Robert Mulligan (1925-2008)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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cinephage
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Re: Robert Mulligan (1925-2008)

Message par cinephage »

Boubakar a écrit :
cinephage a écrit :Je suis enchanté de l'avoir découvert sur grand écran, et atterré de constater qu'il n'existe pas de dvd de ce film, pourtant aussi accessible que très sexy.
Malheureusement...
La version du cousin de l'Amérique est proposée en Vo sans sous-titres, autant dire qu'il y a de quoi être dèg'.
En effet, c'est d'autant plus étonnant qu'il s'agit d'un film très glamour, très accessible et romantique en diable, avec un sacré potentiel commercial : le New York des années 60, Steve Mc Queen et Nathalie Wood, mignons comme tout...
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Major Tom
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Re: Robert Mulligan (1925-2008)

Message par Major Tom »

Je l'avais découvert sans sous-titres. Le film est bavard mais je l'ai trouvé clair, compréhensible. ;)
Mais bon, vivement qu'il le sorte en Z2 parce que c'est vraiment incroyable... :x
bruce randylan
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Re: Robert Mulligan (1925-2008)

Message par bruce randylan »

Boubakar a écrit :
cinephage a écrit :Je suis enchanté de l'avoir découvert sur grand écran, et atterré de constater qu'il n'existe pas de dvd de ce film, pourtant aussi accessible que très sexy.
Malheureusement...
La version du cousin de l'Amérique est proposée en Vo sans sous-titres, autant dire qu'il y a de quoi être dèg'.
Gné ?
T'es sur de ça car je ne trouve le dvd nulle part...


Sinon
Prisonnier de la peur ( fear strikes out – 1957 )
Image

Première réalisation pour le cinéma de Mulligan et on sent déjà une volonté de sortir des sentiers battus avec un traitement d'une histoire classique qui va jusqu'au bout de son concept.
Ici, le réalisateur s'approprie le film sportif pour en dresser un drame sans concession d'une rare violence psychologique. C'est l'une des charge les plus critique envers le rêve américain en même temps qu'une relecture cinglante des « success story » comme le public les aime :
Un enfant dès son plus jeune âge est poussé par son père à devenir un joueur professionnel de base-ball. Sans s'en rendre compte celui impose un pression à son fils qui le perturbe dangereusement.

Le début impose le ton : le père envoie une de série de balle à sa progéniture de plus en plus fortes qui lui fait de plus en plus mal au point de qu'il doit se cacher pour pleurer de douleur.
Il en résulte une tension sourde qui gronde de plus en plus étouffante. Le sentiment d'oppression monte, monte, monte au fur et à mesure que le sourire d'Anthony Perkins se fait de plus en plus crispé. On sent que ça va exploser un moment mais on se sait pas quand. Quand Perkins craque finalement, on se retrouve devant un moment tétanisant qui colle un sacré malaise qui ne partira pratiquement plus avant la fin.

La seule échappatoire se trouve sans doute dans l'échec. Apprendre à perdre permet d'atteindre la sérénité. Le film a l'intelligence d'opter pour un « l'happy end » ( si on peut appeler ça comme ça ) qui prend le total contrepied des films du genre pour un ultime plan d'une fin ouverte assez fine et intelligente.

Si sur le papier le film est sensationnelle, je suis beaucoup plus réservé sur l'interprétation. Anthony Perkins confirme une nouvelle fois que j'ai décidément du mal avec son jeu ( même si son pétage de plomb est vraiment impressionnant ). Même Karl Maden ne m'a pas paru toujours crédible.
Quand à la mise en scène, si certaine séquence sont très réussie notamment ce sentiment de claustrophobie durant les matchs de base-ball, elle souffre d'une photo manquant cruellement de relief pour un rendu assez proche de téléfilm ( que Mulligan réalisait avant ).

