Jacques Tourneur (1904-1977)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Alexandre Angel
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par Alexandre Angel »

Ah Ok merci!
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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The Eye Of Doom
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par The Eye Of Doom »

Wichita / un jeu risqué
Un voyageur solitaire arrive à Wichita pour y fonder une petite affaire. Son nom est Wyatt Earl et il vas etre rapidement appeler à d’autres activités quand un groupe de cow boys arrive en ville.

Apres la revoyure de Passage du Canyon, la decouverte du Gaucho, j’ai eu envie de remettre la main sur mon dvd de Wichita.

Comme à la premiere vision, j’accroche pas vraiment à ce recit.
Certes on retrouve les thèmes chers à Tourneur de la dynamique de violence inherente à la societé (acceptée ici pour raison économique) et de la lutte pour la civilisation.
Le film est tres correctement interprété et ecrit.
Tourneur est a l’aise avec le scope et compose quelques beaux plans, notamment en extérieur.
Mais voila, je n’y trouve pas le ou les suppléments d’ame, le lyrisme, la tension,… qui habitent les grands Tourneur.
On n’a ni la beauté esthétique, flamboyante dans La fribustiere ou Le passage, douce et evidente dans Le gaucho, ni la tension ou l’onirisme de ces films noirs ou fantastique.
Il manque quelques scènes fortes pour emporter le morceau.
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Robert Brisseau
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par Robert Brisseau »

Bonjour,
quelqu'un sait-il ce qui retient une édition BR de "I Walked With A Zombie"? à commencer par les US où ce titre ne semble pour l'instant intéresser ni Warner Archives ni Criterion (ni Shout Factory etc....)
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Robert Brisseau
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par Robert Brisseau »

je m'autorise 1 {bump} et après je vous laisse tranquille
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sixtiesfan
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par sixtiesfan »

Faute d'apporter une réponse définitive à ton interrogation, il y a ce fil de discussion sur le forum de bluray.com où quelques hypothèses sont évoquées :

https://forum.blu-ray.com/showthread.php?t=274056
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Robert Brisseau
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par Robert Brisseau »

sixtiesfan a écrit : 18 nov. 22, 10:09 Faute d'apporter une réponse définitive à ton interrogation, il y a ce fil de discussion sur le forum de bluray.com où quelques hypothèses sont évoquées :

https://forum.blu-ray.com/showthread.php?t=274056
Merci ! Je n'étais notamment pas au courant de la sortie allemande mentionnée
https://www.amazon.de/I-Walked-with-a-Z ... B09LGW5ZL1

et un combo WA "Zombi / 7ème Victime" comme évoqué par les forumeurs serait trop beau pour être vrai
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par The Eye Of Doom »

Great days in the morning
Un type pas tres net arrive à Denver, ville déchirée en ces jours précédents la guerre de sécession. Il succite l’interêt de deux belles femmes fort différentes et se retrouve propriétaire d’un salonn et de concessions de mines d’or. Il vas tenter d’en faire business…

C’est un film méconnu de Tourneur.
Ce qui frappe de suite c’est la beauté plastique du film. En technicolor flamboyant, Tourneur filme de nombreux plans incroyables, notamment des scènes extérieures, où le cadre naturel est magnifié. Ce film est un festival d’images et de plans superbes.
On passe du decor baroque de ce curieux sallonn decoré d’elephants et qui resemble à une baraque de cirque ambulant, à la beauté confondante des paysages du colorado.
Grande attention aux costumes (robes magnifiques), qui rappelle la beauté de La fribustiere.
Franchement c’est un des beaux Tourneur. Il y a des plans à tomber !

L’intrigue est assez curieuse et l’intro du film est bien à cette image: on plonge dans une fusillade entre un homme et une troupe d’indiens.
Le film deroule des themes chers à Tourneur: la violence sociale, la conscience contre l’individualisme, la paternité reelle ou de circonstance,…
Toutefois on est bien obligé d’avoir quelques reserves.
D’abord sur l’intrigue sentimentale: le choix entre la femme publique (tres belle Russ Roman ) et la femme d’affaire, est un peu facile.
D’ailleurs la fin est assez genante:
Spoiler (cliquez pour afficher)
La femme publique meurt assassinée, comme le bon noir ou l’homo de service
Le personnage du pretendant de la femme d’affaire est assez raté :
Spoiler (cliquez pour afficher)
On a du mal à comprendre comment cet agent double, militaire en mission d’espion, peut se laisser attendrir à la fin.
On nous flanque d’un gamin tombé du ciel, pour une intrigue franchement tiree par les cheveux.

