Le cinéma japonais

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

bruce randylan
Mogul
Messages : 11657
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

Séance spéciale à la MCJP

Mikazuki, le samouraï gentilhomme/ Bored Hatamoto Samurai (Sadatsugu Matsuda - 1958)

Image

A l'époque d'Edo, Saotome Mondonosuke est un samourai chargé d'enquêter secrètement dans un fief dont le seigneur vit dans l'alcoolisme et où de mystérieux ninjas kidnappent une femme promise à un sacrifice religieux.

Peu connu en dehors du Japon, la série des Mikazuki, le samouraï gentilhomme (ou Bored Hatamoto en anglais) fut l'une des série les plus populaire du Japon avec pas moins de 30 films entre 1930 et 1963 ("rebooté" par la suite en plusieurs séries télé) mettant donc en scène un "Hatamoto" (un garde officiel d'un daimyō ou d'un shogun) possédant un cicatrice en forme de croissant de lune sur le front et refusant autant que possible de tuer ses assaillants.
Ce film est le 23ème de la série et, contrairement à la saga des Zatoichi par exemple, il doit y avoir un minimum de lien entre les films puisque le héros est accompagné de plusieurs fidèles compagnons.
Pour découvrir la série, ce n'est peut-être pas le plus simple avec facilement une quinzaine de personnages principaux dont un bon tiers qui ne sont pas présentés. Pas toujours aisé à suivre d'autant que le scénario en lui-même est aussi limpide que le Grand sommeil de Hawks avec complot, trahisons, manipulations, ninjas masqués, duperie et faux semblants. On comprend vaguement la trame général mais on a parfois envie de mettre pause pour dessiner un organigramme.

Fort heureusement, cet épisode célèbre aussi le 300ème film de sa vedette, le grand Utaemon Ichikawa qui détient ainsi le record de l'acteur japonais ayant campé le plus longtemps un rôle. Le budget est donc confortable et le casting comprend d'autres grand noms du cinéma japonais comme Chiezo Kataoka, Okawa Hashizo, Okochi Denjiro ou Kinnosuke Nakamura. Cet épisode est réalisé par Matsuda qui signa 5 épisodes (dont les 2 qui relancèrent la série en 1950 après les 12 ans de pause dus à la guerre et l'occupation américaine) et on reconnaît assez bien son style avec un rythme très concis pour des séquences brèves qui ne perdent pas de temps en informations superflues. Tout en étant ainsi d'une école "classique", son découpage est plutôt alerte et varié avec un souci de ne jamais ennuyer le spectateur. On est assez loin des audaces de la nouvelle vague qui commençait à éclore - ou de la virtuosité d'un Kurosawa - mais Matsuda échappe à l'académisme avec sa nonchalance, de petites touches d'humour, d'une solide gestion de l'espace, quelques (rares) extérieurs très bien mis en valeur et de nombreuses séquences d'action bien chorégraphiés et dynamiques.
Évidement, il y a une influence théâtrale dans le jeu ou les décors mais ce n'est pas gênant ; ça lui donne même un charme rétro indéniable.
Le film bénéficie également de l'expérience et du savoir-faire de la Toei dont les nombreux costumes et kimonos chatoyants ont également participé à la renommée de la série.

C'est évidement un divertissement typiquement conçu pour délivrer un plaisir éphémère avec un manque de personnalité et de prise de risque. Pour autant, le plaisir est bel et bien là, et malgré son scénario retors, on se prend au jeu avec l'envie de mieux découvrir les autres épisodes de cette saga (uniquement visible via des bootlegs)
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Avatar de l’utilisateur
Commissaire Juve
Charles Foster Kane
Messages : 24558
Inscription : 13 avr. 03, 13:27
Localisation : Aux trousses de Fantômas !
Contact :

Re: Topic naphtalinippon

Message par Commissaire Juve »

A propos de madeleine de Proust !

Super Express 109 (Jun'ya Satō, 1975)

Pas vu... je suis tombé sur son affiche tout à l'heure en faisant une autre recherche ; ça m'a rappelé des souvenirs d'enfance ; j'ai cherché s'il y avait un DVD ou un BLU, mais, euh...

J'adore le doublage ! :mrgreen:

La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
Avatar de l’utilisateur
Spike
Electro
Messages : 849
Inscription : 2 janv. 07, 13:07
Localisation : Belgique
Contact :

Re: Topic naphtalinippon

Message par Spike »

Commissaire Juve a écrit :Super Express 109 (Jun'ya Satō, 1975)

(...) j'ai cherché s'il y avait un DVD ou un BLU, mais, euh...
Il existe un DVD britannique, ainsi qu'un BR américain (verrouillé "région A"), sous le titre The Bullet Train.
Avatar de l’utilisateur
gnome
Iiiiiiil est des nôôôôtres
Messages : 20845
Inscription : 26 déc. 04, 18:31
Localisation : sleeping in the midday sun...

