David Lynch a en effet dit des choses très, très bizarres (sa proposition d'une tour de l'"Invincibilité" à Paris ou de vaincre le chomage français par la méditation transcendantale, c'était quelque chose). Plus bizarres que Dumont à mon sens, qui lui exagère, mais le fait en philosophe, en raisonnant et en avançant des concepts issus de son raisonnement (cf son obsession de la contradiction).AtCloseRange a écrit :Je me demande si Lynch n'a pas dit des choses du même acabit dans le passé.
Bruno Dumont
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Re: Bruno Dumont
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Re: Bruno Dumont
Je pensais surtout à sa relation au cinéma. Je crois me rappeler que lui aussi ne se disait pas vraiment influencé par le cinéma pour ses films.Strum a écrit :David Lynch a en effet dit des choses très, très bizarres (sa proposition d'une tour de l'"Invincibilité" à Paris ou de vaincre le chomage français par la méditation transcendantale, c'était quelque chose). Plus bizarres que Dumont à mon sens qui lui exagère, mais le fait en philosophe, en raisonnant et en avançant des concepts issus de son raisonnement (cf son obsession de la contradiction).AtCloseRange a écrit :Je me demande si Lynch n'a pas dit des choses du même acabit dans le passé.
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Re: Bruno Dumont
Lynch a cité d'autres influences que le cinéma et notamment la peinture, mais je crois qu'il a cité plusieurs fois les films de Fellini, Bergman, Hitchcock et Tati parmi ses influences. Pour Bergman et Fellini, cela apparait effectivement assez nettement. Après, son discours a dû varier, et il doit y avoir un avant/après secte de (ou croyance dans) la méditation transcendantale.AtCloseRange a écrit :Je pensais surtout à sa relation au cinéma. Je crois me rappeler que lui aussi ne se disait pas vraiment influencé par le cinéma pour ses films.
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Re: Bruno Dumont
Dumont avoue tout de même des influences cinématographique et celle qui m'a récemment réjoui c'est la poésie du réel de J Epstein qui effectivement cadre assez bien avec l'étrangeté de l'ontologie chez Dumont.On pense bien sûr à Bresson qu'il cite peu finalement qd on lui donne le nom en pâture( et pourtant il est évident qu'il lui doit bcp dans la composition, la question du modèle, la métaphysique très physique) mais Epstein semble a posteriori très parlant pour comprendre les origines du cinéma de Dumont.
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Re: Bruno Dumont
C'est quoi ?ballantrae a écrit :Dumont avoue tout de même des influences cinématographique et celle qui m'a récemment réjoui c'est la poésie du réel de J Epstein qui effectivement cadre assez bien avec l'étrangeté de l'ontologie chez Dumont.On pense bien sûr à Bresson qu'il cite peu finalement qd on lui donne le nom en pâture( et pourtant il est évident qu'il lui doit bcp dans la composition, la question du modèle, la métaphysique très physique) mais Epstein semble a posteriori très parlant pour comprendre les origines du cinéma de Dumont.
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Re: Bruno Dumont
Je crois que quand on te tue tes vaches et qu'on te met des gens dedans, c'est un peu la honte au logis. Comme chez Epstein qui n'a que des miroirs à trois faces, ce qui est galère pour se raser, mais pratique pour se cadrer...
Ballantrae, il faudrait faire attention à l'orthographe, surtout avec les voix français.
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I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: Bruno Dumont
Ballantrae a perdu au "ni ou ni ontologie".
Faut dire, c'était pas facile.
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Re: Bruno Dumont
Décidément c'est la fiesta "à" Ballantrae ( j'ai mis les petits guillemets au cas où vous pourriez penser que c'est involontaire).
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Re: Bruno Dumont
En tout cas, et même si par le passé il a pu le faire, dans cette émission de France Culture dont le lien a été posté, je ne vois aucune formule choc, ou ce ton professoral dont vous parlez. Il apparait plutôt humble, parlant de sa manière de faire du cinéma, sans juger le reste (il parle un moment du cinéma commercial, en disant juste que lui ça ne l'intéresse pas, "qu'il ne va pas au cinéma pour se distraire"). A la 60ème minute, il parle du cinéma de manière plus générale, évoquant Bergman, Bresson, et la popularité de l'auteur auparavant, qui avait une visibilité, et qui s'est perdue aujourd'hui. Il parle également de Malick à la fin, en positif.
Bref, je peux comprendre que l'on n'aime ni ses films ni le cinéaste. Par contre, par rapport à cette émission, certains n'ont pas du l'écouter avant d'en parler.
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Bruno Dumont , un cinéaste comique?
Sans vouloir ajouter un topic inutilement, il me semblerait dommage de ne pas réellement échanger sur le virage qu'a confirmé B Dumont depuis P'tit quinquin.