Quand au mechant (tres bon Raymond Burr), il fait quand meme pas mal de figuration.

Enfin, last but not least, on a du mal a croire à la « conversion » du personnage principal, alors que justement son cynisme dans la majeur partie du film fait l’interet de l’intrigue.
Quand à la fin, elle laisse franchement songeur:
Spoiler (cliquez pour afficher)
le gars fait son speech sur les etres qui lui sont chers et son interlocuteur emu le laisse partir. La femme qu’il aime est morte mais on s’en fout.
On a l’impression de voir une fin « optimiste » calquée sur le mauvais film. A moins que cela releve d’un geste artistique d’une rare modernité et particulièrement cynique où tout, y compris la mise en scene, amène au happy end, alors que le sait que l’être aimé est mort… je ne crois pas à cette deuxième option.
Tout cela se laisse voir bien sur, mais c’est alambiqué, peu credible et sans ligne claire.
Ce n’est pas que les personnages n’existent pas à l’ecran mais c’est ce qu’il leur arrive et pour certains leur réactions qui ne sont pas/peu credibles.
C’est la que l’on voit la qualité de scénario du Passage du canyon. Le personnage de Dana Andrews ressemble à celui de Robert Stark: c’est un homme qui veut faire des affaires, dans un endroit plutot interlope. Mais dans Passage, personnages et intrigues sont au diaposon.

Le pb du film est peut etre d’avoir voulu traiter trop de sujets en meme temps; l’intrigue avec le garcon est de trop, elle brouille un debat personnel qui sinon aurait ete proche du film noir ou du film de guerre.
Le cinema de Tourneur s’accommode parfaitement d’intrigue assez simple cf Le gaucho, La fribustiere, Stars on my crown,….

Malgré tout ca le film est absolument a découvrir pour les admirateurs de Tourneur.
Cela confirme l’insolente mise en scene de ce tres grand cineaste, le choix assez curieux de ses intrigues, la singularité de son regards.
La copie est superbe. Comme dit plus haut, c’est un des plus beaux Tourneur
Le bootleg espagnol est a vil prix. Pas de sstf par contre, ce qui m’a valu de rater deux ou trois dialogues meme avec les ssta.

Je regrette pas du tout mon achat.
Maintenant je remet la main sur le dvd du Juge Thorne en attendant un sortie de Berlin express ou L’enquête est finie…
Heu, Stars on my crown, c’est quand vous voulez …
Vaudou, tiens ca serait pas mal aussi.
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tchi-tcha
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par tchi-tcha »

Flemme d'aller chercher le gif de la balayeuse dans l'historique des messages à Demi-lune, alors va pour ça :

Image


À l'occasion de l'annonce de la sortie de L'Enquête est close, on a causé Tourneur sur ClaCla, mais comme d'habitude pas au bon endroit :
Jack Carter a écrit : 24 juil. 23, 08:30 Image
tenia a écrit : 24 juil. 23, 08:58 Je ne connais pas le film, c'est sur un jeu de lancer d'anneaux à la fête foraine ? Visiblement, y en a un qui a réussi à le mettre sur le fusil, bien joué (par contre, c'est un peu dangereux, cette variante).
ex-beldvd man a écrit : 24 juil. 23, 09:13 Nah, je crois que c'est le graphiste qui a trouvé les 7 différences.
Jack Carter a écrit : 24 juil. 23, 09:16 Ce qui me desole, c'est que le titre français existe (L'Enquete est close), pourquoi ne pas l'utiliser ?
Alexandre Angel a écrit : 24 juil. 23, 09:39 Dictature de l'anglais pour vendre ?

