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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Publié : 8 nov. 11, 10:36
par homerwell
Jeremy Fox a écrit :
homerwell a écrit : Une comédie ne manie pas forcément l'humour
Quand même un peu non ? Tu imagines donc une comédie sans humour ?
Je t'accorde que c'est rare, je pensais à la comédie de moeurs, de caractères, (voir Wiki) ou à une tragi-comédie, je répète que ma vision est lointaine.
Gone with the wind
Jamais vu, ça à l'air un peu ampoulé non !

Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Publié : 8 nov. 11, 10:42
par Watkinssien
Jeremy Fox a écrit :
homerwell a écrit :

Jamais vu, ça à l'air un peu ampoulé non !
Certains pourront le penser. Me concernant, c'est un des films les plus fous de l'histoire du cinéma. Une spendeur plastique de tous les instants, un baroquisme et une démesure absolument étonnants. Et des relations entre les personnages d'une grande modernité et sacrément culottés. Tout le contraire du film à l'eau de rose que ceux qui ne l'ont pas vu décrivent de la sorte ; c'est d'une noirceur assez péhnoménale et d'un romanesque fabuleux.Après je peux tout à fait comprendre qu'on puisse ne pas aimer. Pour moi un chef-d'oeuvre absolu.
Chef-d'oeuvre absolu pour ma part aussi !
8)

Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Publié : 8 nov. 11, 10:55
par homerwell
Watkinssien a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
Certains pourront le penser. Me concernant, c'est un des films les plus fous de l'histoire du cinéma. Une spendeur plastique de tous les instants, un baroquisme et une démesure absolument étonnants. Et des relations entre les personnages d'une grande modernité et sacrément culottés. Tout le contraire du film à l'eau de rose que ceux qui ne l'ont pas vu décrivent de la sorte ; c'est d'une noirceur assez péhnoménale et d'un romanesque fabuleux.Après je peux tout à fait comprendre qu'on puisse ne pas aimer. Pour moi un chef-d'oeuvre absolu.
Chef-d'oeuvre absolu pour ma part aussi !
8)
Bon, c'est sympa de me répondre alors que je faisais de la petite provoc à deux balles, mais c'est vrai que je ne l'ai pas vu, je vais m'y coller un de ces jours.

Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Publié : 8 nov. 11, 11:21
par Phnom&Penh
homerwell a écrit :de la petite provoc à deux balles
Bof, Gone with the wind est ampoulé, Band of Angels est terne et pataud...je dirai que la subtilité et le sens de la nuance, je ne suis pas persuadé que ce soit les films en question qui en manquent le plus :uhuh:
Personnellement, je cote très haut la quasi totalité des films de Walsh des années 50.

Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Publié : 8 nov. 11, 13:23
par Wagner
je me dis parfois que c'est autant emporte le vent qui est à l'origine de mon obsession pour les images de cinéma, peut-être aurais-je mieux fait d'être ailleurs ce jour là :mrgreen:

Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Publié : 8 nov. 11, 13:30
par Jeremy Fox
Wagner a écrit :je me dis parfois que c'est autant emporte le vent qui est à l'origine de mon obsession pour les images de cinéma
En même temps, ça peut aisément se comprendre tellement on en prend plein les yeux 200 minutes durant

Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Publié : 8 nov. 11, 15:17
par someone1600
un chef d oeuvre pour ma part aussi.

Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Publié : 30 nov. 11, 20:03
par Roy Neary
Dans la collection Les Trésors Warner, DVClassik a testé aujourd'hui La Fille du désert (Colorado Territory) de l'ami Raoul. :)
C'est bien sûr M. Western de Classik qui signe la chronique de ce film tant adoré par les cinéphiles... sauf de M. Western de Classik justement. :twisted: :mrgreen:

:arrow: La Fille du désert

Re:

Publié : 11 déc. 11, 00:08
par daniel gregg
Jeremy Fox a écrit : La Vallée de la Peur (Pursued, 1947)
WARNER



