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Publié : 9 mars 06, 19:47
par AchaB
LucyMuir a écrit :Nounou, Jack, Achab
je ne sais plus quoi dire.
d'façon, on t'ecoutera pas alors tais toi et viens au pub!

Publié : 9 mars 06, 19:50
par Swan
J'oubliais de féliciter LucyMuir pour son excellente lecture du film.
Pour la peine, je laisse ton rang tranquille encore 24h.
Publié : 9 mars 06, 19:50
par LucyMuir
AchaB a écrit :LucyMuir a écrit :Nounou, Jack, Achab
je ne sais plus quoi dire.
d'façon, on t'ecoutera pas alors tais toi et viens au pub!

J'me vengerai.
La semaine prochaine, long post indigeste sur
The private life of Elisabeth and Essex (on prend les mêmes et on recommence)
Publié : 9 mars 06, 19:51
par LucyMuir
Swan a écrit :J'oubliais de féliciter LucyMuir pour son excellente lecture du film.
Pour la peine, je laisse ton rang tranquille encore 24h.
j'ai mis un Vincent Cassel en robe rien que pour toi!
48h?
Publié : 13 mars 06, 12:41
par Robert McCall
AlexRow a écrit :Louis enfant roi (Roger Planchon, 1992). A la mort de Richelieu, le Dauphin n'est qu'un enfant. La reine Anne d'Autriche, épouse du défunt Louis XIII, se fait nommer régente du royaume de France. Épaulée par le cardinal Mazarin elle se retrouve à la tête d'un royaume rapidement plongé dans le plus grand désordre : les Grands veulent profiter de la faiblesse supposée du pouvoir pour retrouver leur ancienne influence perdue : c'est la Fronde (1648-1652).
Planchon restitue avec brio la tourmente de ces temps. Les nombreux comédiens excellent à rendre le caractère versatile et fantasque de cette haute société. Les alliances et les ententes se nouent et se dénouent dans un rythme effréné. Ce n'est pas un film, c'est un maëlstrom. Au centre de l'action, le jeune roi est tenu pour rien, ou pas grand chose. C'est pourtant dans cet immense foutoir que Louis fait son apprentissage politique auprès de son "oncle" cardinal et qu'il va peu à peu concevoir sa vision de la monarchie absolue, garante de l'ordre universel. La mise en scène reste très sobre et les décors limités : l'essentiel est tourné à Chambord où l'escalier en double-vis paraît comme une métaphore de la pensée politique du temps, entre représentation et goût du secret. Les tableaux se succèdent illustrant toute la fièvre, optimiste et débridée, d'une époque qui veut s'inscrire en rupture du long mouvement de centralisation de l'État mais qui n'aura été qu'une bouillonnante parenthèse.
Un très bon script, au rythme essentiellement soutenu par les tirades, les dialogues théâtraux qui fusent sans jamais que la reconstitution historique sente la poussière. Les comédiens virevoltent. C'est pas
La chair et le sang mais c'est bien ce qui faut en matière de crudité, de réalisme, d'évocation jamais corsetée d'un univers où ça baise et blasphème à tout âge, à tout niveau de la Cour. Dommage que Planchon réalisateur ne soit pas toujours à la hauteur (les scènes avec Louis XIII sentent un peu le carton-pâte, le soleil qui parle aurait dû se taire, cette tête à claque de frangin en guise de commentateur) du script et on peut toujours chipoter sur les acteurs assez justes mais qu'on aurait voulu remplacés par d'autres plus prestigieux.
La réussite du film tient dans un équilibre assez bien trouvé entre cours d'histoire touffu et plongée dans la personnalité d'un roi dont on devine pourquoi il était chiant. Le pire, c'est qu'il était chiant déjà très jeune. Moralité :
ne faites pas d'enfant-roi.
Publié : 14 mars 06, 14:22
par MJ
Max Schreck a écrit :
La Chair et le sang de Verhoeven, où cette fois c'est la barbarie qui brille de ses derniers feux face à l'émergence des temps modernes.
J'ai mis du temps à l'aimer celui-là. Aujourd'hui je le considère presque comme parfait. Un sommet dans la carrière du hollandais violent, ça c'est sûr.
Publié : 29 mars 06, 16:31
par AlexRow