En tout cas :D car c'est un excellent Tourneur!
Robert Brisseau a écrit : 24 juil. 23, 09:43 Circle Of Danger; j'avais beaucoup aimé, découvert il y a 2 ou 3 ans sur Ciné+ ou TCM (ou...?)
J'ai peut-être tendance à le surcoter car il est peu connu, mais Tourneur, mineur ou pas: à voir
Alexandre Angel a écrit : 24 juil. 23, 09:46 Il n'est pas mineur, pour être précis. Il est vraiment à connaître quand on aime le cinéma de Tourneur fils.
Robert Brisseau a écrit : 24 juil. 23, 10:19 Ma seule vraie déception chez Tourneur fils fut probablement son adaptation de Goodis "Nightfall", mais là encore, c'était le contraire d'une perte de temps, notamment pour Brian Keith.
Alexandre Angel a écrit : 24 juil. 23, 10:54 Oui, et encore, si c'est une déception, c'est dans le haut du panier qu'elle se situe. Attention car le néophyte pourrait croire que tout est bien alors que loin de là mais le pourcentage de réussite reste enthousiasmant : je dirais, une bonne quinzaine de films indiscutable. Au delà, il faut voir (je connais très mal les court-métrages).
kiemavel a écrit : 24 juil. 23, 17:28 Nightfall, pour moi c'est même meilleur que Circle of Danger. Pour la mise en scène plus inventive, je trouve ; les paysages enneigés et la façon dont ils se marient avec le très beau N&B ... Et j'aime le couple Aldo Ray - Anne Bancroft, surtout pour cette dernière qui est une de mes -relativement nouvelles- favorites. Elle et Joanne Dru sont venues m'obséder assez tard :mrgreen: par rapport à d'autres stars de cette époque.

Même pour le premier, il y a un titre français moins employé : Poursuites dans la nuit. Sur la jaquette du blu-ray RImini, le titre français figure tout de même, mais en petit, sous le titre original.

Concernant la carrière de Tourneur, après Rendez-vous avec la peur, ça se gâte franchement. Je suis pourtant très client, et de Tourneur et du genre, mais même son dernier film que l'on peut raccrocher au genre noir, The Fearmakers - La cible idéale, n'est pas terrible. Jacques Lourcelles devait être un des rares à lui trouver tout de même des qualités ... mais dans sa prose, j'avais cru sentir qu'il voulait absolument y trouver quelques qualités.
tchi-tcha a écrit : 24 juil. 23, 17:40 De mémoire, ce qui rehausse Circle of Danger, c'est son interprétation d'une part, et surtout la conclusion de son enquête. Ce ne sont ni la construction du récit ni l'inventivité de la mise en scène qui le font briller (ce n'est pas un "grand" Tourneur, donc), c'est son ton qui lui donne toute sa valeur, cet art du silence et du déracinement qui rendent le cinéaste si précieux.

Bref, achat indispensable en ce qui me concerne.

(Et je confirme, sans être raté, The Fearmakers c'est très mineur, quoi qu'en dise Lourcelles pour y voir le verre à moitié plein alors qu'il est aux deux tiers vide.)
Robert Brisseau a écrit : 24 juil. 23, 19:29
kiemavel a écrit : 24 juil. 23, 17:28 Nightfall, pour moi c'est même meilleur que Circle of Danger. Pour la mise en scène plus inventive, je trouve ; les paysages enneigés et la façon dont ils se marient avec le très beau N&B ... Et j'aime le couple Aldo Ray - Anne Bancroft, surtout pour cette dernière qui est une de mes -relativement nouvelles- favorites. Elle et Joanne Dru sont venues m'obséder assez tard :mrgreen: par rapport à d'autres stars de cette époque.
Au contraire pour moi la performance d'Anne Bancroft est un élément à charge, sa composition est limite: personnage trop ouvertement cool, limite cherchant à faire la maligne. Elle en fait des tonnes pour séduire l'auditoire et paraitre dans le contrôle: du coup, le charme s'estompe pour moi. Ce personnage méritait plus de nuances. Difficile à expliquer.
Ce problème est loin d'être une constante chez Bancroft mais je lui trouve les mêmes défauts dans "L'Odyssée Du Hindenburg" 15 ans plus tard - rôle bien plus mineur - là encore elle surjoue la coolitude pour finir antipathique à force d'inconsistance (ça n'est pas tout à fait le cas dans "Nightfall", n'exagérons pas).
Bref, "Nightfall", tel Félix, est bourré de qualités: son défilé, sa neige, et pratiquement tout son casting...