En fait, ça m'a beaucoup fait penser au réalisation d'Ida Lupino : une mise en scène inégale souffrant de son budget de production indépendante ( avec quelque fulgurances ) mais dont l'audace des scénarios dépassent sans problème les défauts d'écriture et d'une psychologie exagérée. On retrouve d'ailleurs la structure d'une partie des films « féminins » de Lupino avec ce personnage blessé ou traumatisé qui doit parvenir à se reconstruire pour ré-apprendre à vivre.
Rien que pour ça, Fear Strike out est un film à redécouvrir.

Il fut disponible en zone 1 avec vost-anglais et VF mais il se trouve en occas à prix correct.
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cinephage
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Re: Robert Mulligan (1925-2008)

Message par cinephage »

L'homme de Borneo (The spiral road), de Robert Mulligan (1962)

Rock Hudson campe un médecin ambitieux débarqué dans les iles pour en revenir riche et fameux. Gena Rowlands est sa fiancée éplorée prête à tout pour lui. Burl Ives est le vieux docteur aguerri qui fait les choses à sa manière, a tout vu, n'attend plus rien des autres, et ne veut pas qu'on publie sa connaissance des maladies exotiques... On voit vite qu'une grosse partie du film repose sur l'interprétation, et, à ce niveau-là, on a de quoi être satisfait, le casting vaut son pesant de cacahuettes.
Malheureusement, le film parle beaucoup, dure trop longtemps (2h30, qu'on sent passer...). C'est qu'en réalité, le film souffre de problèmes de structure, il raconte deux choses à la fois, dans des récits concomittents qui se chevauchent parfois, mais n'intéressent pas de la même façon. D'une part, c'est le récit d'un médecin ambitieux et doué qui souhaite soutirer le savoir d'un vieux maître, d'autre part, celui d'un athée convaincu qui refuse de s'appuyer sur autrui, jusqu'à ce qu'un moment de dénuement extrême lui fasse accepter son besoin de Dieu et des autres. Cette structure découpe le film en deux parties d'intérêt inégal. La première partie, sur le premier thème, ne parle pas assez (la relation entre les deux hommes est mal explorée), mais offre de jolies scènes exotiques, la seconde parle trop et pontifie, malgré une dernière séquence très efficace.

Dans ce dernier moment, en particulier, on retrouve le thème d'une menace invisible et omniprésente (les indiens et leur shaman, cachés dans la jungle, qui suivent Hudson et l'empêchent de dormir, sans qu'on les voie), thématique chère à l'auteur, déja remarquée dans The stalking moon ou To kill a mockingbird. Mais l'omniprésence d'un discours évangélique naïf et de séquences longues de dialogues pesants affaiblissent globalement le film, qu'un régime au montage aurait probablement assaini.

Enfin, il faut également rendre hommage à la belle bande sonore de Jerry Goldsmith, qui accompagne très heureusement certaines scènes de jungles, avec une instrumentation ample et lyrique, accompagnée par quelques cloches exotiques.

6/10
Noter que ce film existe en dvd, dans un coffret Z1 consacré à Rock Hudson.
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Re: Robert Mulligan (1925-2008)

Message par cinephage »

Un été en Louisiane (Man in the Moon), de Robert Mulligan (1991)

Le dernier film de Robert Mulligan est un retour aux sources. Comme toujours, il sait s'entourer de solides co-créateurs, Freddie Francis à la photo,(c'est quand même dingue, chacun de ses films a un directeur photo dont j'ai entendu parler : à croire qu'il n'a tourné qu'avec de grands opérateurs), James Newton Howard à la musique (ici, il a composé de superbes ballades à guitares, très différentes de ce que je connaissais (et appréciais) de lui), et d'acteurs compétents. Notamment, c'est le film qui fait débuter la jeune Reese Witherspoon au cinéma. Et c'est probablement la grande révélation du film, tellement elle est juste, touchante, émouvante, et porte une lourde responsabilité dans le succès du film.
Elle est accompagnée d'un solide casting (notamment de Sam Waterston, l'intransigeant procureur de Law & Order), d'acteurs pas forcément connus, mais dont le réalisateur saura extraire tout le talent.

