Publié : 10 févr. 05, 12:59
J'y ai été parce que je ne voulais pas rater la sortie d'un nouveau Marty, mais je restai sceptique, craignant quelque chose de bassement illustratif.
Comptez-moi au rang des admirateurs de ce grand et beau film. Sur l'immense écran du GoMon Italie, davantage que les passages spectaculaires, ce sont les gros plans qui m'ont complètement fasciné (le tout début avec la main de la mère s'approchant du savon, ou plus loin lorsqu'on voit les jambes de la jeune Faith Domergue dans le hangar). Ce n'est qu'en lisant vos posts que j'apprends que Scorsese a consciemment donné à son film une patine rétro. Je trouvais géniale cette impression d'avoir affaire à une photographie noir et blanc qu'on aurait colorisée. Le travail sur l'image est éblouissant, la mise en scène est d'une fluidité qui me laissait à chaque nouveau plan enthousiasmé par la maîtrise du cinéaste. Les scènes d'aviation sont magnifiquement filmés, rendant parfaitement compte de l'enthousiasme du protagoniste que seules l'altitude et la vitesse libèrent de ses pesantes obsessions (j'adore ce plan où on le voit brandir une nouvelle caméra pour filmer son ballet d'avions). Scorsese nous montre que Hugues n'était pas qu'un magnat, homme d'affaires avisé, mais vraiment un passionné, un ingénieur inspiré qui voyait plus loin que les autres, un artiste démiurge.
La séquence centrale où Hugues se cloître dans sa salle de projection et archive ses bouteilles d'urine est un des plus beaux morceaux de cinéma que j'ai vu ces derniers temps, littéralement hallucinant. À partir de là, la composition de Di Caprio est devenue pour moi véritablement extraordinaire. Physiquement, avec sa moustache, ses cheveux longs, son front soucieux en forme de chevron et sa façon de se tenir, il rejoint l'image du Hugues que j'avais en tête.
Le film ne se contente pas du schéma éculé ascension et chute d'un ambitieux. La difficile sortie des ténèbres est aussi montrée. Nulle rédemption cependant. Scorsese filme superbement cet homme qui se remet debout. J'ai trouvé les scènes de la commission publique jouissives, par la simplicité du dispositif qui se concentre sur le seul affrontement verbal, mis en parallèle avec le décollage inespéré du Hercules. Je me demande s'ils ont poussé le souci d'authenticité à reprendre mot pour mot les échanges de cette audition (auquel cas, Hugues était vraiment un orateur hors-pair). Lorsqu'il décide de quitter cette comédie, ayant complètement retourné le public en sa faveur, Scorsese touche à l'épique là où d'autres seraient tombés dans l'édifiant.
J'ai attendu le générique de fin pour découvrir qu'Howard Shore était le responsable du score que j'ai trouvé grandiose.
Je ne m'explique cependant pas les apparitions éclairs d'acteurs (Willem Dafoe, Jude Law certes très bons et que j'ai toujours plaisir à croiser), qui sentent un peu trop le caméo sans apporter grand chose. Peut-être apparaissaient-ils au départ dans plus de séquences avant d'être éjectés au montage. Et il est vrai que Kate Beckinsale peine à donner à son personnage le minimum de charisme qui nous la rendrait vivante (Scorsese ayant là-dessus aussi sa part de responsabilité).
En tous cas, j'ai dévoré ce film, ne le trouvant jamais long, je suis resté passionné par cette histoire, cet homme et cet univers. Coppola avait lui aussi filmé un visionnaire de cette trempe, mais dans une optique résolument optimiste, avec son très beau Tucker (on y croisait d'ailleurs Hughes, en sauveur providentiel). Ici, l'american way of life apparaît impitoyable.
Comptez-moi au rang des admirateurs de ce grand et beau film. Sur l'immense écran du GoMon Italie, davantage que les passages spectaculaires, ce sont les gros plans qui m'ont complètement fasciné (le tout début avec la main de la mère s'approchant du savon, ou plus loin lorsqu'on voit les jambes de la jeune Faith Domergue dans le hangar). Ce n'est qu'en lisant vos posts que j'apprends que Scorsese a consciemment donné à son film une patine rétro. Je trouvais géniale cette impression d'avoir affaire à une photographie noir et blanc qu'on aurait colorisée. Le travail sur l'image est éblouissant, la mise en scène est d'une fluidité qui me laissait à chaque nouveau plan enthousiasmé par la maîtrise du cinéaste. Les scènes d'aviation sont magnifiquement filmés, rendant parfaitement compte de l'enthousiasme du protagoniste que seules l'altitude et la vitesse libèrent de ses pesantes obsessions (j'adore ce plan où on le voit brandir une nouvelle caméra pour filmer son ballet d'avions). Scorsese nous montre que Hugues n'était pas qu'un magnat, homme d'affaires avisé, mais vraiment un passionné, un ingénieur inspiré qui voyait plus loin que les autres, un artiste démiurge.
La séquence centrale où Hugues se cloître dans sa salle de projection et archive ses bouteilles d'urine est un des plus beaux morceaux de cinéma que j'ai vu ces derniers temps, littéralement hallucinant. À partir de là, la composition de Di Caprio est devenue pour moi véritablement extraordinaire. Physiquement, avec sa moustache, ses cheveux longs, son front soucieux en forme de chevron et sa façon de se tenir, il rejoint l'image du Hugues que j'avais en tête.
Le film ne se contente pas du schéma éculé ascension et chute d'un ambitieux. La difficile sortie des ténèbres est aussi montrée. Nulle rédemption cependant. Scorsese filme superbement cet homme qui se remet debout. J'ai trouvé les scènes de la commission publique jouissives, par la simplicité du dispositif qui se concentre sur le seul affrontement verbal, mis en parallèle avec le décollage inespéré du Hercules. Je me demande s'ils ont poussé le souci d'authenticité à reprendre mot pour mot les échanges de cette audition (auquel cas, Hugues était vraiment un orateur hors-pair). Lorsqu'il décide de quitter cette comédie, ayant complètement retourné le public en sa faveur, Scorsese touche à l'épique là où d'autres seraient tombés dans l'édifiant.
J'ai attendu le générique de fin pour découvrir qu'Howard Shore était le responsable du score que j'ai trouvé grandiose.
Je ne m'explique cependant pas les apparitions éclairs d'acteurs (Willem Dafoe, Jude Law certes très bons et que j'ai toujours plaisir à croiser), qui sentent un peu trop le caméo sans apporter grand chose. Peut-être apparaissaient-ils au départ dans plus de séquences avant d'être éjectés au montage. Et il est vrai que Kate Beckinsale peine à donner à son personnage le minimum de charisme qui nous la rendrait vivante (Scorsese ayant là-dessus aussi sa part de responsabilité).
En tous cas, j'ai dévoré ce film, ne le trouvant jamais long, je suis resté passionné par cette histoire, cet homme et cet univers. Coppola avait lui aussi filmé un visionnaire de cette trempe, mais dans une optique résolument optimiste, avec son très beau Tucker (on y croisait d'ailleurs Hughes, en sauveur providentiel). Ici, l'american way of life apparaît impitoyable.