

32- Melinda (On a Clear Day, you can see Forever) 1970 de Vincente Minnelli PARAMOUNT
Marc Chabot (Yves Montand) est un médecin qui soigne par l’hypnose. Il rencontre Daisy Gamble (Barbra Streisand), une jeune étudiante qui souhaite se faire guérir par cette méthode de son addiction à la cigarette. Il se rend vite compte qu’elle possède des pouvoirs surnaturels car elle arrive à deviner quand le téléphone va se mettre à sonner, quand une personne va entrer et elle possède aussi la faculté de trouver par intuition des objets perdus. Dès les premières séances d’hypnose, Marc Chabot va même se mettre à croire à la métempsycose, tombant amoureux d’une des précédentes réincarnations de Daisy Gamble, Melinda, qui vivait au début du 19ème siècle à la cour du régent d’Angleterre...
Comédie musicale à la réputation désastreuse, Melinda est l’adaptation pourtant assez sympathique d’un succès de Broadway écrit par Alan Jay Lerner et Burton Lane, la musique de ce dernier étant d’ailleurs vraiment très agréable. Avant dernier film de Minnelli, au vu de son résumé, l’histoire mi- comédie, mi-fantastique se révélait on ne peut plus intrigante et effectivement la première heure se suit avec beaucoup d’intérêt d’autant plus que le scénario très riche (trop riche même, frôlant parfois l’indigestion) démarre sur les chapeaux de roue et nous emmène sur d’innombrables pistes. Malheureusement la plupart de celles-ci ainsi que les thèmes abordés seront résolus ou même abandonnés en cours de route pour ne se recentrer que sur l’histoire d’amour moyennement convaincante entre Barbra Streisand et Yves Montand. Ce n’est pas la faute des interprètes tous deux parfaits dans leurs rôles respectifs mais justement car nous aurions voulu en savoir plus sur toutes ces ‘histoires’ parallèles. Bref, même si la seconde partie est moins passionnante, nous ne nous ennuyons à aucun moment grâce à l’ambition du scénario et à sa construction originale qui permet de maintenir l’intérêt jusqu’au bout.
Et puis, la mise en scène de Minnelli n’a rien perdu de son élégance coutumière et se révèle fourmillante d’idées ; le film est d’un point de vue esthétique, superbement travaillé (les décors et costumes sont somptueux : voir les vêtements ‘caméléons’ des deux Barbra Streisand lors d’une séquence de chambre à coucher). Le rythme est soutenu, les chansons toutes réussies et notamment celle très suggestive illustrant une séquence de séduction absolument sublime, Minnelli réussissant l’exploit de rendre Barbra Streisand (robe blanche moulante, turban, beau maquillage et bijoux…) charmante et même sacrément érotique. Il faut dire que sa voix est toujours aussi magnifique et d’une rare puissance. Petit plaisir supplémentaire, trouver un jeune Jack Nicholson qui en deux ou trois séquences réussi à se rendre attachant.
Déroutant, pas entièrement réussi faute surtout à un scénario partant trop dans tous les sens sans presque jamais retomber sur ses pieds mais au final, une comédie musicale fantastique (style Brigadoon ou Yolanda et le voleur) très plaisante.
6.5/10
A suivre un jour peut-être : A matter of time