…Et il y avait encore de quoi raconter puisque nous savons dès le début que Thorley semblait de nouveau amoureuse de Jeb alors que nous l’avons laissée juste au dessus férocement haineuse au point d’envisager de l’épouser dans le seul but de pouvoir l’abattre lors de sa nuit de noces !!! Rien que ça ! On constate à la lecture de ces lignes à quel point le film sombre dans les entrailles de la plus profonde noirceur. Je ne vous ferais pas l’affront de vous révéler l’origine mélodramatique du traumatisme de Jeb ni les raisons du massacre de sa famille mais on peut déjà aisément se rendre compte que le scénario de Niven Busch est plus proche de la tragédie grecque (avec son lot d’assassinats, de passions ambigus dont un quasi ‘inceste’, de mensonges, de tromperies et d’adultères) que du western traditionnel... Ce qui ne serait pas forcément un mal si tout était crédible ; car comment croire par exemple au revirement de caractère des deux personnages féminins qui nous avaient été décrits dans un premier temps comme des femmes douces, compréhensives, d’une grande gentillesse et pétries d’humanité pour se transformer quasiment en harpies vengeresses. On peut comprendre que la mort d’un frère ou d’un enfant puisse faire du mal mais la mutation de Medora et Thorley n’est pas très plausible au point de nous faire un peu décrocher dès ce moment (au 3ème tiers environ). Les deux actrices ne sont en revanche pas en cause, Judith Anderson (l’inquiétante Mrs Danvers du Rebecca d’Hitchcock) et la douce Teresa Wright (la nièce du tueur dans L’ombre d’un doute d’Hitchcock à nouveau et surtout l’inoubliable interprète de Les Plus Belles Années de notre Vie de William Wyler) livrant toutes deux de belles prestations.
Ce passage traduit mot pour mot le trouble ressenti à la re-découverte de ce film de Walsh, à tel point que, me concernant, cette incongruité dans le cheminement psychologique des personnages jusque là assez cohérent finit par enlever de la sincérité à tout ce qui précède.
Pas ma plus grande déception de l'année car le film possède néanmoins de grandes qualités, à commencer par sa photographie nocturne d'une poésie sensuelle et inquiétante, s'accordant à merveille aux troubles vécus depuis l'enfance par Robert Mitchum, une composition harmonieuse de Max Steiner, une interprétation cohérente et équilibrée des rôles principaux jusqu'aux roles plus modestes, non, c'est cette invraisemblance scénaristique qui m'a tout gaché... :|

Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Publié : 9 mars 12, 02:13
par Profondo Rosso
Le Roi et quatre reines (1956)

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Dan Kehoe, un aventurier qui vient d'arriver à Touchstone, une petite ville de l'Ouest, apprend qu'une certaine Ma McDade, propriétaire d'un ranch voisin, accueille les visiteurs à coups de fusil. Quelque temps auparavant, les quatre fils de celle-ci ont été pourchassés par le shérif et ses hommes après avoir dévalisé une banque. Trois d'entre eux ont péri carbonisé dans l'incendie de la grange où ils s'étaient retranchés. Le quatrième s'est enfui, mais nul ne sait lequel a survécu. Et les quatre veuves sont restées auprès de Ma en attendant que le survivant vienne récupérer le magot que sa mère a enterré quelque part....

Raoul Walsh signait un western des plus atypique avec The King and Four Queens où toutes les facettes les plus récurrentes et attendues du genre sont absentes : action, fusillade, notion de voyage... Tout commence pourtant de formidable et trépidante manière le temps d'une saisissante course poursuite d'ouverture où Clark Gable tente d'échapper à des poursuivants dans le désert. Walsh déploie toute sa maestria visuelle, entre une énergie saisissante dans le surgissement des cavaliers au galop, le sens de l'espace fabuleux un décor naturel qui se révèle avec une la limpidité exemplaire et virtuosité avec ce morceau de bravoure où Gable dévale une colline à cheval en un plan. Après cette saisissante entrée en matière, c'est un tout autre film qui commence pourtant.

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Notre fugitif Dan Kehoe (Clark Gable) apprend l'existence d'un magot dont il n'est séparé que par une vieille femme revêche et quatre charmante jeune femmes, respectivement mère et épouses d'un gang décimé ayant dissimulé leur butin dans la ferme. Kehoe va donc devoir jouer de roublardise et de séduction pour arriver à ses fins, devant autant amadouer la matrone à la poigne de fer que séduire les belles filles sur lesquelles elle veille jalousement avec cette formidable idée de script laissant le doute sur celle étant veuve. Les "quatre reines" ont des personnalités fort différentes entre la cynique et calculatrice Sabina (Eleanor Parker), l'écervelée et sexy Birdie (Barbara Nichols), l'innocente Oralie (Sara Shane) et la vénéneuse Ruby (Jean Willes). Walsh instaure une ambiance cynique (toutes ces dames restant là dans l'espoir de trouver le magot) et érotique à la fois, les jeunes femmes n'étant pas insensible au charme viril de Gable après deux ans d'isolement. Il représente ainsi autant une solution de départ qu'un moyen d'assouvir un désir trop longtemps frustré.