Procès de Jeanne d'Arc (Robert Bresson, 1961). C'est un lieu commun d'affirmer que la vie et l'oeuvre politique de Jeanne d'Arc ont inspiré les auteurs. Jeanne ne peut plus être considérée simplement comme un personnage historique ou comme une des nombreuses saintes de l'Église catholique. Elle est devenue une construction intellectuelle complexe et contradictoire. Adulée par les fidèles pour sa foi simple et inébranlable, par les militants de gauche du 19e siècle pour sa ferveur populaire, par les résistants pour son courage, par les militants de droite pour son patriotisme, par ceux de l'extrême droite pour son supposé phyletisme, Jeanne est un symbole que l'on se dispute, qu'on s'arrache même. Les historiens n'ont pas fini d'analyser le sens de son aventure en diversifiant les approches et en croisant les disciplines. Pourtant, que connaissons-nous vraiment de Jehanne la Pucelle ?
Une fois qu'on l'a dépouillée de tous ces oripeaux, il ne reste d'elle que de rares éléments assurés par un maigre corpus de sources ; les meilleures sont contituées par les minutes du procès instruit à charge par l'évêque de Beauvais - Pierre Cauchon, l'homme lige du duc de Bedford, retranché à Rouen parce que son diocèse était entre les mains du parti du roi - et celles du procès de réhabilitation mené 25 ans plus tard sur la demande d'Isabelle Romée, mère de Jeanne. C'est peu mais c'est pourtant l'essentiel ; il nous reste l'image d'un procès politique - que l'on devine inique - et de la confrontation entre deux religiosités qui ne se comprennent plus : celle des clercs, attachés au rôle d'intermédiaire obligatoire de l'Église terrestre, et celle des laïcs, de plus en plus profondément engagée dans une relation personnelle à la divinité. La Jeanne des procès est une jeune femme énergique et assurée, d'une foi profonde et rigoureusement orthodoxe. Il n'y a nulle trace de superstition ni de supercherie dans ses révélations, ce qui rendit sa condamnation plutôt malaisée. Si elle fut utile au jeune roi Charles VII dans la lutte contre les Anglais, son échec militaire devant la Charité-sur-Loire puis sa capture à Compiègne semblent lui avoir retiré l'aura mystique qui faisait son prix. C'est pourtant ce dénuement extrême, cet abandon total qui donnent à la Jeanne du procès sa dimension christique. C'est sans doute ce qui effraya la curie épiscopale. Passée maître dans l'art de fabriquer des saints, celle-ci fera tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher pareil destin à la pucelle de Domrémy, allant jusqu'à détruire tous ses effets en même temps que son corps sur le bûcher, afin qu'ils ne deviennent jamais des reliques. Les cendres furent ensuite dispersées dans la Seine.
Jeanne d'Arc n'a pas moins inspiré les cinéastes que les écrivains, de Méliès à Besson en passant par Fleming, Preminger et Rossellini. La Jeanne d'Arc de Robert Bresson est, de l'aveu du réalisateur, autant un portrait de la femme mystique du XVe siècle que celui d'une jeune femme des temps modernes, affranchie des contraintes patriarcales de ces deux époques pour vivre ses propres convictions... jusqu'au bout. La mise en scène sobre et implacable de Bresson rend honneur à la personne sans jamais céder devant le personnage. Florence Carrez-Delay, qui n'avait jamais joué, tient son rôle avec un naturel déconcertant, semblant donner raison à Bresson qui, avec un aplomb extraordinaire, disait se méfier des acteurs. La calme assurance de ses réponses aux juges maintient une tension que ne dissipe pas le montage elliptique. On passe sans cesse de la cellule au tribunal et du tribunal aux coulisses où se noue le drame. Sans pathos ni artifice, le cinéaste nous plonge dans les tourments d'un procès où la raison d'État détruit et salit les individus trop exceptionnels, ce qui n'est pas, là encore, sans rappeler certains procès du XXe siècle. La Jeanne de Bresson est de toutes les époques.
Publié : 29 mars 06, 16:44
par LucyMuir
excellent travail Alex
un petit match Bresson/Besson???

Publié : 29 mars 06, 16:45
par AlexRow
LucyMuir a écrit :excellent travail Alex
un petit match Bresson/Besson???