Je ferai pas ça tous les jours.
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par kiemavel »

J'ai voulu le revoir hier soir mais la vieillesse étant un naufrage, comme le général, j'ai sombré (enfin, surtout Pétain)... mais je viens de me faire un réveil avec Tourneur
Avec Circle of Danger, donc, parce que vous avez - toi et Alexandre - réveillés ma curiosité. J'en sors donc et je devrais aller derrière le jardin me faire un fagot d'orties fraiches. C'est un grand Tourneur. Comme je le disais précédemment, avant de rafraichir ma mémoire, la mise en scène de Tourneur n'est pas la plus marquante. Je n'ai pas vu non plus d'interprètes particulièrement remarquables ni de scènes fortes mais il n'en a pas besoin. J'aurais plutôt du dire "scènes chocs", à la Joseph H. Lewis ou Samuel Fuller (ou ... à la Tourneur) . Car des scènes fortes il y en a, au moins deux. Les deux dernières : La première fin, celle qui vient conclure la "vengeance" qui n'aura pas lieu ou même la confession finale du "coupable" est tranquille et sereine. Et le nouveau départ avec celle que Milland avait jusque là négligé et manqué de perdre

La force du film, c'est celle de son sujet même et Tourneur n'a pas besoin de plus, au contraire. Le scénario est simplissime et limpide : " Un américain retourne en Grande-Bretagne pour connaitre les circonstances de la mort de son frère tué au cours d'une mission de reconnaissance en France et il parcoure le pays pour interroger les membres survivants du commando ... "
mais l' itinéraire géographique de Milland (Londres, puis le Pays de Galles, puis l'écosse et à nouveau Londres ...) ne le fait pas progresser dans son enquête. Au contraire. Devant la méfiance que ses questions suscitent, progressivement il pense comprendre ce qui a pu arriver à son frère ... Mais il se trompe. Sa quête - l'enquête - de Milland a quelque chose d'obsessionnel et on devine les tourments intérieurs de cet homme fondamentalement seul. On l'apprend en route : ce frère était sa seule famille. D'une certaine manière, lorsqu'il arrive en Angleterre , Milland revient pourtant doublement chez lui. D'une part, il y a lui aussi vécu pendant la guerre et même si on ne cesse aussi de lui faire observer des différences de comportement, de gouts, qui "trahissent" son américanité, ses interlocuteurs cherchent aussi à détecter chez lui les origines britanniques ; et donc le rapprochement. Avec ses interlocuteurs masculins, ses questions cassent le lien car presque tous les personnages ont des raisons de regarder avec méfiance celui qui vient réveiller le passé. Quant à la femme (Patricia Roc) rencontrée en cours de route, elle est écartée, malgré lui, par Milland.
Tourneur filme tout ceci sans éclat, sans fioriture, sans paraitre chercher à mettre en valeur les extérieurs britanniques. Presque sans humour ni fantaisie non plus. Tout juste peut-on détecter une légère ironie vis à vis de la beaufitude américaine de Milland qui ne parait pas concevoir qu'on puisse avoir été un commando d'élite et être un danseur dans le civil (l'homosexualité du personnage est - je pense- suggérée). Mais c'est totalement un film de Tourneur. Et un très bon.
Ma note : 7,5

Merci les gars ! Et du coup : achat obligatoire
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par The Eye Of Doom »

J’en garde le souvenir lointain d’un film atypique à l’ambiance lourde.
C’est sur que je le prendrais !
En attendant, on peux rever, Stars of my crown ou Berlin Express….
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Alexandre Angel
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par Alexandre Angel »

Merci à Kiemavel.

