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Publié : 25 juil. 05, 20:35
par gehenne
N'empêche que le topic sur mad movie faisait plus de pages, lui !

pom, pom, pom...

Publié : 25 juil. 05, 22:51
par Arca1943
Peter Venkman a écrit :
Arca1943 a écrit :(...) Donc, le plus sérieux, le moins divertissant possible, avec le maximum de sublimitas et le minimum d'humilitas. Pour reprendre l'exemple utilisé sur ce fil (j'en ai un autre en tête mais tant pis) il est logique que les Cahiers aient plus volontiers décerné leur imprimatur à Mizoguchi que Kurosawa, parce que chez Kurosawa on trouve encore des éléments de spectacle populaire (Les Sept samouraïs et plus encore Le Château de l'araignée).
Comment comprendre alors que Les Cahiers aient défendu bec et ongles des cinéastes aussi spectaculaires que Fuller, Nicholas Ray, André de Toth, William Wyler ou Hitchcock ?
Il est évident que je simplifie grossièrement car décortiquer cette doxa prend beaucoup plus de temps et de travail - et je suis, après tout, en vacances ! Cependant, je remarque que toutes ces "réhabilitations" - et même l'entrée du cinéma dit "de genre" dans Les Cahiers par le biais du culte très français de la série noire - sont toujours dirigées exclusivement vers le cinéma américain. Pour des raisons qui m'échappent (encore), on admet que la culture américaine puisse être populaire, qu'elle s'abaisse à raconter une histoire avec un début, un milieu et une fin; mais qu'un Européen s'y hasarde et crac! c'est la fin du monde : il s'abaisse à faire du cinéma-spectacle, c'est de la démagogie, etc. C'est deux poids, deux mesures. Quelque chose comme : les Américains sont de grands enfants qui vivent dans la nature indomptée (la perception de l'Amérique du Nord dans les revues intellectuelles française des années 50-60 est pour moi un sujet de rigolade inépuisable); par contre un cinéaste européen a le devoir d'être un intellectuel, et de réaliser ses films en fontion d'un progamme théorique préétabli; ou quelque dans ce goût-là.

Moi qui suis Nord-Américain, je me méfie beaucoup de tout cet amour empressé pour "l'Amérique" (i.e. les États-Unis). J'y pressens, j'y subodore un croquignolet malentendu. Je pense aussi que la confusion entre artiste et intellectuel, qui a beaucoup marqué (et marque encore) la culture française, joue un rôle dans ce problème du refus indigné de la culture populaire dès lors qu'elle est européenne. (Je suis un fan invétéré de comédie à l'italienne, alors vous voyez peut-être mon problème... )

Les critiques des Cahiers étant des intellectuels, ils voulaient des cinéastes français (européens) qu'ils puissent considérer comme des pairs? S'ils interviewent Antonioni, ça risque de mieux se passer qu'avec Risi? Est-ce que ça pourrait être ça? Histoire de se sentir séparés de la créativité, de la création, par un abîme d'apparence moins infranchissable? Mais tout ceci, évidemment, reste bien hypothétique. Ce qui ne l'est pas, en revanche, c'est l'exemple dont je suis parti : des dégâts bien réels. Quand des critiques de cinéma ont le pouvoir d'empêcher des scénaristes de cinéma de travailler, ça veut dire qu'ils ont trop de pouvoir. Le dogmatisme ahuri des intellectuels de cette époque était quand même spectaculaire, admettez-le : un véritable McCarthysme de gauche. Bien que je n'aime pas toujours les films de Bertrand Tavernier, je lui décernerais volontiers une médaille juste pour être allé chercher Jean Aurenche et Pierre Bost. Très beau bras d'honneur, bien envoyé et surtout bien mérité.

