Akira Kurosawa (1910-1998)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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monk
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par monk »

Akrocine a écrit :Sur le Facebook de Criterion :
We uncovered this great stills from the original Janus run of THRONE OF BLOOD and had to share.
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Merci !
Eigagogo
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par Eigagogo »

pour info il y a plein de stills haute résolution de Kurosawa (et autres) sur le site de wildside: http://www.wildside.fr/libreservice/recherche

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Père Jules
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par Père Jules »

Faut-il y voir un teaser d'une prochaine édition BR chez Criterion ?
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Père Jules
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par Père Jules »

:oops: J'me suis trompé de topic...
allen john
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par allen john »

Yojimbo / sanjuro
Le dyptique créé par Akira Kurosawa autour de l'énorme personnalité de det "homme sans nom" qui se présente systématiquement comme Sanjuro (Homme de trente ans et plus), suivi du nom de la première plante qui lui vient à l'esprit, est célèbre pour tout un tas de raisons. Après le tout aussi célèbre film La forteresse cachée, Kurosawa voulait creuser un peu plus avant le sillon d'un cinéma d'évasion, avec des aventures situées dans un japon ancestral mais qui devaient autant au western. Par un juste retour des choses, la réappropriation de Yojimbo allait donner naissance à un nouveau style de western. Mais Toshiro Mifune est arrivé avant Clint Eastwood, et son personnage de bretteur ultra-rapide qui fait rêgner la justice sur des champs de ruine est devenu une icône furieusement jouissive...

Yojimbo:
Le jour ou Sanjuro, si c'est bien son nom est arrivé dans ce village, savait-il qu'il allait rétablir la justice en décimant les deux bandes rivales qui y faisaient rêgner la terreur? probablement pas. La méthode? Faire semblant de se vendre au plus offrant, en favorisant les faibles, puis en passant de l'autre côté en distribuant châtaignes, coups de sabre, bourre-pifs et certificats de décès. Toshiro Mifune anticipe donc de trois ans sur le western-spaghetti de Leone qui lui rendra hommage, et ce film porte en germe un pan immense du cinéma à venir, avec humour et style. La façon dont Kurosawa met en scène la confrontation finale est absolument miraculeuse, après s'être amusé à situer tout un film dans une seule rue (Encore une fois l'empreinte du western), et après avoir délayé la violence tout au long d'une narration dense, mais ironique.

Sanjuro:
La suite inévitable du film a été conçue dès le tournage de Yojimbo par un Kurosawa qui avait envie de continuer uin petit bout de chemin avec le nouveau personnage mythique créé avec Mifune. Son entrée en jeu est donc tournée vers la coté mythologique, avec un sanjuro caché dans l'ombre qui a entendu tout ce que les protagonistes de la première scène ont dit. le moment ou il sort de l'ombre est splendide. L'ensemble du film est largement dominé par l'humour, en particulier avec le décalage entre les personnages des "résistants" aidés par Sanjuro qui sont neuf, mais se déplacent et réagissent comme une suel homme, ou avec les personnages des deux femmes qui sortent en permanence du sujet. La confrontation entre Mifune et nakadai, en revanche, est impressionnante, leur jeu du chat et de la souris culminant dans une scène ou Kurosawa se plait à verser ouvertment dans le grand guignol... Moins d'éléments dramatiques, les scènes se déroulent dans un printemps idylliques: bref, le maitre s'amuse. A la fin du film, on retrouve la flânerie vers nulle part de l'énigmatique Sanjuro...

Les principaux apports de ces films de genre tiennent je pense dans la façon dont Kurosawa renouvelle le film de samouraïs, tout en développant une thématique simple. deux films tout en forme, avec des moments de pur contemplation jouissive. Ma préférence va au premier, mais d'une courte tête, surtout que dans les deux films, Kurosawa a demandé au même acteur, l'admirable Tatsuya Nakadai, de tenir tête à Mifune, et honnêtement, les deux rencontres font des étincelles.
http://allenjohn.over-blog.com/article- ... 92658.html
someone1600
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par someone1600 »

Deux excellents film en effet. :D
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magobei
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par magobei »

Vu pour la première fois Kagemusha dans sa version japonaise (180 minutes), via le Bluray Criterion.

Wow.