Du coup j'en profite, l'on m'en tiendra pas rigueur, pour reproduire ici un p'tit avis sur le film que j'avais émis en d'autres lieux, au titre de la complémentarité des regards:

CIRCLE OF DANGER (L’Enquête est close, en français)est une miniature de Jacques Tourneur dont Jacques Lourcelles dit qu’elle pourrait être le brouillon de RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR.
Je me risquerais à surenchérir en imaginant que le film soit également la source d’inspiration ultrasecrète (mais qu’y a-t-il de plus secret qu’un film de Tourneur?) de L’HOMME TRANQUILLE et cet échange entre Ray Milland et un cocher qui le branche sur le fait qu’il est un garçon du pays ne préfigure-t-il pas celui, assez similaire, qui a lieu, à bord d’une calèche semblable, entre John Wayne et Barry Fitzgerald dans le classique de John Ford?
Ce petit film plein de ressources, quelque peu énigmatique, qui nous emmène on ne sait trop où, nous montre un Ray Milland égaré, fébrile, passant son temps à louper des rendez-vous, à arriver en retard, à fâcher par ses maladresses celle qui tombe amoureuse de lui.
Car le sujet secret de ce film d’1h10 est l’histoire d’amour qui nait entre Milland et l’étrange Patricia Roc et qui ne cesse d’être contrariée par les impératifs d’une enquête à l’enjeu aussi opaque qu’accaparant.
Comme en témoigne la meilleure scène du film : cette soirée flirteuse improvisée dont le romanesque euphorisant est peu à peu gâché par une crise d’allergie aux primevères
.

Ci-joint également le commentaire de Bertrand Tavernier sur son blog:

CIRCLE OF DANGER est pour moi un Tourneur majeur. Méfiez-vous de la copie Sinister Cinéma, très médiocre. Celle sur Amazon UK est bien meilleure. J’ai été très touché par le côté oblique du film, la manière dont Tourneur élague les péripéties et dont le film déjoue ce que l’on attend et refuse tout affrontement final. Marius Goring et Naunton Wayne sont remarquables et tous les accents régionaux sont justes. J’ai trouvé qu’il y avait beaucoup d’extérieurs : sur la lande à la fin avec justement ces plans larges que Tourneur affectionne. Il dédramatise le film noir, comme il l’avait fait du film d’horreur.

Si ça peut contribuer à donner des envies d'y voir de plus près..
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par The Eye Of Doom »

Merci pour le partage. La pression monte…
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par kiemavel »

C'est parfait - si l'on peut dire - car nos bafouilles se complètent, surtout la tienne :wink:
Bien vu, entre autres, pour le rapprochement avec L'homme tranquille. Ce côté étranger - mais lointainement du pays -réel ou fantasmé (certains habitants en Ecosse, en l’accueillant, croient voir en lui, à son physique, son nom même, un membre du clan des Douglas ; des Black Douglas plus précisément. Je ne sais pas à quoi ça correspond mais visiblement c'est un clan bien identifié, surement de cette région d'Ecosse). Mais il n'y a pas chez lui de quête d'une identité ... puisqu'il est trop accaparé par sa quête personnelle. On lui a enlevé ce qui lui restait de famille, d'identité, de son "clan" intime et personnel et il ne peux pas reconstruire quelques bases - identitaires, je le dis comme ça, avec ces gens là puisque l'un d'eux a peut-être tué ce frère. Et Milland prend les autres, en raison de leur mutisme ou des évidentes rétentions d'information, pour des complices ou au moins des protecteurs d'un criminel.

Les deux séquences finales sont pour moi les plus fortes ; pour elles mêmes et l'enchainement des deux. Mais bien vu aussi pour la séquence du diner raté pour cause d'allergie aux fleurs du personnage interprété par P. Roc. Milland multiplie les maladresses, oui, et de manière symptomatique est systématiquement en retard à leurs rendez-vous. Et oui, comme pour Les enchainés dont il est question aussi ces temps ci, ce qui intéresse Tourneur ce sont -aussi- les difficultés rencontrés par ce couple en formation. HItchcock ne s'intéresse qu'à cela, j'ai l'impression. Pas Tourneur.
The Eye Of Doom a écrit : 25 juil. 23, 09:57 En attendant, on peux rever, Stars of my crown ou Berlin Express….
Stars in my Crown, c'est magnifique. Un des plus parfaits représentants du genre Americana
Berlin Express, je suis déjà plus réservé .. mais si je le revois, ça va peut-être faire comme pour celui d'aujourd'hui :uhuh:

