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Re: Brian De Palma

Publié : 23 juin 11, 11:07
par Demi-Lune
Père Jules a écrit :
Demi-Lune a écrit : :shock:
Oui tu as bien lu.
Les ralentis, le feu d'artifices, les ultimes images dans un paysage enneigé... Y'a rien qui passe. On (enfin je) est en pleine indigestion.
Oui mais le cri... cette ultime trace de vie de la personne aimée que Travolta, qui a passé son temps à chercher le son parfait, ne peut désormais plus écouter... ce n'est pas profondément bouleversant, ça ?

Re: Brian De Palma

Publié : 23 juin 11, 11:09
par Père Jules
Je vais être franc et direct: non :mrgreen:

Re: Brian De Palma

Publié : 23 juin 11, 11:49
par Colqhoun
J'ai beau être très amateur de Blow Out, je ne trouve pas cette conclusion bouleversante pour un sou.
J'y trouve par contre une ironie mordante, qui rend ce final plutôt amusant.

Re: Brian De Palma

Publié : 23 juin 11, 12:03
par MJ
Je vois bien l'atroce ironie de De Palma dans Blow Out, mais de là à trouver cette fin amusante... :shock:

Re: Brian De Palma

Publié : 23 juin 11, 12:08
par Demi-Lune
Colqhoun a écrit :J'ai beau être très amateur de Blow Out, je ne trouve pas cette conclusion bouleversante pour un sou.
J'y trouve par contre une ironie mordante, qui rend ce final plutôt amusant.
C'est vrai que cette conclusion est particulièrement dure dans son cynisme, et que le cinéma de De Palma s'articule souvent entre l'ironie du second degré et l'émotion sincère. Même lors de l'inoubliable final d'Obsession, il y a cette ambiguïté, cette paradoxale cruauté. Malgré tout, je trouve pour ma part qu'avec Blow Out le cinéaste atteint un désespoir déchirant qui trahit sa profonde sensibilité. En d'autres termes, on dit souvent de De Palma que c'est un intello, un théoricien passionnant et un technicien virtuose (si je pouvais voir plus souvent "l'indigence" de ses mouvements de caméra au cinéma, ça m'irait très bien), ce qui est vrai, dans le même temps qu'il est, aussi, régulièrement enclin à une forme de sensibilité exacerbée, franche, insouciante des "qu'en dira-t-on ?" grognards, comme l'illustre la fin de Blow Out ou tant d'autres scènes de son cinéma, d'Obsession à L'Impasse en passant par Pulsions ou Outrages.
Toute la fin de Blow Out me laisse sur les genoux à chaque fois. Parvenir à toucher quelque chose d'aussi puissant et douloureux... incroyable.

Re: Brian De Palma

Publié : 23 juin 11, 12:11
par Père Jules
Si on m'avait dit un jour que je serai à l'origine d'un débat sur le finale de Blow Out, je l'aurais jamais cru. :D

Re: Brian De Palma

Publié : 23 juin 11, 12:14
par Strum
Au moins, il y a plus d'émotion dans la fin de Blow Out que dans celle du désespérant Blow Up. :wink:

Re: Brian De Palma

Publié : 23 juin 11, 12:16
par Colqhoun
MJ a écrit :Je vois bien l'atroce ironie de De Palma dans Blow Out, mais de là à trouver cette fin amusante... :shock:
Le terme n'est peut-être pas bien choisi, mais je ne ressens jamais les émotions qu'il veut nous transmettre à ce moment-là.
Du coup je me rattache à autre chose.

