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Re: A bout de souffle (Jean-Luc Godard - 1960)

Publié : 3 mai 12, 19:27
par Jeremy Fox
AtCloseRange a écrit :Je préfère le remake... :mrgreen:
Ceci dit, je le trouve excellent

Re: A bout de souffle (Jean-Luc Godard - 1960)

Publié : 3 mai 12, 20:11
par locktal
Oui, le remake de Jim McBride est loin d'être mauvais, et le couple formé par Richard Gere (plutôt pas mal dans ce film) et Valérie Kaprisky respire la sensualité...

Evidemment, l'original de Jean-Luc Godard reste au-dessus et s'avère une oeuvre majeure, ne serait-ce par la liberté de ton employée tantôt ludique tantôt tragique, par ses audaces constantes et bien sûr le couple mythique formé par Belmondo et Jean Seberg...

Je l'ai d'ailleurs trouvé plutôt émouvant, à la différence de Dirk Diggler...

Re: A bout de souffle (Jean-Luc Godard - 1960)

Publié : 3 mai 12, 20:27
par Major Tom
cinephage a écrit :Mais je ne tombe sur personne, mon bon yap... Il me parait légitime, quand quelqu'un déclare A bout de souffle n'est pas un chef d'oeuvre, mais The informant l'est, de lui demander ce qu'il entend par chef d'oeuvre. On sait combien le terme fait bondir ici et là quand chacun l'utilise avec une acception différente. Autant connaître celle de Dirk, puisqu'il s'agit effectivement d'un cinéphile intelligent : autant comprendre ce qu'il veut dire.
Il y a des films comme ça où ça ne dépend pas d'un avis personnel, même si on regrette tous Bob Harris et ses grands cris du cœur quand il écrivait juste "chef-d'œuvre" en parlant de Matrix Révolutions... J'ai toujours pensé que c'était le temps, l'histoire, ainsi que François Forestier, qui faisaient le chef-d'œuvre. Un film tout juste sorti peut être loué par la critique (certains crient d'ailleurs au "chef-d'œuvre" immédiatement) mais sombrer dans l'oubli quelques temps plus tard, même s'il est toujours aussi admirable (et admiré au sein de nos communautés cinéphiles, c'est dans ce cas ce qu'on appelle plutôt un "film culte"). Qu'on n'aime ou qu'on n'aime pas (et bon nombre d'entre nous n'aiment pas 2001 par exemple), il y a des chefs-d'œuvre qui le sont parce qu'ils ont marqué de leur empreinte l'histoire du cinéma... 2001, Blade Runner, Autant en emporte le vent, Les Sous-doués... À bout de souffle est dans ce cas: il a tellement révolutionné le cinéma, déboussolé les producteurs avides de fric (jusqu'à Hollywood, tout de même, les vieux dinosaures ne comprenaient pas son succès), il a tellement influencé les autres cinéastes, et il marque tellement les esprits encore aujourd'hui, qu'il serait un peu fort de café d'oublier tout ça juste parce qu'il n'y a pas d'émotion. Pas d'émotion? mais peu importe, que Diable! on ne renie pas un statut de chef-d'œuvre comme ça. :) On aime ou pas, et c'est tout.
C'est quelqu'un qui n'apprécie plus trop la Nouvelle Vague qui écrit ça. ;)

Re: A bout de souffle (Jean-Luc Godard - 1960)

