La forteresse d'or (1974)
Le détective Felu est engagé pour servir de garde du corps pour protéger un enfant de 8 ans qui se souviendrait d'une vie antérieure où il aurait vécu dans un palais entouré d'or. Mais des brigands avide de retrouvé la cachette de bijoux ont déjà pris les devant.
Avant de rentrer dans la salle, je ne savais pas que
le Dieu éléphant constitué le second opus des enquêtes de Felu et Topshe... voire le troisième car
la Ménagerie pourrait presque constituer un préquel car même si le personnage semble différent, l'esprit est très proche.
En tout cas Ray donne très rapidement le ton en créant dès les premières scènes une affiliation avec Tintin puisque Topshe en lit les aventures à 2-3 reprises. Le cinéaste nous conduit avec une narration très décontractée pour ne pas dire dilettante. La photo couleur est assez jolie, les personnages sympathiques (même un des 2 méchants), le second rôle de l'écrivain assez drôle et l'histoire se suit avec plus de plaisir que dans
le Dieu éléphant (c'est déjà moins confus). Après même si on ne s'ennuie pas nécessairement, on peut se demander si la durée de 2h20 est vraiment justifiée tant certaines scènes pourrait être condenser. Mais le film trouve justement son originalité dans ce genre de pérégrination nonchalante au second degré, remplie d'invraisemblances (quel est l'intérêt de laisser le taxi pour prendre le train si c'est pour attendre le taxi à l'arrivée ?)
Une petite récréation pas déplaisante donc mais assez mineure, même si sans doute plus personnelle qu'on pourrait le croire.
Les branches de l'arbre (1990)
Quatre frères se rendent au chevet de leur pères qui vient d'être frappé par une crise cardiaque. L'occasion de disserter sur l’honnête et la corruption.
J'étais déjà passé à côté de la maison et du monde et ce n'est pas cet autre Ray tardif qui m'aura convaincu. J'ai même beaucoup souffert pendant le premier tiers dont l'approche uniquement thématique, et souligné par une interprétation sans finisse, m'a pratiquement donné envie de partir de la salle. Il faut rajouter une réalisation sans la moindre inspiration, se contentant, pour ainsi dire, de montrer en gros plan celui qui parle et à filmer platement des gens assis à une table. Pas très passionnant comme huit clos.
Comme souvent, les choses s'améliorent en cours de route et les 20-30 dernière minutes sont un peu plus encourageantes une fois que la famille s'en va faire un picnic en forêt. La proximité de cette séquence avec celle du lâche m'a donné le sentiment qu'il y a un avait une dimension testamentaire dans cette œuvre (son avant-dernier film si je n'abuse), comme si le film faisait un bilan de ses films passés (je suis sûr qu'il y a d'autres passerelles avec ses précédents films). Comme si Ray se doutait que ses successeurs perdront leurs âmes et leurs intégrités dans une société de plus en plus superficielle et attirée par l'argent. La dernière séquence est même plutôt touchante quand le malade comprend qu'il va disparaître avec son héritage « moral » qui ne fait plus rêver grand monde.
C'est cependant regrettable que le cinéaste ne parvienne pas à intégrer cette lucidité à une réalisation morne et à un scénario paresseux, à la limite du grabataire. Ca aurait pu donner un très grand film. En l'état, c'estlimite pénible à suivre, à part ses 2 dernières séquences donc.
Et un petit programme de courts métrages et de documentaires
Deux (1964)
Dans cette fiction de 11 minutes, Ray revisite la lutte des classes au travers de deux enfants, l'un résidant dans un appartement de luxe et le second issu d'un cabanon qui joue sur un terrain vague, sous la fenêtre du premier
Ca aurait pu donner un jolie faible sur l'absence de communication, sur la peur de l'autre, sur le mépris inculqué dès le plus jeune âge mais la grossièreté du trait est bien trop prononcé. Ca commence assez fort avec cet enfant corpulent buvant du coca-cola et portant des oreilles de mickey, qui vit littéralement dans une prison dorée puisque ses fenêtres sont munies de barreaux symboliques.
Les deux enfants se toisent ainsi à distance : celui qui fera le plus de bruit avec ses « jouets », celui qui aura le meilleur déguisement... La conclusion est plus réussie avec le « riche » jaloux de la liberté (le cerf-volant) de son voisin et qui le détruira avec un fusil à plomb... avant de se retrouver sans personne pour jouer dans un grand et vide appartement.
Sinon, la réalisation de Ray est d'autant plus limpide, claire, simple qu'elle ne repose sans aucun dialogue.
Pikoo (1980) est un téléfilm de 24 minutes (produit par la France) mettant en avant un enfant un peu livré à lui-même dans sa vaste demeure. En effet, son grand-père est très malade et ne peut plus sortir de son lit tandis que sa mère s'enferme dans sa chambre avec son « oncle » lorsque son père va travailler.
Pas trop mal mais les personnages manquent un peu de nuances. Le cynisme du scénario dessert l'empathie qu'on pourrait à voir et on a un peu de mal à s'attacher au garçon. Mais là aussi la seconde moitié fonctionne un peu mieux une fois que la mise en place, à la fois concise et laborieuse, est posée. La fin est assez belle, et cruelle, et Ray parvient à se défausser de tout jugement moral pour un court-métrage qui va tout de même assez loin dans ses thèmes (la production française a-t-elle pu contourner des problèmes de censure car j'ai rarement vu l'adultère traité aussi frontalement dans le cinéma indien).
Bala (1976) est un documentaire sur la célèbre danseuse Balasaraswti qui connut une carrière internationale et qui reste l'une des dernière descendantes d'un art ancestrale où chaque geste équivaut à une parole ; un peu comme le langage des signes. Ainsi malgré son âge avancée, elle était encore, à l'époque de la réalisation de ce film, considérée comme la plus talentueuse de son domaine. C'est assez instructif car même si je savais qu'il s'agissait d'une danse très précise, je ne pensais pas que c'était à ce point codifiée. Après, j'avoue que sur 30 minutes, les 3-4 séquences de démonstrations m'ont un peu lassés à la longue.
L'oeil intérieur (1972) est enfin un autre documentaire, centré sur le peintre Benode Behari Mukherjee.
20 minutes assez scolaire où l'on présente un peu trop classiquement l'homme, son parcours et ses tableaux. Ca devient autrement plus passionnant quand on apprend que Benobe est actuellement aveugle mais qu'il continue de pratiquer grâce à son «oeil intérieur ». Ca devient même fort émouvant de continuer de le voir se livrer au dessin, à la sculpture ou aux fresques mosaïques. J'aurais préféré que l'ensemble du documentaire ne s'attarde qu'à cette particularité qui témoigne d'une sacré force de caractère et d'une passion sans cesse neuve pour son art.