cinephage a écrit :Supfiction a écrit :
Oui, j'ai eu le malheur de voir les commentaires sur Twitter et c'est un chapelet de conneries et de mauvaise foi (mais pas que, puisque beaucoup sont vraiment persuadés que c'est un droit fondamental, que c'est une attaque contre les jeunes et les pauvres, voire même la conséquence de la victoire de Fillon
).
J'ai quand même l'impression que ça suggère que le combat est perdu sur le champs des idées. Les films doivent être vus gratuitement, ça ne doit rien couter de voir un film, c'est désormais le ressenti du plus grand nombre, c'est leur "droit"...
Je ne suis pas sûr. Déjà parce qu’une habitude ne signifie pas forcément l’absence de réalisation que l’acte est répréhensible (par exemple, je roule souvent à 140 sur les autoroutes belges en sachant pertinemment que c’est hors-la-loi).
Ensuite parce qu’il est clair que les interventions sur FB etc sont celles de clients habitués du site, donc une population particulière pas forcément représentative de la population en général.
Enfin parce que, soyons honnêtes, télécharger illégalement massivement implique d’avoir beaucoup de choses que l’on souhaite voir. Or, je ne suis pas sûr que l’ensemble des spectateurs français soient tant intéressés que ça pour voir, par exemple, Game of Thrones absolument le lendemain de la diffusion, quitte à l’illégalité, quitte à la VOST (voire, plus rarement, la VO tout court).
Je ne dis pas que ce n’est pas répandu, je pense juste qu’elle ne l’est pas tant que ça, et que si la pratique est devenue monnaie courante, je ne pense pas que ceux qui la pratiquent aient perdu totalement l’idée qu’il ne faudra pas venir pleurer le jour où ils se font choper. D’ailleurs, il y a des commentaires FB sous les articles du Monde ou de Kombini sur le sujet rappelant que « hey, les mecs, sérieusement, vous vous plaignez de la fermeture d’un site illégal ? »
cinephage a écrit :Ca va être très, très difficile de revenir là-dessus, ou de changer les habitudes. J'ai beau être d'accord sur le fond, ça ressemble à un combat d'arrière-garde. Les ordinateurs ne proposent plus de lecteurs physiques par défaut, et le prix du cinéma en fait une activité de luxe, ou une habitude de vieux...
Netflix et d'autres pourraient se développer encore, et déringardiser l'offre légale, mais pour le moment, on en est loin.
Corolaire de ci-dessus. Je ne suis pas sûr que la population cœur du téléchargement illégal ait drastiquement évolué en taille. Et je ne serais pas surpris que Netflix ait capturé les moins assidus d’entre eux.
cinephage a écrit :le prix du cinéma en fait une activité de luxe, ou une habitude de vieux...
Le nombre de billets vendus en salles montre qu’il y a encore un paquet de gens qui paient normalement pour voir des œuvres visuelles (plus d’ailleurs que dans les années 90 et le début des années 2000), et que c’est tout sauf une activité devenant élitiste ou ringarde. D’ailleurs, 2016 devrait finir 4% au-dessus de 2015.
On en a déjà discuté ailleurs (même s’il y a ces dernières années effectivement moins de 15-24 ans en salles que dans le passé). Et de toute façon, les plus jeunes n’ont toujours représenté (en tout cas depuis 2005) qu’une partie restreinte du public des salles, bien plus faible que celle des 25-49 ans notamment.
cinephage a écrit :Je parle du tarif de base, pour les gens qui ne vont pas beaucoup au cinéma, pas pour l'utilisateur de ce forum qui, atcloserange excepté, est assez consommateur de films.
S'il y a évidemment des populations spécifiques, en 2015, le prix moyen d'achat d'un billet était de 6.48€. Il était de 6.14€ en 2009. Le prix est à peu près stable depuis 2010.
Par ailleurs, le gros du public français est composé de gens allant au moins 1 fois par mois au cinéma (environ 55% du public). Les gens n'allant pas beaucoup au cinéma (c'est à dire moins d'une fois par mois) représentent environ 15%, ceux qui y vont au moins une fois par semaine environ 28%.
Enfin, la part des multiplexes dans les entrées réalisées est d'environ 60% depuis plusieurs années. Or, les multiplexes tendent à avoir des tarifs plus élevés que les salles d'A&E ou de quartier. Donc, forcément...
Et à nouveau, on en a déjà discuté dans un autre topic, mais la désertion massive des jeunes qui changeraient le paysage des recettes cinéma en France est un mythe total. Jusque 2013, le groupe des 15-24 ans était d'ailleurs largement sur-représenté dans les entrées en salles (20.9% en moyenne alors qu'il ne représente que 11.8% de la population totale). Même maintenant que leur part des entrées a diminué autour de 16%, le groupe est encore largement sur-représenté. Les 25-49 ans, eux, étaient sur-représentés en 2005 et sont maintenant légèrement sous-représentés. Bien plus que les 15-24 ans, c'est dans cette tranche d'âge que le vieillissement des spectateurs s'est fait.