Quoi qu'il en soit, ce débat n'est pas aujourd'hui des plus utiles, car l'influence des Cahiers sur la mémoire du cinéma (je pense ici en termes d'exclusion et d'ostracisme) a radicalement diminué - et c'est heureux, même si la bouillie de n'importe quoi qui s'y est substituée pose aujourd'hui le problème contraire du syncrétisme et même de la disparition du "goût".

Publié : 26 juil. 05, 00:26
par paul_mtl
Arca1943 a écrit :
Peter Venkman a écrit : Comment comprendre alors que Les Cahiers aient défendu bec et ongles des cinéastes aussi spectaculaires que Fuller, Nicholas Ray, André de Toth, William Wyler ou Hitchcock ?
Il est évident que je simplifie grossièrement car décortiquer cette doxa prend beaucoup plus de temps et de travail - et je suis, après tout, en vacances ! Cependant, je remarque que toutes ces "réhabilitations" - et même l'entrée du cinéma dit "de genre" dans Les Cahiers par le biais du culte très français de la série noire - sont toujours dirigées exclusivement vers le cinéma américain. Pour des raisons qui m'échappent (encore), on admet que la culture américaine puisse être populaire, qu'elle s'abaisse à raconter une histoire avec un début, un milieu et une fin; mais qu'un Européen s'y hasarde et crac! c'est la fin du monde : il s'abaisse à faire du cinéma-spectacle, c'est de la démagogie, etc. C'est deux poids, deux mesures. Quelque chose comme : les Américains sont de grands enfants qui vivent dans la nature indomptée (la perception de l'Amérique du Nord dans les revues intellectuelles française des années 50-60 est pour moi un sujet de rigolade inépuisable); par contre un cinéaste européen a le devoir d'être un intellectuel, et de réaliser ses films en fontion d'un progamme théorique préétabli; ou quelque dans ce goût-là.

Moi qui suis Nord-Américain, je me méfie beaucoup de tout cet amour empressé pour "l'Amérique" (i.e. les États-Unis). J'y pressens, j'y subodore un croquignolet malentendu. Je pense aussi que la confusion entre artiste et intellectuel, qui a beaucoup marqué (et marque encore) la culture française, joue un rôle dans ce problème du refus indigné de la culture populaire dès lors qu'elle est européenne. (Je suis un fan invétéré de comédie à l'italienne, alors vous voyez peut-être mon problème... )

Les critiques des Cahiers étant des intellectuels, ils voulaient des cinéastes français (européens) qu'ils puissent considérer comme des pairs? S'ils interviewent Antonioni, ça risque de mieux se passer qu'avec Risi? Est-ce que ça pourrait être ça? Histoire de se sentir séparés de la créativité, de la création, par un abîme d'apparence moins infranchissable? Mais tout ceci, évidemment, reste bien hypothétique. Ce qui ne l'est pas, en revanche, c'est l'exemple dont je suis parti : des dégâts bien réels. Quand des critiques de cinéma ont le pouvoir d'empêcher des scénaristes de cinéma de travailler, ça veut dire qu'ils ont trop de pouvoir. Le dogmatisme ahuri des intellectuels de cette époque était quand même spectaculaire, admettez-le : un véritable McCarthysme de gauche. Bien que je n'aime pas toujours les films de Bertrand Tavernier, je lui décernerais volontiers une médaille juste pour être allé chercher Jean Aurenche et Pierre Bost. Très beau bras d'honneur, bien envoyé et surtout bien mérité.

Quoi qu'il en soit, ce débat n'est pas aujourd'hui des plus utiles, car l'influence des Cahiers sur la mémoire du cinéma (je pense ici en termes d'exclusion et d'ostracisme) a radicalement diminué - et c'est heureux, même si la bouillie de n'importe quoi qui s'y est substituée pose aujourd'hui le problème contraire du syncrétisme et même de la disparition du "goût".
Quel bel exposé Arca :D +1

Ce que tu décris, c'est le culturellement correct.
C'est tres present en France pour des raisons de mentalité.
Tu n'arrivera pas a le changer a toi tout seul sur ce forum et ailleurs. ;)
Ca commence des l'ecole primaire et les dégats s'expriment plus tard.

