Top Dario Argento

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Flol
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Re: Top Dario Argento

Message par Flol »

Boubakar a écrit : 8 févr. 22, 13:35
Pas mal cette affiche, mais j'attends quand même de voir les 1ères images avant de m'enflammer. Parce que si au final, ça ressemble à Giallo ou Dracula 3D...:?
Dernière modification par Flol le 8 févr. 22, 16:21, modifié 1 fois.
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Re: Top Dario Argento

Message par Torrente »

J'espère bien que ça sera aussi bien !
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Re: Top Dario Argento

Message par Flol »

Tu vas trop loin.
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Re: Top Dario Argento

Message par Torrente »

Je sais. Mais j'avais bien aimé Giallo, quand même.

Pardon.
mannhunter
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Re: Top Dario Argento

Message par mannhunter »

Torrente a écrit : 8 févr. 22, 16:26 Je sais. Mais j'avais bien aimé Giallo, quand même.

Pardon.
t'excuse pas, y a Boukhrief qui a aimé, Manolito sur ce forum et aussi lui:


Dernière modification par mannhunter le 9 févr. 22, 22:52, modifié 1 fois.
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El Dadal
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Re: Top Dario Argento

Message par El Dadal »

Flol a écrit : 8 févr. 22, 16:20 j'attends quand même de voir les 1ères images avant de m'enflammer.
Que ton vœu soit exaucé (avec un accident de minivan inside).
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Re: Top Dario Argento

Message par Invité1 »

El Dadal a écrit : 8 févr. 22, 17:56
C'est court mais intense.
Flol a écrit : 8 févr. 22, 16:20 Parce que si au final, ça ressemble à Giallo ou Dracula 3D...:?
Il faut absolument le voir en 3D, le Dracula, la profondeur de champ et certains effets tridimensionnels sont hallucinants et restent à mon avis l'une des plus grandes réussites en la matière avec Avatar et Gravity.
Nous sommes d'accord pour claironner que le film est ridicule, voire involontairement très drôle, mais je l'aime beaucoup car Argento l'a réalisé le plus sincèrement du monde.

Quand j'étais ado, j'avais d'ailleurs rédigé un (long) commentaire sur amazon.fr pour le BR 3D italien que j'avais commandé. Je l'ai retrouvé dans mes archives Word et je l'ai un peu arrangé pour qu'il corresponde un peu plus à notre époque au sujet des dates (en conservant néanmoins mon petit ton insolent d'adolescente) pour le coller ici. À l'époque, le film et le cinéaste se faisaient tellement flinguer de partout que j'avais très naïvement voulu prendre sa défense :mrgreen:

................................................

:arrow: Depuis une quarantaine d’années maintenant, il est de bon ton à trainer Dario Argento dans la boue.
L’incompréhension artistique semble avoir débuté lors de la sortie de Ténèbres, en 1982, dont le visuel tranchait radicalement avec les artifices vivement colorés de ses deux œuvres précédentes.

Puis en 1985, avec Phenomena, c’est carrément le couperet qui s’abat : Dario Argento est fini, il a pété les plombs, c’est n’importe quoi, il ne sait plus diriger ses acteurs, la photo est "téléfilmesque" à outrance, les dialogues sont ridicules, bref, Argento est devenu nul, ringard, has-been…
En fait, si l’on se plonge dans la biographie du cinéaste, il serait subitement devenu "mauvais" à partir du moment où il aurait considérablement ralenti la consommation de stupéfiants, suite à une douloureuse cure de désintoxication dans une clinique privée en Suisse où il partagea, durant un temps, la chambre de Keith Richards.
Lorsqu’il se défonçait comme un malade avec sa compagne Daria Nicolodi dans les années 70, il fut donc un génie. Avant de s’adonner aux psychotropes en intraveineuse, lors de la conception de sa trilogie animale, il était considéré comme un talentueux débutant. Et quand il commença à fuir le brown sugar telle la peste, il devint forcément has-been… Le public et les critiques sont impitoyablement injustes.

