Ah je n'avais pas vu ce topic je remet là mon post sur mon petit préféré que j'ai revu récemment !
Le Château dans le Ciel (1986)
Dans le ciel flotte un château, vestige d'un royaume légendaire: Laputa. La jeune Sheeta possède la pierre qui pourrait y conduire mais elle fait l'objet de bien des convoitises. En l'aidant à échapper aux pirates de l'air et à l'armée, Pazu, jeune garçon d'une cité minière, est entraîné dans une fabuleuse aventure.
L'immense succès de
Nausicaä (1984)avait signé l'indépendance d'un Miyazaki qui débarrassé des contraintes des grands studios avait enfin pu imposer un univers personnel et son perfectionnisme maladif à travers la splendeur visuelle du film. La production du film fut de longue haleine notamment l'obtention du financement puisque la mode étant à l'adaptation de manga plutôt qu'aux scripts originaux Miyazaki fut contraint suite à de multiples refus de coucher une version papier dont le succès permis de lancer le film dont le succès pose les fondations du futurs Studio Ghibli lancé dans la foulée.
Le Château dans le Ciel a donc la lourde tâche d'être le premier film produit au sein du Studio Ghibli et c'est en grande partie pour cette valeur historique qu'on le retient. C'est également un des chefs d'oeuvres de Miyazaki faisant le lien entre ses travaux précédents et l'évolution à venir dès
Kiki la petite sorcière qui suivra.
Le Château dans le Ciel est pour Miyazaki l'aboutissement d'une longue quête, celle du film d'aventures ultime.Le réalisateur y regroupe ainsi plusieurs éléments d'oeuvres antérieures. L'argument du récit lorgne ainsi largement vers la série
Conan, le fils du futur, sorte de répétition générale de
Laputa où on trouve déjà la quête d'un garçon intrépide et dur à cuire cherchant à protéger une jeune fille dont le pouvoir secret en fait la proie d'ennemis malfaisants. L'influence occidentale, allant de la littérature enfantine anglo-saxonne qu'il à étudié de près (le titre original Laputa vient notamment du nom de l'île volante du troisième récit des
Voyages de Gulliver de Jonathan Swift) à l'esthétique très steam punk et inspirée de l'épure d'un Moebius ou du
Roi et L'Oiseau de Paul Grimault atteint également des sommets ici. Enfin, Miyazaki s'en donne à coeur joie dans son amour des machines volantes tandis que les multiples courses poursuiteset gags annexes (dont une mémorable bagarre) rappellent grandement la cultissime version canine de
Sherlock Holmes dont il réalisa 6 épisodes.
Désormais son propre maître, Miyazaki peut donner le film somme de ce qu'il ne parvint à disséminer que par intermittences dans ces diverses commandes pour délivrer le récit d'évasion absolu après lequel il court, enrichi de ses thématiques. Depuis
Le Voyage de Chihiro Miyazaki donne volontairement dans des récits plus décousus à la progression moins ouvertement élaborée laissant voguer son imaginaire. La construction magistrale de
Laputa donne donc à voir le soin qu'il apporte dans une narration classique. La première partie dépeint avec un limpidité parfaite le lien tendre unissant Shiita et Pazu ainsi que leur passé les liant à Laputa. Les méchants et leur fourberies se révèlent dans l'action, l'aspect comique des pirates (dans la matrone dur au coeur tendre est inspirée de la propre mère de Miyazaki !) préparant leur rôles plus positif en opposition à l'implacable détermination des militaires menés par Muska alors que les moments d'accalmies dévoilent une poésie envoutante comme l'arrivée flottante de Shiita ou la séquence des pierres phosphorescente dans la caverne.
Enfant de la bombe atomique, Miyazaki exprime une vraie dualité quant aux technologies utilisés dans le film, avec une ampleur de plus en plus grande. Ainsi la carcasse du robot tombé de Laputa une fois ranimée sème une infernale destruction tandis que bien plus tard nos héros découvriront une autre machine du même modèle qui dernier survivant de la cité soigne la faune locale. De même l'émerveillement ressenti lors de l'arrivée à Laputa (porté par un score magique de Hisaishi pour sa deuxième collaboration avec Miyazaki) est contrebalancé par l'apocalypse final lorsque la forteresse volante déploie son arsenal de guerre. Le message écologique de Miyazaki se fait même philosophique à travers la description des merveilles abandonnées de l'ancienne civilisation de Laputa, disparue par sa volonté de se substituer aux Dieux alors que l'Homme est fait pour évoluer sur terre. C'est d'ailleurs vers cette terre que s'en vont au bout de leurs aventures Pazu et Shiita, nouveaux Adam et Eve d'un monde dont ils n'apprécieront que mieux les splendeur. D'une perfection technique ébourrifante qui n'a pas pris une ride (décors saisissant de détails, séquence aérienne et d'actions d'une fluidité stupéfiante...)
Le Château dans le Ciel est donc bien l'évasion ultime promise par Miyazaki qui signe là tout simplement le plus beau film d'aventure des 80's. Ayant atteint son objectif, il pouvait logiquement passer à autre chose et si la touche occidentale demeure dans
Kiki et
Porco Rosso (et ne réapparaîtra que dans le mitigé
Le Château Ambulant) à suivre, le Maître y explorera désormais de nouveaux territoires. 6/6