La comedie a tjs été le mal aimé des critiques intelectuels francais
a moins qu'il y est une autre dimension comme avec Fellini
ou Bunuel.
Et ca remonte tres loin, deja Moliere n'avait pas les faveurs des critiques de l'epoque qui lui preferait les dramaturges.
La reconnaissance est venu bien plus tard.
Le rire etait aussi mal vu par l'eglise qui y voyait une manifestation demoniaque :lol:
et même de la disparition du "goût".
tu veux parler du "bon goût" sans doute.

Publié : 26 juil. 05, 01:52
par Arca1943
paul_mtl a écrit : Ce que tu décris, c'est le culturellement correct.
C'est tres present en France pour des raisons de mentalité.
Tu n'arrivera pas a le changer a toi tout seul sur ce forum et ailleurs. ;)
Ca commence des l'ecole primaire et les dégats s'expriment plus tard.

La comedie a tjs été le mal aimé des critiques intelectuels francais
a moins qu'il y est une autre dimension comme avec Fellini
ou Bunuel.
Et ca remonte tres loin, deja Moliere n'avait pas les faveurs des critiques de l'epoque qui lui preferait les dramaturges.
La reconnaissance est venu bien plus tard.
Le rire etait aussi mal vu par l'eglise qui y voyait une manifestation demoniaque :lol:
Bien sûr que le statut du rire, de la comédie, joue pour beaucoup dans ce problème. Ce qu'il y a d'hallucinant, dans le cas précis de la comédie à l'italienne, c'est de retrouver sous la plume de critiques des années 1960 des formules qui, à des siècles de distance, sont parfois presque mot pour mot celles qu'utilisaient les letterati pour dénigrer la commedia dell'arte, qui est une de ses racines : ainsi l'accusation d'être triviale, vulgaire... et de rire des lettrés, bien sûr ! :wink: (Et notons que déjà dans les farces satiriques d'Aristophane - dont l'immense succès sur les parvis de l'époque le rend sûrement un peu suspect aux critères des Cahiers - les intellos se faisaient sacrément passer à la casserole). D'ailleurs, le sujet a été magistralement traité par Umberto Eco dans Le Nom de la Rose (et bien préservé dans l'adaptation cinématographique) avec toute l'histoire qui entoure le second tome de la poétique d'Aristote.

Mais ce n'est pas si simple. Car n'oublie pas que ce sont les mêmes critiques de cinéma qui accueillaient Le Fanfaron ou La Grande pagaille ou Le Fédéral ou L'Armée Brancaleone (et tant d'autres) soit avec un mépris, soit avec une indifférence totales - les mêmes, dis-je, qui s'arrachaient les cheveux, au même moment, pour trouver du génie à Jerry Lewis. Ha! Alors, la question du statut du rire, du comique face aux lettrés ne tient plus pour saisir le phénomène. Par contre, je peux replacer ici mon petit couplet sur le double standard en matière de culture populaire selon qu'elle est européenne ou américaine; mais il y a plus. En fait, je crois que la raison pour laquelle il fallait crier au génie dans le cas de Jerry Lewis mais rester de glace devant l'apparition d'un nouveau genre comique au cinéma tient au fait que pour plusieurs de ses films (pas forcément les meilleurs, du reste) Jerry Lewis était crédité aussi comme scénariste et même au montage, validant ainsi la théorie de l'auteur complet, hors de laquelle il ne saurait y avoir de salut. À l'inverse, la comédie à l'italienne était par excellence un cinéma d'équipe, une explosion de génie collectif (l'expression est de Fruttero et Lucentini, à qui le mot même de collectif donne pourtant de l'urticaire la plupart du temps !). Elle ne collait pas dans la "théorie des auteurs". («Il y a les films d'auteur et les films d'équipe. Moi, je fais des films d'équipe.» - Dino Risi).