Dès l'ouverture, très statique, j'ai été frappé par la théâtralité du film: la scène est filmée de face, caméra fixe, plan large, dans un long plan-séquence. Le film oscille ensuite entre les deux, alternant des scènes très théâtrales (par exemple la séquence du rêve) avec des scènes hyper réalistes: ces grandes scènes de bataille en décor naturel, avec des milliers de figurants. Une tension, une "ability to evoke the stage while denying it" (Donald Richie), qu'on retrouve dans tout le métrage. Ainsi, les codes-couleurs qu'utilise Kurosawa pour les troupes de Takeda Shingen, ajoutant un côté artificiel à la situation (système qu'il réutilisera dans Ran). De même, s'il nous montre toute la préparation au combat et son résultat (des cadavres jonchant la plaine), le "choc des armes" lui reste toujours hors-champ - je ne crois pas qu'on voie un seul combattant tomber dans le film, alors que cela canarde dans tous les sens. Ironiquement, la seule fois où on voit à l'écran un coup de feu et son résultat (si on exclut quelques gerbes dans l'eau), c'est quand un mousquetaire rejoue devant ses officiers le coup de feu qui a mortellement blessé Shingen...

Tout cela donne une patine un peu étrange au film, un petit côté irréel, qui rejoint les autres films de fin de carrière de Kurosawa (Ran et Dreams surtout). N'empêche, le film m'a fait penser aux Sept samouraïs. Certes, les deux sont très différents: Kagemusha se situe dans les autres sphères du pouvoir, les intrigues de palais, avec une dimension shakespearienne; c'est l'avenir du Japon (son unification sous les Tokugawa) qui se joue. Alors qu'à l'opposé, les Sept samouraïs met en scène des ronins, des samouraïs déclassés, qui agissent à un niveau "microcosmique", celui d'un village harcelé par les brigands. Mais ce qui lie les deux films, ce sont les figures de Kikuchiyo et du Kagemusha. Le premier est un fils de paysan qui se fait passer pour un samouraï, mais qui est trahi par sa grossierté; le second est un petit voleur, qui devient le double parfait du daimyo Shingen, son "ombre" (personnage magnifiquement écrit). Les deux trajectoires se ressemblent, et ce n'est sans doute pas un hasard si Kurosawa a choisi Tatsuya Nakadai pour interpréter Shingen/Kagemusha, un acteur dont la présence physique fait penser à Mifune (si les deux ne s'étaient pas brouillés, le rôle semblait taillé pour Mifune...)

Je n'en rajouterai pas: c'est magnifique... Un mot quand même sur le score de Shinichiro Ikebe, très beau, très ample, qui avance par petites touches jusqu'à la scène de clôture, pour un grand finale à la Morricone.
"In a sense, making movies is itself a quest. A quest for an alternative world, a world that is more satisfactory than the one we live in. That's what first appealed to me about making films. It seemed to me a wonderful idea that you could remake the world, hopefully a bit better, braver, and more beautiful than it was presented to us." John Boorman
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par someone1600 »

J'en garde le visionnement pour un futur film du mois pour ma part... peut-etre bien le mois prochain. :oops: :fiou:
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magobei
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par magobei »

someone1600 a écrit :J'en garde le visionnement pour un futur film du mois pour ma part... peut-etre bien le mois prochain. :oops: :fiou:
C'est bien tu thésaurises :wink:
Perso, autant ma première vision m'avait laissé sur ma faim (le souvenir d'un film un peu ampoulé), autant la 2e m'a emballé. Je ne pense pas que le montage jap soit la principale raison (il rajoute notamment une grosse scène avec Takashi Shimura), pas plus que les conditions de visionnage (bon boulot de Criterion), non, je pense surtout que depuis j'ai vu beeeeaaaucoup de films (et pas que des bons), du coup mes goûts ont un peu maturé.
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par allen john »

magobei a écrit : Perso, autant ma première vision m'avait laissé sur ma faim (le souvenir d'un film un peu ampoulé), autant la 2e m'a emballé. Je ne pense pas que le montage jap soit la principale raison (il rajoute notamment une grosse scène avec Takashi Shimura), pas plus que les conditions de visionnage (bon boulot de Criterion), non, je pense surtout que depuis j'ai vu beeeeaaaucoup de films (et pas que des bons), du coup mes goûts ont un peu maturé.
Moi aussi, j'ai eu la surprise agréable d'iamer le film seulement à la deuxième vision. j'attends la troisième, qui ne saurait tarder... et c'est vrai que ..."vive criterion!!"
allen john
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par allen john »

Je ne regrette rien de ma jeunesse (Akira Kurosawa, 1946)

Film exalté, ce cinquième long métrage de Kurosawa (si on omet le film collectif Ceux qui bâtissent l'avenir, 1946) est aussi le prmier de ses films d'après guerre dans lequel on peut voir le metteur en scène laisser libre cours à ses idéaux, d'une façon lyrique, dans un montage constamment inventif. c'ets aussi une grande rareté: un film de Kurosawa dont le héros est en fait une héroïne...