Re: Brian De Palma

Publié : 23 juin 11, 12:57
par Major Tom
Body Double... :cry:
Colqhoun a écrit :
MJ a écrit :Je vois bien l'atroce ironie de De Palma dans Blow Out, mais de là à trouver cette fin amusante... :shock:
Le terme n'est peut-être pas bien choisi, mais je ne ressens jamais les émotions qu'il veut nous transmettre à ce moment-là.
Du coup je me rattache à autre chose.
Et tu n'as pas tort. Le mec qui utilise le son de sa copine agonisante pour qu'il finisse dans un film de série Z (avec son réal gueulant "ça, c'est un cri!"), sur le papier comme dans le film il y a quand même derrière ça beaucoup d'humour noir. :)

Re: Brian De Palma

Publié : 23 juin 11, 15:07
par semmelweis
2/Sisters(1973)

Suite de ma rétrospective qui avance à petit pas.On quitte donc le film hommage/politique de Hi,Mom! pour rentrer de plein pied dans l'univers hitchcockien de De Palma.Sisters semble etre un exercice de style qui combine des citations à plusieurs films du maitre(Fenetre sur Cour, Psychose...) mais aussi un mélange de giallo.Le générique du film sur fond de musique de Bernard Hermann avec des foetus est tout aussi impressionnant que le generique de Psychose en son temps.On se dit qu'on est chez Hitchcock mais en fait,nous sommes chez Brian.Le cinéaste manipule deja l'humour noir en témoigne le final mais aussi le personnage de déctective.Après on sent aussi l'empreinte d'Argento car si je ne me trompe, la scène du premier meurtre (avec le couteau planté dans la bouche) n'est pas sans rappeler un des crimes du Chat à neuf queues.De Palma construit son intrigue sur un propos fantastique mais aussi surtout sur une image traumatisante.En effet, c'est la vision de l'agonie de la victime qui va pousser la journaliste à toutes ses investigations.Ceci est assez caractéristique de beaucoup des personnages de De Palma qui se retrouvent prisonniers d'une vision qu'ils devront décoder.On sent que beaucoup motifs de l'oeuvre de l'italo américain sont encore à leur état primaire ( si on peut dire).Cependant , on a déjà droit à sans doute un des meilleurs split screen de la carrière du bonhomme.Il est d'un construction exemplaire dynamisant le récit et en étant absolument pas gratuit ce qu'on pourrait reprocher (peut etre ...) à d'autres dans sa carrière.
Après le dernier quart d'heure semble pris entre deux feux, le coté fantastique avec la séquence de reves qui nous rapproche d'un certain expressionisme allemand mais aussi du giallo.On pourrait croire que la séquence d'hypnose aurait peu etre tourné par un Argento de la grande époque.Il y a dejà ,dans ce long métrage un coté grotesque qui fait la marque de fabrique de De Palma.Par rapport à Hitchcock, le cinéaste est encore dans sa phase de citations, d'hommages envers son ainé.Ceci en fait une oeuvre à voir pour arriver tout doucement au dynamitage du passé cinématographique à travers Body Double.En ce sens, il est passionnant de voir De Palma continuer sur sa lancée , poursuivre ses thèmes meme en état de bourgeons.La suite n'en sera que plus resplendissante...
En somme, un film bien construit, bien tenu meme si le final peut laisser un peu perplexe quant à son coté grandiloquent et un peu grotesque.7/10

Re: Brian De Palma

Publié : 23 juin 11, 15:21
par Père Jules
semmelweis a écrit :meme si le final peut laisser un peu perplexe quant à son coté grandiloquent et un peu grotesque.
C'est une récurrence on dirait :D :arrow:

Re: Brian De Palma

Publié : 23 juin 11, 15:31
par Demi-Lune
semmelweis a écrit :2/Sisters(1973)