Re: Topic naphtalinippon

Message par gnome »

Commissaire Juve a écrit :A propos de madeleine de Proust !

Super Express 109 (Jun'ya Satō, 1975)

Pas vu... je suis tombé sur son affiche tout à l'heure en faisant une autre recherche ; ça m'a rappelé des souvenirs d'enfance ; j'ai cherché s'il y avait un DVD ou un BLU, mais, euh...

J'adore le doublage ! :mrgreen:

Aaaah Tetsuro Tamba !
u m'as donné envie de le voir pardi ! :D
Image
Avatar de l’utilisateur
Rick Blaine
Charles Foster Kane
Messages : 24119
Inscription : 4 août 10, 13:53
Last.fm
Localisation : Paris

Re: Topic naphtalinippon

Message par Rick Blaine »

Spike a écrit :
Commissaire Juve a écrit :Super Express 109 (Jun'ya Satō, 1975)

(...) j'ai cherché s'il y avait un DVD ou un BLU, mais, euh...
Il existe un DVD britannique, ainsi qu'un BR américain (verrouillé "région A"), sous le titre The Bullet Train.
BR Twillight Time effectivement marqué comme vérouillé région A. Ce doit être l'une des seules exceptions

Je ne connaissais pas, ça me faisait envie, dommage.
Avatar de l’utilisateur
Commissaire Juve
Charles Foster Kane
Messages : 24558
Inscription : 13 avr. 03, 13:27
Localisation : Aux trousses de Fantômas !
Contact :

Re: Topic naphtalinippon

Message par Commissaire Juve »

Comme je le disais, je ne connaissais que l'affiche. Au point que j'ai cru qu'il était passé dans mon ciné de quartier vers 75 / 76, mais non... le film est sorti chez nous en mai 78. Faut croire qu'il avait été programmé par un des cinémas de la Canebière !

Au passage, vous avez remarqué comme le scénar a inspiré Jan de Bont pour Speed. :fiou:
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18519
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Topic naphtalinippon

Message par Profondo Rosso »

Wandering Ginza Butterfly de Kazuhiko Yamaguchi (1972)

Image

Chef de gang, Nami va en prison pour avoir tué un yakuza suite à un conflit territorial. Libérée trois ans après, elle fréquente une salle de billard et va travailler dans un bar à hôtesses de Ginza où elle devient vite populaire...

Sorti parallèlement au célèbre La Femme scorpion (1972), Wandering Ginza Butterfly est une des œuvres qui lance Meiko Kaji au sein de la Toei après son départ de la Nikkatsu. Le studio est donc à travers ses deux films en pleine construction de l'identité de sa nouvelle vedette, notamment pour combler le retrait à venir de Junko Fuji, célèbre héroïne de la saga à succès de La Pivoine rouge. Si La Femme scorpion est un pur film d'exploitation s'emparant du populaire genre du "women in prison, le ton vindicatif, la mise en scène inspirée et inventive de Shunya Ito ainsi que le magnétisme taiseux de Meiko Kaji en faisait un objet unique en son genre. Wandering Ginza Butterfly s'avère plus explicitement un produit de série dans ses codes et sa narration. D'ailleurs le réalisateur Kazuhiko Yamaguchi réalisa l'année précédente le flamboyant Delinquent Girl Boss: Worthless to Confess à la construction similaire, avec son groupe de délinquantes repenties en proie à un groupe d'infâme yakuza symbole de la tyrannie masculine, e trucidé dans un fabuleux final vengeur.

Si l'écrin est bien identifiable, le traitement s'avère cependant très intéressant. On baigne ainsi dans un le clinquant et la vie grouillante du quartier de Ginza, entre ses bar à hôtesses et ses clubs de jeu. C'est là que vient se réfugier Nami (Meiko Kaji) après trois années de prison dont le motif restera longtemps mystérieux, mais qui justifie l'aide secrète qu'elle apporte à une veuve malade élevant seule son enfant. Nami devient rapidement une hôtesse populaire et va se lier à la faune des laissés pour compte de Ginza : le voyou élégant Shin (Tatsuo Umemiya), le scout (recruteur d'hôtesse) rigolard Ryuji (Tsunehiko Watase), la "mama" (patronne de bar) bienveillante Kayo (Akiko Koyama). Tous se reconnaissent par leur passé douloureux qu'ils viennent oubliés dans les ruelles éclairées de néons, les bars enfumés de Ginza dont Yamaguchi capte magnifiquement l'atmosphère nocturne interlope. En une poignée de scènes (la rencontre avec la fillette vendeuse de fleur) le background difficile de chaque protagoniste se devine sans être excessivement explicatif, et le développement se fait plus précisément avec Nami. Meiko Kaji se trouve là au carrefour des rôles emblématiques de ce début de carrière. Ancienne chef de gang à moto (comme dans la série des Stray Cat Rock -
Stray Cat Rock : Female Boss , Stray Cat Rock : Wild Jumbo, Stray Cat Rock : Sex Hunter et Stray Cat Rock: Machine Animal - tourné à la Nikkatsu), reprise de justice comme dans La Femme scorpion (portant d'ailleurs le même prénom de Nami), Meiko Kaji montre pourtant là une autre facette de son talent. Elle est ici plus élégante, souriante, espiègle, en un mot plus humaine que le bloc vengeur et impassible de La Femme scorpion. Elle se montre touchante dans l'expression de sa vulnérabilité et de sa culpabilité, et la détermination sera plus rageuse que glaciale dans la confrontation avec les yakuzas.