En 1933, Yukie, la fille d'un professur de l'université, regarde avec un mélange d'amusement et d'agacement l'étudiant Ryukichi Noge se lancer dans des diatribes d'extrême gauche. elle se définit à l'image de son père, comme plutôt modérée. En 1938, la donne a changé, le japon est devenu un pays dominé par les militaires, donc fasciste, et Yukie s'intéresse beaucoup à ce que devient Noge, sorti de prison grâce à l'obligeance d'un ami commun, et apparemment rangé. Mais elle devient sa femme, et se rend vite compte qu'il n'a pas changé; elle aprend ainsi très vite la douleur du sacrifice...

Quel beau film! Kurosawa, qui les a vécues, traite les années douloureuses dont il parle avec le même talent qu'il déploie lors de ses explorations du japon médiéval. enfin débarrassé de l'obligation de se conformer à un Nationalisme japonais dans lequel il ne se reconnaissait pas, il profite de l'air ambiant, furieusement à gauche, pour montrer les dégâts de la junte militaire sur les "forces vives" du japon. il compose avec la grande Setsuko Hara un portrait touchant et admirable de femme qui ne lâche rien de ses principes, et pousse la fidélité à on mari disparu jusqu'à braver les quolibets des gens qui l'accusent d'être une espionne, et aider les parents du disparu en mettant la main à la pâte, après avoir reçu une délicate éducation bourgeoise. Le montage est rythmé avec les images d'archives, qui permettent une fois de plus à la grande histoire de venir épauler la petite...

Le metteur en scène ne lâche rien de son lyrisme, en commençant son film avec lyrisme, montrant des étudiants qui prennent du bon temps en pleine nature; ce prologue se termine sur une série de coups de feux, la découverte d'un cadavre.. le paradis? Non, le Japon de 1933, nous répond Kurosawa qui a attendu ce moment pour commencer à baliser son film avec des dates. A la fin, Yukie est revenue sur les lieux de sa jeunesse, et lâche une larme, avant de rejoindre le village ou elle vit désormais; le film se termine sur un plan qui la voit courir pour s'installer sur un camion en partance, le tout en contrejour. superbe image, métaphore aussi bien que fin ouverte...

http://allenjohn.over-blog.com/article- ... 44430.html
Julien Léonard
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par Julien Léonard »

Début d'une rétrospective personnelle (incomplète) Kurosawa, longtemps repoussée.


Chien enragé (1949) - Réalisé par Akira Kurosawa :

Première collaboration Akira Kurosawa/Toshiro Mifune, premier film noir du metteur en scène (si j'ose dire), une réussite indéniable. Un Tokyo d'après-guerre hyper réaliste avec sa misère sociale, ses rues surpeuplées, ses petits criminels, son américanisation pessimiste. Mifune est un choix parfait, l'énergie qu'il dégage fait fureur, son visage est un véritable cadeau pour la caméra de Kurosawa. De beaux mais fugaces personnages féminins et un Takashi Shimura très attachant en partenaire flic de Mifune viennent compléter ce superbe tableau en mouvement. Pas un plan sans que quelqu'un ne subisse la chaleur à l'écran, cette chaleur étouffante de l'été que vient ponctuellement humidifier de fortes pluies. Voici donc un film moite, présentant des corps en souffrance (les danseuses s'allongeant par terre après leur numéro, quelle scène !), au travers d'un discours pointant une jeunesse gâchée par la guerre et qui ne se retrouve plus dans la société qui est la leur désormais. Le film est également un polar de premier ordre, mené sur un mode proche de la balade, privilégiant les rencontres, parfois avec soi-même (ce jeune policier qui se reconnait en partie dans celui qu'il traque). Parfois émouvant, Chien enragé est surtout déroutant et visuellement éblouissant, avec des compositions de plans épatantes et un ciel prêt à engloutir les personnages. Un petit bijou.
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par Rick Blaine »

Un grand film.

En te lisant je me dis que le rythme lent du film participe aussi à cette sensation de chaleur et de moiteur. Il y a une atmosphère extraordinaire dans ce film.
riqueuniee
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par riqueuniee »

Un film magnifique. Derrière l'intrigue de film noir, il y a u, portrait du Japon de l'immédiate après-guerre, et aussi une réflexion plus générale sur le bien et le mal, et sur ce qui peut faire d'un homme un criminel.
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Re: Akira Kurosawa (1910-1998)

Message par Demi-Lune »

Rick Blaine a écrit :le rythme lent du film
Lent, Chien enragé ? Les rebondissements n'arrêtent pas pendant deux heures.
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