Je crois que Florence ne fait pas le poids devant Milla

Publié : 29 mars 06, 17:00
par Colqhoun
Si je dis que j'aime beaucoup le Jeanne d'Arc de Luc Besson (vu 2 fois au ciné le même week-end) et que j'ai jamais vu celui de Bresson, j'ai droit à quoi ?

Publié : 29 mars 06, 17:01
par gehenne
Colqhoun a écrit :Si je dis que j'aime beaucoup le Jeanne d'Arc de Luc Besson (vu 2 fois au ciné le même week-end) et que j'ai jamais vu celui de Bresson, j'ai droit à quoi ?

J'en sais rien, mais j'aurai probablement le droit à la même punition...
Publié : 29 mars 06, 17:03
par AlexRow
Création d'un index des films dans le premier post.
Publié : 29 mars 06, 17:15
par AlexRow
Colqhoun a écrit :Si je dis que j'aime beaucoup le Jeanne d'Arc de Luc Besson (vu 2 fois au ciné le même week-end) et que j'ai jamais vu celui de Bresson, j'ai droit à quoi ?

Et bien on se complète bien, moi c'est le contraire

Publié : 4 juin 06, 00:31
par AlexRow
Marie-Antoinette (Sofia Coppola, 2006). Il est dans l'histoire des personnalités qui ont un destin, de celles qui impriment un cours inattendu aux événements de leur temps et défient les lois des mouvements sociaux de fond et du temps long. Mais Marie Antoinette n'est pas de celles-là. Si elle reste aujourd'hui encore un objet de fascination, pour les foules plus que pour l'historien, elle le doit essentiellement au cruel contraste d'une vie frivole et d'une mort digne mais brutale. Ces deux aspects ont forgé une figure tragique à grands renforts de formules plus ou moins apocryphes, de liaisons intimes plus ou moins supputées, de caricatures et de fantasmes. Qui se gausse des fantaisies capillaires de la coquette et qui se recueille sur la mèche recueillie pieusement avant l'échafaud. Qui rit de la retraite bucolique de la bergère d'opérette et qui pleure sur la sordide cellule de la prison du Temple. Épouse délaissée et mère d'enfants martyrs, mais aussi prescriptrice de mode, mécène, chanteuse, musicienne, comédienne sur scène parfois et dans sa vie toujours... la vie de Marie-Antoinette n'est peut-être ni si édifiante ni si vaine que l'ont voulu les auteurs nostalgo-royalistes ou socio-révolutionnaires. Elle est avant tout la vie d'une femme de rang princier au XVIIIe siècle, confinée d'abord dans sa fonction procréatrice et ensuite dans son rôle d'enjeu des faveurs de la bouillonnante caste nobiliaire de cour. Ainsi dressé, ce portrait penche moins du côté de la tragédie que de celui de la rêverie romantique : la châtelaine qui rêve d'une chaumière, la princesse qui joue à la bergère.
Avec un tel personnage, réaliser un film biographique est un défi pour le cinéaste : comment trouver un équilibre quand sa figure est chargée de sens contradictoires exacerbés et que sa vie s'avère avoir été d'une infinie monotonie ? Sofia Coppola a choisi de se détourner de la fresque au profit de la miniature intimiste. La narration suit la chronologie d'une manière lache en recourant à de nombreuses ellipses. Nous sommes conviés à partager les divers moments qui ont rythmé l'existence de Marie-Antoinette, les ruptures comme l'ordinaire, l'ennui comme les distractions. Il n'y a aucune intention d'expliquer sa personnalité ni de justifier son comportement mais simplement une envie de convier le spectateur à partager un peu la vie d'une personne réelle placée dans une position et des circonstances exceptionnelles. Tout est mis en oeuvre pour abolir la distance du spectateur, à commencer par l'usage d'une musique contemporaine, tantôt en position subjective tantôt intégrée à la scène. Sofia Coppola aurait par ailleurs glissé volontairement quelques éléments dystopiques et/ou dyschroniques mais je n'ai pas pu discerner l'ombre de la converse tant mentionnée.
Publié : 4 juin 06, 11:20
par Swan
Elle apparaît lors de la séquence d'essayage de chaussures, un plan montre fugitivement un rayonnage de modèles à talon, et à l'arrière-plan se trouve une paire de All Stars mauves.
Très joli texte, sinon, restituant clairement les différence d'interpretation politique du symbole Marie Antoinette.