Car si l’on se penche très sérieusement sur l’œuvre du maestro, l’on remarque aisément que la direction d’acteurs n’a jamais été son fort et que les dialogues sont depuis toujours à la frontière du ridicule. Oui, même lorsqu’il alignait les "chefs-d’œuvre" que sont Profondo Rosso, Suspiria et Inferno. J’insiste sur les guillemets habillant le mot chef-d’œuvre car tout le monde n’est pas du même avis à propos de cette hypothétique caractéristique envers ces trois œuvres-là.
Par contre, s'il y a un point où quasiment tout le monde est unanime, c’est celui où Argento reste indubitablement mauvais.
Et plus les années passent, plus il semble s'auto-enterrer.
Mais bon sang, où s’arrêtera-t-il ?...
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:mrgreen:
Mother Of Tears et Giallo sont tellement nuls, grossiers et de mauvais goût que le duo Ana Clavel / James Glenn Dudelson accède littéralement à la révélation divine en comparaison. Et encore, c’est sans compter les désastres que sont Le Fantôme De L’Opéra, Le Sang Des Innocents, The Card Player, Aimez-Vous Hitchcock ? et ses deux épisodes pour Masters Of Horror… D’ailleurs l’intégralité de cette série était nulle, grossière et de mauvais goût [sic] !!

Déjà, en 1985, un grand critique de cinéma devant l’éternel nommé Guy Delcourt affirmait dans le n° 99 de Première que j'ai récupéré dans une brocante par un beau jour de printemps : Phenomena sombre dans le grotesque, appesanti par des comédiens aussi expressifs que des zombies. A vrai dire, après Donald Pleasance, le meilleur acteur de cette sinistre farce est un chimpanzé rigolo à qui échoit le privilège de sauver l’héroïne à la fin (merci pour le spoil, Guy !). Pour le reste, le moins qu’on puisse dire, c’est que Phenomena ne vaut pas tripette.

Quand je vous le dis que ça fait presque 40 ans que ça dure pour ce pauvre Dario.

Suite à tout cela, que penser alors de l'adaptation du roman de Bram Stoker par le cinéaste "maudit" (ou "mauvais", c’est comme vous le voulez, c’est vous qui décidez).
Pour ma part, en tant que passionnée de vampirisme, ça a tout de suite été : Hey mais ouais, je veux trop le voir ! (Oui, parfois j’ai des exigences de ce style qui restent ancrées en moi jusqu’à ce que cela se réalise. C’est comme ça, je n’y peux rien, je vais même jusqu’à faire des caprices à moi-même, nobody is perfect.)
Donc, j’ai acheté Dracula en BR 3D italien avec des sous-titres français (Oui, parce qu’il faut aussi que je précise que le film n'est jamais sorti en France et que je ne vais jamais au cinéma en Italie, ce n’est pas une question d’hygiène, hein, c’est juste que je suis habituée à me vautrer dans mon super sofa en grignotant égoïstement des fraises Tagada devant mon super écran plat et mon lecteur Blu-ray 3D que je me suis offert en me brisant les reins lors de vendanges éreintantes sous un temps pourri et où j’ai failli mourir d’une pneumonie imaginaire avant d’être miraculeusement sauvée par Mel Gibson version 1982 qui m’interpréta "Love Me Tender" en mode tyrolien à bord du Nostromo).

Dracula, donc.