Suite de ma rétrospective qui avance à petit pas.On quitte donc le film hommage/politique de Hi,Mom! pour rentrer de plein pied dans l'univers hitchcockien de De Palma.Sisters semble etre un exercice de style qui combine des citations à plusieurs films du maitre(Fenetre sur Cour, Psychose...) mais aussi un mélange de giallo.Le générique du film sur fond de musique de Bernard Hermann avec des foetus est tout aussi impressionnant que le generique de Psychose en son temps.On se dit qu'on est chez Hitchcock mais en fait,nous sommes chez Brian.Le cinéaste manipule deja l'humour noir en témoigne le final mais aussi le personnage de déctective.Après on sent aussi l'empreinte d'Argento car si je ne me trompe, la scène du premier meurtre (avec le couteau planté dans la bouche) n'est pas sans rappeler un des crimes du Chat à neuf queues.De Palma construit son intrigue sur un propos fantastique mais aussi surtout sur une image traumatisante.En effet, c'est la vision de l'agonie de la victime qui va pousser la journaliste à toutes ses investigations.Ceci est assez caractéristique de beaucoup des personnages de De Palma qui se retrouvent prisonniers d'une vision qu'ils devront décoder.On sent que beaucoup motifs de l'oeuvre de l'italo américain sont encore à leur état primaire ( si on peut dire).Cependant , on a déjà droit à sans doute un des meilleurs split screen de la carrière du bonhomme.Il est d'un construction exemplaire dynamisant le récit et en étant absolument pas gratuit ce qu'on pourrait reprocher (peut etre ...) à d'autres dans sa carrière.
Après le dernier quart d'heure semble pris entre deux feux, le coté fantastique avec la séquence de reves qui nous rapproche d'un certain expressionisme allemand mais aussi du giallo.On pourrait croire que la séquence d'hypnose aurait peu etre tourné par un Argento de la grande époque.Il y a dejà ,dans ce long métrage un coté grotesque qui fait la marque de fabrique de De Palma.Par rapport à Hitchcock, le cinéaste est encore dans sa phase de citations, d'hommages envers son ainé.Ceci en fait une oeuvre à voir pour arriver tout doucement au dynamitage du passé cinématographique à travers Body Double.En ce sens, il est passionnant de voir De Palma continuer sur sa lancée , poursuivre ses thèmes meme en état de bourgeons.La suite n'en sera que plus resplendissante...
En somme, un film bien construit, bien tenu meme si le final peut laisser un peu perplexe quant à son coté grandiloquent et un peu grotesque.7/10
Perso, j'ai un peu de mal à voir du Argento dans Sisters, film expérimental, jubilatoire et constamment intelligent. Je doute d'ailleurs que la réputation d'Argento excédait l'Atlantique en 1972/1973. Ce film est clairement la première réflexion de De Palma autour de l'héritage hitchcockien et si on peut se demander s'il n'y a pas quelques influences transalpines dans Pulsions, autant dans Sisters ça me paraît clairement être à 100% de l'exégèse géniale de l’œuvre d'Hitchcock. Il en reprend certaines figures, certaines situations, certaines idées, et même le compositeur fétiche Bernard Herrmann, et les travaille en se les réappropriant et développer un fond théorique caractéristique. Le livret de Luc Lagier qui accompagnait le collector était passionnant à lire, à ce titre.

Re: Brian De Palma

Publié : 23 juin 11, 15:33
par semmelweis
Père Jules a écrit :
semmelweis a écrit :meme si le final peut laisser un peu perplexe quant à son coté grandiloquent et un peu grotesque.
C'est une récurrence on dirait :D :arrow:
Disons que le cinéma a une vision de la schizophrénie (surtout le cinéma américain) qui se veut très excessive et spectaculaire ( ce qui n'est pas le cas dans la réalité).

Re: Brian De Palma

Publié : 23 juin 11, 15:40
par semmelweis
Demi-Lune a écrit :
semmelweis a écrit :2/Sisters(1973)