Sinon, les deux sont quand même visibles en DVDs. Le premier dans -feu- la collection Les trésors Warner. Le second dans la collection rko des Editions Montparnasse. Mais c'est pour les ancêtres qui révèrent encore le DVD
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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par Alexandre Angel »

kiemavel a écrit : 25 juil. 23, 11:08 Berlin Express, je suis déjà plus réservé .. mais si je le revois, ça va peut-être faire comme pour celui d'aujourd'hui :uhuh:
Ouh là, revois-le!
Il y a des images extraordinaires du Berlin dévasté de 1945, une ambiance splendide, des moments tourneuriens en diable (la scène avec le clown) et un plan final assez bouleversant qui fait peu de mystère sur ce que pense Tourneur de l'effroyable tragédie survenue dans le monde entre 1939 et 1945.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Jacques Tourneur (1904-1977)

Message par kiemavel »

Alexandre Angel a écrit : 25 juil. 23, 11:38
kiemavel a écrit : 25 juil. 23, 11:08 Berlin Express, je suis déjà plus réservé .. mais si je le revois, ça va peut-être faire comme pour celui d'aujourd'hui :uhuh:
Ouh là, revois-le!
Il y a des images extraordinaires du Berlin dévasté de 1945, une ambiance splendide, des moments tourneuriens en diable (la scène avec le clown) et un plan final assez bouleversant qui fait peu de mystère sur ce que pense Tourneur de l'effroyable tragédie survenue dans le monde entre 1939 et 1945.
Oui mais les bizarreries typiquement Tournériennes, comme cette histoire de clown, il y a des jours avec et des jours sans. Avec moi, hein ...
Pour ce qui est des images du Berlin dévasté, je pense qu'il y a plus saisissant encore. Allemagne année zéro. Les anges marqués. Surtout des films allemands ; de Staudte (Les assassins sont parmi nous) ou Kautner ( Entre hier et demain) et bien d'autres. Mais je pense que Tourneur devait être le premier "américain" à avoir tourné dans ce contexte.

Les anglais en ont d'ailleurs eux aussi tourné un bon nombre de films dans les ruines de Londres dévasté ; mais moins saisissants parce qu'évidemment l'ampleur des destructions n'était pas la même. Mais là dessus, Winston - Adolf : 1 - 1 (mais faut quand même pas me confondre avec Barry Egan :mrgreen: )

Le dernier que j'ai vu, c’est A Place to Go, très bon film de Basil Dearden ; un de plus mais dans lequel les ruines tiennent une place très marginale (elles sont de quelques courtes séquences)

EDIT :

Sinon, une des références sur Tourneur, c'est Jacques (Lourcelles) ; grand sur bcp de choses mais pas sur tout. Il a d'ailleurs son clone sur le net, le dénommé dbdumonteil sur IMDB. Il devait intervenir dans les coms sur le blog de Bertrand Tavernier et celui ci devait le citer parfois.

Bref. Je cite :
" Le film possède une structure de film noir transposée - peut-être vaudrait-il mieux dire exilée - dans le décor de la lande galloise. Ray Milland incarne un héros typique de Tourneur, s'égarant au cours de ses pérégrinations dans des mystères de plus en plus opaques où disparaissent peu à peu ses maigres certitudes. Aucune progression réelle dans son enquête; elle le fait sauter d'une case à l'autre sans satisfaire sa curiosité. Et puis soudain une vérité éclate, qui réduit à néant le peu qu'il croyait savoir. Le film met en œuvre cette insidieuse dialectique de l'étrangeté et de l'appartenance sur laquelle repose l'essentiel de l’œuvre de Tourneur. Le personnage de Ray Milland erre sur un sol étrange pour lui, mais qui est peut-être la terre de ses ancêtres. Il finit par y deviner, mêlés à cette étrangeté même, les liens d'une secrète appartenance. Le film prend ainsi la forme d'un labyrinthe poignant où le héros se perd et où le spectateur, sans vraiment s'identifier à lui, marche à ses côtés, comme hypnotisé par le caractère de découverte intime que prend son itinéraire".

Bon, on y arrivera jamais mais on continuera à parler cinéma quand même :wink: (et maintenant, j'ai de la plomberie à finir)
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