3 westerns européens que j'ai trouvés vraiment intéressants :
Blindman, le justicier aveugle (Ferdinando Baldi, 1971)
Inspiré de Zatoïchi (série de chambaras mythiques avec le grand Shintaro Katsu, réalisés notamment par Kenji Misumi et Kihachi Okamoto),
Blindman est une sacrée curiosité qui met en scène un pistolero aveugle qui veut récupérer un convoi de prostituées. Succession hallucinante de scènes chocs et extrêmes, ce western européen laisse le spectateur pantois, terrassé par son mauvais goût, son humour très noir, sa vulgarité, son côté grotesque et extrêmement machiste (il faut voir comment les femmes sont traitées dans ce film, constamment battues, spoliées, martyrisées voire tuées comme du bétail
). Il en résulte un spectacle délirant, complètement barré, ponctué de scènes parfois très insolites (le village repeint en noir pour des funérailles, le massacre des soldats à la mitrailleuse, le massacre des prostituées), qui ne peut laisser indifférent. Bref, si le film n'est pas à mon sens aussi réussi que
Le dernier des salauds /
Les pistoleros de l'Ave Maria du même Baldi (belle et tragique transposition de
l'Orestie d'Eschyle), il demeure suffisamment bizarre et surréaliste pour retenir l'attention. A noter que Ringo Starr y tient un rôle secondaire assez important et que la bande-son de Stelvio Cipriani est très insolite.
Texas (Tonino Valerii, 1969)
Peut-être mon western préféré de Tonino Valerii (à qui l'on doit aussi les excellents
Le dernier jour de la colère et
Mon nom est Personne), qui réalise ici un très bon western politique qui s'inspire assez habilement de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy. Bercé par la belle partition de Luis Bacalov, remarquablement interprété par Giuliano Gemma et bénéficiant d'une mise en scène assez audacieuse de Valerii (notamment dans les scènes de dialogues),
Texas repose sur des personnages assez fouillés, ce qui le rend constamment passionnant, même si sa portée politique est sans doute trop idéaliste. En tout cas, c'est un film à découvrir, même par ceux qui ne sont pas trop sensibles au western italien.
Et le vent apporta la violence (Antonio Margheriti, 1969)
Il s'agit sans doute du meilleur western réalisé par Margheriti, plus abouti que le sympathique
Joe l'implacable et que l'intéressant
Avec Django la mort est là, qui tient d'ailleurs plus du film d'horreur gothique (genre où Margheriti excelle :
Danse macabre,
La sorcière sanglante ou encore
La vierge de Nuremberg) que du western européen. L'unité de lieu et de temps, ainsi que l'ambiance nocturne et délétère, confèrent au film une force peu commune, et la mise en scène baroque de Margheriti maintient l'attention du spectateur du début à la fin. Klaus Kinski (qui joue pour une fois le "gentil") interprète admirablement cet homme emprisonné à tort, qui revient dans sa ville natale pour y accomplir une vengeance implacable, tel un fantôme qui vient hanter les coupables. La peur est palpable, permanente, relayée par des éléments qui reviennent en leitmotiv : le vent, la cloche qui sonne sans raison, et les morts qui s'accumulent inéluctablement. Bref, une très grande réussite de Margheriti dans le domaine du western.