Publié : 3 mai 12, 20:34
par AtCloseRange
Major Tom a écrit :
cinephage a écrit :Mais je ne tombe sur personne, mon bon yap... Il me parait légitime, quand quelqu'un déclare A bout de souffle n'est pas un chef d'oeuvre, mais The informant l'est, de lui demander ce qu'il entend par chef d'oeuvre. On sait combien le terme fait bondir ici et là quand chacun l'utilise avec une acception différente. Autant connaître celle de Dirk, puisqu'il s'agit effectivement d'un cinéphile intelligent : autant comprendre ce qu'il veut dire.
Il y a des films comme ça où ça ne dépend pas d'un avis personnel, même si on regrette tous Bob Harris et ses grands cris du cœur quand il écrivait juste "chef-d'œuvre" en parlant de Matrix Révolutions... J'ai toujours pensé que c'était le temps, l'histoire, ainsi que François Forestier, qui faisaient le chef-d'œuvre. Un film tout juste sorti peut être loué par la critique (certains crient d'ailleurs au "chef-d'œuvre" immédiatement) mais sombrer dans l'oubli quelques temps plus tard, même s'il est toujours aussi admirable. Qu'on n'aime ou qu'on n'aime pas (et bon nombre d'entre nous n'aiment pas 2001 par exemple), il y a des chefs-d'œuvre qui le sont parce qu'ils ont marqué de leur empreinte l'histoire du cinéma... 2001, Blade Runner, Autant en emporte le vent, Les Sous-doués... À bout de souffle est dans ce cas: il a tellement révolutionné le cinéma, déboussolé les producteurs avides de fric (jusqu'à Hollywood, tout de même, les vieux dinosaures ne comprenaient pas son succès), il a tellement influencé les autres cinéastes, et il marque les esprits encore aujourd'hui, qu'il serait un peu fort de café d'oublier tout ça juste parce qu'il n'y a pas d'émotion. Pas d'émotion? mais peu importe, que Diable! on ne renie pas un statut de chef-d'œuvre comme ça. :) On aime ou pas, et c'est tout.
C'est quelqu'un qui n'apprécie plus trop la Nouvelle Vague qui écrit ça. ;)
Je pense que tu confonds 2 aspects: il y a les films importants et il y a les chef d'oeuvre et les 2 ne sont pas forcément liés.
Tel que tu le décris, A Bout de Souffle serait un film important/une date mais ça ne ferait pas automatiquement un chef d'oeuvre pour autant.
Il y a de toute façon beaucoup moins de chef d'oeuvre qu'on veut bien le dire. Mais bon, on a déjà eu maintes fois l'occasion de discuter du sujet à propos du "dernier chef d'oeuvre".
Et je continue à penser qu'on fait beaucoup plus de mal au cinéma qu'autre chose à sortir les superlatifs à tout bout de champ quand ils ne s'imposent vraiment pas.
Mais je m'égare :mrgreen: (et ça ne concerne pas vraiment le cas du Godard qui m'a sévèrement ennuyé mais ce n'est que moi...).

Re: A bout de souffle (Jean-Luc Godard - 1960)

Publié : 3 mai 12, 20:43
par Major Tom
AtCloseRange a écrit :Tel que tu le décris, A Bout de Souffle serait un film important/une date mais ça ne ferait pas automatiquement un chef d'oeuvre pour autant.
C'est aussi une question d'influence, et À bout de souffle a énormément inspiré d'autres cinéastes... du coup, le précurseur ne serait-il pas plus "fort" que ses disciples? Hitchcock est-il meilleur que De Palma?... Eddie Van Halen ne serait-il pas meilleur que Steve Vai?... Mmmmmh...

Re: A bout de souffle (Jean-Luc Godard - 1960)

Publié : 3 mai 12, 23:14
par Nomorereasons
Watkinssien au rapport !!

Re: A bout de souffle (Jean-Luc Godard - 1960)

Publié : 3 mai 12, 23:45
par Nomorereasons
Oups, pardon je n'avais pas vu.
Watkinssien a écrit :A bout de Souffle est un de mes Godard favoris et une véritable oeuvre majeure du cinéma mondial.

Il est clair que c'est une oeuvre importante pour sa liberté de ton, autant dans la caractérisation des personnages que dans l'écriture cinématographique. La manière (quand même sacrément audacieuse) qu'a Godard de raccourcir au montage la quasi totalité des plans, pour expérimenter une narration syncopée, rapide, dénuée de contraintes devient tout de même une des grandes forces de ce classique insolite.

Mais surtout, Godard signe une oeuvre profondément attachante, grâce à Belmondo et sa gouaille qui fonctionnent à merveille et au reste des comédiens (qui déjà entament une certaine ponctuation godardienne qui peut agacer, cela dit), pour laquelle j'ai beaucoup d'affection. C'est un film qui a tout osé et qui reste frais et brillant aujourd'hui grâce à cela.

Aïe, j'ai bien peur que, malgré l'allure élogieuse de la critique, ce soit sans appel. Nulle part Watkinssien ne mentionne le mot "chef-d'oeuvre" et c'est donc Dirk Diggler qui a raison.

Re: A bout de souffle (Jean-Luc Godard - 1960)

Publié : 4 mai 12, 00:04
par Major Tom
yaplusdsaisons a écrit :Oups, pardon je n'avais pas vu.
Watkinssien a écrit :A bout de Souffle est un de mes Godard favoris et une véritable oeuvre majeure du cinéma mondial.