Finalement les passages obligés du film de gangsters sont plutôt succincts, Yamaguchi privilégiant l'étude de caractère et la capture de ce quartier de Ginza. Lorsque la tension reprend ses droits, le suspense et l'action sont cependant rondement menés, que ce soit une haletante partie de billard ou une conclusion sanglante où sabre à la main Meiko Kaji anticipe cette fois sa Lady Snowblood. Belle réussite donc qui connaîtra une suite la même année. 5/6
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18519
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Topic naphtalinippon

Message par Profondo Rosso »

Shadow of Deception de Koichi Sato (1971)

Image

Le motif de l'errance et plus spécifiquement du road-movie est un élément récurrent de la filmographie de Koichi Sato. Ce voyage est à la fois physique et intérieur pour, au bout du chemin, servir de révélateur aux personnages. Sato signe de belles réussites où ce cheminement sert le passage à l'âge adulte dans le beau Journey into solitude (1972) mais aussi une observation du couple, en devenir ou au bord de la rupture dans The Rendezvous (1972) ou La Ballade de tsugaru (1973). Avant ces deux œuvres, Koichi Sato réalisa ce Shadow of Déception où l'errance du couple adultère formé par Minako (Shima Iwashita) et Sozo (Akira Nakao). Elle vit à Matsuyama et lui à Tokyo où ils se retrouvent ponctuellement. Lorsqu'il viendra passer quelque jours dans sa région pour le travail, ils vont décider de passer plusieurs jours ensemble. Le début du film et quelques flashbacks dressent leurs situations personnelles et les conditions de leur rencontre initiale. Minako était avant son divorce la belle-sœur de Sozo et est désormais mariée à un homme âgé et impuissant. Ils eurent une brève nuit d'amour avant de se rencontrer par hasard quelques années plus tard et reprendre leur aventure.

Koichi Sato façonne une sorte de variation japonaise d'Antonioni pour observer la dégradation progressive du couple. La scène d'ouverture est un indice avec la découverte du corps d'une jeune femme apparemment suicidée par amour. Lors d'une conversation triviale où elle évoque le fait divers, Minako affirme qu'elle serait tout à fait capable de mourir par amour voire de se faire tuer par celui qu'elle aime. Sozo n'a qu'un geste amusé mimant un étranglement pour répondre, mais cet instant sensuel défini finalement l'importance qu'ils accordent chacun à leur relation. Un rebondissement va placer Minako dans une position où elle pourrait tout abandonner pour vivre avec Sozo (bien qu'elle ne lui en dise rien), mais elle va constater la désinvolture de ce dernier. Le jeu fiévreux de Shima Iwashita la voit vivre chaque instant partagé, chaque étreinte, comme s'ils étaient les derniers. Elle s'accroche passionnément à cet homme auquel elle serait prête à tout sacrifier. Sozo est plus ambigu, privilégiant sa situation qui risquerait d'être malmenée par une séparation. Les dialogues et la mise en scène suggère le "tout ou rien" espéré par Minako entre fuite et abandon, quand Sozo ne cherche qu'à prolonger le plaisir présent sans se projeter plus loin. Plusieurs situations fonctionnent sur ce schéma, notamment lors d'une scène où après que Minako ait parlé de quitter son mari et entraîné une dispute, Sozo se réconcilie par un plaisir immédiat et éphémère d'un bain ensemble. La construction même des scènes d'amour expriment cela, Sato s'attardant avant tout sur le visage en extase de Minako quand Sozo n'est qu'un corps. La seule fois où le procédé s'inverse c'est pour laisser entrevoir le regard calculateur de Sozo pour bien montrer qu'il n'y met pas le même abandon.

