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Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)

Publié : 12 juin 12, 22:41
par wontolla
Nikita a écrit :
wontolla a écrit : Merci.
Cela m'aidera(it) à comprendre le film ?
Non, mais cela te ferai découvrir une œuvre fascinante.
OK, merci pour ta sincérité. :wink:
J'achèterai le livre lors de mon prochain passage à la Fnac.

Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)

Publié : 13 juin 12, 09:09
par phylute
Truffaut Chocolat a écrit :
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Cronenberg ne cesse faire des auto-citations (une affiche de Dangerous Method, des reprises musicales de la partition de Crash, un empilement de télés tout droit sorti de Vidéodrome, un intérieur venu d'eXistenZ...). Ca m'a d'ailleurs bien plus agacé qu'amusé :?

Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)

Publié : 15 juin 12, 10:08
par ballantrae
Le délitement que décrit Cronenberg dans Cosmopolis me semble très rigoureusement mis en scène, tout le contraire en somme de celui que dessine ExistenZ où la dimension organique parvenait mal à transcrire ce que j'ai crû comprendre de l'addiction au virtuel ( je ne suis définitivement pas de mon époque!): l'optique clinique et feutrée de l'esthétique de Cosmopolis est une belle transcription du meilleur du roman de D de Lillo et je ne crois pas d'arrière garde la réflexion sur un monde de la finance fou dont nous n'avons pas fini de subir les folies. Le discours du héros et celui de ses interlocuteurs ne m'a pas semblé si abscons qu'il s'agisse de montrer l'obsession du contrôle, le rapport à l'organique, le filtrage de l'extérieur.
Cronenberg laisse depuis des lustres des spectateurs en chemin à chaque bifurcation mais il en gagne d'autres, tous ceux qui acceptent le trajet en se fiant à son sens de l'orientation: je me rappelle le sentiment de trahison éprouvé par les fans de la première heure devant Faux semblants alors que c'était un cristal d'une pureté exceptionnelle, l'incompréhension des fans de Burroughs devant Naked lunch, le dédain poli accompagnant la sortie de M Butterfly, la division devant Crash ( maintenant atténuée apparemment),Spider si mal accueilli et par les premiers fans et par ceux qui louaient sa cérébralité ( soudain, c'était un peu trop!),les deux polars qui n'ont tt de même pas fait l'unanimité ( cf certains avis dans DVDclassik), A dangerous method jugé trop bavard par bcp...
En somme, l'accueil de Cosmopolis ne surprend guère: Cronenberg divise encore et tjs ...tant mieux!

Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)

Publié : 15 juin 12, 10:14
par mannhunter
ballantrae a écrit :je me rappelle le sentiment de trahison éprouvé par les fans de la première heure devant Faux semblants
ah, je n'ai pas ce souvenir là...l'accueil critique (du moins en France) avait été assez unanime me semble-t'il.

Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)

Publié : 15 juin 12, 10:40
par ballantrae
La critique fut unanime ou quasi ( faut vérifeir la presse spécialisée fantastique) mais je songeais aux fans de la première heure, fous de fantastique et uniquement de cela que je côtoyais durant mes études: il y a eu une sorte de déception interprété comme la volonté de rentrer dans le rang ( la scène d'horreur devenue un rêve métaphorique) après le festival organique de La mouche.
Selon mes souvenirs: emballement des Cahiers, de Positif, de Libé si je me souviens bien et accueil plus poli qu'enthousiaste de L'écran..., Mad movies ou Starfix : faut que je consulte mes archives pour te dire!!!

Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)

Publié : 15 juin 12, 16:03
par gnome
ballantrae a écrit :La critique fut unanime ou quasi ( faut vérifeir la presse spécialisée fantastique) mais je songeais aux fans de la première heure, fous de fantastique et uniquement de cela que je côtoyais durant mes études: il y a eu une sorte de déception interprété comme la volonté de rentrer dans le rang ( la scène d'horreur devenue un rêve métaphorique) après le festival organique de La mouche.
Selon mes souvenirs: emballement des Cahiers, de Positif, de Libé si je me souviens bien et accueil plus poli qu'enthousiaste de L'écran..., Mad movies ou Starfix : faut que je consulte mes archives pour te dire!!!
Tiens, je n'ai pas souvenir de ça dans l'écran. Je vais aller revoir ça.

Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)

Publié : 19 juin 12, 19:23
par ballantrae
Je pense aller le revoir et confirme une semaine après qu'ils 'agit pour moi d'une grande réussite dans la carrière du cinéaste.
J'ai crû comprendre qu'il était en partie produit par l'indispensable Paulo Branco à qui nous devons notamment nombre de chefs d'oeuvre de Ruiz: j'espère une fructueuse collaboration entre les deux francs tireurs, pas trop à l'arrache question budget car Cronenberg a besoin contrairement à Ruiz d'une certaine aisance minimale.
Jeremy Thomas produisait naguère Cronenberg...pourquoi ne collaborent-ils plus? Aucune idée! Ce producteur avait aussi produit Furyo, ce qui en montre l'ambition.
Je maintiens 9/10 sans peine.

Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)

Publié : 19 juin 12, 20:07
par Anorya
ballantrae a écrit : Jeremy Thomas produisait naguère Cronenberg...pourquoi ne collaborent-ils plus? Aucune idée! Ce producteur avait aussi produit Furyo, ce qui en montre l'ambition.
Je maintiens 9/10 sans peine.
Jeremy Thomas a produit A dangerous method, le précédent film de Cronenberg. :wink:

Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)

Publié : 19 juin 12, 23:46
par ballantrae
Ah? Merci du correctif!!!

Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)

Publié : 22 juin 12, 11:56
par Demi-Lune
C'est la première fois que je suis victime d'un tel rejet concernant Cronenberg et il est de taille. Comme dit ailleurs, la séance a été pour moi un calvaire et le commentaire qui suit, encore très marqué par ma colère, ne revendique donc pas une grande qualité d'analyse à froid.
Bien que correct Les promesses de l'ombre n'était pas fameux de la part d'un auteur de cette trempe, et Cronenberg avait su rebondir sur A dangerous method. Un très bon film, je persiste et signe. Il n'a pas été bien reçu dans l'ensemble alors que je trouve que Cronenberg creusait justement une nouvelle direction pleine de promesses, en restructurant ses thématiques psychologico-identitaires sans sacrifier l'incarnation de ses personnages ni le soin esthétique. Parce que Cronenberg est un cinéaste de l'humain ! De l'incarnation !! Or avec Cosmopolis, comme dit Père Jules, il atteint un point de non-retour dans la tournure générale prise par son cinéma depuis Le Festin nu, à savoir le verbe qui devient chair. L'être n'existe plus, ce n'est qu'une bûche monolithique, fonctionnelle, qui débite des logorrhées de blablas imbitables dans des situations grotesques (la scène du touché rectal restera dans les annales). Chaque scène semble vouloir pousser dans ses derniers retranchements les possibilités de l'échange verbal, tinté de philosophie/psychanalyse de comptoir ; le confinement permanent accentue l'étouffement et la raideur d'un film sclérosé dans un dispositif technique et narratif in-cro-ya-ble-ment chiant. Le point d'origine de cette expression, Le Festin nu, était également un objet complexe et facilement mal-aimable mais l'équilibre entre les flots littéraires et l'imaginaire visuel délirant de Cronenberg accouchait de quelque chose de fascinant, imprévisible, jamais superflu ou superficiel. Cosmopolis, c'est un film qui semble durer 4 heures et qui ne raconte rien mais le fait avec une loquacité horripilante, avec des personnages qui ne sont rien, mais essaient de faire croire le contraire dans des poses tout aussi horripilantes. Je n'avais même pas envie d'en rire, tellement ça me tapait sur le système ; le dernier face-à-face m'a achevé, je tenais ma tête entre les mains. Voilà un Cronenberg devenu autiste arty, dans une démarche antipathique, se caricaturant comme l'a fait Coppola dans un machin cérémonieux et consternant de vacuité. En soi Cosmopolis constitue l'aboutissement doublé de la radicalisation de 20 ans de trajectoire artistique, et c'est sans doute un film auquel on peut faire dire tout et n'importe quoi, mais moi, franchement, je ne peux plus le suivre sur ce terrain. Ce dernier film, là... non, c'est plus possible.

Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)

Publié : 22 juin 12, 12:25
par Dunn
Absolument d'accord avec toi sur ce film (mais pas pour le rejet du Coppola qui lui m'a beaucoup plu).

Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)

Publié : 22 juin 12, 12:49
par Truffaut Chocolat
Pas mieux.

Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)

Publié : 22 juin 12, 13:47
par Flol
Demi-Lune a écrit :(la scène du touché rectal restera dans les annales)
Joli.

Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)

Publié : 22 juin 12, 13:50
par Dunn
Ratatouille a écrit :
Demi-Lune a écrit :(la scène du touché rectal restera dans les annales)
Joli.
:lol:

Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)

Publié : 22 juin 12, 16:46
par wontolla
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wontolla a écrit :
Nikita a écrit : Non, mais cela te ferai découvrir une œuvre fascinante.
OK, merci pour ta sincérité. :wink:
J'achèterai le livre lors de mon prochain passage à la Fnac.
J'ai donc acheté Cosmopolis de Don DeLillo après avoir vu le Cronenberg éponyme à deux reprises.
Dimanche dernier, je n'étais pas de "service" et je suis allé, par le train, en province pour fêter les 60 ans d'ordination d'un confrère.
Je vis bien sans voiture (et cela me permet de vivre d'autres passions: la photo, la musique, le cinéma...) et le train a cet avantage de pouvoir rentabiliser le temps "mort" par du temps de lecture...
Le trajet aller-retour, crayon en main, fut donc mis à profit pour lire le roman.
Crayon en main car je souhaitais m'y retrouver dans les divers personnages. Dans le film leurs identités ne m'apparaissait pas (toujours) clairement.

Dans cette journée de 24h, DeLillo propose pas mal de rencontres à son héros, que ce soit dans la limousine ou en dehors de celle-ci au cours du trajet. L'auteur précise toujours la "fonction" (ou le rôle, l'identité) de ces protagonistes, souvent dès qu'ils apparaissent. Certains revenant dans le cours du récit.

Sans avoir vu le film et sans y avoir été convié ici par Nikita, je n'aurais probablement jamais lu l'ouvrage. Mais ayant vu le film j'ai pu me passionner pour l'univers de son héros et celui-là m'a éclairé sur la reprise que Cronenberg en a faite.

Pourtant, pendant ma lecture, j'avais une curieuse impression : celle que DeLillo répétait certains échanges, dialogues. Je me suis surpris à revenir aux pages précédentes pour confirmer, ou plutôt infirmer la chose ! Et pourtant la sensation de "déjà lu" était sans cesse présente. Je le savais "dans ma tête" mais le "savoir" était occulté par cette sensation qui n'était en réalité pas de "déjà lu" ou "déjà vu" mais de "déjà entendu" !!!

Et c'est bien de cela qu'il s'agissait (et que je savais pour l'avoir lu dans tel ou telle critique du film). La (quasi) totalité des dialogues du film sont intégralement tirés du roman. Mot à mot. Mot pour mot ! Bien plus, à quelques exceptions près, Cronenberg respecte la structure "narrative" du roman. Il manque la partie où Eric Parker assiste à une mise en images/photos d'hommes et de femmes nus (à la Spencer Tunick ?) et se joint au groupe après s'être dénudé. Quant à la scène de l'immolation par le feu je n'ai pas de souvenir précis pour le film (est-elle évoquée par la parole à défaut d'images ?).

Le roman présente aussi deux interventions à partir du regard, de la perception, du point de vue de Benno Levin, ce qui est rassemblé dans la dernière partie du film. Et ce qui me paraissait comme aspérités, grains de sable dans celui-ci: le nombre de questions sans réponses, d'ellipses, du pourquoi/comment, des interactions des personnages est présent dans le roman. Le film est donc très fidèle à celui-ci (autre chose est de savoir s'il était opportun de le porter (ou que Cronenberg le porte) à l'écran.

Je reviens donc sur la fascination/irritation dont je faisais état le 4 juin, après avoir vu le film:
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Cosmopolis, David Cronenberg: 9/10

Pendant le film, j'oscillais entre fascination et irritation et vice-versa.
Je ne savais quelle cote je donnerais quand j'étais dans la salle, cela oscillait entre 3 et 10!
Mais, après la sortie de la salle, le film me rongeait de l'intérieur comme une coulée d'acide.
Ma cote (re)montait au fur et à mesure que le film défilait à ma mémoire.
La fascination l'a donc emporté.
Il me faudra probablement revoir le film.
A noter la scène, que j'oserais appeler cul....te,
celle de la palpation prostatique par le médecin, la tête de Eric Packer (un prodigieux Robert Pattinson aux antipodes du vampire bellâtre), la position du corps, les mimiques et ensuite le rappel du dimorphisme dans les dernières minutes.[/quote]
C'est donc la fascination qui l'a emporté. J'avais déjà relevé ma note à 9,5 après la deuxième vision.
A défaut d'une troisième (il ne passe plus que dans une petite salle avec un écran pas vraiment au top) le futur BD sera donc sur ma prochaine liste d'achats.