Le film est un récit de vacances d'été, dans une propriété familiale en Louisiane. C'est l'été où la jeune Dani, 14 ans, accède à une certaine maturité, dans ses relations avec les garçons, avec sa grande soeur, avec ses parents. Une maturité précipitée par l'arrivée de voisins qui ont un grand fils. Le film est à la fois drole, touchant, grave quand il le faut, et, surtout, d'une grande justesse dans le traitement de ses personnages. La lumière (qui évoque parfois L'autre) est superbe, et l'ensemble des comédiens marche à la perfection. J'ai été totalement sous le charme.

Ce film, qui existe en dvd zone 2 facilement trouvable, m'a accessoirement solutionné la question du film du mois. Je n'ai qu'un regret, ne pas l'avoir vu en 1991, à une époque où j'allais pourtant beaucoup au cinéma.
10/10
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Jeremy Fox
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Re: Robert Mulligan (1925-2008)

Message par Jeremy Fox »

Ayant revu avec un grand plaisir Un été 42 ce mois-ci, je dois dire néanmoins préférer désormais ce Man on the Moon sur le thème de l'adolescence et ses premiers émois. Une immense délicatesse pour cette belle et touchante tranche d'americana
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Re: Robert Mulligan (1925-2008)

Message par cinephage »

Bloodbrothers, de Robert Mulligan (1978)

Film découvert à la Cinémathèque, en voisinant une dame facilement outrée, qui tiquait à chaque mot grossier, chose qui survient environ toutes les 2 minutes dans le film, et dans une VF d'époque aussi truculente dans le choix de ses expressions que datée dans son style verbal.
Pour un résumé amusant, au départ, le film offre une bagarre entre Freddy Kruger (Robert Englund), le milliardaire de Pretty Woman (Richard Gere), et Paul Sorvino, le policier des premières saisons de New York District (tiens, encore), avec une multitude de termes gras et imagée, souvent désopilants (j'ignore si la VO est aussi délirante, le scénario de Walter Newman a tout de même été nominé aux Oscars). Le film fait années 70 à un point caricatural, tant dans sa musique (des cuivres d'Elmer Bernstein) que dans sa photo nocturne avec une dominante de tons ocres (Robert Surtees), chaque figurant a une coupe afro ou des pattes d'eph, on est vraiment dans un film marqué par son époque.

Mais bon, progressivement, on s'habitue à la VF et à ses tournures de langages si étonnantes, et on se laisse prendre par le film, qui évoque les forts liens familiaux d'une famille d'origine italienne, à une période où le jeune fils (Richard Gere, très jeune) doit choisir ce qu'il veut faire de sa vie. Entre l'étude de moeurs sans concession (les parents rustauds, violents, tendres finissent par émouvoir) et la comédie et le film initiatique (le jeune Richard, pour choisir, doit s'opposer à son père, découvrir son univers professionnel et nocturne, découvrir ce que lui-même aime ou a envie de faire...), Bloodbrothers touche souvent juste, mais son coté comique et une certaine systématicité dans l'exposition des enjeux gêne parfois l'adhésion.

7,5/10
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Re: Robert Mulligan (1925-2008)

Message par Major Tom »

bruce randylan a écrit :T'es sur de ça car je ne trouve le dvd nulle part...
Il est rare mais surtout épuisé manifestement.
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Re: Robert Mulligan (1925-2008)

Message par bruce randylan »

C'est bizarre parce que je ne trouve aucune trace du DVD sur ebay ou amazon ( si ce n'est un article crée en attendant la "création" de l'objet ) même à des prix surréalistes.
T'es sûr que c'était pas un bootleg ?

Pursuit of happiness ( 1971 )
Image

Un petite comédie dramatique sur la jeunesse inoffensive qui ne sait pas trop quoi raconter :
On s'attend une chronique amoureuse sur des pseudos hippie puis on vire dans le drame, puis la critique du système judiciaire, puis de nouveau la comédie etc...

On a l'impression d'un scénario écrit au jour le jour sans que personne ne soit au courant de ce qu'ils allaient jouer le lendemain. Ca donne ce côté très détaché, nonchalant presque absent comme si rien ou presque n'affectait l'adolescent au centre de l'histoire. Bien-sûr ça peut accompagner son immaturité et sa vision du monde, mais ca n'explique pas tout ( voir comment il gère le fait d'avoir tué quelqu'un en voiture ). Ca fonctionne beaucoup mieux quand sa naïveté sincère se retourne contre lui lors du procès et son séjour au prison. On trouve là quelque pique envers la justice américaine assez juste.