Suite de ma rétrospective qui avance à petit pas.On quitte donc le film hommage/politique de Hi,Mom! pour rentrer de plein pied dans l'univers hitchcockien de De Palma.Sisters semble etre un exercice de style qui combine des citations à plusieurs films du maitre(Fenetre sur Cour, Psychose...) mais aussi un mélange de giallo.Le générique du film sur fond de musique de Bernard Hermann avec des foetus est tout aussi impressionnant que le generique de Psychose en son temps.On se dit qu'on est chez Hitchcock mais en fait,nous sommes chez Brian.Le cinéaste manipule deja l'humour noir en témoigne le final mais aussi le personnage de déctective.Après on sent aussi l'empreinte d'Argento car si je ne me trompe, la scène du premier meurtre (avec le couteau planté dans la bouche) n'est pas sans rappeler un des crimes du Chat à neuf queues.De Palma construit son intrigue sur un propos fantastique mais aussi surtout sur une image traumatisante.En effet, c'est la vision de l'agonie de la victime qui va pousser la journaliste à toutes ses investigations.Ceci est assez caractéristique de beaucoup des personnages de De Palma qui se retrouvent prisonniers d'une vision qu'ils devront décoder.On sent que beaucoup motifs de l'oeuvre de l'italo américain sont encore à leur état primaire ( si on peut dire).Cependant , on a déjà droit à sans doute un des meilleurs split screen de la carrière du bonhomme.Il est d'un construction exemplaire dynamisant le récit et en étant absolument pas gratuit ce qu'on pourrait reprocher (peut etre ...) à d'autres dans sa carrière.
Après le dernier quart d'heure semble pris entre deux feux, le coté fantastique avec la séquence de reves qui nous rapproche d'un certain expressionisme allemand mais aussi du giallo.On pourrait croire que la séquence d'hypnose aurait peu etre tourné par un Argento de la grande époque.Il y a dejà ,dans ce long métrage un coté grotesque qui fait la marque de fabrique de De Palma.Par rapport à Hitchcock, le cinéaste est encore dans sa phase de citations, d'hommages envers son ainé.Ceci en fait une oeuvre à voir pour arriver tout doucement au dynamitage du passé cinématographique à travers Body Double.En ce sens, il est passionnant de voir De Palma continuer sur sa lancée , poursuivre ses thèmes meme en état de bourgeons.La suite n'en sera que plus resplendissante...
En somme, un film bien construit, bien tenu meme si le final peut laisser un peu perplexe quant à son coté grandiloquent et un peu grotesque.7/10
Perso, j'ai un peu de mal à voir du Argento dans Sisters, film expérimental, jubilatoire et constamment intelligent. Je doute d'ailleurs que la réputation d'Argento excédait l'Atlantique en 1972/1973. Ce film est clairement la première réflexion de De Palma autour de l'héritage hitchcockien et si on peut se demander s'il n'y a pas quelques influences transalpines dans Pulsions, autant dans Sisters ça me paraît clairement être à 100% de l'exégèse géniale de l’œuvre d'Hitchcock. Il en reprend certaines figures, certaines situations, certaines idées, et même le compositeur fétiche Bernard Herrmann, et les travaille en se les réappropriant et développer un fond théorique caractéristique. Le livret de Luc Lagier qui accompagnait le collector était passionnant à lire, à ce titre.
Luc Lagier ne parle pas de Sisters dans son livre "les milles yeux de Brian de Palma".Je trouve que le fait que ce soit Bernard Herrmann à la musique est un élément essentiel à l'identité du film.Comme pour Hichcock, De Palma doit beaucoup à Herrmann.
Après, il est tout à fait possible que De Palma n'est pas vu les films d'Argento à l'époque mais c'était le plan du meurtre qui me semblait avoir dejà vu chez l'italien.Mais ceci est sans doute coincidence.
Après , nous sommes d'accord que De Palma a pris un plan de la fin de Tenebres pour l'esprit de Cain.

Re: Brian De Palma

Publié : 23 juin 11, 15:47
par Demi-Lune
semmelweis a écrit :Luc Lagier ne parle pas de Sisters dans son livre "les milles yeux de Brian de Palma".
Oui, mais il a rédigé un livret d'analyse de 80 pages rien que sur Sisters pour accompagner le collector digipack de Wild Side. Un excellent complément à son bouquin !
Après , nous sommes d'accord que De Palma a pris un plan de la fin de Tenebres pour l'esprit de Cain.
Oui, de toute façon De Palma l'a lui-même reconnu. On retrouve cette idée visuelle dans Femme fatale, aussi. :)
Et puis il y a donc Pulsions qui est sans doute le film qui cristallise le plus la guéguerre De Palma/Argento, car proposant des motifs visuels - volontairement ou involontairement, peu importe - issus du giallo et plus particulièrement de L'Oiseau au plumage de cristal.