Bon, il faut reconnaître qu’Argento a eu une idée très étrange le jour où il a décidé de mettre en boite cette énième adaptation du plus célèbre Comte de toute l’Histoire de la littérature et du cinéma. Un fantasme, peut-être. Une lubie. Oui, voilà, lui aussi doit se faire des caprices à lui-même. Du coup, je comprends mieux son initiative.
Le petit souci, c’est qu’il n’a pas dégotté énormément d’argent pour sa toquade vampirique. Alors il a sûrement choisi la boite de SFX la moins chère d’Italie. De moindres frais tout de même nécessaires puisque le maestro a sans doute pensé que ce serait moins dangereux de faire brûler sa propre fille à coup de CGI plutôt que de lui faire enfiler une combinaison imbibée d’essence, elle aurait été capable d'ingurgiter le produit inflammable avant d’aller mixer du punk et de la bossa-nova underground dans un troquet avoisinant les studios. C’est qu’elle est capable de tout, la fille à Dario. Même à jeun.
Là, cette dernière incarne Lucy, l’amie de Mina... Enfin, elle essaie d’incarner Lucy, ce qui est somme toute très différent.
Car oui, malgré toute son expérience, Argento n’est toujours pas un bon directeur d’acteur. Même si on le voit constamment mimer aux comédiens ce qu’il attend d’eux dans les bonus de certains BR, le résultat est souvent, avouons-le, remarquablement piètre. Et ici, la quasi intégralité du casting de Dracula ne déroge aucunement à la règle, vous pouvez être rassurés sur ce point.
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Vas-y Asia, fais-nous peur.
Mais ce qui reste éternellement fascinant dans cette forme de médiocrité, c’est la sincérité du cinéaste.
Parce que l’on pourrait croire que ce dernier se contrefiche de ce qu’il fait et qu’il bâcle ainsi son travail afin de rentrer au plus vite dans sa belle villa de Crotone après avoir touché son chèque. Mais pas du tout, il reste extrêmement vigilant à donner le meilleur de lui-même en souhaitant offrir à ses fans le meilleur film possible. Imaginons maintenant qu’un jour, il change d’avis !... :shock:
Plus sérieusement, cette naïve sincérité reste intacte depuis le début de sa carrière et il est donc parfois difficile à comprendre pourquoi la plupart des gens restent aussi négatifs envers son cinéma. Car si il a effectivement eu des flashs de génie de-ci de-là durant ses éthérées années 70, nous pouvons également lui reconnaître la même chose durant les années 80 (Ténèbres, Opéra), 90 (Trauma, Le Syndrome De Stendhal), mais aussi les années 2000 (Le Sang Des Innocents, Giallo). Quoi que l’on en dise, quoi que l’on en pense, qu’on les aime ou qu’on les déteste, toutes ces œuvres sont immédiatement identifiables de par le style du cinéaste. Et il y a toujours un plan, une scène, un plan-séquence, un décor, une illustration musicale ou n’importe quoi d’autre qui retiendra admirablement l’attention et où l’on se dira : Aucun doute, c’est bien du Argento.
Une signature que de nombreux réalisateurs peinent à trouver.

Sanguinolent, primitif, parfois simpliste en mode WTF ou parfois plus complexe en mode psycho, Dario Argento reste indéniablement, à 81 ans, un cinéaste sincère et spontané. Un pur créateur, en quelque sorte. Et son Dracula est aussi sincère que purent l’être Suspiria ou L’Oiseau Au Plumage De Cristal en leur temps.
D’ailleurs, ils s’y sont mis à quatre pour adapter le roman de Stoker. On pourrait penser en visionnant le long-métrage que les quatre responsables soient des enfants tirés au sort lors d’une kermesse de fin d’année scolaire, mais non, ce sont de véritables professionnels qui ont travaillé de longs mois comme des forcenés sous la direction dictatoriale d’Argento. Pour un résultat paradoxal d’une extrême liberté...

Ici, Jonathan Harker (Unax Ugalde) n’est plus clerc de notaire mais bibliothécaire. Engagé par le Comte Dracula (Thomas Kretschmann) pour classer l’incommensurable bazar qui règne dans ses archives depuis 400 ans, il sera rapidement vampirisé par son hôte raide dingue de Mina (Marta Gastini), jolie fiancée de Jonathan et réincarnation de l’amour défunt du vampire. En parallèle, le célèbre Abraham Van Helsing (Rutger Hauer) accourt au chevet de la richissime Lucy (Asia Argento), souffrant d’anémie suite à la morsure derrière le genou gauche infligé par le Comte métamorphosé en loup synthétique. Conscient du danger rôdant inexorablement dans le quartier, Van Helsing part à la chasse du vampire, armé d’un pistolet et de balles à l’ail…