L'étonnant est que pour sa minisérie, il m'a fallu la revoir pour mieux en appréhender le noyau et je suis maintenant d'autant plus convaincu de la pertinence de ce retournement que Ma loute me semble non pas contrefaire avec plus de moyens mais véritablement porter à un niveau de maîtrise qui , contre toute attente, inscrit Dumont dans une veine comique que j'adore: celle du burlesque et du comique visuel.
Par ailleurs, le perfectionnisme visuel et sonore de Dumont prouve que le genre comique n'est heureusement pas voué à nous asséner une mise en scène passe partout qui est exclusivement là pour passer les plats aux acteurs.
C'est même le contraire: les acteurs sont obligés de passer par le moule Dumont qui crée une "moyenne" créative en tirant des non professionnels parfois hallucinants vers le jeu et des professionnels vers une forme d'abandon.Parmi les acteurs, on a beaucoup parlé des trois vedettes décapées par la direction d'acteur de Dumont mais il faut vanter le travail extraordinaire de cet étrange Raph/Billie qui arrive à incarner la pureté dans un monde fou et barbare, les deux inspecteurs bien sûr et Ma Loute qui arrive à exprimer une palette assez large.
Dans la génération des quinquas apparus depuis la fin des 80', je pense qu'avec Desplechin Dumont est celui qui parvient le mieux à rester lui-même tout en se renouvelant constamment.
Et quelles promesses! après des objets aussi ambitieux que 3 souvenirs de ma jeunesse ou Ma loute on peut tout attendre des deux auteurs.
L'étonnant est que pour sa minisérie, il m'a fallu la revoir pour mieux en appréhender le noyau et je suis maintenant d'autant plus convaincu de la pertinence de ce retournement que Ma loute me semble non pas contrefaire avec plus de moyens mais véritablement porter à un niveau de maîtrise qui , contre toute attente, inscrit Dumont dans une veine comique que j'adore: celle du burlesque et du comique visuel.
Par ailleurs, le perfectionnisme visuel et sonore de Dumont prouve que le genre comique n'est heureusement pas voué à nous asséner une mise en scène passe partout qui est exclusivement là pour passer les plats aux acteurs.
C'est même le contraire: les acteurs sont obligés de passer par le moule Dumont qui crée une "moyenne" créative en tirant des non professionnels parfois hallucinants vers le jeu et des professionnels vers une forme d'abandon.Parmi les acteurs, on a beaucoup parlé des trois vedettes décapées par la direction d'acteur de Dumont mais il faut vanter le travail extraordinaire de cet étrange Raph/Billie qui arrive à incarner la pureté dans un monde fou et barbare, les deux inspecteurs bien sûr et Ma Loute qui arrive à exprimer une palette assez large.
Dans la génération des quinquas apparus depuis la fin des 80', je pense qu'avec Desplechin Dumont est celui qui parvient le mieux à rester lui-même tout en se renouvelant constamment.
Et quelles promesses! après des objets aussi ambitieux que 3 souvenirs de ma jeunesse ou Ma loute on peut tout attendre des deux auteurs.
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Re: Bruno Dumont , un cinéaste comique?
D'accord avec cela. Pour moi avec Assayas, il s'agit du trio majeur de cette génération de cinéastes français.ballantrae a écrit : Dans la génération des quinquas apparus depuis la fin des 80', je pense qu'avec Desplechin Dumont est celui qui parvient le mieux à rester lui-même tout en se renouvelant constamment.
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Re: Bruno Dumont
Oui bien sûr Assayas qui se met sacrément en danger et refuse les formules enfermantes.
Mais aussi les trop rares P Mazuy et P Ferran.Qui aura le culot de permettre à "la " Mazuy de nous offrir un autre film de la trempe de Saint Cyr où elle avait montré un talent assez magnifique.
Sans oublier L Hadzihalilovic encore plus rare qui a signé avec Evolution LE film français le plus poétique depuis des lustres: un manifeste aussi fort que Under the skin il y a deux ans.
Mais aussi les trop rares P Mazuy et P Ferran.Qui aura le culot de permettre à "la " Mazuy de nous offrir un autre film de la trempe de Saint Cyr où elle avait montré un talent assez magnifique.
Sans oublier L Hadzihalilovic encore plus rare qui a signé avec Evolution LE film français le plus poétique depuis des lustres: un manifeste aussi fort que Under the skin il y a deux ans.
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Re: Bruno Dumont
Je suis très surpris qu'un film aussi étrange que Ma loute soit aussi peu commenté alors qu'il met le curseur, à mon sens, plus loin que P'tit quinquin qui se cherchait par moments, semblait plus tâtonner pour trouver son décalage.Je n'avais pas adoré d'ailleurs la première fois car je ne comprenais pas toujours où voulait en venir Dumont mais été plus réceptif lors de la rediffusion ce début d'année.
Ma loute est pensé comme un film de cinéma d'où l'impression d'une oeuvre millimétrée dans chacun de ses développements: effets d'échos, situations inversées, duos/trios, topographie très claire, sens du cadre toujours aussi impressionnant...ce qui n'empêche pas des envolées hallucinées.
