Le jour où j'ai entendu SIGN O'THE TIMES, j'ai un choc. Depuis je n'ai jamais laché. Y a des hauts, y a des bas c'est sûr, mais il y a surtout cet amour incroyable pour la musique et la volonté d'en faire coûte que coûte. Ce qui non seulement force le respect, mais provoque aussi la fascination.
Je trouve qu'il est extrèmement simpliste et surtout très cliché de tomber dans l'éternelle rengaine de journalistes ignares qui n'ont pas eu le courage d'ouvrir le CD qu'on leur a envoyé, et qui dit que Prince dans les années 90 c'est nul. Il faut savoir que durant cette décénie sa production n'a jamais été aussi importante. Elle était plus inégale certes, mais c'est aussi la période où il a sorti certains de ses titres les plus incroyables. Il faut fouiller c'est tout, et il y a de quoi faire.
C'est vrai qu'il n'a pas été facile à suivre durant ces dix ans. Même pour les fans. Entre les singles sans clip (LETITGO, SPACE, I HATE U...), les clips sans singles (DOLPHIN, RACE, PHEROMONE, ACKNOLEDGE ME...), le changement de nom, les albums contractuels sortis n'importe comment (CHAOS AND DISOSDER, l'excellentissime THE VAULT), l'affrontement avec Warner, le triple album trop grand et trop pensé qui aurait fait un excellent simple (EMANCIPATION), l'album de chûtes (CRYSTAL BALL), la confusion interne avec la mort du bébé (Opra demandant à Prince et Mayté comment va le bébé en raison des rumeurs de difficultés à la naissance et eux répondant qu'il va mieux alors qu'il est déjà enterré...
grand moment de télévision à analyser surtout quand on observe retrospectivement la tête des pauvres parents essayant de sauver très maladroitement la face), les albums sous le nom du groupe alors que c'est du solo (NEW POWER SOUL), la reprise du nom en 99 et l'abandon du symbole... et les concerts, toujours les concerts... que ce soit chez lui à Paisley Park à 3/ 4h du mat presque tous les vendredi soirs en 97 ou 99 (peu importe s'il y avait 50 pélerins les soirs de grands froids Minnéssotien ou rempli à 2 000 personnes) ou alors en tournées : Il faut qu'il joue.
Et je ne parle pas des excellents side projects qui les sont les 2 premiers albums du NPG : GOLD NIGGA (génial) et EXODUS.
Cette période contient mon titre préféré de Prince : DAYS OF WILD. Titre sur lequel je ne me contrôle plus quand il le joue en live. D'ailleurs il ne l'a jamais joué deux fois de la même façon, et j'en ai entendu des versions de ce titres! Chaque album de cette période contient son lot de petites ou grosses merveilles. En fait c'est leur hétérogénéité qui frappe, les titres plus faibles se voyant peut être plus qu'auparavant.
Un Album comme NEW POWER SOUL, contient peut être des chansons ternes, mais rien que pour MAD SEX ou PUSH IT UP, je pardonne tout, car personne d'autre ne m'a donné ça. Irresistible.
En fait, il n'y a que RAVE UN2 THE JOY FANTASTIC que je n'ai pas bien encaissé. Trop pensé, trop calculé pour faire un hit (raté...), trop pute quoi... Je préfère encore son pendant RAVE IN2 THE JOY FANTASTIC ne serait ce que pour la merveille qu'il contient et que n'a pas la version magasin : BEAUTIFUL STRANGE. Avec un titre pareil, on est prêt à tout pardonner. MUSICOLOGY est un peu pensé de la même manière, mais il est beaucoup plus sincère. Prince n'essaye pas de trouve un son qui n'est pas le sien et fait plus confiance à son instinct. L'album sans être un chef d'oeuvre est une jolie réussite.
A côté de cela, Prince a toujours creusé des sillons beaucoup moins évidents comment au début 2 000 avec ONE NIGHT ALONE, accompagné seulement d'un piano, ou THE RAINBOW CHILDREN qui cassait tous les modèles formatés. Ce dernier est un énorme réussite avec les superbes MELLOW, 1+1+1=3, FAMILY NAME ou EVERLASTING NOW.
Il faudrait que je récoute NEWS, album instrumental jazz, un peu trop conceptuel, et artificiel à première vue. Je lui avait préféré Xpectation (avec Candy Dulfer et Vanessa May) ou alors les deux merveilles 8 et 16 de MADHOUSE... mais ça c'était en 87. A récouter donc.
Sinon pour répondre à la question si dessus, j'ai du mal à faire un top : je peux seulement dire que pour la première période PARADE n'a pas pris une ride alors que PURPLE RAIN a un peu plus veilli (rien de grave docteur...). Les premiers albums très Minneapolis sound sont toujours très écoutables : HEAD ou CONTROVERSY sont des titres qui gardent une force intacte. AROUND THE WORLD IN A DAY reste très plaisant, LOVESEXY est toujours aussi passionnant avec toutes ses notes colorées qui fusent de partout, THE BLACK ALBUM est d'une sécheresse et d'une déonthologirie funkienne exemplaire, et BATMAN est vraiment un album très sous estimé qui a été victime de son succès (récoutez Batdance: pas une trace du passage du temps, et c'est bourré d'invention), et qui mériterait une belle reconsidération.
Quant à DIAMONDS AND PEARLS et SYMBOL ALBUM je les apprécie plus ou moins selon l'humeur tout en reconnaissant qu'il y a des titres incontournables (surtout sur D&P).