Il est clair que c'est une oeuvre importante pour sa liberté de ton, autant dans la caractérisation des personnages que dans l'écriture cinématographique. La manière (quand même sacrément audacieuse) qu'a Godard de raccourcir au montage la quasi totalité des plans, pour expérimenter une narration syncopée, rapide, dénuée de contraintes devient tout de même une des grandes forces de ce classique insolite.

Mais surtout, Godard signe une oeuvre profondément attachante, grâce à Belmondo et sa gouaille qui fonctionnent à merveille et au reste des comédiens (qui déjà entament une certaine ponctuation godardienne qui peut agacer, cela dit), pour laquelle j'ai beaucoup d'affection. C'est un film qui a tout osé et qui reste frais et brillant aujourd'hui grâce à cela.

Aïe, j'ai bien peur que, malgré l'allure élogieuse de la critique, ce soit sans appel. Nulle part Watkinssien ne mentionne le mot "chef-d'oeuvre" et c'est donc Dirk Diggler qui a raison.
Ouch,... Tiens, en passant j'étais passé à côté du message de Watkinssien aussi.
Dirk est donc le vainqueur, je m'incline.

Re: A bout de souffle (Jean-Luc Godard - 1960)

Publié : 5 mai 12, 08:42
par Barry Egan
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Re: A bout de souffle (Jean-Luc Godard - 1960)

Publié : 5 mai 12, 10:08
par NotBillyTheKid
(Bon, un nouveau classikien dans un échange godardien, il faut que je sorte un peu de ma tanière)
A bout de souffle fait partie de cette petite poignée de films qui a bouleversé la grammaire cinématographique, tant par son emploi que par son influence. (des films expérimentaux allaient plus loin, plus tôt, mais n'ont pas changé la donne d'un cinéma plus grand public)
Certains chef d’œuvres n'ont pas cette influence sur le cinéma (Night of the hunter, chef d'oeuvre évident, n'a pas une influence telle par exemple).

Si on s'en tient au sens strict du mot chef d’œuvre, le chef d’œuvre de JLG, c'est, à mon avis, "Pierrot le fou". Mais, comme Picasso ou Dylan, Godard a plusieurs vies, plusieurs périodes si différentes qu'il en a presque plusieurs oeuvres, et donc plusieurs chef d’œuvres à son actif.

Alors, après, Dirk D, si je comprends bien s'attaque à la filmo du maestro. Il va donc se confronter à bien d'autres merveilles (vivre sa vie, une femme mariée, alphaville, Pierrot, le mépris, une femme est une femme, tout va bien, JLG/JLG, etc etc etc) et ça va très vite être très différent. Or, la remarque qui tue un peu le suspense, c'est l'absence de "marque émotionnelle". Si c'est ce que tu attends d'un film, ça va bloquer. Godard, ce n'est pas du cinéma émotionnel. ça risque donc de ne pas te plaire. (à part "Vivre sa vie" peut-être)
Découvert hier soir, et oui, sans être un chef d’œuvre, c'est considérable d'un point de vue technique et narratif. Les coupes brutales, par exemple, lorsque Belmondo et Seberg sont dans la voiture et que leur dialogue est entrecoupé tout le temps, ou quand le gars que Seberg rencontre dans le bar lui raconte l'histoire du type qui voulait coucher, ça reste sans héritage, j'ai l'impression. Ca pourrait être utilisé à une autre fin dans un autre scénario, si quelqu'un a l'exemple d'un film où l'astuce est ré-exploitée, merci de le poster.
On retrouve des trucs de Godard dans le cinéma nouvelle vague japonais de Shinoda ou Yoshida. MAis ce système dont tu parles a été ré-employé de façon un peu différente par Truffaut dans "Tirez pas sur le pianiste". C'est à peu près la même chose, mais au lieu d'employer des cuts brutaux, il met des fondus enchainés. On adonc le même effet temporel, mais les fondus rendent cela plus fluide et/mais moins frappant. Je pense que, sous cette forme adoucie, on le retrouve souvent, notamment pour signaler une ellipse. Les films américains l'utilisent alors (cliché !) avec une chanson en fond. Tu vois ce type de moment cliché dans les films ricans ? on va voir un père et sa fille faire un truc, une fille s'habiller, ou je ne sais trop quoi. C'est bien la déclinaison adoucie de cela. La particularité godardienne est ici, clairement, dans le traitement identique du son dans cette scène, très peu repris, lui. Les autres le couvreront là où lui le souligne. Tu peux revoir la scène sans le son pour vérifier, tu verras, c'est un procédé qui te paraitra moins unique...

