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Re: Etat de la comédie française actuelle

Publié : 2 sept. 13, 12:30
par Supfiction
cinephage a écrit : Je ne suis presque jamais d'accord avec eux, mais on sent qu'ils essaient de construire une position critique, une théorie contemporaine pour repenser le cinéma contemporain, avec ses repères positifs et ses rejets
Pareil!

Re: Etat de la comédie française actuelle

Publié : 2 sept. 13, 12:32
par cinephage
Supfiction a écrit :
cinephage a écrit : Je ne suis presque jamais d'accord avec eux, mais on sent qu'ils essaient de construire une position critique, une théorie contemporaine pour repenser le cinéma contemporain, avec ses repères positifs et ses rejets
Pareil!
Oui, mais leur mérite est d'argumenter, de construire un raisonnement, ça t'oblige à penser ton désaccord, à ne pas en rester sur un simple rejet. C'est pour cela que je prends assez plaisir à les lire ces derniers temps.

Re: Etat de la comédie française actuelle

Publié : 14 sept. 13, 17:58
par Supfiction
Pas trouvé de topic plus approprié pour poster cela :
ecrannoir.fr a écrit :La colère de François Dupeyron : un « système totalitaire », des « producteurs incultes »
le 12 septembre 2013
Mon âme par toi guérie est le nouveau film de François Dupeyron, adapté de son propre roman, Chacun pour soi Dieu s'en fout (2009). Le film sort le 25 septembre dans les salles françaises et est en compétition au festival de San Sebastian.

Pourtant, longtemps, le réalisateur de La chambre des officiers (en compétition à Cannes en 2001), Drôle d'endroit pour une rencontre et Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran a failli ne jamais réaliser ce film.

Plutôt qu'une interview ou une note d'intention, le réalisateur a préféré tirer un signal d'alarme sur l'état de la production française aujourd'hui dans son dossier de presse. En colère, et même amer, le cinéaste-écrivain l'est assurément. Il rend hommage à Paulo Branco, "le premier producteur indépendant que je rencontre".

Extraits.

Les chaînes de TV aux abonnées absentes
"La dernière fois qu’une chaîne publique a mis de l’argent dans un de mes films, c’est en 2003. Ca va faire dix ans qu’on me refuse tout ! Je viens d’en prendre conscience cette semaine, les années ont passé, je ne m’en suis pas rendu compte. Dix ans ! C’est pas rien dix ans !... Regarde ta vie, remonte dix ans en arrière et tire un trait, poubelle, tu effaces ! Je ne suis pas resté sans rien faire, j’ai écrit huit, dix scénarios, j’ai eu des avances sur recettes, je les ai perdues. J’ai écrit quatre romans… Et maintenant, je suis sec, ils ont gagné, mais ils n’auront pas ma peau. En dix ans, j’ai réussi à faire deux films, Inguélézi, et Aide-toi le ciel t’aidera, avec l’avance sur recettes et Canal. Mais depuis 2007 chez Canal, c’est niet ! Je suis marqué au rouge. « Dupeyron, on aime beaucoup ce qu’il fait, mais pas ça. » C’est le refrain, dès que je l’entends, je crains la suite. Alors, puisqu’on ne veut plus de moi, je me tire. Et personne ne s’en apercevra parce que le monde n’a pas besoin de moi pour tourner, et c’est très bien comme ça."

Son nouveau film, refusé partout
"J’ai l’avance, j’ai la région, et puis c’est tout. La 2, la 3, Arte, Canal, ont dit non. Je l’ai réécrit, représenté. Deux fois non. Orange me dit que peut-être si j’ai un distributeur… C’est bidon, je n’y crois pas, et de toute façon tous les distributeurs à qui on l’a présenté ont dit non."
"Céline [Sallette] a fait lire le scénario à une jeune productrice – c’est pour te dire qu’elle est motivée – la productrice lui a envoyé le scénario à la gueule, « Qu’est-ce que c’est cette merde ? ». Comme ça… « Cette merde ! » T’imagines pas ce que je me prends dans la gueule. Tu veux que je te dise mon année ? Celle que je viens de passer ? Toute mon activité professionnelle ?... J’ai eu deux rendez-vous, dans la même semaine, avec deux producteurs, pour deux projets. Le mercredi avec l’un, pour l’histoire du type qui a un don. Il a relu le scénario et il a coché les gros mots. Oui, les gros mots !... Il a tourné les pages et il m’a demandé, « ça, on peut l’enlever ? » Oui… j’ai dit oui à tout. Des gros mots ! (...) Le lendemain, j’ai rendez-vous avec l’autre producteur, l’histoire du déserteur, en 14… Rebelote, il a tourné les pages lui aussi. « Ça, on peut l’enlever ? » Oui… encore les gros mots ! Un type qui boit du matin au soir, au front, en 14 !… Et tout ça parce que tu présentes un scénario à la 2 ou la 3 avec un gros mot qui traîne, oh malheur ! Tu dégages… Ils ont un tel pouvoir que règne une petite terreur. Voilà toute mon année. J’ai enlevé des gros mots. Dix ans qu’on me refuse tout et maintenant les gros mots… "

