Re: La Comédie italienne
Publié : 23 mars 20, 14:36
Drôles de couples / Le coppie (Mario Monicelli, Alberto Sordi & Vittorio de Sica - 1970)
Un film à sketchs où Monicelli et Sordi se partagent le gros morceau laissant les restes à De Sica, pas très motivé il faut dire.
Il frigorifero
Monicelli ouvre les festivités - ou plutôt les hostilités - dans cette satire féroce de la société de consommation où un couple de prolétaires se saignent pour payer la dernière traite de leur frigo. Après avoir ainsi perdu bêtement l'argent, le couple se demande s'il ne faudrait pas faire comme leur voisine qui se prostitue.
Sur le papier, le sujet est parfait pour la fibre sociale caustique et militante de Monicelli. Sur l'écran, il subsiste quelques réserves qui empêchent de s'enthousiasmer pleinement. Le partenaire masculin de Vitti, Enzo Jannacci, n'a pas la même présence. De plus, entre son cabotinage mal géré et une caractérisation grossière dans son introduction où il passe pour un plouc demeuré (surprenant venant de Monicelli), on met un peu de temps à croire au couple qu'il forme avec Vitti et donc à se prendre au jeu. Ca s'améliore une fois qu'ils reviennent chez eux et que l'histoire se met vraiment en place. La suite est d'un meilleure niveau, notamment les tentatives maladroites de Vitti comme tapineuse.
Mais à l'image d'une conclusion prévisible et assez facile, le sentiment général est plus celui d'un bon potentiel inabouti.
La camera est clairement le meilleur du lot grâce à un nouvelle fois à Alberto Sordi devant, et ici derrière la caméra. Il y interprète un métallurgiste qui veut offrir à son épouse, femme de ménage, des vacances dans un hôtel de luxe de la Sardaigne pour leur anniversaire de mariage.
Contrairement au précédent sketch, l'écriture rend beaucoup réaliste un couple aux origines modestes avec un bon dosage dans l'écriture même si bien-sûr c'est avant tout le mépris de classe des riches touristes, et de leurs serviteurs, qui est tourné en dérision. Mais Sordi n'oublie pas de montrer que son personnage peut facilement basculer du côté des gentils beaufs. Son épouse est consciente - et gênée - de ne faire partie du même monde et préférerait rester à sa place. Seul Sordi essaie, sans s'en rendre compte, de faire tomber les barrières sociales et un ordre établi, face à une quasi caste. L'acteur-réalisateur privilégie la tendresse et la bonhommie à la méchanceté ou la farce pour un moyen-métrage assez réussi qui doit dépasser les 60 minutes. Grâce à une bonne construction où l'ironie et le décalage rythment malicieusement les situations, les péripéties du duo pour trouver où dormir amènent à une excellente chute qui ne manque pas de mordant sans jamais forcer le traits.
Je l'ai pas revu depuis son passage au cinéma minuit, mais le génial segment de Sordi pour Mais où est-tu allé pour les vacances ? pourrait presque en constituer une suite officieuse, même si l'actrice est différente. Pour ce que je m'en rappelle, l'épisode de 1978 m'a paru supérieur à celui de 1970. Ce n'est tout de même pas une raison pour bouder son plaisir devant ce parfait numéro de Sordi.
Il leone clos tristement le bal en une vingtaine de minutes presque pénibles. De Sica ne semble absolument pas inspiré par un scénario où deux amants se retrouvent prisonniers de leur garçonnière à cause de la présence d'un lion dans la cour, échappé d'un cirque. Ils vont donc régler leur compte en étalant à tour de rôle leur hypocrisie et leur lâcheté.
Sans savoir que faire De Sica lâche donc la bride à Vitti et Sordi qui cabotinent à outrance sans le moindre garde-fou. Il n'en ressort un grand moment de vide.
Chose curieuse, la durée annoncé à la cinémathèque (et sur l'ensemble des sites internet) est d'un peu moins moins de 2h, voire 105 minutes, alors qu'on a eu une droit à 2h15 de projection !
