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Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Publié : 3 mai 20, 15:18
par Alba
tenia a écrit :On en revient ainsi souvent à une dichotomie binaire opposant 2 groupes qui seraient proprement distincts, alors qu'en pratique, il semble assez rapide de tomber sur des contre-exemples démontrant au contraire une grande porosité dans l'art.
La construction du female gaze en 6 critères bien définies me semble également une impasse, assez prévisible, qui nuit à son propos. Dans un champ très opposé, ça me fait un peu penser à la grande syntagmatique de Christian Metz : sur le plan purement théorique ça marche très bien, mais une fois confronté à la réalité et la pluralité des films, les contre-exemples s'accumulent dangereusement.

Cela étant dit, je n'ai pas encore lu son bouquin, seulement des compte rendus et interviews. J'essayerai de me le procurer, quoi qu'on en dise, ça suscite de la réaction...et donc de la curiosité !

Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Publié : 3 mai 20, 18:50
par Flol
Je crois que je préfère encore lire du Harlan Coben.

Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Publié : 3 mai 20, 18:59
par Supfiction
Dès qu’il s’agit de néoféminisme, on sort l’artillerie lourde des mots savants bien prise de tête mêlés, encore mieux, aux anglicismes. Comme s’il était impossible de parler simplement ou plutôt pour masquer les grosses ficèles et contradictions du discours.

Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Publié : 3 mai 20, 19:24
par A serious man
Alba a écrit :
tenia a écrit :On en revient ainsi souvent à une dichotomie binaire opposant 2 groupes qui seraient proprement distincts, alors qu'en pratique, il semble assez rapide de tomber sur des contre-exemples démontrant au contraire une grande porosité dans l'art.
La construction du female gaze en 6 critères bien définies me semble également une impasse, assez prévisible, qui nuit à son propos. Dans un champ très opposé, ça me fait un peu penser à la grande syntagmatique de Christian Metz : sur le plan purement théorique ça marche très bien, mais une fois confronté à la réalité et la pluralité des films, les contre-exemples s'accumulent dangereusement.

Cela étant dit, je n'ai pas encore lu son bouquin, seulement des compte rendus et interviews. J'essayerai de me le procurer, quoi qu'on en dise, ça suscite de la réaction...et donc de la curiosité !
Très franchement en l'état le "female gaze" tel qu'il est proposé par Iris Brey (je précise parce qu'il y a peut être d'autres formulation plus aboutie) même en tant que pure théorie c'est mal foutu... A part les trois premiers critères: le personnage principal s'identifie en tant que femme, l'histoire est racontée de son point de vue, et elle remet en question l'ordre patriarcal qui sont assez clair et vérifiables les autres sont vachement impressionniste et même très contestable, le dernier sur le voyeurisme il y a énormément de chose a dire (déjà définir ce que l'on entend par voyeurisme, typiquement le genre de mots qu'on utilise très facilement, moi le premier même dans mes cours, mais dont le sens ne va finalement pas tellement de soit).
Que le geste soit conscientisé, c'est pareil, le "male gaze" est "conscientisé" dans bien des films, Hitchcock, le voyeur de Michael Powell mais même dans le cinéma de divertissement le moins noble qui soit la question peut se poser, franchement la manière de filmer Megan Fox dans certains Transformers, cette manière d'exhiber la femme c'est difficilement quelque chose d'invisibiliser ou d'inconscient, la manière de filmer est tellement excessive et peu subtile que c'est difficilement autre chose qu'un "geste conscientisé".
Alors certes le public de Transformers ne regarde pas ces films pour discuter du féminisme et de la théorie du cinéma et ne va pas probablement pas "remarquer" la mise en scène, mais ça tient finalement plus aux attente qu'on a face a un film qui fait qu'on le regarde d'une certaine manière et pas d'une autre, face a un Hitchcock on est quelque part conditionné par tout un discours critique qui nous invite a lire ses effets comme réflexif, mais la réflexivité elle se trouve aussi dans des œuvres bien moins sophistiqué et elle peut être tout a fait au service d'une idéologie conservatrice voire réactionnaire. A l'autre bout du spectre Kechiche est tout aussi conscient de ce qu'il fait quand il filme des culs dans Mektoub (j'en parlerais pas j'ai pas vu et j'ai pas l'intention de le voir).
A un moment s'il s'agit vraiment d'avoir une démarche rigoureuse il faut s'en donner les moyens et ça implique de se confronter un minimum a la complexité de l'objet, Laura Mulvey elle a su le faire quand elle avancer le concept de "male gaze", non qu'il n'y ait rien a critiquer dans sa réflexion (elle est datée et le tropisme psychanalytique n'est pas particulièrement à mon gout) mais malgré l'intention polémique évidente il y a derrière une capacité d'analyse et de synthèse autrement plus puissante que ce qui nous a été servie ces derniers temps. Le militantisme et les bonnes intentions ça ne suffit pas.

Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Publié : 19 mai 20, 21:20
par hansolo
L'investigateur investigué : Ronan Farrow sur le banc des accusés
La star du journalisme d'investigation du « New Yorker » – fils de Mia Farrow et Woody Allen – est accusée de prendre quelques libertés avec les faits
https://www.lepoint.fr/monde/l-investig ... 128_24.php

Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Publié : 20 mai 20, 10:28
par Flol
Quelle surprise.

Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Publié : 20 mai 20, 12:13
par Telmo
Supfiction a écrit :Dès qu’il s’agit de néoféminisme, on sort l’artillerie lourde des mots savants bien prise de tête mêlés, encore mieux, aux anglicismes. Comme s’il était impossible de parler simplement ou plutôt pour masquer les grosses ficèles et contradictions du discours.
:mrgreen:

Les esprits taquins seront sans doute ravis que néo-féminisme reprend à son compte cette figure de style de la rhétorique, de la culture occidentale/européenne/blanche (rayer la mention inutile le cas échéant), hétéronormative et cisgenre qu'est l'amphigouri. Très mâle blanc mort pour ses détracteurs, rien de plus faux !

Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Publié : 26 août 20, 10:05
par hansolo
Ne l’appelez plus "Dix petits nègres". Le roman d'Agatha Christie change de titre et paraît aujourd'hui dans une version révisée, exit le mot "nègre". Une décision prise par l'arrière-petit-fils d'Agatha Christie, James Prichard qui se confie en exclusivité sur RTL.

https://www.rtl.fr/culture/arts-spectac ... 7800747182

:roll:

Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Publié : 26 août 20, 10:24
par Rick Blaine
:roll:

Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Publié : 26 août 20, 10:44
par Flol
Mince, je suis le seul que ça ne choque pas ?

Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Publié : 26 août 20, 10:49
par moonfleet
La comptine des Dix petits nègres, d'Agatha Christie


"Dix petits nègres s'en furent dîner,
L'un d'eux but à s'en étrangler
N'en resta plus que neuf.

Neuf petits nègres se couchèrent à minuit,
L'un d'eux à jamais s'endormit
N'en resta plus que huit.

Huit petits nègres dans le Devon étaient allés,
L'un d'eux voulut y demeurer
N'en resta plus que sept.

Sept petits nègres fendirent du petit bois,
En deux l'un se coupa ma foi
N'en resta plus que six.

Six petits nègres rêvassaient au rucher,
Une abeille l'un d'eux a piqué
N'en resta plus que cinq.

Cinq petits nègres étaient avocats à la cour,
L'un d'eux finit en haute cour
N'en resta plus que quatre.

Quatre petits nègres se baignèrent au matin,
Poisson d'avril goba l'un
N'en resta plus que trois.

Trois petits nègres s'en allèrent au zoo,
Un ours de l'un fit la peau
N'en resta plus que deux.

Deux petits nègres se dorèrent au soleil,
L'un d'eux devint vermeil
N'en resta plus qu'un.

Un petit nègre se retrouva tout esseulé
Se pendre il s'en est allé
N'en resta plus... du tout."

http://grainedelivre.over-blog.com/la-c ... a-christie

C'est n'importe quoi, surtout que le titre du livre renvoie à cette comptine, et en plus cinq de ces "petits nègres" sont avocats donc valorisés socialement :)

Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Publié : 26 août 20, 11:04
par Alexandre Angel
moonfleet a écrit : 26 août 20, 10:49 C'est n'importe quoi
Evidemment.
En ce qui me concerne une bonne fois pour toutes, tout ces trucs révisionnistes me révulsent d'autant plus qu'ils se servent du plus noble des combats (la lutte contre le racisme) pour faire EXACTEMENT comme les Talibans lorsqu'ils dynamitaient la statue de Bouddha à Bamyan.
Une horreur sans nom.

Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Publié : 26 août 20, 11:05
par Mosin-Nagant
Tremble, Tarantino!

Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Publié : 26 août 20, 11:06
par moonfleet
Flol a écrit : 26 août 20, 10:44 Mince, je suis le seul que ça ne choque pas ?
Le mot "nègre" est en lui-même un mot choquant, raciste dans le contexte de la vie courante, des nostalgiques des colonies, de la police ....
Mais dans le contexte du roman d'Agatha Christie c'est une ironie je trouve car elle renvoie à des personnages blancs....
Toi qui écoute du rap, le mot "nigga" qui est abondant dans les tracks ne te choque pas je pense... parce qu'il est prononcé par d'autres nigga(s) :mrgreen:

Re: Déni du fantasme, moralisation douteuse et féminisme dévoyé

Publié : 26 août 20, 11:09
par Mosin-Nagant
Ce qui ne le choque pas, c'est la décision de James Prichard... Enfin, si j'ai bien compris.