Godard est, comme Tati, un cinéaste qu'on peut reconnaitre à l'oreille, les yeux fermés.
Sinon, pour le reste, histoire qui tient sur une page recto
C'est un des rares films de Godard avec scénar et il est écrit sur une page recto seulement. :wink:
BAh, peut-être un recto verso, allez... mais c'est effectivement très court : là n'est pas l'intéret d'un Godad. Après ADdS il n'utilisera plus de scénario. (Le scénar de truffaut est lisible sur mon vieux site, c'est juste un canevas)
Je vais voir "Pierrot le Fou" pour voir si c'est moins hip et plus lyrique, mais j'en doute fortement.
Pierrot est plus lyrique, si. Cependant le lyrisme est rare chez le Godard 60's (tu va détester Week-end, qui massacre tout lyrisme et toute émotion). On le retrouvera plus lyrique plus tard : 90's/00's. Enfin, ce n'est pas du lyrisme à la Vigny non plus... C'est un film profondément, intrinsèquement rimbaldien.


Allez, une note d'espoir : certains aiment Godard à la deuxième ou troisième vision.
et un conseil : regarde d'autres JLG, moins géniaux, avant Pierrot : tu t'habitueras à sa grammaire, à son style, et tu seras moins distrait du propos par celui-ci, qui deviendra évident. Sinon, tu ne verras à première vision que ses effets de styles, forts, qui peuvent te gêner au départ.

Re: A bout de souffle (Jean-Luc Godard - 1960)

Publié : 5 mai 12, 10:10
par Jeremy Fox
NotBillyTheKid a écrit : Godard, ce n'est pas du cinéma émotionnel. ça risque donc de ne pas te plaire. (à part "Vivre sa vie" peut-être)
Et le mépris ? Il me bouleverse (émotionnellement parlant) en ce qui me concerne.

Re: A bout de souffle (Jean-Luc Godard - 1960)

Publié : 5 mai 12, 10:21
par NotBillyTheKid
Ouais... Mais Bardot ne me fera jamais le même effet qu'Anna K :oops:

Re: A bout de souffle (Jean-Luc Godard - 1960)

Publié : 5 mai 12, 10:28
par Jeremy Fox
NotBillyTheKid a écrit :Ouais... Mais Bardot ne me fera jamais le même effet qu'Anna K :oops:
Oui mais la détresse et la tristesse de Piccoli :wink:

Re: A bout de souffle (Jean-Luc Godard - 1960)

Publié : 5 mai 12, 10:49
par Barry Egan
NotBillyTheKid a écrit :et un conseil : regarde d'autres JLG, moins géniaux, avant Pierrot : tu t'habitueras à sa grammaire, à son style, et tu seras moins distrait du propos par celui-ci, qui deviendra évident. Sinon, tu ne verras à première vision que ses effets de styles, forts, qui peuvent te gêner au départ.
Arf. Tu aurais dû sortir de ta tanière plus tôt. Je l'ai regardé jeudi soir. Et j'ai adoré. Plutôt déconcertant au départ, le film décolle avec la chanson d'Anna Karina et ne redescend jamais. Chef d’œuvre, là, oui. Le détachement du regard de la caméra ne parvient pas à subsumer la beauté des mots, des images et du son. Quand bien même ça ne voudrait pas être lyrique, ou se réfugier dans l'absurde pour pas trop se montrer, ça n'y arrive pas. Sous la surface, on sent de fortes palpitations. Du coup, je vais effectivement trouver les films que tu mentionnes et les voir. Même "Week End". Je veux voir ce que c'est, ce travelling de 8 minutes mentionné sur Wikipédia.

Re: A bout de souffle (Jean-Luc Godard - 1960)

Publié : 5 mai 12, 10:50
par NotBillyTheKid
Jeremy Fox a écrit :
NotBillyTheKid a écrit :Ouais... Mais Bardot ne me fera jamais le même effet qu'Anna K :oops:
Oui mais la détresse et la tristesse de Piccoli :wink:
Vu sous cet angle, je m'incline.