Après Evolution, Ma loute me prouve que notre cinéma peut réussir à faire péter les coutures du sacrosaint réalisme (que j'adore quand il est traité par un Pialat par exemple) ou de la psychologie ( formidable chez un Sautet, autre exemple) qui semblent coller aux chaussures du cinéma français comme unique possible et l'englue dans les clichés qui lui sont accolés.
J'aime quand Desplechin dépasse ces contraintes par ses constructions mentales,quand Bresson faisait du cinéma une expéreince sensorielle tournée vers l'invisible, quand Carax créait la poésie hallucinée de Mauvais sang, quand Resnais éclatait la narration ou jouait avec la théâtralité, quand Franju imaginait des cauchemars expressionnistes ou qd Pialat osait Bernanos et l'irrationnel etc...
C'est très bien que la France ait des palmes mais j'aimerai que pour une fois on lui reconnaisse la possibilité de ne pas seulement ausculter un sujet d'actu: école ( Entre les murs), homosexualité ( Adèle), immigration et banlieue (Dheepan) voire euthanasie par le biais d'un cinéaste allemand (Amour, la seule de ces quatre palmes que j'approuve).
Je pense que Le voyage dans le cinéma français de B Tavernier permettra de rappeler que maints cinéastes ont su par le passé dépasser ce pur réalisme et le transcender aux côtés de ceux qui ont fait du réel leur matière première.
Ma loute est pensé comme un film de cinéma d'où l'impression d'une oeuvre millimétrée dans chacun de ses développements: effets d'échos, situations inversées, duos/trios, topographie très claire, sens du cadre toujours aussi impressionnant...ce qui n'empêche pas des envolées hallucinées.
Après Evolution, Ma loute me prouve que notre cinéma peut réussir à faire péter les coutures du sacrosaint réalisme (que j'adore quand il est traité par un Pialat par exemple) ou de la psychologie ( formidable chez un Sautet, autre exemple) qui semblent coller aux chaussures du cinéma français comme unique possible et l'englue dans les clichés qui lui sont accolés.
J'aime quand Desplechin dépasse ces contraintes par ses constructions mentales,quand Bresson faisait du cinéma une expéreince sensorielle tournée vers l'invisible, quand Carax créait la poésie hallucinée de Mauvais sang, quand Resnais éclatait la narration ou jouait avec la théâtralité, quand Franju imaginait des cauchemars expressionnistes ou qd Pialat osait Bernanos et l'irrationnel etc...
C'est très bien que la France ait des palmes mais j'aimerai que pour une fois on lui reconnaisse la possibilité de ne pas seulement ausculter un sujet d'actu: école ( Entre les murs), homosexualité ( Adèle), immigration et banlieue (Dheepan) voire euthanasie par le biais d'un cinéaste allemand (Amour, la seule de ces quatre palmes que j'approuve).
Je pense que Le voyage dans le cinéma français de B Tavernier permettra de rappeler que maints cinéastes ont su par le passé dépasser ce pur réalisme et le transcender aux côtés de ceux qui ont fait du réel leur matière première.
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Re: Bruno Dumont
Petite remarque en passant...
Vous vous souvenez de cette ahurissante jaquette :
Eh bien, vous avez vu l'affiche de Ma Loute ? (celle qu'on voit dans le métro parisien à tout le moins) Même procédé à la c***. La moitié de l'image couverte d'une quantité incroyable de boniments grotesques.
Actuellement, il y a un affichiste... une agence... des gens sans une once d'imagination qui ont décidé d'exploiter le filon du baratin et je pense qu'on n'a pas fini d'en voir.
Le plus beau, c'est que les films de ce genre s'adressent principalement aux CSP+, et que -- normalement -- les gens de cette catégorie socio-professionnelle ne croient pas aux boniments et n'aiment pas qu'on les prenne pour des c***. C'est bien connu : "on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre."
EDIT : j'ai trouvé un bout d'affiche... mais je crois que la version du métro est pire encore.
image retirée
Vous vous souvenez de cette ahurissante jaquette :
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Eh bien, vous avez vu l'affiche de Ma Loute ? (celle qu'on voit dans le métro parisien à tout le moins) Même procédé à la c***. La moitié de l'image couverte d'une quantité incroyable de boniments grotesques.
Actuellement, il y a un affichiste... une agence... des gens sans une once d'imagination qui ont décidé d'exploiter le filon du baratin et je pense qu'on n'a pas fini d'en voir.
Le plus beau, c'est que les films de ce genre s'adressent principalement aux CSP+, et que -- normalement -- les gens de cette catégorie socio-professionnelle ne croient pas aux boniments et n'aiment pas qu'on les prenne pour des c***. C'est bien connu : "on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre."
EDIT : j'ai trouvé un bout d'affiche... mais je crois que la version du métro est pire encore.
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Dernière modification par Commissaire Juve le 1 juin 16, 01:42, modifié 1 fois.
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