Gregory La Cava (1892-1952)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Supfiction
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Re: Gregory La Cava (1892-1952)

Message par Supfiction »

Rapatriement de la discussion ..
Geoffrey Carter a écrit :
Kevin95 a écrit : FIFTH AVENUE GIRL (Gregory La Cava, 1939) Découverte

Alors que le monde a le feu au cul à l'approche du conflit, Gregory La Cava se permet une comédie délicieuse et élégante rappelant à ce bas monde d'un peu de naïveté et de poilade ça aide à faire passer certaines contrariétés. Ici c'est un peu Teorema de Pasolini réalisé par Capra, Ginger Rogers bien chargée en cynisme et punch-lines (un de ses plus beaux rôles) va s'introduire dans une famille décrépie de la haute afin de leur tendre un miroir pas jojo et leur faire prendre conscience de la futilité de leur existence. Au cas où le terme gauchiste n’échappe à quelqu'un, La Cava se moque aussi gentiment des instrumentalisés de la doxa gauchiste. Mise en scène avec une classe absolue, le film peu facilement frimer auprès des plus belles réussites romantico-comiques de l'époque (qui compte de sacrés morceaux !). 9/10
:D La quintessence du style de La Cava, c'est bel et bien ce banc de Central Park, où le magnat Walter Connolly aborde et recrute Ginger Rogers, la chômeuse qui va l'aider à remettre de l'ordre dans ses affaires, et où Tim Holt, le fils de famille, commence à se « démocratiser ». En une séquence anthologique, les échantillons les plus variés du melting-pot viennent s'y asseoir : le millionnaire y côtoie une crève-la-faim, le fils à papa un matelot en goguette, le couple de retraités deux jeunes chinois...
Kevin95 a écrit :Je ne connais rien du réalisateur donc autant dire que depuis j'ai les crocs.

La première rencontre entre Ginger Rogers et Walter Connolly, entre elle qui mange machinalement sa pomme avec ses réparties déjà toutes faites et lui l'a dévorant des yeux non comme un amant mais comme un enfant, est un petit moment de bonheur. De même que plus tard (tu as raison de mentionner la scène) la valse sur le banc est un joli moment (l'arrivée des asiatiques est assez surprenant mais bienvenue, scène devenue impossible deux ans plus tard avec l'entrée en guerre des États-Unis). :wink:
kiemavel a écrit :
Kevin95 a écrit :Je ne connais rien du réalisateur donc autant dire que depuis j'ai les crocs.
Si tu n'avais rien vu du metteur en scène jusque là, tu n'es pas au bout des bonnes surprises car au moins 2 films sont aussi bons voir meilleurs que 5th Ave Girl. On retrouve Ginger Rogers dans Stage Door (DVD RKO/Montparnasse) dans un rôle assez ressemblant de crève la fin, danseuse au chômage vivant dans une Pension d'artistes (Le titre français du film). J'aime énormément cette actrice dans la comédie. J'adore notamment sa façon de parler entre ses dents et de balancer des petites vacheries. Dans Stage Door elle s'en donne à coeur joie avec Katharine Hepburn et Adolphe Menjou principalement. Après, il faut aussi voir My Man Godfrey (DVD Wild Side), autre chef d'oeuvre dont le scénario présente quelques ressemblances avec celui que tu as vu. Un "pauvre" est adopté par une famille de la haute. Il ne devient pas une officieuse secrétaire (de facade) mais le majordome de la maison. Après c'est selon moi un cran en dessous mais c'est à voir également notamment The Half naked Truth (DVD RKO/Montparnasse). Avec Ginger Rogers (et Joel McCRea), il y a aussi un bon mélo : Primrose Path (DVD RKO)
kiemavel a écrit :
AtCloseRange a écrit : C'est un film passionnant et dont on peut tirer dix morales différentes. C'est une de mes découvertes naphta les plus saisissantes des 10 dernières années mais il peut difficilement faire l'unanimité.
Jamais vu...mais il traine sur mes étagères. Vous avez éveillé ma curiosité
bruce randylan a écrit :Très bon en effet The affairs of Cellini
Pas vu non plus. J'avais oublié un autre film (qui n'est pas une comédie) avec Constance Bennett : Bed of Roses (il a été diffusé à la TV chez nous)
Oublié aussi une comédie avec une autre reine du genre, Claudette Colbert : She Married Her Boss (mais celui là m'avait semblé moyen)
Pour le moment, son chef d'oeuvre pour moi demeure de loin 5th Avenue Girl
Je ne garantis rien mais puisque tu ne sembles pas avoir vu Stage Door, je (re)recommande vivement. Par contre, je pensais que l'on pourrait trouver aujourd'hui tous les rko pour une bouchée de pain mais pas tant que ça...
Stage Door m'avait laissé de marbre lors de sa découverte en 2003. La fille de la cinquième avenue en revanche est excellent, et assez proche du chef-d’œuvre My man Godfrey. La présence de Walter Connoly joue beaucoup dans cette impression mais pas que. Il y a dans les deux films cette même idée de l'ennui des bourgeois qui vont chercher chez les pauvres (sans emploi, SDF et sans-dents) le goût des choses simples, la générosité, la gratitude aussi, et le retour aux valeurs essentielles de la vie.

