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Publié : 2 juin 03, 12:08
par Philip Marlowe
Simone Choule a écrit :Ma critique du film à l'époque de sa sortie cinéma :


De Palma, on le sait depuis longtemps, possède le génie du grotesque. En effet qui d'autre a su mieux que lui se délester des contraintes réalistes pour pousser ses histoires et ses personnages dans les situations les plus improbables ? Cette veine bouffonne loin d'être gratuite participe d'une perpétuelle mise à distance du spectateur. Femme Fatale, film impossible et glacé, s'en trouve alors des plus difficiles à juger. Car entre le grotesque et le ridicule la frontière est mince. Et de là à conclure que tous les disfonctionnements du premier opus français du cinéaste sont volontaires et assumés, il n'y a qu'un pas que je m'interdirais de franchir...
De Palma est donc le grand cinéaste du doute. Mais le miracle de la plupart de ses films tient en ceci : cette mise à distance du spectateur débouche toujours sur l'émotion la plus brutale, la plus saisissante. L'artifice se transforme en lyrisme, et personne n'a pu oublier les tragédies finales de Blow Out et de Phantom of The paradise, le romantisme noir de L'Impasse et d'Obsession, ou les frayeurs paroxystiques de Carrie et de Pulsions. Pourquoi alors le miracle Femme Fatale n'a pas eu lieu ? D'autant que De Palma semble ici s'en donner à coeur joie dans l'exploitation de ses habituels tics thématiques et visuels (split-screen et plans-séquences à gogo) et que son dernier film donne l'impression d'une totale et grande liberté de ton. La faute à un casting (le mélange franco-américain a du mal à fonctionner...) maladroit ? A la photo peu inspirée de Thierry Arbogast ? Sans doute... Mais aussi et surtout, n'ayons pas peur de le dire, à un certain essoufflement du cinéaste. Pas tant dans sa maestria technique et dans sa constance thématique, que dans cette idée que tout a été dit, que plus rien ne vaut le coup (d'oeil ?).
D'un point de vue purement conceptuel De Palma pousse cette fois le bouchon très loin : images fantasmées, photographiées, prémonitoires, biaisées, truquées... Et de fait tout semble artificiel dans Femme Fatale, les personnages sont vidés de leur substance organique et les lieux où ils évoluent paraissent désincarnés... Fin logique pour un cinéaste qui n'a cessé d'interroger les images et la fiction ? Une chose est sûr l'intelligence demeure mais le coeur (en tout cas celui du spectateur) n'y est plus... Peut être que le doute (si stimulant autrefois) a aujourd'hui laissé place à la non-croyance absolue, et que De Palma se trouve maintenant dans l'impossibilité de croire en ce qu'il raconte.
Malgré tout Femme Fatale reste un film attachant. Parce qu'il est l'expression d'un cinéaste intègre, honnête et cohérent, arrivé au bout de lui-même, au bout de son oeuvre. A bout de souffle, serait-on tenté de dire... Et sans doute aujourd'hui De Palma ressemble-t-il à ses héros de jadis, vidés par leur incessante quête de vérité : le Jack de Blow Out, le Winslow de Phantom of the Paradise... Mais tout n'est pas si sombre : la conclusion de Femme Fatale, dans une pirouette finale culottée, offre à ses protagonistes la promesse d'une seconde vie. C'est aussi ce que l'on peut souhaiter de mieux pour l'avenir, au grand Brian De Palma...
Tout à fait d'accord!
Et j'espère comme toi que FF n'est qu'une étape transitoire vers une seconde vie.

Publié : 2 juin 03, 13:36
par George Bailey
J' avais été agréablement surpris en voyant ce film d'autant qu'il avait été fortement descendu donc je m'attendais au pire.
C'est sur que ce n'est pas un des ses meilleurs films mais il est finalement interessant.