Ici j'ai envie - je cède à l'envie - de citer une source bien plus intello encore que Les Cahiers : en effet, monsieur Theodor W. Adorno soi-même - mais je ne me souviens plus si c'était dans la Théorie esthétique ou dans son étude sur Schönberg - disait (en substance) que dès qu'apparaissait une nouvelle théorie générale de l'art, quelque part dans le monde l'art engendrait des oeuvres qui mettaient en échec cette théorie ou en montraient les limites. Eh bien, la comédie à l'italienne surgit avec Le Pigeon en 1957... Hi, hi, hi : en termes de dates, ça colle ! Un cinéma qui n'est pas d'auteur, qui est extrêmement divertissant, qui est un spectacle de foire populaire (et d'ailleurs s'ils veulent absolument des théories pour valider les films, on pourrait leur servir celle du carnavalesque chez Bakhtine), qui désacralise le sublime, le noble, le "haut", un cinéma défini par un de ses praticiens, Luigi Comencini, comme «une offensive contre l'esprit de sérieux», un cinéma qui naît non d'une théorie préalable du cinéma ou du comique mais «dans la spontanéité et le hasard les plus grands» (F. et L.)... Bref, tout ce qu'il faut pour plaire aux Cahiers du cinéma !

Publié : 26 juil. 05, 04:09
par paul_mtl
Arca1943 a écrit :Mais ce n'est pas si simple. Car n'oublie pas que ce sont les mêmes critiques de cinéma qui accueillaient Le Fanfaron ou La Grande pagaille ou Le Fédéral ou L'Armée Brancaleone (et tant d'autres) soit avec un mépris, soit avec une indifférence totales - les mêmes, dis-je, qui s'arrachaient les cheveux, au même moment, pour trouver du génie à Jerry Lewis. Ha! Alors, la question du statut du rire, du comique face aux lettrés ne tient plus pour saisir le phénomène. Par contre, je peux replacer ici mon petit couplet sur le double standard en matière de culture populaire selon qu'elle est européenne ou américaine
Je crois que souvent on reconnait pas ses talents contemporains nationaux.
Regarde Woody Allen, pas bcp de succes aux USA semble t il.
Regarde même un Alberto Sordi sur les forums cinema italiens.
Le premier film d'horreur ou une comedie débile US y a plus de succes.

J'etais dans un forum cinema francophone "cinephile",
ou les comedies italiennes etaient tres apprecié mais des que je parlais
de bonnes comedies francaises populaires et assez recentes c'etait l'avalanche de mépris.
Je devais aller chercher du Fernandel pour avoir la paix.
Je crois que c'est un peu partout pareil mais en France c'est plus
marqué avec un certain snobisme couplé a notre "culturellement correct".
Il y a des codes de goût a respecter sinon tu te fais incendier.
Qui les definit aujourd'hui ?
Bien evidement les critiques cinema mais de plus en plus le public via les forums.
Parfois j'ai l'impression que certains critiques font leur papier en fonction de l'idée qu'en aurront leurs lecteur$.
ils essayent comme pour la météo de prevoir et comme la météo
ils se trompent parfois lourdement sur le film et l'opinion des spectateurs.
C'est mon constat quand je lis les extraits de critique Presse
dans allociné.

Maintenant devant le nombre de critiques cinema dans les journaux,
c'est utile d'avoir des references comme Les Cahier du Cinema
ou Positif pour les films dit "serieux".
Pour les comedies je connais pas d'indicateur fiable excepté de le voir
soi-même ce qui prend souvent moins de temps que de lire toutes ces critiques.

Publié : 26 juil. 05, 08:25
par Johnny Doe
M_RiK a écrit :J'aime bien le côté Kindegarten de ce topic...

