Le tourbillon de Paris
Une femme qui a connu la gloire au theatre apres avoir abandonner son mari, se refugie en haute savoie, loin du tourbillon de Paris.
J’ai eu envie d’avancer un peu dans ce passionnant coffret Duvivier, er ce fut donc Le tourbillon de Paris.
Si l’intrigue, un mélodrame sur une femme partagée entre theatre,mondanités, gloire d’un coté et amour de l’autre, n’est pas complètement passionnant, le film lui impressionne.
C’est un bloc de mise en scène franchement étonnant.
Duvivier est ici particulièrement expérimental et c’est souvent tres réussi.
Toute la première partie en Savoie est remarquable. Duvivier, dès les premieres images, utilise des superpositions, tres dynamique, pour figurer à la fois l’ambiance, le decor de neige, le sentiment du voyageur. C’est bluffant.
Et ca continue comme ca.
Avec une tres grande vivacité, de nombreux travellings, des plans tres divers, une grande richesse. Ce que l’on a le droit de faire ou pas au cinema Duvivier s’en fout visiblement.
On est pris par cette forme, si impliquée dans le récit et l’émotion.
Et donc Duvivier essaye pleins de trucs. Notamment des incrustations. A chaque fois, on pourrait le croire au bord du ringard mais ca marche à fond.
Un exemple. Reconnue par ses admirateurs dans un restaurant, la femme accepte de chanter. Elle choisit « Les berceaux » de Gabriel Fauré. Ce chant décrit le « drame » des marins qui partent alors que les nouveaux nés qu’ils abandonnent sont bercés par les femmes.
Duvivier incruste dans une grosse moitié de l’image, des scènes illustrant ce propos.
Cela pourrait être ridicule mais ca marche.
Idem a la fin où l’actrice panique sur scene et est montrée emportée par les vagues, scene assez incroyable, ou encore lorsque chantant un recit de type wagnerien, on voit derrière elle se dérouler une bataille.
Le soin au cadrage et au montage enthousiasme.
Mais il y a aussi une grande agilité.
Je repense au critique de chez Criterion qui disait, sur David Golder, que la camera de Duvivier était sur le plateau comme une panthère aux aguets. On ne peut faire meilleur compliment au metteur en scene.
On sait jamais comment ca va se passer.
Proche des corps, comme toujours, avec un role important donné aux vêtements.
La courte scene de « l’agression sexuelle », est étonnante dans sa promptitude et sa violence dans le cadre tres « cool » de la réception mondaine.
On retrouve l’interêt de Duvivier pour les scenes de foule, ici au restaurant, au theatre, dont il sait capter les mouvements, l’agitation, la folie collective.
Ma seule reserve porte sur l’interprétation un brin figée des deux acteurs principaux trop maquillés.Gaston Jaquet est vieilli pour le role, il est un peu momifié et pas tres bon du coup.
De meme pour Leon Dary qui a un cote musee Grevin.
Lil Dagover par contre est tres bien, fait rare, faisant exactement son age , 40 ans, tout en gardant un coté juvénile, pure et enthousiaste.
On pourra bien sur trouver la conclusion discutable….
Enfin j’ai trouvé la dernière scene assez saisissante : la mere sort de chez elle et se rends à l’eglise.
Bref, si le propos ne m’a fondamentalement intéressé, le film est formellement passionnant je trouve.
Notre ami Allen John en dit aussi le plus grand bien ici:
http://allenjohn.over-blog.com/2021/12/ ... -1928.html
A noter toutefois que j’ai fini par regarder le film sans accompagnement musical. Non pas que celui-ci soit mauvais mais ce « fond » de melodies au piano m’a semblait desservir la modernité de la forme du film. A vous de voir.