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Le réalisateur s'en donne donc à cœur joie pour exhiber les charmes de son casting féminin affolant les moments équivoques sont légions tel cette baignade commune entre Birdie et Kehoe avorté par un coup de fusil, l'entrevue nocturne avec Oralie et surtout ce moment où Gable arpente les portes des chambres en sifflotant tandis que de l'autre côté les jeunes femmes trépignent de désir dans l'espoir qu'il y pénètre. On a ainsi un long et joyeux marivaudage dont le genre varie selon le personnage féminin visé. Plutôt caustique et enlevé avec Eleanor Parker, torride avec Jean Wiles, décalé pour Barbara Nichols et plutôt touchant dans la candeur de Sara Shane jeune fille séduite par l'homme qu'il ne fallait pas.

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Toutes les actrices sont formidables mais c'est réellement Eleanor Parker qui domine ce casting féminin. On peut regretter cette mise en avant vu qu'en développant un peu (le film ne dure moins d'une heure et demie) on pouvait avoir des portraits plus approfondi de chacune (ce que laisse augurer une scène de confession touchante avec Sara Shane) mais il aurait sans doute fallu pour cela une distribution plus prestigieuse quand ici on devine les tests de la Fox en vue de futurs starlettes (les manières de sous Marilyn de Sara Shane le laisse largement deviner). Ce qu'on perd en complexité est gagné en rythme et en drôlerie. Chevelure rousse flamboyante magnifiée par le technicolor, Eleanor Parker tout en séduction et calcul offre un répondant parfait à un Clark Gable charmeur et cynique.

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L'acteur impose un héros atypique dans le western hollywoodien de l'époque qui préfigure la distance d'un Eastwood dans la trilogie des dollars, il passe ainsi d'une femme à une autre avec la même froideur que l'homme sans nom vendu au plus offrant selon les circonstances dans Une poignée de dollars. L'émotion et la légèreté parviennent néanmoins à se glisser à l'ensemble notamment la mère (magnifique Jo van Fleet vingt ans plus jeune que le rôle l'illusion fonctionne totalement) exprimant des regrets sur ses vauriens de fils hors la loi ou encore la superbe scène de danse où Gable passent de l'une à l'autre de ses quatre cavalières.

Donc pour résumer un western en quasi huis-clos, sans le moindre coup de feu et où il ne se passe concrètement pas grand-chose et c'est formidable ! Les dix dernières minutes où tout s'accélère à coup de multiples retournements de situation rende pour de bon l'ensemble jubilatoire. On est finalement plus proche du Walsh des comédies enlevées du début des années 30 et c'est fort plaisant. 5/6

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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Publié : 11 mars 12, 21:27
par Cathy
Capitaine sans peur, Captain Horatio Hornblower (1951)

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Les péripéties d'un Capitaine anglais à l'époque napoleonnienne.

