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THE HUMAN JUNGLE. DANS LES BAS-FONDS DE CHICAGO. Joseph M. Newman. 1954
Production : Hayes Goetz, Marvin et Walter Mirisch pour Allied Artists Pictures (auparavant Monogram)
Scénario : Daniel Fuchs, William Sackheim (Sc.+ histoire)
Photographie : Ellis W. Carter
Musique : Hans Salter
Avec : Gary Merrill (Capt. John Danforth), Jan Sterling (Mary Abbott), Chuck Connors (Earl Swados), Paula Raymond (Pat Danforth) et Claude Akins (George Mandy)
Une jeune femme est retrouvée morte en pleine rue. Elle a été abandonnée là par une voiture non identifiée. Le détective Danforth est appelé sur place. Cependant ce dernier s'apprête à quitter la police
après 10 années de service pour devenir avocat. Son supérieur hiérarchique pour tenter de le dissuader d'abandonner le métier lui fait visiter le commissariat d'un des quartiers déshérités de la ville dans
lequel règne le laisser-aller le plus complet et met le détective au défit de rétablir l'ordre dans ce bas-fonds de Chicago.
Immédiatement, le tout nouveau capitaine Danforth reprend en main les forces de police et ordonne de ratisser la ville et de ne laisser passer aucune infraction.
Parallèlement, l'enquête sur le meurtre de la jeune femme se poursuit. Cette dernière était strip-teaseuse dans une boite de la ville et il semble qu'un des employés du lieu, Earl Swados soit impliqué.
Cependant, ce dernier a un alibi. Il prétend n'avoir pas quitté de la soirée une autre danseuse de la boite, Mary Abbott, ce que confirme cette dernière.
Les enquêteurs, persuadés qu'elle a fourni un faux témoignage pour protéger Swados, font pression sur elle...Mais lors d'une opération liée à l'enquête, un passant est tué accidentellement par un policier
et Danforth se retrouve en difficulté.
Pas vraiment un film noir mais plutôt un policier dans le style documentaire. Cet aspect là du film est assez réussi. C'est même ce qui m'a le plus séduit alors que j'ai pas toujours été convaincu par les
autres tentatives du (sous) genre. Paradoxalement, c'est l'interprétation assez terne de l'ensemble des flics qui sert le film. On suit d'assez près le fonctionnement du commissariat et plus particulièrement
les activités des détectives menés à la baguette par Gary Merrill. On a déjà vu ces têtes là dans d'autres policiers mais le relatif anonymat des interprètes sert le réalisme, voulu mais évidement tout relatif,
du film. L'interprétation de Gary Merrill, qui est omniprésent à l'écran, est elle-aussi d'une grande sobriété. On pourra même la trouver terne. Seul effort visible, il affiche devant cette "boue" humaine un
certain dédain, un certain mépris et il arbore parfois une moue dédaigneuse devant certains des protagonistes du film.
2 interprétations sont plus voyantes. Tout d'abord celle de Jan Sterling, danseuse, chanteuse et strip-teaseuse mais en réalité plus prostituée qu'autre chose. Elle chante comme une casserole alors pour faire
passer le numéro elle s'effeuille (chastement) durant son passage sur scène. Plus tard, dans les coulisses, interrogée par Merrill, elle continue de se changer devant lui comme s'il n'était pas là... Elle promène
donc sa sensualité habituelle. On a croisé 100 fois ce personnage dans le cinéma policier des années 40 et 50 mais le "tramp" comme elle se définie elle-même devant Merril est parfois moins jolie, moins
sensuelle et...moins touchante que Jan Sterling.
Enfin, il y a celle de Chuck Connors, qui est par moment assez survoltée.
Je reviens sur l'aspect documentaire du film. Je dois dire que je suis souvent peu convaincu par cet aspect là des films donnés en exemple pour l'illustrer ce sous-genre. En gros, les films Fox dit "semi-
documentaires" s'ils sont pour la plupart de grandes réussites ne brillent pas, je trouve, par leur réalisme.
J'admire énormément par contre le "Chasse au gang" d'André De Toth ou le film de Jules Dassin "La cité sans voiles", or le film de Joseph Newman est, toutes proportions gardées, de la même famille.
J'ai vu dans ce petit film, sans doute à cause de son mode de production, des choses assez audacieuses que l'on a rarement vu dans le cinéma policier de cette époque.
Quelques exemples :
Au tout début du film, l'oisiveté et le désintérêt affiché des policiers pour leurs taches sont très clairement montrés. On en voit jouer aux cartes en se cachant à peine, etc...
Plus tard, Gary Merrill, qui tente de reprendre en main le commissariat, en vient au main avec un collègue qui refuse d'adhérer aux nouvelles méthodes de travail.
Lorsque Merrill fait le tour des bureaux pour voir après une rafle qui a été arrêté, il trouve une bande d'adolescents arrogants dont on a vidé les poches. Toute sorte d'armes par procurations, morceaux de
métal et diverses pièces bricolées, sont étalés sur le bureau.
Enfin, à plusieurs reprises et sans faux fuyants, il est fait référence à la prostitution qui semble avoir été l'activité réelle de plusieurs danseuses de la boite que fréquentait la victime.
Un dernier point sur la mise en scène et sur les choix des scénaristes.
La et les faiblesses du film sont bien sûr, en premier lieu, sa mise en scène. Sans doute en partie du au budget du film et au manque de talent de Newman. Il illustre simplement son scénario sans beaucoup
d'imagination mais sans maladresses notoires non plus. Le film se termine même, comme la "Cité sans voiles" cité plus haut, par une longue course poursuite plutôt brillamment dirigé.
Dans ce film qui se veut réaliste, on ne trouvera pas non plus de réflexions sur la corruption des villes. Pas de flics pourris ou de politiciens corrompus. Pas d'allusion à l'activité de la police qui serait entravée
par la bureaucratie ou les directives des politiciens locaux, etc... On est ici dans le factuel. Les personnalités des principaux protagonistes sont juste survolées...à l'exception notable de celle du personnage
incarné par Gary Merrill.
Sa dureté, son intransigence, sont une façon d'exprimer un point de vue. En l'occurrence un brin simpliste. Pour le capitaine Danforth seul le résultat compte. Il est prêt à justifier la mort d'un innocent, le
passant abattu par la police, au nom du résultat à obtenir, éradiquer la violence de la ville. Même chose pour le témoin capital qu'il est prêt à sacrifier...
A noter que le producteur du film Walter Mirisch était un habitué du genre policier. Il a produit ou co-produit des films de Prison "Le condamné de la cellule cinq" et "Les révoltés de la cellule 11", Il s'est
préoccupé de délinquence juvénile avec "Crime in the streets", et de la corruption des villes modernes avec "The Phoenix city story".
Le film est passé à plusieurs reprises sur les chaines françaises mais je ne connais pas de DVD.