Re: Femme Fatale
Publié : 19 mars 08, 09:57
ah mince. je croyais que le sujet du topic était Tropico
Je ne suis pas boulgakov mais je répond quand même: j'adore.Blue a écrit :boulgakov, aimes-tu aussi "Knock Off" de Tsui Hark ?
Revu récemment, et en le prenant pour ce qu'il est, c'est-à-dire une contrefaçon made in china du blockbuster d'action yankee - ce qui rend cohérent la "mauvaise qualité" de l'interprétation et du script tout autant que moins et moins donne plus -, cela devient une grande farce jubilatoire digne d'un "Starship Troopers". D'autant plus que le découpage du film et son maniérisme à outrance en font un objet cinématographique de qualité et un p*tain d'actionner virtuose préfigurant le révolutionnaire "Time & Tide".Colqhoun a écrit :Je ne suis pas boulgakov mais je répond quand même: j'adore.Blue a écrit :boulgakov, aimes-tu aussi "Knock Off" de Tsui Hark ?
Tu viens de résumé ma pensée... surtout pour la 2ème partie de ton texte, parce que je n'irais peut-être pas jusqu'à dire que c'est aussi jubilatoire qu'un Starship Troopers (dont la jubilation provient autant de la forme que du fond et de leur incroyable synergie). Knock Off est jouissif, mais ce n'est pas un film qui me poursuit, contrairement à Starship vers lequel je reviens assez régulièrement.Blue a écrit :Revu récemment, et en le prenant pour ce qu'il est, c'est-à-dire une contrefaçon made in china du blockbuster d'action yankee - ce qui rend cohérent la "mauvaise qualité" de l'interprétation et du script tout autant que moins et moins donne plus -, cela devient une grande farce jubilatoire digne d'un "Starship Troopers". D'autant plus que le découpage du film et son maniérisme à outrance en font un objet cinématographique de qualité et un p*tain d'actionner virtuose préfigurant le révolutionnaire "Time & Tide".
Grande introduction en effet. Et croiser Sandrine Bonnaire dans un film du barbu Safari ça a un petit côté surréaliste.Boubakar a écrit :A y est, enfin découvert, et bon, si De Palma s'auto-cite quand même pas mal, on passe un bon moment, mais sans atteindre les sommets de L'impasse ou Carrie, entre autres, à l'exception de la superbe (et longue) intro avec les montée des marches, jusqu'à la scène aux toilettes, le tout accompagné d'une superbe musique.
Je trouve aussi qu'il y a quelque chose de ça, même si le film est bien sûr autre chose qu'un remake inversé.Demi-Lune a écrit :Et encore une fois, j'ai eu l'impression que De Palma, décidément hanté par Vertigo, en proposait une sorte de lecture inversée... mais là, c'est plus un étrange sentiment que je ne saurais expliquer (certains morceux de Sakamoto ressemblent à du Herrmann). Peut-être parce que le film fonctionne sur le modèle de la répétition, à l'instar de Vertigo.
Je n'avais pas fait attention à ce clin d'oeil musical. En tout cas, cela me conforte dans mon idée qu'il y a quelque chose à creuser du côté de la filiation avec Vertigo - à gratter serais-je tenté de dire, pour reprendre le questionnement d'Obsession sur les couches de peinture de Bernardo Daddi.Phnom&Penh a écrit :En tout cas, il y a un hommage musical clair et définitif à Vertigo: au moment -clé du film, qui revient deux fois, lorsque Lily se réveille dans la baignoire et pour toute la durée de la scène, la première comme la seconde fois, la musique est une reprise mélodique du Tristan & Isolde de Wagner, qui inspire toute la bande-son de Vertigo faite par Hermann
C'est assez discret et on ne comprend pas le rapport immédiatement, mais effectivement ça laisse une trace dès le premier visionnage.