On colle des forumeurs dedans, ils n'en bougent pas, on est tranquille pour la journée...
*pourquoi est-ce qu'à chaque fois que je lis un message de M_Rik, je sais qu'il va faire chier ?*

:mrgreen:

Publié : 26 juil. 05, 10:14
par Peter Venkman
En gros, si je résume, vous êtes écoeuré que les Cahiers n'aient pas défendu à l'époque des films aujourd'hui établis au Panthéon du 7° art et vous criez dans le même temps au "culturellement correct"... Y'a comme un hiatus, là, non ?

Je pense que je vais en rester là en ce qui me concerne, dès que j'entends parler de "culturellement correct" justement, de "snobisme", de "populaire" ou d'"intellectuels" comme d'un gros mot, ça ne me donne guère envie d'insister. Libre à vous de penser que les Cahiers ont eu tort sur toute la ligne et depuis 50 ans, je m'en fous d'ailleurs d'autant plus que cette revue m'en touche une sans faire bouger l'autre comme disait machin.

Je m'arrête quand même là-dessus :
Je continurai a écouter mon goût personnel plutôt que celui du voisin
Un des malentendus majeurs de toute cette histoire est quand même là : qui a dit qu'un critique imposait son point de vue ? Il propose une lecture d'un film, libre à vous d'y piocher ensuite ce que vous voulez : à cet égard, j'ai autant construit mon propre regard critique avec les Cahiers, Positif, Première (quand j'étais plus jeune) que contre ses revues. De tous temps, on y a trouvé des monceaux de mauvaise foi, de batailles d'Hernani plus ou moins foireuses, des aveuglements terribles, mais au moins y a-t-on réfléchi et parlé cinéma, avec ce que cela peut supposer d'errements, d'erreurs mais aussi de découvertes ou de professions de foi. Bref, l'inverse des pages glacées, tièdes et fadasses de Studio aujourd'hui, de Cinémonde hier.

Je m'étonne quand même du rejet assez massif des Cahiers dans un forum en grande partie biberonné à Starfix, dont la mauvaise foi assumée et jouissive, les cabales contre le cinéma français de son époque et les fautes de goût majeures (deux couves pour Razorback, quand même :lol: : mais qui viendrait leur reprocher aujourd'hui ? Ils ont fait des erreurs, les Cahiers aussi, point barre...) n'avaient rien à envier aux Jeunes Turcs des années 50/60. Deux époques, les même bétises mais aussi la même passion et un point de vue, qu'il ne vous plaise ou non, sur le septième Art - quand tant d'autres n'en ont tout bêtement pas.

Il est aujourd'hui facile de se retourner, et de jouer aux procureurs, de feuilleter une revue et d'y déceler point par point leurs soi-disant fautes de goût de l'époque. Starfix a mélangé George Pan Cosmatos et Vitali Kanevski, les Cahiers Tim Burton et Marguerite Duras, tout deux ont villipendé avec hargne de grands films, mais je n'échangerai pourtant jamais ces deux revues vivantes et stimulantes contre le robinet d'eau tiède d'un passéisme facile, où nous nous poserions en juges de paix sur les écrits d'un tel ou untel il y a bientôt un demi-siècle.

Publié : 26 juil. 05, 10:25
par HarryTuttle
Arca, je ne comprends pas bien ton point de vue... qu'est-ce que tu attends de la critique? Faudrait-il que les critiques encensent tous les niveaux de cinéma, sans standards de qualité pour te convaincre qu'ils sont objectifs et crédibles?

La critique c'est une discipline élitiste qui ne retient que le meilleur, alors c'est évident que les arts mineurs passent à la trappe. Comme le dit paul_mtl, ça nous vient de la critique Littérature et des Arts Plastiques.

L'opposition n'est pas entre artiste et intellectuel, mais entre artiste et spectacle.