Ces hésitations se jouent dans le huis-clos de chambre d'hôtel, tandis que le fossé séparant les personnages se révèle progressivement dans les extérieurs. On passe ainsi d'une corniche que Minako hésite franchir pour rejoindre Sozo alors que tout va initialement bien, à l'obstacle d'une montagne dans laquelle va se jouer le dernier acte. Le film est sous le drame assez parlant des relations homme/femme au Japon. Minako malgré son acte d'indépendance du début de film (quitter son époux) cherche immédiatement les bras d'un autre auprès de Sozo, puis se trouve un nouvel époux impotent, avant de s'accrocher désespérément à son amant réticent. Pour Sozo cette liaison n'est qu'un aparté à ses ambitions professionnelles pour lesquels il ne veut prendre aucun risque. Il est sans doute réellement amoureux, mais à l'image de la composition de plan d'une des dernières scènes (où dans une allée il s'arrête pour laisser Minako le rattraper) ses sentiments ne peuvent passer que par des instants fugaces quand Minako est prête à lui donner sa vie. La passion dévouée, sacrificielle et névrotique s'oppose donc à l'amour pragmatique et cynique. Très intéressant donc mais sacrément désabusé. 4,5/6
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18519
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Topic naphtalinippon

Message par Profondo Rosso »

Red Paper Lantern de Toshiya Fujita (1974)

Image

Toshiya Fujita est essentiellement connu en occident pour les deux chambarra au féminin de Lady Snowblood avec Meiko Kaji, mais bien que figurant parmi ses plus gros succès ces œuvres ne sont guère représentative de sa filmographie. Après des études universitaire, Fujita entre à la Nikkatsu au milieu des années 50 et y gravira les échelons en occupant tous les postes (scénariste, directeur photo, assistant réalisateur) avant de passer à la réalisation en 1967 avec Hikō shōnen: Hinode no sakebi. Ce premier film qui lui vaudra plusieurs récompenses pose déjà son thème de prédilection autour de l'observation d'une jeunesse à la dérive. Un des talents de Fujita est de rester un exécutant de la Nikkatsu tout en creusant toujours un sillon personnel. Ainsi alors que la mode est aux films sukeban (soit les délinquantes juvéniles souvent à moto), il se plie à l'imagerie pop attendue tout en poursuivant sa réflexion sur la jeunesse dans le deuxième volet de la saga à succès des Stray Cat Rock, Stray Cat Rock : Wild Jumbo (1970) dont il signe aussi le scénario. Il en va de même quand la Nikkatsu prendra le virage Roman Porno et que là aussi tout en se pliant au cahier des charges il signera des œuvres qui lui ressemble comme Le Doux Parfum d'Eros (1973). Fort de ce crédit il bénéficiera de plus de liberté dans les productions de films "classiques" comme ce Red Paper Lantern qui constitue le premier volet ce qu'on nomme la "Folk Song Trilogy" au sein de son œuvre.

L'histoire suit le destin du jeune couple précaire formé par Yukie (Kumiko Akiyoshi) et Masayuki (Kenji Takaoka). Dès la scène d'introduction, on comprend bien que c'est leur dénuement respectif qui les réunit puisque Yukie passe la nuit chez Masayuki par nécessité, sans qu'il y ait de romance ni même d'aventure éphémère. C'est lorsque Yukie perd ses économies et que Masayuki est expulsé de son appartement que s'amorce la romance, avant tout justifiée par ce besoin d'entraide. Le couple vit précocement plusieurs rudesses de l'existence que le récit rythme au gré de leurs différents déménagements. A chaque étape ses joies et ses peines, l'occasion de mieux connaître l'autre dans ses bons comme détestables côtés. Fujita observe ainsi l'immaturité du couple pas prêt à cette vie commune et cédant à un machisme idiot pour Masayuki, et à une naïveté maladroite avec Yukie. Malgré ces hauts et ces bas, tous deux finissent toujours par se retrouver et cette réconciliation débouche sur un changement de logis. Là Fujiya les confrontent aux maux extérieurs qui peuvent être sociétaux et spécifiquement japonais (notre couple précoce qui ne rentre pas dans le rang avec sa parentalité précoce et subit la vindicte des voisins), les mauvaises rencontres/tentations et même le poids du destin avec le passif de leur nouvel appartement au loyer aussi avantageux que suspect. Le regard des autres comme le leur encore trop tendre ne les préparent donc pas aux responsabilités. Fujiya accompagne son charismatique duo d'acteurs à travers une mise en scène sobre et des situations terres à terre, avant de faire céder la digue mentale de façon inattendue lors de la conclusion pleine d'amertume pour un énième et douloureux départ. Un bel instantané de la jeunesse japonaise d'alors, pas sans rappeler par certains points le manga Lorsque nous étions ensemble de Kazuo Kamimura publié durant la même période. Fujiya poursuivra le cycle avec Younger Sister (1974) et Virgin Blues (1974) où l'on retrouve Kumiko Akiyoshi en héroïne. 4,5/6
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18519
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Topic naphtalinippon