Non, Dracula version Argento n’est absolument pas la suite de Dracula, Mort Et Heureux De L’Être, dernier long-métrage de Mel Brooks.
C’est une adaptation qui se veut implacablement sérieuse et sanglante. Si humour il y a, il est totalement involontaire. Car, à l’image du Fantôme De L’Opéra qu’il avait mis en scène en 1998, Dario Argento apprécie s’attaquer aux classiques de la littérature Fantastique. Sa mégalomanie exacerbée le pousse très sérieusement à déposer sa propre pierre à l’édifice de ces monuments en étant persuadé de la bienfaisance de sa démarche puisqu’il est sincère avec lui-même.
En fait, Dario Argento est fou.
Et c’est pour ça que je l’aime. Et que j’ai aimé son Dracula parce qu’il lui ressemble. Passionnément.

De plus, sa folie est nettement communicative au sein de son entourage. Il suffit simplement de jeter un œil sur le clip vidéo de Claudio Simonetti qui promeut la chanson du film vampirique pour que transparaisse également la démentielle sincérité du musicien.
Parce que quand Simonetti joue face à une caméra, il est littéralement au bord de l’orgasme sexuel.
Jugez plutôt…



Pour parachever, oui, j’ai aimé ce Dracula très particuliers car il appartient intégralement à la naïveté, à la sincérité et à la folie de son réalisateur. On ne s’y ennuie pas une seule seconde et certains plans en 3D y sont littéralement sublimes.
Le meilleur y côtoie forcément le pire, comme dans tous les films d’Argento.
Et cela fait plus de 50 ans que ça dure.
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Message par Flol »

El Dadal a écrit : 8 févr. 22, 17:56
Flol a écrit : 8 févr. 22, 16:20 j'attends quand même de voir les 1ères images avant de m'enflammer.
Que ton vœu soit exaucé (avec un accident de minivan inside).
Ça y est, je m'enflamme (j'adore les minivans).
candygirl a écrit : 8 févr. 22, 19:50 Quand j'étais ado, j'avais d'ailleurs rédigé un (long) commentaire sur amazon.fr pour le BR 3D italien que j'avais commandé. Je l'ai retrouvé dans mes archives Word et je l'ai un peu arrangé pour qu'il corresponde un peu plus à notre époque au sujet des dates (en conservant néanmoins mon petit ton insolent d'adolescente) pour le coller ici. À l'époque, le film et le cinéaste se faisaient tellement flinguer de partout que j'avais très naïvement voulu prendre sa défense :mrgreen:
Spoiler (cliquez pour afficher)
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:arrow: Depuis une quarantaine d’années maintenant, il est de bon ton à trainer Dario Argento dans la boue.
L’incompréhension artistique semble avoir débuté lors de la sortie de Ténèbres, en 1982, dont le visuel tranchait radicalement avec les artifices vivement colorés de ses deux œuvres précédentes.

Puis en 1985, avec Phenomena, c’est carrément le couperet qui s’abat : Dario Argento est fini, il a pété les plombs, c’est n’importe quoi, il ne sait plus diriger ses acteurs, la photo est "téléfilmesque" à outrance, les dialogues sont ridicules, bref, Argento est devenu nul, ringard, has-been…
En fait, si l’on se plonge dans la biographie du cinéaste, il serait subitement devenu "mauvais" à partir du moment où il aurait considérablement ralenti la consommation de stupéfiants, suite à une douloureuse cure de désintoxication dans une clinique privée en Suisse où il partagea, durant un temps, la chambre de Keith Richards.
Lorsqu’il se défonçait comme un malade avec sa compagne Daria Nicolodi dans les années 70, il fut donc un génie. Avant de s’adonner aux psychotropes en intraveineuse, lors de la conception de sa trilogie animale, il était considéré comme un talentueux débutant. Et quand il commença à fuir le brown sugar telle la peste, il devint forcément has-been… Le public et les critiques sont impitoyablement injustes.