C'est discret quoique fort puisque cela est répété deux fois, au sein d'une scène majeure du film. Je n'avais pas revu Vertigo depuis longtemps (et je n'avais jamais fait le rapport avec la musique de Wagner ou alors je ne m'en souvenais même plus). En revoyant Femme fatale, j'ai pensé très fortement à Vertigo, sans savoir vraiment pourquoi. Du coup, j'ai revu Vertigo et noté l'inspiration de la musique. Et c'est en revoyant à nouveau Femme fatale que j'ai réalisé que la musique de Vertigo était reprise durant cette scène.Demi-Lune a écrit :Je n'avais pas fait attention à ce clin d'oeil musical.
J'ai du le revoir dix fois, c'est devenu mon de Palma préféré et je ne m'en lasse pasDemi-Lune a écrit :Je crois que Femme Fatale, oeuvre fascinante, n'a pas encore délivré tous ses secrets.
Il y a encore du chemin pour qu'il devienne mon De Palma favori, mais plus j'y pense, plus je l'adore. Je suis persuadé qu'il sera dans quelques années reconnu à sa juste valeur !Phnom&Penh a écrit :J'ai du le revoir dix fois, c'est devenu mon de Palma préféré et je ne m'en lasse pasDemi-Lune a écrit :Je crois que Femme Fatale, oeuvre fascinante, n'a pas encore délivré tous ses secrets.
J'aime bien ce film mais quand même...Phnom&Penh a écrit :C'est discret quoique fort puisque cela est répété deux fois, au sein d'une scène majeure du film. Je n'avais pas revu Vertigo depuis longtemps (et je n'avais jamais fait le rapport avec la musique de Wagner ou alors je ne m'en souvenais même plus). En revoyant Femme fatale, j'ai pensé très fortement à Vertigo, sans savoir vraiment pourquoi. Du coup, j'ai revu Vertigo et noté l'inspiration de la musique. Et c'est en revoyant à nouveau Femme fatale que j'ai réalisé que la musique de Vertigo était reprise durant cette scène.Demi-Lune a écrit :Je n'avais pas fait attention à ce clin d'oeil musical.
C'est finalement un parfait exemple de la bonne influence d'un auteur sur un autre, bien loin des "copiages" dont on nous rabat les oreilles: l'histoire n'a pas grand chose à voir et les influences filmiques dans Femme fatale sont nombreuses. Mais là, de façon assez magique en utilisant l'atmosphère générale d'une scène, il parvient à faire penser fortement à un autre film sans que le moyen utilisé saute aux yeux.
J'ai du le revoir dix fois, c'est devenu mon de Palma préféré et je ne m'en lasse pasDemi-Lune a écrit :Je crois que Femme Fatale, oeuvre fascinante, n'a pas encore délivré tous ses secrets.
J'ai découvert de Palma assez tardivement, à l'époque de la sortie de L'Impasse, je crois, et j'ai vu ses films des années 90 avant de voir ceux de la première partie de sa carrière (exception faite pour Obsession, le seul que je connaissais déjà). Donc, non seulement je le considère comme un auteur important et l'un de mes réalisateurs favoris, mais je prends plus au sérieux sa seconde carrière que la première, qui me paraît très forte mais aussi un peu trop mauvais goût...un peu adolescent attardé pour tout dire, du moins pour certains films (Carrie, Body Double par exemple). Non pas que cela me gêne, mais je trouve que ces oeuvres sont un peu vieillies à cause de cela.AtCloseRange a écrit :La musique pompière de Sakamoto, la photo plutôt laide, les acteurs à la ramasse (et je ne parle pas des acteurs français...).
Je sais bien que de Palma, c 'est d'une certaine façon, le mauvais goût et que ce film peut être le paroxysme de ce point de vue mais le fait de dire que tu le considères comme ton préféré revient pour moi à dire que tu ne le considères vraiment pas comme un grand metteur en scène, ni comme un auteur important.
et que je pourrai alors te répondre que voir dans ce film une énième autoparodie de lui-même est peut-être un peu réducteur pour quelqu'un qui l'apprécie vraiment, comme s'il n'avait été capable que de cela à cette époque de sa vieAtCloseRange a écrit :Comme si l'autoparodie de lui-même serait ce qu'il a de meilleur à offrir, je ne peux vraiment pas te suivre là-dessus.