Message par Profondo Rosso »

Younger sister de Toshiya Fujita (1974)

Image

Younger sister est le deuxième volet de la "Folk song trilogy" de Toshiya Fujita après Red Paper Lantern et explore une autre facette des questionnements de la jeunesse japonaise d'alors. Red Paper Lantern confrontait de jeunes mariés à des responsabilités pour lesquelles ils n'étaient pas prêts, cette instabilité s'illustrant par leurs multiples déménagements. Dans Younger Sister cela passe à l'inverse par un refus de grandir qui s'exprime pour les personnages par un constant retour au foyer de leur enfance. Le film s'ouvre sur Neri (Kumiko Akiyoshi) revenant vivre avec son frère Akio (Ryûzô Hayashi) dans la demeure de leurs parents défunts après avoir quitté son petit ami. Ce foyer est celui du souvenir, du refuge et chacun peut retrouver celle qui compte le plus, celui qui sera toujours là pour l'autre. Fujita tisse un cocon tendre et bienveillant où un simple regard, une attention furtive, exprime sans forcer l'affection et la complicité (notamment la nudité décomplexée l'un face à l'autre) qui lie la fratrie. En dehors ce sont des êtres perdus et instable, notamment avec le fil rouge du récit quant à ce qu'est réellement devenu l'ex petit ami introuvable de Neri. Les personnages s'égarent donc, adoptent des attitudes discutables (Akio lourdement insistant avec sa belle-sœur (Yumiko Fujita)) et surtout semblent incapables de fixer un cap intime ou professionnel à leur vie d'adulte. Il y a cette dimension de retour constant au foyer pour Neri mais aussi le refus d'en partir avec Akio s'opposant aux promoteurs immobiliers qui veulent lui racheter la maison.

On retrouve tout comme dans Red Paper Lantern ce Japon prolo et populaire l'on a peu l'habitude de voir au cinéma. Quartiers de périphérie désertiques, station de métro insalubre, bordure de plage crasseuses, tout cela s'avère dépaysant dans le sens le plus authentique du terme (et assez caractéristique des productions de la Nikkatsu semble-t-il) et superbement saisi par Fujita. L'intrigue (comme le film précédent) navigue sans trame précise au gré des errements des personnages jusqu'au final où, en cherchant enfin à s'émanciper de ce foyer, ils signent finalement leur perte. Sans lieu de retrouvailles, ne reste plus que l'errance et un espoir ténu. Un très beau film encore plus réussit que Red Paper Lantern, porté par une interprétation touchante dont notamment Ryûzô Hayashi épatant en grand frère bourru et Kumiko Akiyoshi, attachante cadette instable. 5/6
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18519
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: Topic naphtalinippon

Message par Profondo Rosso »

Virgin Blues de Toshiya Fujita (1974)

Image

Toshiya Fujita conclut sa Folk Song Trilogy avec ce Virgin Blues. Le fil rouge du cycle repose sur une jeunesse ne sachant pas trouver sa place au sein de la société japonaise. Dans Red Paper Lantern cela se manifeste par un couple à l'union prématurée dont l'instabilité se manifestera par leur multiple déménagement. Younger Sister effectue le mouvement inverse avec une fratrie ne voulant pas sortir du cocon de l'enfance que représente leur ancien foyer. Ce troisième met plus en retrait la dimension familiale pour plus spécifiquement s'attarder sur la fuite par la jeunesse d'un carcan de vie classique et étouffant. Nami (Kumiko Akiyoshi) est une jeune étudiante préparant l'examen d'entrée à l'université avec son amie Chiaki (Miyoko Akaza). L'ennui et le peu d'intérêt pour les études se devine en filigrane, mais c'est un larcin les empêchant de rentrer à la pension universitaire où les attends la police qui va détourner le destin des jeunes femmes. Dès lors démarre une errance plutôt qu'une cavale où Nami va rencontrer d'autres exclus incapables de rentrer dans le rang. La vie "normale" ne promet guère d'exaltation, les "bienfaiteurs" croisés oscillant entre job sinistre et criminalité latente. Parmi eux un homme mûr (Hiroyuki Nagato) un peu escroc qui va suivre Nami dans ses pérégrinations et s'attacher à elle. Kumiko Akiyoshi dégage toujours la même candeur et charme mais, si l'on perçoit bien la continuité thématique avec les autres films, le récit est bien trop décousu pour maintenir l'intérêt sur la durée. Il y a pourtant de bonnes idées en montrant l'autre vacuité qu'est l'engagement politique quand Nami trouve momentanément refuge dans une sorte de foyer de militants gauchistes, mais là aussi phagocyté par l'ambition des adultes. Fujita fustige autant le carcan adulte reposant sur l'ennui (la vie rurale ennuyeuse de la famille de Nami) que l'immaturité de ses personnages ne faisant pas face à leurs actes - puisque sans la fuite initiale le chapardage initial aurait sans doute été plus simplement résolu. La narration un peu chaotique est bien moins étudiée que dans les précédents films et l'aspect urbain et social moins présent dans l'esthétique d'ensemble. Pas désagréable mais conclusion en demi-teinte tout de même. 3,5/6
bruce randylan
Mogul
Messages : 11657
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