Car si l’on se penche très sérieusement sur l’œuvre du maestro, l’on remarque aisément que la direction d’acteurs n’a jamais été son fort et que les dialogues sont depuis toujours à la frontière du ridicule. Oui, même lorsqu’il alignait les "chefs-d’œuvre" que sont Profondo Rosso, Suspiria et Inferno. J’insiste sur les guillemets habillant le mot chef-d’œuvre car tout le monde n’est pas du même avis à propos de cette hypothétique caractéristique envers ces trois œuvres-là.
Par contre, s'il y a un point où quasiment tout le monde est unanime, c’est celui où Argento reste indubitablement mauvais.
Et plus les années passent, plus il semble s'auto-enterrer.
Mais bon sang, où s’arrêtera-t-il ?...
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:mrgreen:
Mother Of Tears et Giallo sont tellement nuls, grossiers et de mauvais goût que le duo Ana Clavel / James Glenn Dudelson accède littéralement à la révélation divine en comparaison. Et encore, c’est sans compter les désastres que sont Le Fantôme De L’Opéra, Le Sang Des Innocents, The Card Player, Aimez-Vous Hitchcock ? et ses deux épisodes pour Masters Of Horror… D’ailleurs l’intégralité de cette série était nulle, grossière et de mauvais goût [sic] !!

Déjà, en 1985, un grand critique de cinéma devant l’éternel nommé Guy Delcourt affirmait dans le n° 99 de Première que j'ai récupéré dans une brocante par un beau jour de printemps : Phenomena sombre dans le grotesque, appesanti par des comédiens aussi expressifs que des zombies. A vrai dire, après Donald Pleasance, le meilleur acteur de cette sinistre farce est un chimpanzé rigolo à qui échoit le privilège de sauver l’héroïne à la fin (merci pour le spoil, Guy !). Pour le reste, le moins qu’on puisse dire, c’est que Phenomena ne vaut pas tripette.

Quand je vous le dis que ça fait presque 40 ans que ça dure pour ce pauvre Dario.

Suite à tout cela, que penser alors de l'adaptation du roman de Bram Stoker par le cinéaste "maudit" (ou "mauvais", c’est comme vous le voulez, c’est vous qui décidez).
Pour ma part, en tant que passionnée de vampirisme, ça a tout de suite été : Hey mais ouais, je veux trop le voir ! (Oui, parfois j’ai des exigences de ce style qui restent ancrées en moi jusqu’à ce que cela se réalise. C’est comme ça, je n’y peux rien, je vais même jusqu’à faire des caprices à moi-même, nobody is perfect.)
Donc, j’ai acheté Dracula en BR 3D italien avec des sous-titres français (Oui, parce qu’il faut aussi que je précise que le film n'est jamais sorti en France et que je ne vais jamais au cinéma en Italie, ce n’est pas une question d’hygiène, hein, c’est juste que je suis habituée à me vautrer dans mon super sofa en grignotant égoïstement des fraises Tagada devant mon super écran plat et mon lecteur Blu-ray 3D que je me suis offert en me brisant les reins lors de vendanges éreintantes sous un temps pourri et où j’ai failli mourir d’une pneumonie imaginaire avant d’être miraculeusement sauvée par Mel Gibson version 1982 qui m’interpréta "Love Me Tender" en mode tyrolien à bord du Nostromo).

Dracula, donc.

