L'espace est toujours très particulier dans ses portraits. Comme pour la sublime Vicomtesse de Haussonville, il joue sur un reflet inexact, décalé, comme pour révéler une part secrète, cachée, tenue cachée justement par ses modèles. D'ailleurs, je ne me rappelle plus de son histoire, mais Madame de Senonnes a une biographie un peu floue. Une parvenue, je crois, un peu courtisane, qui a réussi à se faire épouser par un vicomte, ou un comte, Monsieur de Senonnes. Elle a donc des secrets, un monde derrière elle.
Après, je raconte peut-être bien des bêtises, je n'ai quasiment pas étudié Ingres, mais tout ce que je dis m'a frappée lors de mes visites de l'expo, et je suis restée des heures durant devant ses portraits, totalement fascinants et mystérieux. Je ne sais pas combien de fois j'avais vu - et admiré - Monsieur Bertin auparavant, mais là, vraiment, il m'a pff, subjuguée, et le mot est faible.
Quant aux déformations, c'est tout à fait vrai, et c'est très marquant. Quand on regarde le bras de Madame de Senonnes, c'est frappant.
Et j'aime la façon dont il arrondit, il n'y a que des courbes, que des lignes rondes chez ses femmes, pas d'angles, pas de lignes brisées.
C'est aussi quelque chose qui fait penser à la Renaissance, ça me fait penser aux Madones de Raphaël, comme la Madone du Belvédère, par exemple. Ou à Léonard : c'est bête, mais la transparence du voile sur le décolleté de Madame de Senonnes me fait penser au portrait de Ginevra da Benci, comme son visage impénétrable. D'ailleurs, le portrait de Mademoiselle Rivière est clairement "renaissant", mais avec un paysage plutôt francilien derrière. Il y a toujours des décalages comme ça chez Ingres, c'est fascinant.
Moins touchant mais bien impressionnant techniquement :
Portrait de la Princesse de Broglie
La robe attire évidemment tous les regards, et puis on se rend compte de la finesse à l'oeuvre dans les dentelles, et les bijoux.
J'adore les Madame Moitessier, et surtout celui de la Vicomtesse d'Haussonville, petite-fille de Germaine de Staël. L'harmonie chromatique, juste interrompue par la fleur dans les cheveux, le décor très restreint et révélateur, le miroir, la pose, le regard... Elle est si belle...

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Je suis sûre que ce portrait a pu inspirer Nadar, pour Sarah Bernhardt. De toute façon, Ingres portraitiste ou peintre de nus a été une très grande source d'inspiration pour les premiers photographes.
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Et à côté de ça, il y a le portrait de Napoléon, totalement étrange, boursouflé, décalé. Son bras est interminable, sa tête inscrite dans toute une série de motifs circulaires, toute petite par rapport à son corps noyé et à peine perceptible sous son énorme costume. Très bizarre, surtout quand on le compare au portrait par Gérard, par exemple, qui me semble totalement pompé sur le Louis XIV de Rigaud...

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Et puis Ingres a été l'un des premiers, si ce n'est le premier, à peindre des nus sans alibi historique, mythologique, allégorique. Il a fait du nu un genre à part entière...
Sincèrement, quand on voit ce nu réalisé par Durieu pour Delacroix, on reste pensif... La baigneuse Valpinçon n'est pas loin...

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Bon, allez, j'arrête de dire des bêtises... Tout ça pour dire que cette expo était vraiment admirable, remarquable.

Publié : 13 mai 06, 19:08
par Super Seb le Bat Coco
tu oublie de preciser que l'image que tu as choisi est de Nadar :idea:

Publié : 13 mai 06, 20:24
par Max Schreck
Merci beaucoup pour tes développements, Holly. :)
Max Schreck a écrit :
Super Seb le Bat Coco a écrit :sinonje suis allé au vernissage de "la force de l'art" à la nef du grand palais...
J'y serai dans une heure.

Bon déjà ça a été l'occasion pour moi d'enfin voir de l'intérieur la nef restaurée du Grand Palais. Rien que ça, ça vaut le détour (immensité de l'espace, moulures des escaliers, etc.). Fascinant.

L'expo elle-même est donc une présentation des collection nationales en matière d'art contemporain, et c'est un vrai plaisir que de tomber ici ou là sur des artistes connus, que j'aime bien, ou inconnus et surprenants. Je cite en vrac Bertrand Lavier, Alain Séchas, Annette Messager, Errò, Gérard Garouste et tout un tas d'autres que j'oublie. Il y a également une section design passionnante, avec maquettes de revues, clips et visuels promo.

Le lieu est tellement gigantesque qu'il intimide au premier abord (voire agaçe). On ne sait pas trop où aller. Et puis on prend le rythme. On circule plus rapidement en ne s'arrêtant que devant les pièces qui interpellent. Et là la visite devient plaisante. J'ai fini la journée par une rencontre avec Claude Lévêque tout à fait intéressante.