Ames sur la route / souls on the road (Minoru Murata - 1921)

Image

Acculé à la misère, un musicien qui n'a pas réussi sa carrière comme compositeur décide de retourner chez son père, accompagné de sa compagne et sa fille. Sur le chemin, ils rencontrent deux vagabonds ayant basculé dans la délinquance pour subsister.

Enfin découvert ce film phare japonais, généralement considéré par les historiens comme l'un des premiers "importants" du cinéma japonais, l'un de ceux qui apporta la modernité. Et accessoirement, l'un des rares qui existent encore. :(
Acteur dans une poignée de films depuis 1919, Minoru Murata passe rapidement à la mise en scène et âmes sur la route constitue seulement sa seconde réalisation avec une ambition narrative inhabituelle (son partenaire à l'écran Kaoru Osanai - également producteur - est parfois crédité co-réalisateur).
Plus que sa dimension technique assez basique dans le découpage et la composition des plans, si c'est le film a marqué les esprits et les critiques de l'époque, c'est avant tout pour son audacieuse construction dramatique qui croise 3 ou 4 trames distinctes, pas toujours équilibrées les unes avec les autres, pour une douzaine de personnages : la famille ruinée, son père et son personnel, les deux vagabonds, une bourgeoise vivant à l'occidentale, le gardien de celle-ci... On sent l'inspiration de Griffith et son Intolerance dans un montage tant parallèle qu'alternée qui dilate par moment le temps et multiplie également les brefs flash-backs sur les différents personnages. Tout cela déstabilisa le public, parfois perdu. C'est d'ailleurs toujours un peu le cas où l'on se demande à quel point la jeune bourgeoise fut lié au musicien, perdant de vue ainsi ses motivations psychologiques.
En revanche, grâce à ses partis-pris, le film n'a pas vieilli et reste toujours rythmé, prenant et original dans cette dimension de "film choral". La direction d'acteur est plutôt sobre, aux émotions fortes mais souvent contenues et écrasées par certaines conventions sociales et conservatrices.
C'est cette dimension qui le date, rejoignant justement un discours moralisateur, naïf et didactique dans la pure lignée de Griffith et du cinéma américain de manière générale (tout en s'inspirant d'un roman de Gorki). L'histoire se déroule à ce titre le soir de Noël et fait ouvertement la promotion des valeurs chrétiennes comme la charité, le pardon, la bienveillance tandis qu'est fustigé l'aveuglement traditionnel issu du confucianisme patriarcale.
Ce n'est donc pas une surprise d'apprendre que Minoru Murata fut l'un des premiers cinéastes japonais a avoir été projeté en occident. Ca n'a malheureusement pas aidé à sauvegarder ses films qui ont presque tous disparus.

Pour les curieux, il se trouve très facilement sur YT

Autre découverte "silencieuse" avec The color print of edo : Hatamoto to Machiyakko (Kazuo Mori - 1939) qui était toutefois un film parlant mais dont la bande-son est désormais perdue, remplacée sur le dvd japonais par deux possibilités de benshi.
Image
On y suit un loyal samurai qui aide son frère, un noble sans réel importance dans son clan, à conquérir la femme qu'il aime, même s'il doit pour cela sacrifier ses sentiments.
Dans cette œuvre de jeunesse, le futur spécialiste du chambara Kazuo Mori témoigne d'une belle aisance dans les différents registres qui mêlent habilement légèreté, romance, émotion et action. Un rôle en or pour sa vedette, le populaire Utaemon Ichikawa, crédible dans toutes les tonalités y compris lors des quelques scènes d'action où il essaie d'échapper aux chorégraphies théâtrales du kabuki.
Il est regrettable que la bande son n'existe plus car le mélange des genres la direction d'acteurs sont étonnement vifs, alertes, spontanés, voire modernes par moment. L'unique benshi commentant les actions n'est sans doute pas suffisant pour retranscrire le tempo des échanges dialogués et l'alchimie des acteurs. Ca explique sans doute pourquoi je n'ai pas toujours réussi à être pleinement pris par l'histoire.
Il faudra que je lui redonne une chance (en étant plus réveillé aussi)
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Avatar de l’utilisateur
Ikebukuro
Machino
Messages : 1218
Inscription : 31 mars 12, 19:28
Contact :

Re: Topic naphtalinippon

Message par Ikebukuro »

bruce randylan a écrit : 23 mai 20, 12:03 Ames sur la route / souls on the road (Minoru Murata - 1921)

Image

Acculé à la misère, un musicien qui n'a pas réussi sa carrière comme compositeur décide de retourner chez son père, accompagné de sa compagne et sa fille. Sur le chemin, ils rencontrent deux vagabonds ayant basculé dans la délinquance pour subsister.