Bon, il faut reconnaître qu’Argento a eu une idée très étrange le jour où il a décidé de mettre en boite cette énième adaptation du plus célèbre Comte de toute l’Histoire de la littérature et du cinéma. Un fantasme, peut-être. Une lubie. Oui, voilà, lui aussi doit se faire des caprices à lui-même. Du coup, je comprends mieux son initiative.
Le petit souci, c’est qu’il n’a pas dégotté énormément d’argent pour sa toquade vampirique. Alors il a sûrement choisi la boite de SFX la moins chère d’Italie. De moindres frais tout de même nécessaires puisque le maestro a sans doute pensé que ce serait moins dangereux de faire brûler sa propre fille à coup de CGI plutôt que de lui faire enfiler une combinaison imbibée d’essence, elle aurait été capable d'ingurgiter le produit inflammable avant d’aller mixer du punk et de la bossa-nova underground dans un troquet avoisinant les studios. C’est qu’elle est capable de tout, la fille à Dario. Même à jeun.
Là, cette dernière incarne Lucy, l’amie de Mina... Enfin, elle essaie d’incarner Lucy, ce qui est somme toute très différent.
Car oui, malgré toute son expérience, Argento n’est toujours pas un bon directeur d’acteur. Même si on le voit constamment mimer aux comédiens ce qu’il attend d’eux dans les bonus de certains BR, le résultat est souvent, avouons-le, remarquablement piètre. Et ici, la quasi intégralité du casting de Dracula ne déroge aucunement à la règle, vous pouvez être rassurés sur ce point.
Spoiler (cliquez pour afficher)
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Vas-y Asia, fais-nous peur.
Mais ce qui reste éternellement fascinant dans cette forme de médiocrité, c’est la sincérité du cinéaste.
Parce que l’on pourrait croire que ce dernier se contrefiche de ce qu’il fait et qu’il bâcle ainsi son travail afin de rentrer au plus vite dans sa belle villa de Crotone après avoir touché son chèque. Mais pas du tout, il reste extrêmement vigilant à donner le meilleur de lui-même en souhaitant offrir à ses fans le meilleur film possible. Imaginons maintenant qu’un jour, il change d’avis !... :shock:
Plus sérieusement, cette naïve sincérité reste intacte depuis le début de sa carrière et il est donc parfois difficile à comprendre pourquoi la plupart des gens restent aussi négatifs envers son cinéma. Car si il a effectivement eu des flashs de génie de-ci de-là durant ses éthérées années 70, nous pouvons également lui reconnaître la même chose durant les années 80 (Ténèbres, Opéra), 90 (Trauma, Le Syndrome De Stendhal), mais aussi les années 2000 (Le Sang Des Innocents, Giallo). Quoi que l’on en dise, quoi que l’on en pense, qu’on les aime ou qu’on les déteste, toutes ces œuvres sont immédiatement identifiables de par le style du cinéaste. Et il y a toujours un plan, une scène, un plan-séquence, un décor, une illustration musicale ou n’importe quoi d’autre qui retiendra admirablement l’attention et où l’on se dira : Aucun doute, c’est bien du Argento.
Une signature que de nombreux réalisateurs peinent à trouver.

Sanguinolent, primitif, parfois simpliste en mode WTF ou parfois plus complexe en mode psycho, Dario Argento reste indéniablement, à 81 ans, un cinéaste sincère et spontané. Un pur créateur, en quelque sorte. Et son Dracula est aussi sincère que purent l’être Suspiria ou L’Oiseau Au Plumage De Cristal en leur temps.
D’ailleurs, ils s’y sont mis à quatre pour adapter le roman de Stoker. On pourrait penser en visionnant le long-métrage que les quatre responsables soient des enfants tirés au sort lors d’une kermesse de fin d’année scolaire, mais non, ce sont de véritables professionnels qui ont travaillé de longs mois comme des forcenés sous la direction dictatoriale d’Argento. Pour un résultat paradoxal d’une extrême liberté...

Ici, Jonathan Harker (Unax Ugalde) n’est plus clerc de notaire mais bibliothécaire. Engagé par le Comte Dracula (Thomas Kretschmann) pour classer l’incommensurable bazar qui règne dans ses archives depuis 400 ans, il sera rapidement vampirisé par son hôte raide dingue de Mina (Marta Gastini), jolie fiancée de Jonathan et réincarnation de l’amour défunt du vampire. En parallèle, le célèbre Abraham Van Helsing (Rutger Hauer) accourt au chevet de la richissime Lucy (Asia Argento), souffrant d’anémie suite à la morsure derrière le genou gauche infligé par le Comte métamorphosé en loup synthétique. Conscient du danger rôdant inexorablement dans le quartier, Van Helsing part à la chasse du vampire, armé d’un pistolet et de balles à l’ail…

Non, Dracula version Argento n’est absolument pas la suite de Dracula, Mort Et Heureux De L’Être, dernier long-métrage de Mel Brooks.
C’est une adaptation qui se veut implacablement sérieuse et sanglante. Si humour il y a, il est totalement involontaire. Car, à l’image du Fantôme De L’Opéra qu’il avait mis en scène en 1998, Dario Argento apprécie s’attaquer aux classiques de la littérature Fantastique. Sa mégalomanie exacerbée le pousse très sérieusement à déposer sa propre pierre à l’édifice de ces monuments en étant persuadé de la bienfaisance de sa démarche puisqu’il est sincère avec lui-même.
En fait, Dario Argento est fou.
Et c’est pour ça que je l’aime. Et que j’ai aimé son Dracula parce qu’il lui ressemble. Passionnément.