La critique étudie et évalue l'Art dans le cinéma et pas le spectacle. contrairement à la mentalité américaine où c'est mélangé dans "Arts AND Entertainments"

C'est comme si tu comparais un croquis humoristique ou une B.D. avec Michelangelo! Les 2 appartiennent aux arts graphiques, mais je ne vois pas pourquoi la critique d'art devrait les mettre sur le même plan sous prétexte de popularité auprès du public... ça n'a rien à voir!

Je pourrais dire la même chose des discussions ridicules sur la critique (ou même sur le cinéma de genre européen) par les critiques américains... N'importe quelle comédie française leur apparait "intellectuel et déprimante" parceque la structure dramatique et les thèmes abordés sont trop éloignés des préoccupations de leur Major Studios (qui fontla pluie et le beau temps chez eux et la critique suit). Tu préfère que le jury des performances cinématographique soit soumis aux lois du marché, dépendant des Studios et du public? Moi je suis pour une critique indépendante, tant pis si elle est déconnectée de la "base" des spectateurs. Parceque les spectateurs n'ont pas un meilleur goût que les critiques. Qui plus est ils suivent une mode précaire et n'ont aucun recul pour analyser pourquoi un film est bon ou pas.

Tu reproches les erreurs culturelles de la critique aveuglée par une société de préjugés. Mais c'est inévitable, ce sont les hasards de l'immédiateté. Et même une critique populiste commet des erreurs de jugement.
La critique se corrige avec le temps, la Comedia dell'Arte a trouvé son respect depuis auprès des intellectuels. C'est plutôt le public qui l'aurait abandonnée au profit de spectacle plus nouveau.

Tu oublis que les intellectuels acerbes des Cahiers se sont remonté les manches, ont abandonné leur métier de critique pour passer à la pratique, avec tous les risques que cela comporte! Tu en connais beaucoup des critiques qui s'essaient à l'Art qu'ils méprisent? Les Cahiers ont donnés régulièrement de grands réalisateurs au cinéma français, et dans des genres variés! La comédie n'est pas absente des films d'auteurs.

Quels exemples de comédie française voudrais-tu voir reconsidérés par la critique?

Publié : 26 juil. 05, 10:47
par HarryTuttle
Tu as raison Peter Venkman. Le gros malentendu de la génération internet c'est de croire qu'il suffit d'avoir un goût personnel pour être critique.

La critique d'art n'a rien à voir avec la popularité ou le goût individuel.

Même si un film est adoré par la majorité des spectateurs (pour des raisons de satisfaction superficielle, de divertissement, de rêve, d'imagination et de fantasmes), la critique opère un tout autre regard sur la portée et la profondeur d'une oeuvre dans une perspective artistique. Une critique de l'art cinématographique.

Une "critique" du "bon goût" n'a aucun sens! Qui veut savoir si la glace au chocolat est meilleure que la glace à la vanille? C'est pas une affaire de critique ça, c'est une affaire de goût personnel que chacun définit lui-même.
Il y a une dimension universelle dans la critique d'art.

Et les critiques n'imposent pas aux spectateurs individuels de changer leur "goûts"... Si tu veux voir le meilleur de l'art cinématographique, alors écoute les recommendations des critiques et construit ton propre avis.

Mais si tu veux rigoler, alors tu n'as pas besoin de critiques pour ça... même les nanards font les meilleures comédies cultes!

Publié : 26 juil. 05, 10:55
par Peter Venkman
HarryTuttle a écrit :Tu as raison Peter Venkman. Le gros malentendu de la génération internet c'est de croire qu'il suffit d'avoir un goût personnel pour être critique.