Sinon, le film n'est pas forcément drôle, pas forcément triste ni même mélancolique. Il semble vivre sa vie sans chercher à « contaminer » le public. On se sent donc un peu uniquement témoin, regrettant de ne pas être plus impliquer que ça.

A la rigueur les séquences les plus réussies sont celles qui utilisent une chanson de Randy Newman composé pour le film. :D


Dispo en zone 1 avec sous-titres anglais
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Re: Robert Mulligan (1925-2008)

Message par Major Tom »

bruce randylan a écrit :C'est bizarre parce que je ne trouve aucune trace du DVD sur ebay ou amazon ( si ce n'est un article crée en attendant la "création" de l'objet ) même à des prix surréalistes.
T'es sûr que c'était pas un bootleg ?
Ouais ben, c'est peut-être bien un boot en effet... Je ne le retrouve même pas la page où j'ai pu voir une pochette DVD. :|
Sinon je l'ai en VO sans ST. Quel est ton niveau d'anglais? :fiou:
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Re: Robert Mulligan (1925-2008)

Message par Grimmy »

Ce qui serait bien c'est que "The Nickel Ride" sorte en dvd avec des sous titres français !! Je rêve de découvrir ce film ! :cry:
Je rejoins aussi les avis positifs sur "The stalking moon" (L'homme sauvage) avec Grégory Peck (1968). Film génial !! Peut être, pour moi, le meilleur film de Robert Mulligan. Jemremy Fox, qui n'aime pas ce film, doit absolument le revoir !
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Re: Robert Mulligan (1925-2008)

Message par Jack Carter »

Grimmy a écrit :Ce qui serait bien c'est que "The Nickel Ride" sorte en dvd avec des sous titres français !! Je rêve de découvrir ce film ! :cry:
+ 1.
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Jeremy Fox
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Re: Robert Mulligan (1925-2008)

Message par Jeremy Fox »

Grimmy a écrit : Jemremy Fox, qui n'aime pas ce film, doit absolument le revoir !
Vous m'avez convaincu ; je repasserais à la caisse.
bruce randylan
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Re: Robert Mulligan (1925-2008)

Message par bruce randylan »

Major Tom a écrit :
bruce randylan a écrit :C'est bizarre parce que je ne trouve aucune trace du DVD sur ebay ou amazon ( si ce n'est un article crée en attendant la "création" de l'objet ) même à des prix surréalistes.
T'es sûr que c'était pas un bootleg ?
Ouais ben, c'est peut-être bien un boot en effet... Je ne le retrouve même pas la page où j'ai pu voir une pochette DVD. :|
Sinon je l'ai en VO sans ST. Quel est ton niveau d'anglais? :fiou:
c'est gentil de proposer mais je l'ai vu à la cinémathèque avec Cinéphage. mais mon niveau d'anglais suffisamment correct pour comprendre la majeure partie d'un film anglais sans sous-titres ;)


Sinon
Kiss Me goodbye ( 1982 )

Ce très lointain remake de Dona Flor et ses deux maris n'a pas forcément bonne presse. En effet il ne reprend que le postulat de base : le fantôme du 1er mari d'une femme vient la hanter quelque jours avant son mariage.
Adieu l'aspect libéré, épanoui et sexuel de la version Barreto et bonjour à une comédie beaucoup plus facile qui ne cherche pas à dépasser son idée de base.