De plus, sa folie est nettement communicative au sein de son entourage. Il suffit simplement de jeter un œil sur le clip vidéo de Claudio Simonetti qui promeut la chanson du film vampirique pour que transparaisse également la démentielle sincérité du musicien.
Parce que quand Simonetti joue face à une caméra, il est littéralement au bord de l’orgasme sexuel.
Jugez plutôt…



Pour parachever, oui, j’ai aimé ce Dracula très particuliers car il appartient intégralement à la naïveté, à la sincérité et à la folie de son réalisateur. On ne s’y ennuie pas une seule seconde et certains plans en 3D y sont littéralement sublimes.
Le meilleur y côtoie forcément le pire, comme dans tous les films d’Argento.
Et cela fait plus de 50 ans que ça dure.
Ok je me cale un RTT demain pour pouvoir me lire ça.
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Rick Blaine
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Re: Top Dario Argento

Message par Rick Blaine »

Ca me semble un peu bizarre comme avis. Ca ne fait pas 40 ans qu'on "traine Argento dans la boue" vu que ça ne fait pas 40 ans qu'Argento à une existence critique.
Perso, j'observe plutôt le phénomène inverse : la reconnaissance - légitime - des premières œuvres d'Argento à au contraire bénéficié à tout ce qu'il produit depuis 40 ans, selon une logique de politique des auteurs. Sans cela, personne ne s'intéresserait à la sortie d'une de ses œuvres quand il n'a pas réalisé une œuvre majeure depuis si longtemps.
Ca me semble une vision très étrange des choses de considérer qu'Argento est mal considéré, alors qu'au contraire ses productions récentes (depuis 40 ans en fait) bénéficient d'une hype qui me semble disproportionnée par rapport à la qualité de son travail.
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Re: Top Dario Argento

Message par Invité1 »

Rick Blaine a écrit : 9 févr. 22, 16:32 Ca ne fait pas 40 ans qu'on "traine Argento dans la boue" vu que ça ne fait pas 40 ans qu'Argento à une existence critique.
Ah tiens, je ne suis pas vraiment d'accord avec toi.
Je fais régulièrement les brocantes pour dénicher des vieux magazines de cinéma (qui sont d'ailleurs nettement moins chers en brocante que sur le net) et que ce soit Première, Mad Movies, L'Écran Fantastique, Ciné-Live ou d'autres, ça fait belle lurette qu'Argento se fait carboniser à chaque nouveau film. Depuis Ténèbres en fait, qui a tout juste… 40 ans.

Dans le hors-série L'Âge d'Or du Cinéma Italien et dans celui qui est intégralement consacré à la carrière d'Argento, l'équipe de Mad Movies cesse également de le porter aux nues à partir de Ténèbres. Tout ce qui suit de leur part n'est qu'une torche assassine pour enflammer un hypothétique bûcher.

La hype reste sûrement ancrée chez les incorrigibles fans qui attendent l'ultime sursaut du cinéaste. Mais j'ai cru comprendre que même les grands amoureux de son cinéma d'antan (excepté Thoret) n'y croient plus une seconde (au hasard, Laugier, Gans, etc.). Jusqu'à Inferno, les propos sont effectivement élogieux. Après, ça se corse de plus en plus au fil des métrages... Comme je peux t'assurer qu'aux yeux de la plupart des gens de ma génération (j'entends bien qu'ils ne sont absolument pas une référence puisqu'ils préfèrent pour la plupart la version de Carrie de 2013 à celle de De Palma :shock: ), Argento n'a fait que de la merde depuis le début. C'est certes aussi radical que nawak, mais c'est malheureusement un vrai constat.
Bref, que ce soit dans la presse ou autour de moi, je n'ai pour ma part toujours lu ou entendu que des critiques hyper négatives sur son travail depuis 1982.
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Re: Top Dario Argento

Message par Nico69400 »

Rien à voir avec son dernier film mais j'aurai deux questions :

La première, concernant phenomena, quelle est la différence entre le montage italien et le montage international vu que l'italien dure environ 10 minutes de +. Qu'apporte t-il de + ?

