Re: To the Ends of the Earth
Publié : 3 mai 15, 22:01
Opium - To the Ends of the Earth (1948)
Réalisation : Robert Stevenson / Production : Sidney Buchman (Columbia) / Scénario : Sidney Buchman et Jay Richard Kennedy / Photographie : Burnett Guffey / Musique : George DuningAvec : Dick Powell Michael Barrows), Signe Hasso (Ann Grant), Maylia (Shu Pan Wu), Ludwig Donath (Sokim), Vladimir Sokoloff (le commissaire Lum Chi Chow), Edgar Barrier (Grieg), John Hoyt (George Shannon)
Alors qu'il s'apprête à partir en vacances, Mike Barrows, un commissaire du bureau des narcotiques américains est appelé en urgence car au large de San Francisco, un bateau suspecté de se livrer au trafic de drogues entre la Chine et les USA a été repéré. À bord d'un bateau des gardes côtes, il tente d'intercepter le navire mais celui ci se débarrasse de sa cargaison, y compris les 100 esclaves chinois employés par les trafiquants qui sont jetés à la mer encore enchainés par le capitaine japonais du Kira Maru avant que le navire ne gagne les eaux internationales. Le Kira Maru étant enregistré à Shanghai, Barrows y est envoyé pour tenter de remonter la filière. Il travaille en collaboration avec un policier chinois et sous une fausse identité enquête dans le milieu des expatriés occidentaux de Shanghai, surveillant notamment les agissements d'Ann Grant, une américaine étrange accompagnée d'une jeune réfugiée chinoise dont elle est la tutrice. Plusieurs suspects disparaissent mais Barrows parvient tout de même à découvrir d'où viendrait la pâte d'opium partiellement raffinée à Shanghai. Il s'envole pour l'Égypte…
Ce film policier à la gloire du Bureau Fédéral des Narcotiques, en tant que film enquête sur les réseaux d'importation de drogue aux USA peut être vu comme un ancêtre de French Connection. C'est probablement le film du genre au cours duquel on voyage le plus car Barrows va effectivement traquer les trafiquants de drogue : Jusqu'aux extrémités de la terre, comme l'annonce le titre américain. Partant de San Francisco, les pérégrinations du flic globe trotteur vont l'entrainer d'abord à Shanghai puis ce sera l'Égypte : Le Caire puis le Sinaï, Beyrouth, La havane et enfin New-York puisqu'il va progressivement remonter un réseau jusqu'aux plantations de pavot et à l'autre bout, traquer les passeurs dans leurs tentatives de faire rentrer la drogue aux USA. Dans cette guerre contre la drogue, la 2ème guerre mondiale et ses séquelles sont encore très présentes. Bien que tourné juste après la guerre, le film relate des évènements qui s'étaient produit au milieu des années 30, à une époque ou le Japon venait d'envahir la Chine et on y apprenait que si les japonais étaient les instigateurs du trafic d'opium vers les USA, c'était au fond pour des raisons politiques, leur intention étant d'affaiblir le pays et de le rendre plus vulnérable en cas de conflit contre le Japon. Cette accusation se retrouve jusque dans un final dans lequel certains voient -parait-il- de l'ironie. J'y vois pour ma part surtout de vieux relents de racisme (excusable dans le contexte de l'époque en raison des exactions japonaises). D'autre part, si ce final est cinématographiquement irréprochable, il est aussi assez fantaisiste et même carrément invraisemblable…et donc pour voir le bon coté des choses, impensable (moins maintenant)
Le film s'était ouvert pourtant sur un bandeau promettant l'authenticité des faits racontés et nous informant qu'il avait reçu l'approbation du Bureau Fédéral des Narcotiques (et pour être autorisé à montrer ce qu'il montre, il du aussi obtenir un assouplissement exceptionnel du code de production). Puis, on suit brièvement les travaux d'une conférence internationale sur le commerce des stupéfiants accueillie par les Nations-Unis, des séquences au cours desquelles on voit le vrai Harry J. Anslinger, surnommé le "McCarty de la drogue" qui fut à la tête du BFN pendant plus de 30 ans. Tout ceci laissait augurer un film sérieux, traitant dans un style semi-documentaire cette enquête ayant pour ambition de montrer l'ampleur du trafic de drogue à destination des USA et la complexité des réseaux internationaux y participant. Il ne tient qu'en partie cette promesse car même si l'enquête est traité sérieusement, la fantaisie perce parfois. Je la vois surtout dans la fausseté -sans doute involontaire mais dont on peut s'amuser- des lieux et des personnages exotiques ; dans le traitement de ces personnages (ou en raison des comédiens qui les incarnent) ou bien dans ce qui est montré des méthodes policières.
A son arrivée en Chine, Barrows utilise une bonne couverture (il se fait passer pour un importateur de tapis orientaux). La personnalité de ses homologues étrangers, notamment le commissaire Lum Chi Chow de Shanghai (interprété par Vladimir Sokoloff

Je passe sur les nombreuses péripéties qui se déroulent sur 3 continents : les boulettes d'opium dissimulées dans l'estomac des….(censuré) ; les témoins empoisonnés, etc…et les plus classiques méthodes policières habituelles. C'était un gros budget (2 millions de $) ; cela se voit à l'écran mais au final tout ceci fait un assez bon film policier mais selon moi pas un grand. Je dois néanmoins préciser que des critiques sérieux, Leonard Maltin en tête, y ont vu un film captivant là ou je l'ai seulement vu distrayant…et encore, pas toujours, car ce film est aussi extrêmement bavard. On discute beaucoup entre policiers, surement en raison de leurs cultures différentes mais je ne veux pas le savoir

A suivre : les Dan Duryea restés en rade ou un petit Dick Powell.