Publié : 25 juil. 05, 20:35
N'empêche que le topic sur mad movie faisait plus de pages, lui !
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Il est évident que je simplifie grossièrement car décortiquer cette doxa prend beaucoup plus de temps et de travail - et je suis, après tout, en vacances ! Cependant, je remarque que toutes ces "réhabilitations" - et même l'entrée du cinéma dit "de genre" dans Les Cahiers par le biais du culte très français de la série noire - sont toujours dirigées exclusivement vers le cinéma américain. Pour des raisons qui m'échappent (encore), on admet que la culture américaine puisse être populaire, qu'elle s'abaisse à raconter une histoire avec un début, un milieu et une fin; mais qu'un Européen s'y hasarde et crac! c'est la fin du monde : il s'abaisse à faire du cinéma-spectacle, c'est de la démagogie, etc. C'est deux poids, deux mesures. Quelque chose comme : les Américains sont de grands enfants qui vivent dans la nature indomptée (la perception de l'Amérique du Nord dans les revues intellectuelles française des années 50-60 est pour moi un sujet de rigolade inépuisable); par contre un cinéaste européen a le devoir d'être un intellectuel, et de réaliser ses films en fontion d'un progamme théorique préétabli; ou quelque dans ce goût-là.Peter Venkman a écrit :Comment comprendre alors que Les Cahiers aient défendu bec et ongles des cinéastes aussi spectaculaires que Fuller, Nicholas Ray, André de Toth, William Wyler ou Hitchcock ?Arca1943 a écrit :(...) Donc, le plus sérieux, le moins divertissant possible, avec le maximum de sublimitas et le minimum d'humilitas. Pour reprendre l'exemple utilisé sur ce fil (j'en ai un autre en tête mais tant pis) il est logique que les Cahiers aient plus volontiers décerné leur imprimatur à Mizoguchi que Kurosawa, parce que chez Kurosawa on trouve encore des éléments de spectacle populaire (Les Sept samouraïs et plus encore Le Château de l'araignée).
Quel bel exposé ArcaArca1943 a écrit :Il est évident que je simplifie grossièrement car décortiquer cette doxa prend beaucoup plus de temps et de travail - et je suis, après tout, en vacances ! Cependant, je remarque que toutes ces "réhabilitations" - et même l'entrée du cinéma dit "de genre" dans Les Cahiers par le biais du culte très français de la série noire - sont toujours dirigées exclusivement vers le cinéma américain. Pour des raisons qui m'échappent (encore), on admet que la culture américaine puisse être populaire, qu'elle s'abaisse à raconter une histoire avec un début, un milieu et une fin; mais qu'un Européen s'y hasarde et crac! c'est la fin du monde : il s'abaisse à faire du cinéma-spectacle, c'est de la démagogie, etc. C'est deux poids, deux mesures. Quelque chose comme : les Américains sont de grands enfants qui vivent dans la nature indomptée (la perception de l'Amérique du Nord dans les revues intellectuelles française des années 50-60 est pour moi un sujet de rigolade inépuisable); par contre un cinéaste européen a le devoir d'être un intellectuel, et de réaliser ses films en fontion d'un progamme théorique préétabli; ou quelque dans ce goût-là.Peter Venkman a écrit : Comment comprendre alors que Les Cahiers aient défendu bec et ongles des cinéastes aussi spectaculaires que Fuller, Nicholas Ray, André de Toth, William Wyler ou Hitchcock ?
Moi qui suis Nord-Américain, je me méfie beaucoup de tout cet amour empressé pour "l'Amérique" (i.e. les États-Unis). J'y pressens, j'y subodore un croquignolet malentendu. Je pense aussi que la confusion entre artiste et intellectuel, qui a beaucoup marqué (et marque encore) la culture française, joue un rôle dans ce problème du refus indigné de la culture populaire dès lors qu'elle est européenne. (Je suis un fan invétéré de comédie à l'italienne, alors vous voyez peut-être mon problème... )
Les critiques des Cahiers étant des intellectuels, ils voulaient des cinéastes français (européens) qu'ils puissent considérer comme des pairs? S'ils interviewent Antonioni, ça risque de mieux se passer qu'avec Risi? Est-ce que ça pourrait être ça? Histoire de se sentir séparés de la créativité, de la création, par un abîme d'apparence moins infranchissable? Mais tout ceci, évidemment, reste bien hypothétique. Ce qui ne l'est pas, en revanche, c'est l'exemple dont je suis parti : des dégâts bien réels. Quand des critiques de cinéma ont le pouvoir d'empêcher des scénaristes de cinéma de travailler, ça veut dire qu'ils ont trop de pouvoir. Le dogmatisme ahuri des intellectuels de cette époque était quand même spectaculaire, admettez-le : un véritable McCarthysme de gauche. Bien que je n'aime pas toujours les films de Bertrand Tavernier, je lui décernerais volontiers une médaille juste pour être allé chercher Jean Aurenche et Pierre Bost. Très beau bras d'honneur, bien envoyé et surtout bien mérité.
Quoi qu'il en soit, ce débat n'est pas aujourd'hui des plus utiles, car l'influence des Cahiers sur la mémoire du cinéma (je pense ici en termes d'exclusion et d'ostracisme) a radicalement diminué - et c'est heureux, même si la bouillie de n'importe quoi qui s'y est substituée pose aujourd'hui le problème contraire du syncrétisme et même de la disparition du "goût".
tu veux parler du "bon goût" sans doute.et même de la disparition du "goût".