Un film à sketchs où Monicelli et Sordi se partagent le gros morceau laissant les restes à De Sica, pas très motivé il faut dire.
Il frigorifero
Monicelli ouvre les festivités - ou plutôt les hostilités - dans cette satire féroce de la société de consommation où un couple de prolétaires se saignent pour payer la dernière traite de leur frigo. Après avoir ainsi perdu bêtement l'argent, le couple se demande s'il ne faudrait pas faire comme leur voisine qui se prostitue.
Sur le papier, le sujet est parfait pour la fibre sociale caustique et militante de Monicelli. Sur l'écran, il subsiste quelques réserves qui empêchent de s'enthousiasmer pleinement. Le partenaire masculin de Vitti, Enzo Jannacci, n'a pas la même présence. De plus, entre son cabotinage mal géré et une caractérisation grossière dans son introduction où il passe pour un plouc demeuré (surprenant venant de Monicelli), on met un peu de temps à croire au couple qu'il forme avec Vitti et donc à se prendre au jeu. Ca s'améliore une fois qu'ils reviennent chez eux et que l'histoire se met vraiment en place. La suite est d'un meilleure niveau, notamment les tentatives maladroites de Vitti comme tapineuse.
Mais à l'image d'une conclusion prévisible et assez facile, le sentiment général est plus celui d'un bon potentiel inabouti.
La camera est clairement le meilleur du lot grâce à un nouvelle fois à Alberto Sordi devant, et ici derrière la caméra. Il y interprète un métallurgiste qui veut offrir à son épouse, femme de ménage, des vacances dans un hôtel de luxe de la Sardaigne pour leur anniversaire de mariage.
Contrairement au précédent sketch, l'écriture rend beaucoup réaliste un couple aux origines modestes avec un bon dosage dans l'écriture même si bien-sûr c'est avant tout le mépris de classe des riches touristes, et de leurs serviteurs, qui est tourné en dérision. Mais Sordi n'oublie pas de montrer que son personnage peut facilement basculer du côté des gentils beaufs. Son épouse est consciente - et gênée - de ne faire partie du même monde et préférerait rester à sa place. Seul Sordi essaie, sans s'en rendre compte, de faire tomber les barrières sociales et un ordre établi, face à une quasi caste. L'acteur-réalisateur privilégie la tendresse et la bonhommie à la méchanceté ou la farce pour un moyen-métrage assez réussi qui doit dépasser les 60 minutes. Grâce à une bonne construction où l'ironie et le décalage rythment malicieusement les situations, les péripéties du duo pour trouver où dormir amènent à une excellente chute qui ne manque pas de mordant sans jamais forcer le traits.
Je l'ai pas revu depuis son passage au cinéma minuit, mais le génial segment de Sordi pour Mais où est-tu allé pour les vacances ? pourrait presque en constituer une suite officieuse, même si l'actrice est différente. Pour ce que je m'en rappelle, l'épisode de 1978 m'a paru supérieur à celui de 1970. Ce n'est tout de même pas une raison pour bouder son plaisir devant ce parfait numéro de Sordi.
Il leone clos tristement le bal en une vingtaine de minutes presque pénibles. De Sica ne semble absolument pas inspiré par un scénario où deux amants se retrouvent prisonniers de leur garçonnière à cause de la présence d'un lion dans la cour, échappé d'un cirque. Ils vont donc régler leur compte en étalant à tour de rôle leur hypocrisie et leur lâcheté.
Sans savoir que faire De Sica lâche donc la bride à Vitti et Sordi qui cabotinent à outrance sans le moindre garde-fou. Il n'en ressort un grand moment de vide.
Chose curieuse, la durée annoncé à la cinémathèque (et sur l'ensemble des sites internet) est d'un peu moins moins de 2h, voire 105 minutes, alors qu'on a eu une droit à 2h15 de projection !