Enfin découvert ce film phare japonais, généralement considéré par les historiens comme l'un des premiers "importants" du cinéma japonais, l'un de ceux qui apporta la modernité. Et accessoirement, l'un des rares qui existent encore. :(
Acteur dans une poignée de films depuis 1919, Minoru Murata passe rapidement à la mise en scène et âmes sur la route constitue seulement sa seconde réalisation avec une ambition narrative inhabituelle (son partenaire à l'écran Kaoru Osanai - également producteur - est parfois crédité co-réalisateur).
Plus que sa dimension technique assez basique dans le découpage et la composition des plans, si c'est le film a marqué les esprits et les critiques de l'époque, c'est avant tout pour son audacieuse construction dramatique qui croise 3 ou 4 trames distinctes, pas toujours équilibrées les unes avec les autres, pour une douzaine de personnages : la famille ruinée, son père et son personnel, les deux vagabonds, une bourgeoise vivant à l'occidentale, le gardien de celle-ci... On sent l'inspiration de Griffith et son Intolerance dans un montage tant parallèle qu'alternée qui dilate par moment le temps et multiplie également les brefs flash-backs sur les différents personnages. Tout cela déstabilisa le public, parfois perdu. C'est d'ailleurs toujours un peu le cas où l'on se demande à quel point la jeune bourgeoise fut lié au musicien, perdant de vue ainsi ses motivations psychologiques.
En revanche, grâce à ses partis-pris, le film n'a pas vieilli et reste toujours rythmé, prenant et original dans cette dimension de "film choral". La direction d'acteur est plutôt sobre, aux émotions fortes mais souvent contenues et écrasées par certaines conventions sociales et conservatrices.
C'est cette dimension qui le date, rejoignant justement un discours moralisateur, naïf et didactique dans la pure lignée de Griffith et du cinéma américain de manière générale (tout en s'inspirant d'un roman de Gorki). L'histoire se déroule à ce titre le soir de Noël et fait ouvertement la promotion des valeurs chrétiennes comme la charité, le pardon, la bienveillance tandis qu'est fustigé l'aveuglement traditionnel issu du confucianisme patriarcale.
Ce n'est donc pas une surprise d'apprendre que Minoru Murata fut l'un des premiers cinéastes japonais a avoir été projeté en occident. Ca n'a malheureusement pas aidé à sauvegarder ses films qui ont presque tous disparus.
J'avais vu ce film en 2006, à la Cinémathèque vers Bercy.
Je n'en garde aps un très fort souvenir MAIS, si mes souvenirs sont bons, c'était un cycle avec notamment le film ou l'actualité cinéma la plus ancienne du Japon, un enterrement je crois.
Mon blog sur le Japon : http://japon.canalblog.com/
Mon blog sur le cinéma : http://kingdomofcinema.canalblog.com/
bruce randylan
Mogul
Messages : 11657
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Topic naphtalinippon

Message par bruce randylan »

No stronger swords (Sadatsugu Matsuda - 1959)

Image

Un intriguant usurpateur assassine un dignataire d'un clan adverse en se déguisant en un chef d'un autre clan puissant. Il espère ainsi que ces 2 rivaux s'entretuent pour mieux lui laisser le champ libre.

Si ce jidai-geki manque un peu de corps dans son synopsis et la caractérisation de ses personnages (surtout le méchant dont les motivations sont pour ainsi dire inexistantes - à part simplement être perfide), c'est un honnête divertissant sans temps mort avec un casting trois étoiles pour les connaisseurs : Utaemon Ichikawa, Ryutaro Otomo, Ryunosuke Tsukigata ou Tomisaburo Wakayama.
Au début, on est un peu perdu dans les différents clans, les noms historiques évoqués et une dizaine de personnages (où, autres les différents bretteurs, on peut rajouter une soupirante ainsi qu'un voleur et sa compagne) puis la ligne principale se met en place et les enjeux restent finalement assez limpide, notamment grâce à la fluidité de la mise en scène qui passe souvent d'un protagoniste à l'autre même si ceux-ci ne font que se croiser sans interagir entre eux dans un premier temps.
Comme souvent avec le cinéaste, le film vise le plaisir immédiat en cherchant à s'attirer la complicité du spectateurs : ici, dès les premières secondes, le voleur prend à parti la caméra pour se présenter et mettre le public dans la confidence. Autres composantes habituelles de Matsuda, les touches d'humour adroitement semées ne nuisent pas aux séquences plus dramatiques, une narration soutenue et un style classique parfois inspirée malgré des tournages menés au pas de courses (6 films sortis en 1959). Les travellings ou les mouvements de grues mettent en valeur l'action ou les paysages sans jamais tomber dans l’esbroufe ou la prétention. Tout juste regrette-t-on quelques transparence un peu inutiles lors de la course contre la montre.
Enfin, ce film de Matsuda est pour le coup plutôt généreux en action même si les combats appartiennent bien aux années 50 et n'ont pas la virtuosité et la nervosité de la décennie à venir. Toujours est-il que le final, découpé en plusieurs actes, s'étalent sur pas loin de 20 minutes avec un bodycount conséquent et un Tomisaburo Wakayama en début de carrière qui ne manque pas de fougue.