Cela dit, je préfère largement la version Mulligan à celle brésilienne qui mettait trop de temps à se mettre en place et dont l'« identité culturelle » ne me touchait pas du tout.
Cette version a donc son avantage : on y rit souvent et avec plaisir. Les situations sont beaucoup plus classiques mais elles marchent à chaque fois en poussant la logique jusqu'au bout dans plusieurs scènes. On se retrouve donc à rire de bon cœur à plus d'une reprise : l'explication autour du fauteuil où Jeff Bridges serait né, la scène dans le café où l'on commande pour le fantôme et surtout une scène vraiment hilarante où Jeff Bridges essaye de faire croire qu'il voit le fantôme de son premier amour créant ainsi un dispute dans un couple de jeune marié assistant à la scène.
Ca marche parce que, mine de rien, les scènes sont écrites et jouées avec un sacré timing. Les répliques fusent très vite, parfois sur plusieurs niveau dans la profondeur de l'image. C'est vraiment bien chorégraphié avec un rythme parfois étourdissant qui dure assez longtemps,

On trouve aussi un sorte de parodie totalement inutile et gratuite de l'exorciste avec un chien « qui parle » qui m'a aussi bien fait marrer. :lol:

Après, il est vrai qu'il soit dommage que le film n'aille pas plus loin que la simple farce étant donné que l'aspect réflexion sur deuil, l'amour et la mort ne va pas très loin. A la rigueur une comédie comme My Left eyes sees ghost de Johnnie To était bien plus audacieuse.
C'est regrettable car dans la première demi-heure on sent vraiment la présence de Mulligan à la réalisation avec une Sally Field (re)découvrant la maison où est mort son premier mari. On retrouve sa sensibilité dans des légers travellings qui accompagnent les mouvements de son actrice en épousant son émotion à fleur de peau. La délicatesse du montage, de la photo et de son actrice offrait une introduction assez magnifique qui ne tient donc pas ses promesses.

Ce Kiss me goodbye n'est donc « qu'une » comédie mais une comédie de qualité, enlevée et attachante ( et un peu prude )
Dernière modification par bruce randylan le 21 mars 20, 11:35, modifié 1 fois.
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bruce randylan
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Re: Robert Mulligan (1925-2008)

Message par bruce randylan »

Nickel Ride (1973)

Un film étonnant et atypique qui ne veut rentrer dans aucune case : drame ? policier ? film fantastique même ?
Même cette originalité n'est jamais un défaut car elle suit le personnage central de ce film, un homme qui travaille pour des mafieux. Mais que fait-il vraiment ? Quel est sa place dans l'organisation ? Quelle est l'utilité de toutes ses clés ?
Le film ne cherche jamais à expliquer, à définir une situation initiale ou vouloir délivrer un message... Il est en fait raconté du point de vue de cet "homme au clés" qui glisse doucement dans la paranoïa. Est-elle justifiée ?
La aussi, on ne pourrait dire dire car on se sait pas si son angoisse d'être éliminé justifie ses craintes ou si au contraire ce sont ses craintes qui poussent ses responsables à vouloir s'en débarrasser...

Le film laisse donc peser ce climat de menace, de folie mi-réelle, mi-songée pour un un résultat étonnamment proche du "spleen", de la mélancolie et de la fin d'un époque.
La progression dramatique est maitrisée avec son début qui s'apparente presque à un documentaire social sur le fonctionnement des mafia avant donc de glisser avec une sorte d'abstraction qui fait planer un gros doute sur la santé mentale du personnage joué magnifiquement par Jason Miller. Cette ambiance culmine quand lui et sa femme prennent refuge dans un lac et qu'une présence invisible (puis visible) rôde autour de leur chalet. L'occasion pour Mulligan de livrer 2 séquences mémorables dont une chute proprement ahurissante.
D'ailleurs on retrouve parfaitement l'esprit et le style de Mulligan dans cette description réaliste qui se rapproche sur la longue d'un onirisme discret. Et puis le film parle une nouvelle fois du rapport de l'homme et son environnement, sa façon de s'approprier un espace ou un lieu ( ici, plus précisément de le conserver ).

Avec cet univers, il n'est pas étonnant que Nickel Ride ne soit pris un bide lors de sa sortie. Il est regrettable que le film soit depuis tombé dans l'oubli car c'est un véritable trésor méconnu d'un certain cinéma des 70's en pleine mutation et qui essayait de se trouver une nouvelle identité avec une approche inédite d'un genre dès plus classique.
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