Seinfeld 101 : The Seinfeld chronicles (La douche froide) (Wolff, 1989)
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Premier épisode d'une série très importante pour moi, d'une importante quasi thérapeuthique. J'explique. J'ai travaillé pendant un an dans un institut de rééducation avec des adolescents présentant des troubles du caractère et du comportement. Et c'était très difficile nerveusement, la violence sourde ou éclatante était continuellement présente. Et le soir, je rentrai tendu. Mes enregistrements VHS (triste époque, je ne ferai jamais partie de ces nostalgiques de la bande qui se froisse) ont constitué un véritable trésor dans lequel je puisais trois ou quatre épisodes par soir pour relaxer la tête.
En entamant cette revoyure, cette fois sur de beaux dvds Sony plein de bonus, je constate la même sensation physique de grande fraicheur, dans l'attitude des acteurs, cette mise en scène décontractée qui va servir de modèle à toutes les sitcoms à venir, mais surtout dans la manière dont les auteurs Jerry Seinfeld et Larry David ont de traiter des thématiques parfois jamais abordées à la télévision.
Ce pilote est par définition une ébauche. Il y manque Elaine Benes (Julia Louis Dreyfus), la touche féminine, Cosmo Kramer (Michael Richards) n'avance qu'à petits pas timides, sa coupe de cheveux kramerienne n'existe pas encore (ça fait drôle d'ailleurs de la voir aussi écrasée), mais le ping-pong verbal, la danse comique à laquelle nous invite le couple Jerry (Seinfeld) et George Costanza (Jason Alexander) est d'ores et déjà bien installé.
La scène dans le lavomatique est un exemple parfait pour illustrer l'esprit "Seinfeld", cet humour sur les mots et les idées du quotidien, "the show about nothing". Effectivement, sur des riens les personnages tissent une grande toile remplie de milles petites choses, rieuses, fines, de cet essentiel qui nourrit l'âme et fait de cette série l'une des meilleures séries comiques de tous les temps.
Le thème central de ce pilote reste abordé, je n'irais pas jusqu'à dire de manière anecdotique, mais disons de façon plus légère qu'à l'habitude car les scénaristes ont surtout voulu présenter bien entendu les personnages et le monde dans lequel ils évoluent. Il ne faut pas oublier la forme particulière d'un pilote. Il n'empêche qu'il s'agit ici d'un sujet qui revient souvent dans la série : l'incapacité des hommes à comprendre ces êtres bizarroïdes que sont les femmes, à déchiffrer les signaux, les clés de la communication.
On notera que l'appartement de Jerry va considérablement changer de forme entre le pilote et le deuxième épisode ("The stake-out"). Ici, il existe encore une sorte de mini-terrasse à l'extérieur.
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Seinfeld 102 : The Stakeout (Jalousie) (Cherones, 1990)
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The stakeout est le 2e épisode de Seinfeld mais je l'ai vu après "Male unbounding" croyant voir le 3e opus à cause de la mauvaise chronologie dans l'édition dvd française de Sony.
Il s'agit donc de la première apparition de Julia Louis Dreyfus, alias Elaine Benes, dans la série. Venant de rompre une relation amoureuse pour en entamer une amicale avec Jerry, ils en sont encore aux balbutiements. C'est tout l'enjeu de cet épisode. Pour une fois, les deux personnages font preuve sur la fin d'une grande maturité en parvenant à communiquer et étouffer ainsi un malaise de plus en plus emmerdant.
Jusque là, Jerry a fait montre de tout le contraire. D'ailleurs, sa mère (ou je ne sais plus qui) lui dit d'en parler à Elaine, d'agir en homme et la réponse fuse, tout un programme pour les personnages dans les saisons à venir : "I don't want to be a man!" Cette série sur les trentenaires explore les difficultés de ces adultes encore en apprentissage, en acquisition de maturité en quelque sorte, leurs conflits intérieurs et relationnels et leurs angoisses de vieillir, tentant de prendre ou non leurs responsabilités. Ils ne sont pas loin d'être des ados attardés, ce qui les met dans des situations pas possibles, continuellement hilarantes. Quelle brillante idée, si universelle et contemporaine!
Il me semble mais je peux me tromper que c'est la seule fois où l'on voit Philip Bruns jouer le rôle du père de Jerry. Sa mère, Liz Sheridan qui joue Mme Ochmonek dans Alf, restera un personnage récurrent bien entendu. Le remplacement de Philip Bruns par Barney Martin que l'on découvrira plus tard est heureux. On en recausera plus tard s'tu veux. Philip Bruns n'est pas à proprement parler mauvais mais il lui manque quelque chose, une pincée de folie. Ils sont trop sérieux, trop équilibrés dans cet épisode.
Je retrouve également Lynn Clark que l'on reverra dans "The stock-tip". Je l'avais aperçue dans Friends et Columbo.
Reste que le point d'orgue de l'épisode se situe dans ce "guet", ce "stakeout" qui lui donne son titre. Et l'apparition d'un personnage-gimmick, cet Art Vandelay que crée l'esprit du pauvre George Costanza.
George est un personnage ô combien important, une clé de voûte, l'alter égo de Jerry, sa part d'ombre, son ersatz de looser, qui se rêve ici pour la 1ère fois en "architecte". Autre récurrence qu'il va donc nous resservir de temps en temps, soulignant les manques de reconnaissance et d'estime de soi qui nourrissent les souffrances de son ego tourmenté.
Cosmo Kramer prend déjà du volume. Michael Richards arbore sa chevelure érectile, partante vers les sommets du n'importe quoi, comme ce fantasme "Kramerica industries" de fonder une chaîne de pizzeria où les clients font leur propre pizza.
2e épisode et d'ores et déjà plus de jus.