Je viens de revoir Stage Door et j'ai bien plus accroché qu'il y a 12 ans à sa découverte. On y trouve d'ailleurs la même attirance de La Cava pour la vie de bohème et les "charmes" de la promiscuité. C'est un chouïa idéaliste, il me semble, en dépit d'une volonté de réalisme (La Cava obligea par exemple les actrices, à l'exception des stars j'imagine bien, à vivre 15 jours ensemble avant le tournage afin de les étudier et de renforcer aussi sans doute leur complicité). La Cava est clairement proche du cinéma de Capra. En plus dur radical peut-être, plus dur envers les bourgeois par exemple.

A la différence de ce qui se passe dans My man Godfrey et La fille de la cinquième avenue, ce n'est pas le/la prolétaire qui s'introduit (contre son gré d'ailleurs) dans la vie des riches mais, à l'inverse, une fille de bonne famille qui vient vivre son rêve dans une pension de jeunes filles bon marché. Double choc des cultures entre la bourgeoise exaltée (Hepburn) et la roturière ronchonne (Ginger Rogers).
Casting exceptionnel, tant au niveau des petits rôles que des premiers (Gail Patrick reprend une nouvelle fois le mauvais rôle de la fille hautaine).
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Re: Gregory La Cava (1892-1952)

Message par Supfiction »

Deux excellentes séquences du film, Ginger Rogers et Ann Miller tapant dans l'oeil d'Adolphe Menjou puis narguant leur rivale Gail Patrick :


bruce randylan
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Re: Gregory La Cava (1892-1952)

Message par bruce randylan »

kiemavel a écrit :
Pour le moment, son chef d'oeuvre pour moi demeure de loin 5th Avenue Girl
Je ne garantis rien mais puisque tu ne sembles pas avoir vu Stage Door, je (re)recommande vivement. Par contre, je pensais que l'on pourrait trouver aujourd'hui tous les rko pour une bouchée de pain mais pas tant que ça...
J'ai le DVD de celui-ci mais toujours pas vu... comme ceux de Primrose Path et le muet Womanhandled :fiou:
D'ailleurs en période muette, je garde un bon souvenir du WC Fields So's Your Old Man (c'est dans celui-ci qu'on trouve la scène hilarante de la partie de golf contrariée qui sera reprise dans le court-métrage The golf specialist)
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Re: Gregory La Cava (1892-1952)

Message par Kevin95 »

GABRIEL OVER THE WHITE HOUSE - Gregory La Cava (1933) découverte

Fable touchante, sensible, bien faite, charmante... mais dérangeante. La première partie de Gabriel over the White House est pertinente, Walter Huston tient de main de maitre son rôle et Gregory La Cava est tout sauf un amateur comme cette scène géniale où le Président joue avec son neveu pendant que la radio annonce les pires nouvelles d'une Amérique en crise. Puis arrive la révélation et le film va de mal en pire. D'abord neutre, puis ambigu, le film prend ensuite une route droitière, idéologiquement limite (sans même convoquer ce qui arrive en Europe cette même année). Le président fait la leçon au monde, demande l'argent de la Grande Guerre, choppe les pleins pouvoirs pour la grandeur du drapeau étoilé et tout ce qui va avec. On pourra toujours arguer qu'il est peut-être fou, la théorie se tient si on la porte à bout de bras tant rien dans le film ne vient ne serait-ce que suggérer autre chose qu'un monde idéalement autoritaire (voir la glaçante scène de l'exécution des gangsters). Curieux, par moment beau, mais le film reste dans les dents.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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