Publié : 2 juin 03, 15:47
par Troma
Cosmo Vitelli a écrit : Spoiler
Je ne suis pas d'accord, la covariance rêve/réalité n'est pas du tout inutile dans le film. Comme je le disais plus haut, et c'est vraiment :shock: De Palma a parfaitement mis en image les théories Deleuzienne des cristaux de temps, et l'incompossibilité de Leibniz, avec ces réalités parralèles qui se chevauchent se contredisent et se complètent. Et faire du fun avec Deleuze, sérieux il fallait le faire. :lol: Exercice de style ostentatoire d'accord...mais on s'en fout tant que ça marche impec, ce qui est le cas là.
heuuu c'est quoi l'incompossibilité de Leibniz ?

Publié : 4 juin 03, 21:35
par Troma
(.)...

Publié : 4 juin 03, 21:45
par Jake Scully
> Un grand moment de solitude.



:D

Publié : 4 juin 03, 21:50
par Troma
The Rider a écrit :> Un grand moment de solitude.



:D

c'est ce que j'avais cru comprendre :roll:

Publié : 4 juin 03, 22:19
par Philip Marlowe
T R O M A a écrit :
Cosmo Vitelli a écrit : Spoiler
Je ne suis pas d'accord, la covariance rêve/réalité n'est pas du tout inutile dans le film. Comme je le disais plus haut, et c'est vraiment :shock: De Palma a parfaitement mis en image les théories Deleuzienne des cristaux de temps, et l'incompossibilité de Leibniz, avec ces réalités parralèles qui se chevauchent se contredisent et se complètent. Et faire du fun avec Deleuze, sérieux il fallait le faire. :lol: Exercice de style ostentatoire d'accord...mais on s'en fout tant que ça marche impec, ce qui est le cas là.
heuuu c'est quoi l'incompossibilité de Leibniz ?
Je ne sais pas.
Mais si on a besoin de connaitre l'incompossibilité de Leibniz pour apprécier le film... :roll:

Publié : 4 juin 03, 22:21
par Cosmo Vitelli
T R O M A a écrit :
Cosmo Vitelli a écrit : Spoiler
Je ne suis pas d'accord, la covariance rêve/réalité n'est pas du tout inutile dans le film. Comme je le disais plus haut, et c'est vraiment :shock: De Palma a parfaitement mis en image les théories Deleuzienne des cristaux de temps, et l'incompossibilité de Leibniz, avec ces réalités parralèles qui se chevauchent se contredisent et se complètent. Et faire du fun avec Deleuze, sérieux il fallait le faire. :lol: Exercice de style ostentatoire d'accord...mais on s'en fout tant que ça marche impec, ce qui est le cas là.
heuuu c'est quoi l'incompossibilité de Leibniz ?
Leibniz est ce philosophe qui a forgé cette idée de compossibillité et d'incompossibilité des choses. Pour lui quand Dieu crée le monde il choisit entre une infinité de monde possibles, et une infinité de monde également possibles (mais qui ne seront pas choisis par lui). Il prend l'exemple de la bible. Le monde où Adam pêche est incompossible avec le monde où Adam ne pêche pas, mais il n'est pas contradictoire. Le problème de la compossibilité et de l'incomossibilité c'est le problème des contingences. Si tu es fan de SF, pour schématiser, imagine un monde composé de plusieurs niveaux de possibilités. Il y'aurait un monde où l'Allemagne aurait gagnée la guerre. Entre le monde où l'Allemagne a gagné la guerre, et le monde où elle a capitulé, il y'a incompossibilité.

Publié : 4 juin 03, 22:24
par Philip Marlowe
Cosmo Vitelli a écrit :
T R O M A a écrit :
heuuu c'est quoi l'incompossibilité de Leibniz ?
Leibniz est ce philosophe qui a forgé cette idée de compossibillité et d'incompossibilité des choses. Pour lui quand Dieu crée le monde il choisit entre une infinité de monde possibles, et une infinité de monde également possibles (mais qui ne seront pas choisis par lui). Il prend l'exemple de la bible. Le monde où Adam pêche est incompossible avec le monde où Adam ne pêche pas, mais il n'est pas contradictoire. Le problème de la compossibilité et de l'incomossibilité c'est le problème des contingences. Si tu es fan de SF, pour schématiser, imagine un monde composé de plusieurs niveaux de possibilités. Il y'aurait un monde où l'Allemagne aurait gagnée la guerre. Entre le monde où l'Allemagne a gagné la guerre, et le monde où elle a capitulé, il y'a incompossibilité.
Ce serait en effet intéressant à traiter en cinéma :D

Donc je confirme pour FF: Un bel objet d'art conceptuel à la fois élégant, vulgaire, esthétique, et laid, mais qui n'a pas grand chose à raconter.