Très bien dit! C'est vrai que c'est dommage de ne voir dans ses derniers films qu'une forme d'auto-parodie. C'est aussi réducteur que les critiques condescendantes qu'il a essuyé dans sa première période sur le mode élève ingrat mais appliqué d'Hitchcock. Comme toi je préfère les films qui suivent Outrages. Par contre j'aime beaucoup Body Double parce que c'est le film qui prépare l'émancipation de la grammaire Hitchcockienne à venir, comme le démontre assez bien Lagier dans son bouquin (mais on sent quand même qu'à part Mission Impossible et l'Impasse, il regrette ce changement de cap).Phnom&Penh a écrit :et que je pourrai alors te répondre que voir dans ce film une énième autoparodie de lui-même est peut-être un peu réducteur pour quelqu'un qui l'apprécie vraiment, comme s'il n'avait été capable que de cela à cette époque de sa vieAtCloseRange a écrit :Comme si l'autoparodie de lui-même serait ce qu'il a de meilleur à offrir, je ne peux vraiment pas te suivre là-dessus.
Ce qui me passionne chez Brian de Palma, c'est sa vision du monde moderne et de la place de la femme dans ce monde moderne (à travers les médias). Après avoir, jeune, beaucoup joué de cela, je pense qu'il a opéré un tournant majeur avec Outrages en 1989. Je sais que ce film est considéré comme un machin à oublier dans le Lagier, mais pour moi, ce film est fondamental et central dans sa filmographie. Les premières minutes du film me semblent assez parlantes sur ce point: on ne rigole plus (absence de générique).
Femme fatale me semble être une seconde étape dans cette lignée, le film n'est pas une autoparodie, c'est une réflexion sur son cinéma et le fait que ce type de cinéma ne lui est plus possible dans le monde actuel. C'est au contraire totalement différent. Ce n'est pas le film qui est de mauvais goût, c'est le monde dans lequel ce film est tourné.
Tiens, j'ai lu dans une interview qu'Ellroy rejette le film aujourd'hui, qu'il ne l'avait défendu que pour le fric. Mais bon, il est tellement frappadingue qu'il changera probablement d'avis à la sortie de son prochain livre... ou peut-être même dans sa prochaine interview.Phnom&Penh a écrit : Si Femme fatale est mon préféré, je dirai qu'actuellement, Le dalhia noir est celui que je considère comme le plus abouti. de Palma rejoint Ellroy dans ses obsessions sur le thème de la femme sacrifiée dans un monde de plus en plus fantomatique et, si le film nécessite aussi d'être vu plusieurs fois pour être apprécié, je pense qu'il est majeur dans sa filmographie.
Je trouve Body Double très agréable à regarder, très bien fait et très intelligent. Simplement, ce n'est pas cette veine là qui me touche le plus et je la trouve moins intemporelle, plus marquée dans son époque. Mais ce n'est pas un bien grand reproche et c'est un jugement personnel.boulgakov a écrit : Par contre j'aime beaucoup Body Double parce que c'est le film qui prépare l'émancipation de la grammaire Hitchcockienne à venir, comme le démontre assez bien Lagier dans son bouquin (mais on sent quand même qu'à part Mission Impossible et l'Impasse, il regrette ce changement de cap).
J'avoue que je ne prête pas trop attention aux propos d'Ellroy, quand il s'exprime en interview. Dans le DVD, il tient des propos cohérents et élogieux sur le film, ça me suffit. De toute façon, il dit lui-même qu'il ne va jamais au cinéma, si ça se trouve, il ne l'a même pas vuboulgakov a écrit : Tiens, j'ai lu dans une interview qu'Ellroy rejette le film aujourd'hui, qu'il ne l'avait défendu que pour le fric. Mais bon, il est tellement frappadingue qu'il changera probablement d'avis à la sortie de son prochain livre... ou peut-être même dans sa prochaine interview.