Ici, trois hommes recherchent les cent mille pesos qui constitue le trésor de Santa Ana perdu après la bataille du Fort Alamo. Nous avons donc Garrincha, le général Munguya et Murienda, ce-dernier étant promptement abattu. Nos trois bonhommes possèdent chacun une carte à jouer sur laquelle se trouve inscrit les indications permettant de trouver le magot. Après la mort de Murienda, sa carte échoue entre les mains d’un gringo, Billy Blunt, qui débarque au nord du Mexique. Il va tenter de faire cause commune avec Garrincha et Munguya pour s’emparer de l’argent mais, bien sûr, les lascars vont joyeusement se tirer dans les pattes pour éviter de partager le pactole.
Adriano Bolzoni, scénariste appliqué du cinoche populaire, a participé à quelques « spaghetti » intéressants comme LE JUSTICIER DU MINNESOTA (une des oeuvres fondatrices du western à l’italienne), RINGO AU PISTOLET D’OR, le diptyque PECOS ou l’excellent REQUIESCANT. Par la suite il participa à la décadence du genre (avec DEPECHE TOI SARTANA MON NOM EST TRINITA et sa suite ALLELUIA ET SARTANA, FILS DE…) avant de signer de nombreux thrillers et autres giallos. Malheureusement, Bolzoni se montre ici quelque peu paresseux et son récit, prévisible, peine à passionner tant les péripéties s’avèrent attendues surtout lorsqu’on le visionne aujourd’hui après s’être enquillé des dizaines de productions (souvent bien plus mauvaises d’ailleurs) basées sur des prémices identiques. De plus, en dépit d’une durée réduite, le long-métrage parait longuet et manque de rythme, ce qu’accentue un budget assez pauvre et un tournage dans des décors pas toujours très crédibles (les carrières italiennes constituent, en effet, un piètre substitut aux paysages espagnols nettement plus photogéniques).
La mise en scène est, de son côté, assurée par Guiseppe Vari (sous son pseudonyme habituel de Joseph Warren), cinéaste ayant toujours œuvré dans le cinéma populaire, passant de l’étonnant péplum horrifique ROME CONTRE ROME à une poignée de westerns puis à un sympathique EMMANUELLE ET LES COLLEGIENNES avant de terminer sa carrière par un post-nuke (URBAN WARRIORS) tourné en 1987. Nous sommes ici dans la bonne moyenne, le travail correct mais sans génie, typique du style italien et rehaussé par une partition très réussie. Dès le générique, où l’on voit le héros cavaler dans des paysages désertiques au son de cette musique mélancolique (on peut y déceler une certaine inspiration progressive), le film marque des points, preuve que, dans le spagh’, une bande sonore mémorable est essentielle à la réussite, fut-elle mineure.
Au niveau des acteurs, pas de mauvaises surprises même si nous ne retrouvons pas de véritables stars du genre. Le Yougoslave Dragomir 'Gidra' Bojanic tient le rôle principal et se montre plutôt convaincant dans son rôle de pistolero taiseux qui utilise uniquement sa main droite pour tirer au révolver et frappe toujours ses adversaires d’une balle entre les deux yeux. Comme la plupart des héros « italiens » il subira bien des tourments au cours de son aventure, étant bien sûr copieusement tabassé par les méchants avant d’exercer sa juste vengeance. Pour le final, une mitrailleuse sera d’ailleurs de la partie afin de multiplier les cadavres. Les seconds rôles, eux aussi, sont corrects, en particulier Claudio Undari (alias Robert Hundar) qui cabotine joyeusement en Mexicain caricatural.
Malgré ses défauts, QUAND JE TIRE C’EST POUR TUER, demeure un western à l’italienne honnête qui se suit sans difficultés et saura contenter les amateurs à défaut de les combler totalement. Plaisant.