Ca s'oubliera sans doute rapidement mais j'ai passé un bon moment. :)

Tomorrow There Will Be No Release from the Law of Hell aka The glorious fight (Yasuo Furuhata - 1966)

Image

A Nagasaki, un procureur essaie de calmer une guerre entre deux gangs en leur proposant de fonder une association politique pour légaliser leur affaires. L'un des bras droit d'un des chef est un survivant de la bombe atomique.

Second long-métrage pour Furuhata (dont je ne connais que 2 films des 80's) et c'est un excellente surprise. Le premier quart ne sort pas franchement du tout venant du genre entre réalisation académique et rivalité sans grande originalité conduisant à plusieurs exactions vengeresses... Puis, doucement, le film distille un parfum de mélancolie de plus en plus prononcé avec Ken Takakura qui se sait condamner à terme par les radiations et qui refusent de consulter des médecins. Son histoire d'amour avec une femme rejetant l'univers des yakuza (malgré une grosse ficelle scénaristique autour du frère de celle-ci) apporte une réelle profondeur psychologique et dramatique en accentuant les dilemmes moraux de Takakura sur les ordres qu'on lui impose. La seconde moitié gagne ainsi une belle ampleur tragique, presque lyrique, où la mise en scène de Furuhata gagne un beau classicisme lors des espoirs de nouveaux départs, de la gifle, de l'assassinat sous la pluie ou du final sous fort influence de Pépé le Moko, modèle de montage en faisant silencieusement communiquer les deux amoureux malgré la distance.
Je ne sais pas à quel point le reste de sa filmographie est cohérente ou personnelle mais j'ai retrouvé l'ambiance crépusculaire et le spleen du Démon (1985) et de la Gare (1981). Et ça me donne vraiment en découvrir plus.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
The Eye Of Doom
Régisseur
Messages : 3108
Inscription : 29 sept. 04, 22:18
Localisation : West of Zanzibar

Re: Topic naphtalinippon

Message par The Eye Of Doom »

Entre deux Terence Fisher, j’attaque le coffret 5 films Pink.
Le 1er, « La poupee gonflable dans le desert » est un objet filmique des plus curieux. Dans ce film noir nippon réalisé par le scénariste du chef d’oeuvre de Suzuki La marque du tueur, on suit un tueur à gages embauché pour aller récupérer une fille kidnappée par un maffieux, avec lequel le tueur a d’autre part un lourd contentieux.
Le scenario est volontairement difficile a suivre car mêlant le present du tueur et des scenes de son passé. La fin venant de plus:
Spoiler (cliquez pour afficher)
nous reveler que nous n’avons suivi sur la seconde partie que une réalité fantasmée par le tueur pendant son agonie.
Tout l’intérêt est dans la mise en scene : camera en mouvement, prise de vue alambiquée, sequences syncopees, scenes quasi documentaire, on est dans un truc experimental, soutenu par une remarquable bande son free jazz. Le fait que le tueur aille voir « pour une poignée de dollars » n’est pas anodin.
J’avoue que j’ai pas été passionné par ce truc. heureusement le film soit court. Bien que formellement plutot reussi, le film n’entraine pas autant que La marque du tueur, pour un procédé globalement similaire. Le film de Suzuki est aussi difficile a suivre mais disons que ses experimentations se couplent de qualités plastiques certaines qui donnent coherence et enthousiasment le spectateur. Ici, cela ne marche qu’épisodiquement.
Concernant les scenes de nues requises, l’image n&b saisie avec sensibilité les peaux et formes exposées. Le role des femmes ne dépasse par contre jamais la figuration de charme. Reconnaissons toutefois une position non ambiguë de dénonciation de l’exploitation des femmes.
La dernière scene où on découvre la spécialité touristique régionale (
Spoiler (cliquez pour afficher)
et du coup de sens du titre du film)
est saisissante.
A découvrir.
Répondre