L'actrice est italienne en plusThe Eye Of Doom a écrit : ↑26 juil. 23, 17:18 Un américain bien tranquille
Intrigue sentimentale dans le Saigon en guerre (celle des francais…).
Ce film me laisse dubitatif…
J’ai rien compris à l’arrière plan politico-militaire, c’est peut etre pour ça.
Faut dire que le film est écrit, trop écrit. Les dialogues fusent, difficile à suivre sur pour qui n’est pas 100% fluent. Et les sous-titres défilent à toutes vitesses, quasi impossible à lire…
Donc j’ai pas tout capté…
Mais cet arrière fond politique est’il vraiment important pour Mankiewicz ?
J’en suis pas sur…
Ou en tout cas, c’est par des voies détournées qu’il l’aborde.
L’histoire est d’abord celle de ce journaliste anglais (comme par hasard), désabusé voire cynique, suffisant voire prétentieux, vas voir mis à nu sa médiocrité, sa veulerie et son aveuglement.
C’est pourtant à travers ses positions que le cineaste s’exprime, le film etant à la première personne pour une tres large part.
Le personnage dénonce pêle-mêle :
* L’outrecuidance de l’americain qui debarque plein d’ideal pour sauver des gens qui lui ont rien demandé
* La réalité crue des populations, pour lequel le mot « futur » n’existe meme pas (une des plus beaux passages du film, j’y reviendrai)
* L’hypocrisie des acteurs, cf la visite à la secte, soit disant pacifiste mais forte d’une belle armée que les protagonistes de tout bord envient.
* Le carcan religieux en général, via la même secte (croustillante description de la cathédrale !), le rigorisme de l’épouse dont la religion interdit de divorcer, ou la betise du jeune américain qui ne saurait « consommer « avant le mariage.
* Les miliaires de terrain, simple marionnettes de « strateges » de QG bien loin du front.
Mankiewicz est incisif, impitoyable et réjouissant, comme il sait l’etre.
Mais le coeur de l’interet du film n’est pas la.
Homme de language, le cineaste affronte ici l’incommunicabilité. Au moins trois langues sont parlées par les protagonistes : le francais, l’anglais et le vietnamien (+ un peu de cantonnais de memoire).
On passe de l’une à l’autre, et la maitrise du language fait tout.
A ce jeu, le journaliste gagne car lui seul sait s’exprimer indifféremment.
Cette question de la langue, de la communication, des mots et leur sens , est le coeur du film, jusqu’au jeu de mots fatal.
Dans la tradition Hollywoodienne, tous le monde parle anglais, l’effondrement de la tour de babel n’a jamais existé, le langue est universelle.
Rien de tel ici et j’ai pas en tête de film qui mette aussi frontalement la question des langues et du language au coeur du propos.
Il y a deux scènes fondamentales :
La première est justement la déclaration d’amour, a trois: La jeune femme comprend mal l’anglais: il faut parler lentement et dire des mots simples. On vas au coeur du pouvoir des mots. Même ici il faut traduire en français certains concepts dont le déshonneur. Le journaliste dont donc aider son rival à faire sa déclaration….
La seconde est dans la tour de guet. Deux soldats, des gamins, sont morts de trouille. Les deux étrangers atterris là en raison d’une panne d’essence, n’en menent pas plus malgré leur supériorité.
Tout est dit en quelques echanges sur l’absurdité de la guerre, on en meurt, l’absence de bien et de mal, il faut d’abord survivre, la figure du heros, un blanc-bec inconscient et idéaliste.
Seule véritable scene d’action du film, elle est seche, realiste, parfaite. C’est sauf erreur la seule scene de « guerre » du cineaste (hors Cleopatre…)
Parmis les qualités du film, la superbe photo n&b. Mankiewicz tourne les extérieurs sur place, avec une grande sensibilité, un respect des lieux et des gens, loin d’un exotisme de bon aloi.
Côté interprétation, rien a dire sur Mickael Redgrave, tres bon, Claude Dauphin, tres à laisse.
C’est plutot l’interprète feminine qui pose problème. Elle n’a pas grand chose à jouer certes mais on a mal à comprendre la passion des deux hommes pour elle. Trop effacée, quasi transparente. Il aurait fallu une femme d’une autre presence. Ici, ce manque d’incarnation renforce le coté un peu artificielle de l’intrigue. L’enjeu, l’objet convoité est bien fade, on frise le prétexte….
J’aurais du mal a mettre ce film dans le top 5 des grands Mankiewicz. Néanmoins c’est un film à voir, fort singulier, bien caractéristique de son auteur.
La version de Philip Noyce est peut-être (pour une fois) plus réussie.