Raoul Waslh aime les aventures maritimes et il fera de Gregory Peck un de ses héros. Ici nous sommes à l'époque napoléonnienne, sur les mers, d'Angleterre à la France en passant par l'Amérique du Sud. Le film s'ouvre par le périple qu'est en train d'effectuer le navire, et la situation périlleuse dans laquelle le bateau et son équipage sont, à savoir sans nourriture, sans vent, avec le scorbut qui commence à faire des ravages et un capitaine qui d'après les toutes premières descriptions semblent être rigides. On se dit qu'on va avoir le droit à un nouveau Capitaine Blight des Révoltés du Bounty. Très vite on s'aperçoit que ce Capitaine rigide d'apparence, est en fait très humain et très soucieux de son rang mais aussi de ses hommes. On se retrouve confronté à un ce qui semble être un dictateur assoiffé de gloire, et très vite Raoul Walsh nous entraîne dans un premier combat maritime. Loin des films de pirates et de leur abordage, ici tout est étudié au millimètre, la manière dont il faut tirer les boulets de travers, de babord, de tribord, il faut abattre les mats supportant les voiles. Et dire que ces combats sont réussis est un euphémisme, on s'y croirait, avec ces marins qui ne tiennent pas debout quand le navire est secoué par les affres des canons. Il y a une force et une vérité dans ces combats évidente, la fin du jeune marin qui intervient très vite est poignante avec cette jeune noble anglaise qui se substitue à sa mère pour lui permettre de vivre ses derniers instants. Il y a aussi cette histoire d'amour qui semble évidente et qui va apparaître impossible, lui est marié, elle est fiancée, mais il est noble et ne veut pas trahir une épouse qu'il n'aime pas forcément si l'on en croit la lettre qu'elle lui écrit, alors qu'elle semble plus prête à s'abandonner. Il y a cet instant de nostalgie lors du retour en Angleterre, avec cette maison qui ne semble qu'une "chaumière" améliorée et qui abrite sa famille. Et puis il y a toute cette campagne anti-française avec le raid sur la Teste et ce nouveau sublime combat maritime. Par contre, on se demande où la Loire a pu avoir de tels rapides, et Nantes semble une petite bourgade du bord de mer, mais bon c'est Hollywood !
La force du film doit sans doute à l'interprétation impeccable de Gregory Peck qui allie hieratisme et humour distancé comme il le faut (il renouera avec bonheur avec Walsh dans le très beau "Monde lui appartient") avec ce fameux raclement de gorge quand il veut parler aux femmes, et puis il y a Virginia Mayo qui a un rôle important et secondaire à la fois, important dans le coeur du héros, secondaire à l'écran où l'accent est porté sur le commandant et les navires. Les reconstitutions sont fastueuses, le rythme soutenu, bref Walsh réalise ici un sommet du genre !

Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Publié : 11 mars 12, 22:26
par Jeremy Fox
Cathy a écrit :Capitaine sans peur, Captain Horatio Hornblower (1951)

bref Walsh réalise ici un sommet du genre !
+ 1 pour me réconcilier avec les "walshiens" à qui j'ai souvent fait de la peine ces temps derniers :oops:

Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Publié : 11 mars 12, 22:32
par Rick Blaine
Jeremy Fox a écrit :
Cathy a écrit :Capitaine sans peur, Captain Horatio Hornblower (1951)

bref Walsh réalise ici un sommet du genre !
+ 1 pour me réconcilier avec les "walshiens" à qui j'ai souvent fait de la peine ces temps derniers :oops:
:D

Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Publié : 24 mars 12, 11:48
par Ann Harding
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The Naked and the Dead (Les nus et les morts, 1958) de Raoul Walsh avec Aldo Ray, Raymond Massey et Cliff Robertson

Durant la seconde guerre mondiale, dans une île du pacifique, le général Cummigs (R. Massey) s'oppose à son aide-de-camp, le lieutenant Hearn (C. Robertson). Le général l'envoie en première ligne pour une mission de reconnaissance en terrain ennemi avec le peloton dirigé par le sergent Croft (A. Ray)...

Ce film de Raoul Walsh, adapté d'un roman de Norman Mailer, devait à l'origine être dirigé par Charles Laughton. Produit par Paul Gregory, il devait être distribué par la RKO, mais celle-ci fit faillite avant la sortie. C'est la Warner qui l'a finalement distribué. Cette destinée complexe explique probablement pourquoi le film n'a pas encore été publié en DVD aux USA (bien qu'il semble qu'il y ait une copie DVD disponible en Italie). Je me suis donc rabattue sur ma vieille VHS, enregistrée il y a des lustres au Cinéma de mInuit. L'image était extrêmement médiocre; mais j'avais une forte envie de revoir ce film qui m'avait fortement impressionnée quand je l'avais découvert. J'ai été frappée dès le début par la partition musicale sombre qui m'a paru immédiatement inhabituelle pour un film de guerre. C'est Bernard Herrmann qui compose une série de flashes musicaux -tout en cuivres- qui annonce l'atmosphère chargée de ce film. Nous ne sommes pas face à un film de guerre traditionnel avec des actions et des officiers héroiques. Le film explore la psychologie des combattants du général jusqu'au soldat. Il y a d'abord le général Cummings (joué excellemment par Raymond Massey), un soldat de métier, qui pense que l'on ne peut diriger les hommes que par la peur qu'on leur inspire. Face à lui, le jeune lieutenant Hearn (Cliff Robertson à l'aurée de sa carrière) est un appelé aux convictions humanistes. Il est écoeuré de voir que les officiers vivent dans un grand confort comparé aux soldats qui doivent se contenter d'un ordinaire bien maigre. Cette première opposition est ensuite remplacée par une seconde, toute aussi violente, entre le sergent Croft (Aldo Ray), un vieux routier sadique et efficace, et le lieutenant Hearn. Lors d'une mission de reconnaissance en terrain ennemi, Hearn doit reconnaître son inexpérience et utiliser le savoir-faire de Croft. De son côté Croft ne supporte pas d'être commandé par un 'bleu' formé à la va-vite. Le personnage campé par Aldo Ray est un mélange complexe de frustation sexuelle (sa femme le trompe), de violence incontrôlée (il tue les prisonniers japonais de sang froid) et d'avidité (il arrache les dents en or des soldats japonais morts). La mission va révéler les personnages. Croft tient tellement à garder le commandement qu'il va laisser le lieutenant se faire tirer dessus sciemment. Il montre un attitude qui est proche de la folie. Mais, finalement, la guerre ne révèle-t-elle pas la folie latente des hommes ? Heureusement, Hearn va réaliser aussi que l'âme humaine recèle de la bonté et de la générosité. Deux soldats vont le porter sur un brancard pour le sortir de cet enfer. Quant au général Cummings, sa stratégie va être totalement battue en brèche par un colonel qui va lancer une offensive sans son concours. Au total, c'est un film de guerre inhabituel qui montre que Hollywood commençait à sortir des sentiers battus du film traditionnel victorieux des années d'après guerre.
(Petite note au passage: le résumé du film dans le dicto de Tulard est erroné...)

Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Publié : 25 mars 12, 16:41
par Ann Harding
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Battle Cry (Le cri de la victoire, 1955) de Raoul Walsh avec Aldo Ray, Van Heflin, Tab Hunter et Nancy Olson

1942, nous suivons la destinée d'un groupe de jeunes appelés au sein du corps des Marines commandé par le Major Huxley (V. Heflin)...

Battle Cry, adapté d'un roman de Leon Uris, est un film de guerre fort différent de The Naked and the Dead (1958). Si le deuxième questionne l'institution militaire et l'autorité des chefs, Battle Cry ressemble plus à une bande de propagande pour le corps des Marines (prononcez Mariiiiines). Comme l'était Tell It to the Marines (1926, G.W. Hill) où Lon Chaney jouait un sergent instructeur, le film ne veut nous montrer que l'aspect positif de l'armée où des jeunes gens, qui n'ont pas encore trouvé leur voie, vont devenir des hommes, des vrais: des Marines. Le corps des Marines est ici un univers de saine camaraderie masculine où les chefs sont humains, compatissants et sympathiques. Un certain nombre des acteurs de ce film se retrouveront à l'affiche de The Naked and The Dead - Raymond Massey, Aldo Ray, William Campbell, L.Q. Jones, etc. - comme si Walsh voulait nous montrer le revers de la médaille. Je dois avouer que j'ai eu bien du mal à accepter cette vision rose-bonbon de la vie militaire. Certes, le film se veut une réflexion sur la condition du soldat éloigné de sa famille, de sa petite amie ou de sa femme. Outre que le film dure près de 2h30, Walsh se cantone à nous montrer les rencontres sentimentales des soldats pendant près de 1h30 avant de rentrer dans le vif du sujet. Tout cela aurait pu être passionnant, mais, on se retrouve hélas face aux clichés les plus éculés sur les filles à soldat, la chaste fiancée qui attend au bercail le retour du héros et la veuve de guerre éplorée. De plus, la plus grande partie du film est réalisée en studios avec des transparences assez évidentes qui ajoute un effet de claustrophobie. Il y a une bonne idée au niveau du casting de ce film, c'est d'avoir confié le rôle du commandant à Van Heflin. Cet acteur sensible et intelligent échappe aux clichés habituels du militaire de carrière, obsédé et despotique. Malheureusement, son personnage n'a guère la possibilité de montrer ses qualités. Et, il devient presque caricatural lorsqu'il va voir son supérieur hiérarchique pour demander à être envoyé avec son bataillon en première ligne (!) Seules les relations entre Aldo Ray et Nancy Olson sont dignes d'intérêt, évitant par moment les clichés. Les batailles se concentrent dans le dernier 1/4h. Le film est déséquilibré dans sa structure et la narration de James Whitmore n'arrange rien. Un Walsh décevant, sans lyrisme et assez platement réalisé.