Frances a écrit :Federico a écrit :LE film d'Ozu à recommander à ceux et celles qui croient que c'est un cinéaste triste et ennuyeux qui ne filme que de vieilles personnes qui regardent passer la vie et les trains.
C'est un peu ce que je pensais quand j'ai vu mes premiers Ozu à 18 ans. Mais l'âge, la maturité et l'expérience de la vie aidant je perçois ses films d'une toute autre façon. L’immobilité de sa caméra, l'importance des détails, les virgules qu'il place ici et là, le vide font tout autre sens aujourd'hui et j'admire pleinement la qualité de son oeuvre que je redécouvre avec un autre regard.
C'est drôle parce que j'ai aussi découvert Ozu vers mes 18 ans (avec les classiques
Voyage à Tôkyô et
Le gout du saké) et j'ai tout de suite accroché (le mot est faible, ce fut une énorme baffe
)... alors que je ne passais pas franchement pour quelqu'un de mature...
Federico a écrit :"cet admirateur de Capra et que de toute façon personne (à part Satyajit Ray) n'a filmé comme lui le passage de la vie."
A ce propos je signale l’intéressant documentaire sur Ozu d'une cinquante de minutes en bonus sur le dvd Arte vidéo. On y retrace ici l'évolution de son oeuvre. De ses débuts dans le cinéma muet, de l'influence du cinéma hollywoodien (Capra, Welles, Ford...) les films noirs dont il transposait les codes en gardant cependant toute leur influence occidentale. A l'époque d'ailleurs sa caméra était très mobile puis le dépouillement progressif et l'observation d'un Japon traditionnel.
Exact. Le Ozu première période était sous très forte influence, jusqu'à rendre directement hommage à ses maîtres hollywoodiens en montrant le couple de
Une femme de Tôkyô assistant à une projection de
If I Had a Million. C'est d'ailleurs très amusant de voir à cette même époque son merveilleux acteur-fétiche Chishû Ryû aussi jeune, fringant et bondissant qu'un James Stewart, lui qui interprétera très vite des personnages bien plus âgés qu'il ne l'était.