Gounou a écrit :Brad Bird a plus apporté à l'expérience Mission : Impossible qu'elle ne lui a apporté dans son expérience du film live. C'est ce qui à mon sens fait du film à la fois une réussite sur certains points (majoritaires) et quelque chose d'un peu inabouti de la part de Brad Bird (notamment pour tout ce qui a trait à la dimension humaine des personnages). Le film est une belle et souvent brillante mécanique de suspense et d'action... mais un peu figée aussi et sans état de grâce.
Derrière ça il y a un fait. Quand Bird fait
Les Indestructibles ou
Ratatouille, il peut, grâce au média d'animation, storyboarder et mettre au point avec ses techniciens-concepteurs les plans-séquences les plus grisants, les mouvements d'appareil les plus gracieux et les découpages les plus pointus, parce que le support balaie toute restriction.
C'est pourquoi on peut autant savourer le dynamisme et la grâce de ses mises en scène : il a eu tous les moyens de laisser libre cours à son imagination et aboutir à un résultat visuel exactement conforme à ce qu'il attend. On retrouve un peu cet esprit dans le générique de
Ghost Protocol même si le résultat n'est pas forcément mirobolant. On suit la mèche comme on suivrait Ratatouille gambader dans un souterrain parisien.
Pour ma part, j'ai retrouvé le sens du découpage de Bird, sa grande lisibilité, son sens du Cinémascope et du mouvement, son certain talent géométrique (particulièrement visible à Dubaï)... Je trouve par exemple le combat dans la tour-parking plutôt gracieux dans son rapport horizontalité/verticalité incessantes. Je m'étonne de lire chez certains que la mise en scène manque de personnalité, alors qu'en observant je retrouve bien le regard du mec de Pixar. Sur le plan technique comme dans l'esprit. A l'instar des
Indestructibles, il y a par exemple ce même goût pour les Bond des 60's. Bird n'est peut-être pas allé aussi loin que dans les dispositifs de ses films d'animation, mais ces mêmes films sont assez désinhibants de par leur nature, non ?
Là où je te rejoins, Gounou, c'est que Bird n'a pas (pu ?) imposé sa patte dans la caractérisation et le développement des personnages.
Par contre, une critique que je formulerai, c'est l'inégalité des effets spéciaux. L'explosion du Kremlin ou certains arrières-fonds à Dubaï font quand même un peu tache au milieu d'autres effets bien plus convaincants et soignés.
Sinon, j'y retourne demain (pour la troisième fois).