Bien sûr que le statut du rire, de la comédie, joue pour beaucoup dans ce problème. Ce qu'il y a d'hallucinant, dans le cas précis de la comédie à l'italienne, c'est de retrouver sous la plume de critiques des années 1960 des formules qui, à des siècles de distance, sont parfois presque mot pour mot celles qu'utilisaient les letterati pour dénigrer la commedia dell'arte, qui est une de ses racines : ainsi l'accusation d'être triviale, vulgaire... et de rire des lettrés, bien sûr !paul_mtl a écrit : Ce que tu décris, c'est le culturellement correct.
C'est tres present en France pour des raisons de mentalité.
Tu n'arrivera pas a le changer a toi tout seul sur ce forum et ailleurs.
Ca commence des l'ecole primaire et les dégats s'expriment plus tard.
La comedie a tjs été le mal aimé des critiques intelectuels francais
a moins qu'il y est une autre dimension comme avec Fellini
ou Bunuel.
Et ca remonte tres loin, deja Moliere n'avait pas les faveurs des critiques de l'epoque qui lui preferait les dramaturges.
La reconnaissance est venu bien plus tard.
Le rire etait aussi mal vu par l'eglise qui y voyait une manifestation demoniaque![]()
Je crois que souvent on reconnait pas ses talents contemporains nationaux.Arca1943 a écrit :Mais ce n'est pas si simple. Car n'oublie pas que ce sont les mêmes critiques de cinéma qui accueillaient Le Fanfaron ou La Grande pagaille ou Le Fédéral ou L'Armée Brancaleone (et tant d'autres) soit avec un mépris, soit avec une indifférence totales - les mêmes, dis-je, qui s'arrachaient les cheveux, au même moment, pour trouver du génie à Jerry Lewis. Ha! Alors, la question du statut du rire, du comique face aux lettrés ne tient plus pour saisir le phénomène. Par contre, je peux replacer ici mon petit couplet sur le double standard en matière de culture populaire selon qu'elle est européenne ou américaine
*pourquoi est-ce qu'à chaque fois que je lis un message de M_Rik, je sais qu'il va faire chier ?*M_RiK a écrit :J'aime bien le côté Kindegarten de ce topic...
On colle des forumeurs dedans, ils n'en bougent pas, on est tranquille pour la journée...
Un des malentendus majeurs de toute cette histoire est quand même là : qui a dit qu'un critique imposait son point de vue ? Il propose une lecture d'un film, libre à vous d'y piocher ensuite ce que vous voulez : à cet égard, j'ai autant construit mon propre regard critique avec les Cahiers, Positif, Première (quand j'étais plus jeune) que contre ses revues. De tous temps, on y a trouvé des monceaux de mauvaise foi, de batailles d'Hernani plus ou moins foireuses, des aveuglements terribles, mais au moins y a-t-on réfléchi et parlé cinéma, avec ce que cela peut supposer d'errements, d'erreurs mais aussi de découvertes ou de professions de foi. Bref, l'inverse des pages glacées, tièdes et fadasses de Studio aujourd'hui, de Cinémonde hier.Je continurai a écouter mon goût personnel plutôt que celui du voisin
Heeeeu, attention, on n'a pas dû bien se comprendre là : je ne suis pas du tout d'accord avec ça...HarryTuttle a écrit :Tu as raison Peter Venkman. Le gros malentendu de la génération internet c'est de croire qu'il suffit d'avoir un goût personnel pour être critique.
Même si un film est adoré par la majorité des spectateurs (pour des raisons de satisfaction superficielle, de divertissement, de rêve, d'imagination et de fantasmes), la critique opère un tout autre regard sur la portée et la profondeur d'une oeuvre dans une perspective artistique. Une critique de l'art cinématographique.
On en est encore à penser cela en 2005... ? Triste...HarryTuttle a écrit :En regardant le Box Office, la plupart des gens préfèrent James Cameron ou Michael Bay à Kurosawa, Mizoguchi et Tarkovski réunis! Alors la "préférence" des cinéphiles... Je répète que d'émouvoir les foules n'est pas un gage de qualité artistique mais de démagogie.
L'erreur de ta démonstration c'est d'oublier que malgré son populisme, Minnelli est un grand artiste de cinéma! Ce qui ne peut pas être dit de tous les démagogues du cinéma populaire comme James Cameron et Michael Bay (j'espère que ta remarque n'insinue pas que tu les mets au même niveau que Minnelli...)Roy Neary a écrit :Exercice de démonstration par l'absurde :
- Les Cahiers adoraient et défendaient Minnelli et Mizoguchi
- Minnelli est l'un des cinéastes les plus versés dans l'émotion brute et donc dans la démagogie
- Mizoguchi était donc aussi un cinéaste démagogique.
Pour Michael Bay OK, mais James Cameron est un grand. Un très grand même!!!HarryTuttle a écrit :Ce qui ne peut pas être dit de tous les démagogues comme James Cameron et Michael Bay (j'espère que ta remarque n'insinue pas que tu les mets au même niveau que Minnelli...)
HarryTuttle a écrit : Je répète que d'émouvoir les foules n'est pas un gage de qualité artistique mais de démagogie.