Même si un film est adoré par la majorité des spectateurs (pour des raisons de satisfaction superficielle, de divertissement, de rêve, d'imagination et de fantasmes), la critique opère un tout autre regard sur la portée et la profondeur d'une oeuvre dans une perspective artistique. Une critique de l'art cinématographique.
Heeeeu, attention, on n'a pas dû bien se comprendre là : je ne suis pas du tout d'accord avec ça... :|

Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit : j'ai toujours pensé qu'à son niveau, un spectateur était un critique, et que son point de vue sur un film était tout aussi valable que celui d'un critique établi, ne nous méprenons pas. Il n'y a pas pour moi une élite (les journalistes) qui comprennent les films, et des blaireaux qui vont voir n'importe quoi, aveuglés par leur mauvais goût "populaire" (ce que laissait entendre ton "En regardant le Box Office, la plupart des gens préfèrent James Cameron ou Michael Bay à Kurosawa, Mizoguchi et Tarkovski réunis! Alors la "préférence" des cinéphiles... Je répète que d'émouvoir les foules n'est pas un gage de qualité artistique mais de démagogie" posté quelques pages plus haut, et qui permets moi de te le dire, me fout sacrément la nausée).

Je suis toujours persuadé que je comprends mieux Jacques Audiard que quiconque aux Cahiers ou aux Inrockuptibles aujourd'hui, mais je ne vais pas aller brûler ces deux revues sur place publique ou sur un forum pour autant, ni me lancer dans de grandes plaidoieries sur leurs avis. :mrgreen:

Je ne disais rien de plus, rien de moins, et ne me retrouve donc ni dans tes messages ni dans ceux de K-Chan, paul_mtl ou Arca1943...

Publié : 26 juil. 05, 11:13
par Roy Neary
HarryTuttle a écrit :En regardant le Box Office, la plupart des gens préfèrent James Cameron ou Michael Bay à Kurosawa, Mizoguchi et Tarkovski réunis! Alors la "préférence" des cinéphiles... Je répète que d'émouvoir les foules n'est pas un gage de qualité artistique mais de démagogie.
On en est encore à penser cela en 2005... ? Triste...

Exercice de démonstration par l'absurde :
- Les Cahiers adoraient et défendaient Minnelli et Mizoguchi
- Minnelli est l'un des cinéastes les plus versés dans l'émotion brute et donc dans la démagogie
- Mizoguchi était donc aussi un cinéaste démagogique.

Voilà, j'ai perdu 1mn 30 de ma vie à répondre à des sornettes par des sornettes.

Publié : 26 juil. 05, 12:02
par MJ
J'ai créé un monstre!!! :lol: :shock: :lol: :arrow:

Publié : 26 juil. 05, 12:13
par HarryTuttle
Roy Neary a écrit :Exercice de démonstration par l'absurde :
- Les Cahiers adoraient et défendaient Minnelli et Mizoguchi
- Minnelli est l'un des cinéastes les plus versés dans l'émotion brute et donc dans la démagogie
- Mizoguchi était donc aussi un cinéaste démagogique.
L'erreur de ta démonstration c'est d'oublier que malgré son populisme, Minnelli est un grand artiste de cinéma! Ce qui ne peut pas être dit de tous les démagogues du cinéma populaire comme James Cameron et Michael Bay (j'espère que ta remarque n'insinue pas que tu les mets au même niveau que Minnelli...)
Alors ne faisons pas de généralités faciles avec des étiquettes qui englobent tout et n'importe quoi. Ce n'est pas parcequ'un auteur/artiste a un succès critique avec un cinéma populaire que ça prouve que le cinéma populaire devient un art majeur dans sa globalité.

Publié : 26 juil. 05, 12:17
par MJ
HarryTuttle a écrit :Ce qui ne peut pas être dit de tous les démagogues comme James Cameron et Michael Bay (j'espère que ta remarque n'insinue pas que tu les mets au même niveau que Minnelli...)
Pour Michael Bay OK, mais James Cameron est un grand. Un très grand même!!! :evil:

Publié : 26 juil. 05, 12:23
par Alan Shore
HarryTuttle a écrit : Je répète que d'émouvoir les foules n'est pas un gage de qualité artistique mais de démagogie.


Bref, si je suis ton "raisonnement", un réalisateur comme Hayao Miyazaki serait donc consideré comme démago.?