Night nurse (1931)
Night nurse est un sacré petit film, avec la grande Barbara Stanwyck; tourné la même année que
The public enemy, à la Warner, le film bénéficie du savoir-faire du studio et de la mise en scène coup-de-poing du grand "Wild Bill", mais soyons aussi clair que possible: si le film joue beaucoup avec les codes contemporains (Présence d'un bootlegger, donc prohibition, pauvreté et crise, abandon coupable d'une mère qui boit et écoute du jazz en permanence, etc...), et se veut réaliste, on est quand même pas dans la réalité. Mais le monde dépeint dans le film, s'il n'est pas authentique, est une lecture raccourcie et fascinante d'une certaine Amérique de 1931, pas souvent représentée: Lora hart (Stanwyck) est une jeune femme peu qualifiée qui profite d'un quiproquo pour devenir infirmière et va gravir les échelons jusqu'à devenir diplômée, et devenir l'infirmière de nuit d'une riche famille, dont le père est mort et la mère est tombée sous la coupe d'un inquiétant personnage, le chauffeur Nick (Clark Gable). Celui-ci laisse les enfants mourir à petit feu, afin sans doute de mettre main basse sur l'argent de la mère. Lora a le choix entre écouter sa conscience d'une part, ou se plier aux règles syndicales d'éthique, et ni faire des vagues, ni dénoncer le médecin en charge de l'affaire... avec l'aide d'une symapthique fripouille, pourvoyeur de whisky frelaté avec une morale, elle choisit pourtant la première solution...
Ce film est par moments un catalogue fascinant de tout ce qui fait le sel des films "pré-code", à plus forte raison lorsque Wellman est aux commandes: les premières trente minutes, qui voient Lora gravir les échelons en vivant quasiment 24 h sur 24 à l'hôpital, en compagnie de sa copine (Joan Blondell) les voient se déshabiller ou s'habiller en permanence, et le metteur en scène joue sur la promiscuité d'ailleurs soulignée entre les internes et les infirmières, et l'esprit farceur des jeunes médecins se manifeste de plusieurs façons. Les deux jeunes femmes ont vécu, leur langage, leur attitude aussi (Cette façon que Joan Blondell a de mâcher aussi vulgairement du chewing gum pendant la récitation des droits et des devoirs du métier d'infirmière, sans perdre la complicité du public - en même temps, c'est Joan Blondell...), ou encore les discussions à baton rompu entre les deux jeunes femmes, et leur carapace de plus en plus dure au fur et à mesure que le film progresse, dresse un portrait d'une Amérique des gens qui travaillent, qui une valeur bien plus documentaire que le drame qui alimente la seconde partie. Quant à celle-ci, tout en restant en effet assez baroque, elle se plie à une règle d'or toute Wellmanienne: quand les autorités ne font pas leur boulot (Des médecins empêchés par l'éthique de se dénoncer les uns les autres bien que leurs turpitudes soient avérées, par exemple) il faut qu'un autre 'corps constitué' les remplace: par exemple les gangsters; cette vieille idée de prendre le contrôle la loi qui est aussi au coeur de ce beau film qu'est
The star Witness donne à ce film une fin sardonique, réjouissante et inattendue...
Et sinon, pour finir, je vais le répéter: c'est un film de William Wellman, avec Barbara Stanwyck, Joan Blondell et Clark Gable dans le rôle d'une sale brute. A-t-on besoin finalement d'en savoir plus?
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