Publié : 4 juin 03, 22:26
par Troma
Cosmo Vitelli a écrit :Leibniz est ce philosophe qui a forgé cette idée de compossibillité et d'incompossibilité des choses. Pour lui quand Dieu crée le monde il choisit entre une infinité de monde possibles, et une infinité de monde également possibles (mais qui ne seront pas choisis par lui). Il prend l'exemple de la bible. Le monde où Adam pêche est incompossible avec le monde où Adam ne pêche pas, mais il n'est pas contradictoire. Le problème de la compossibilité et de l'incomossibilité c'est le problème des contingences. Si tu es fan de SF, pour schématiser, imagine un monde composé de plusieurs niveaux de possibilités. Il y'aurait un monde où l'Allemagne aurait gagnée la guerre. Entre le monde où l'Allemagne a gagné la guerre, et le monde où elle a capitulé, il y'a incompossibilité.
Aaaah c'est comme dans LE MAITRE DU HAUT CHATEAU de Dick...

Merci Rob... heuuuu Cosmo !

Publié : 4 juin 03, 22:32
par Beule
Philip Marlowe a écrit :
Cosmo Vitelli a écrit :
Leibniz est ce philosophe qui a forgé cette idée de compossibillité et d'incompossibilité des choses. Pour lui quand Dieu crée le monde il choisit entre une infinité de monde possibles, et une infinité de monde également possibles (mais qui ne seront pas choisis par lui). Il prend l'exemple de la bible. Le monde où Adam pêche est incompossible avec le monde où Adam ne pêche pas, mais il n'est pas contradictoire. Le problème de la compossibilité et de l'incomossibilité c'est le problème des contingences. Si tu es fan de SF, pour schématiser, imagine un monde composé de plusieurs niveaux de possibilités. Il y'aurait un monde où l'Allemagne aurait gagnée la guerre. Entre le monde où l'Allemagne a gagné la guerre, et le monde où elle a capitulé, il y'a incompossibilité.
Ce serait en effet intéressant à traiter en cinéma :D

Donc je confirme pour FF: Un bel objet d'art conceptuel à la fois élégant, vulgaire, esthétique, et laid, mais qui n'a pas grand chose à raconter.
Cette rhétorique finale me laisse coi. :D
Demandez à Margo de créer le forum Café Flore des DVDClassikiens les gars...

Publié : 4 juin 03, 22:40
par Cosmo Vitelli
Philip Marlowe a écrit :mais qui n'a pas grand chose à raconter.
Le cinéma ne sert pas uniquement à raconter (la littérature fait ça très bien). Je m'en fout que FF ne raconte pas grand chose, ce qui m'intéresse c'est qu'il me montre tant.

Pour ce qui est de l'incompossibilité, j'ai l'impression de ne avoir été clair (à moins que ça ne soit Leibniz :lol: ), il ne s'agit pas de paradoxes temporels ou de ce genre de trucs, mais de la coexistence d'une infinité de mondes possibles. Par exemple dans un monde Marlowe aimerait FF :wink:

A la fin de FF on a une illustration de ce décalage entre deux réalités incompossibles.

Publié : 4 juin 03, 23:25
par Billy Budd
Arrêter de marquer FF ça me fait penser à fist fucking

Publié : 4 juin 03, 23:31
par Cosmo Vitelli
Nikita a écrit :Arrêter de marquer FF ça me fait penser à fist fucking
Pourquoi on parlait pas de ça ? :lol:

D'après toi d'où je sors ce terme d'un con possibilité :oops: :arrow:

Publié : 4 juin 03, 23:41
par Billy Budd
Cosmo Vitelli a écrit :
Nikita a écrit :Arrêter de marquer FF ça me fait penser à fist fucking
Pourquoi on parlait pas de ça ? :lol:

D'après toi d'où je sors ce terme d'un con possibilité :oops: :arrow:
Je préfère ne pas savoir