Et la deuxième, sur le site de Wild side, l'oiseau au plumage de cristal et le chat à neuf queues ne sont plus référencés, l'éditeur aurait t-il perdu les droits de ces films comme pour Inferno ? Si quelqu'un a des infos. J'avoue à titre personnel que ça me rassurerait sur l'hypothèse qu'un autre éditeur reprenne la main et sorte ces films en Blu Ray voire UHD.

Merci d'avance.
Vive le Blu ray, vive l'UHD
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Re: Top Dario Argento

Message par Invité1 »

Nico69400 a écrit : 9 févr. 22, 18:17 concernant phenomena, quelle est la différence entre le montage italien et le montage international vu que l'italien dure environ 10 minutes de +. Qu'apporte t-il de + ?
Tout est clairement détaillé ici...

https://www.imdb.com/title/tt0087909/alternateversions
Nico69400
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Re: Top Dario Argento

Message par Nico69400 »

Merci beaucoup !!!
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Rockatansky
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Re: Top Dario Argento

Message par Rockatansky »

candygirl a écrit : 9 févr. 22, 18:12
Rick Blaine a écrit : 9 févr. 22, 16:32 Ca ne fait pas 40 ans qu'on "traine Argento dans la boue" vu que ça ne fait pas 40 ans qu'Argento à une existence critique.
Ah tiens, je ne suis pas vraiment d'accord avec toi.
Je fais régulièrement les brocantes pour dénicher des vieux magazines de cinéma (qui sont d'ailleurs nettement moins chers en brocante que sur le net) et que ce soit Première, Mad Movies, L'Écran Fantastique, Ciné-Live ou d'autres, ça fait belle lurette qu'Argento se fait carboniser à chaque nouveau film. Depuis Ténèbres en fait, qui a tout juste… 40 ans.

Dans le hors-série L'Âge d'Or du Cinéma Italien et dans celui qui est intégralement consacré à la carrière d'Argento, l'équipe de Mad Movies cesse également de le porter aux nues à partir de Ténèbres. Tout ce qui suit de leur part n'est qu'une torche assassine pour enflammer un hypothétique bûcher.

La hype reste sûrement ancrée chez les incorrigibles fans qui attendent l'ultime sursaut du cinéaste. Mais j'ai cru comprendre que même les grands amoureux de son cinéma d'antan (excepté Thoret) n'y croient plus une seconde (au hasard, Laugier, Gans, etc.). Jusqu'à Inferno, les propos sont effectivement élogieux. Après, ça se corse de plus en plus au fil des métrages... Comme je peux t'assurer qu'aux yeux de la plupart des gens de ma génération (j'entends bien qu'ils ne sont absolument pas une référence puisqu'ils préfèrent pour la plupart la version de Carrie de 2013 à celle de De Palma :shock: ), Argento n'a fait que de la merde depuis le début. C'est certes aussi radical que nawak, mais c'est malheureusement un vrai constat.
Bref, que ce soit dans la presse ou autour de moi, je n'ai pour ma part toujours lu ou entendu que des critiques hyper négatives sur son travail depuis 1982.
A la fois il y a une telle baisse de niveau depuis qu'il a arreté la drogue que le fait de se faire critiquer est largement compréhensible, ses premiers films lui permettent de survivre à la médiocrité systématique de ses produits suivants.
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Re: Top Dario Argento

Message par mannhunter »

Je vois pas la différence de niveau quand Rocka colle 3/10 à des films conçus "sous l'emprise de la drogue" comme "Profondo Rosso", "Le chat à neuf queues" et "Phenomena" et 4/10 à des films réalisés "post-addiction(s)" comme "Le syndrome de Stendhal", "Trauma" ou "Giallo"! :mrgreen:
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