Remise en question
"Toutes ces dernières années, j’ai essayé un peu de comprendre, je me suis dit qu’ils avaient peut-être raison, que mes scénarios étaient trop ci, ça. J’ai essayé plusieurs styles, plusieurs genres. Et j’ai compris qu’il n’y a rien à comprendre. J’ai perdu mon temps. Depuis quelques années, la mode est aux fiches de lecture. Je ne sais pas qui lit, des jeunes gens sans doute, pas très bien payés. J’en ai demandé deux, pour deux scénarios, pour voir… Deux fois, j’ai eu droit à « Sujet non traité. » Je n’invente pas, « Sujet non traité ». Etait-ce le même lecteur ? Voilà où on en est. Tu ouvres le coffret des Césars, à part trois ou quatre films, tous les autres se ressemblent. Mais le sujet est traité. Merde, le cinéma, c’est pas ça ! C’est même tout le contraire…"

Un système soviétique où la Télé a droit de censure
"Je suis déconnecté, je ne suis plus en phase avec ce petit monde, ces gens, les producteurs à genoux, qui ont peur. On ne fait rien avec la peur, rien que de la merde. Moi, j’ai découvert la vie avec le cinéma, j’ai découvert les hommes, les femmes. J’entrais dans les films… comme j’entre ici pour te rencontrer, on se parle, je suis toi, tu es moi, ça circule… C’est pas cet infantilisme ! Sujet non traité ! Les gros mots ! Les gros mots ! Tu sais ce qui m’est venu en écoutant Forman parler du cinéma tchèque des années soixante ? Eh bien, on y est en plein. Regarde le bonus de Au Feu Les Pompiers, il parle de notre cinéma. Tu remplaces le Parti par la Télé, et c’est bon. On est dans un système soviétique, la Télé dit oui, tu fais le film, elle dit non…" "Je vois des producteurs qui se disent « producteurs indépendants ». Ils sont tous dépendant de la télé, et aujourd’hui des distributeurs. Des producteurs, il n’y en a qu’un, la Télé, le Parti. On est dans un système qui porte un nom, un putain de gros mot, « totalitaire », pas creux pas vide, qui fait son sale boulot. On ne serait pas en démocratie, on dirait censure. "

Inculture générale
"Il y a deux ans, j’ai fait une note d’intention pour un scénario qu’on proposait à Arte. J’ai eu le malheur de citer Tarkovski pour faire comprendre je ne sais plus trop quoi. Malheur ! le retour a été cinglant, « Non Tarkovski, c’est pas possible. » Arte ! la chaîne culturelle – Arte n’a jamais mis un centime dans un de mes films – Ecoute Forman, il parle d’inculture… écoute l’interview de Langlois dans le bonus de l’Atalante, ce doit être dans les années 70. Il emploie le même mot, « des producteurs incultes »."

Au placard
"J’ai dédié ce film à Michel Naudy. Michel était un très bon ami, il a mis fin à ses jours le 2 décembre, il était journaliste à France 3, au placard depuis dix sept ans… Nous sommes en France en 2012. Dix sept ans de placard ! avec un salaire, mais sans emploi. "

Re: Etat de la comédie française actuelle

Publié : 14 sept. 13, 18:12
par Federico
Je crois malheureusement que toute l'histoire du cinéma et dans la plupart de ses principaux pays, fourmille de cas semblables, qu'il s'agisse de producteurs pour le petit ou le grand écran. Et combien de cinéastes (petits ou grands) ont du mettre leur poing dans leur poche avec un mouchoir trempé par dessus devant l'obligation de couper des scènes, changer des dialogues... :?

Re: Etat de la comédie française actuelle

Publié : 15 sept. 13, 14:37
par julien
Frédi a perdu sa mère. Cette dernière lui a transmis un don, dont il ne veut pas entendre parler. Mais il se trouve peu à peu contraint de reconnaître que ses mains guérissent... Il s'interroge. D'où vient ce don ? Qu'importe, il l'accepte...
Personnellement je serais producteur, à la vu de ce seul synopsis, je balancerais même pas un kopek là-dedans. Rien que le titre de son film ça me donne déjà mal à la tête. Cela dit il me semble qu'on peut trouver d'autres systèmes de financements maintenant pour réaliser des films, autres que l'avance sur recette et tout le bazar... Internet par exemple, même si c'est encore assez archaïque, offre une opportunité intéressante. D'ailleurs, de plus en plus de cinéastes commencent à privilégier cette voie là j'ai l'impression, et ça me parait être une alternative intéressante face à un cinéma de plus en plus consensuel et sclérosé.

Re: Etat de la comédie française actuelle

Publié : 15 sept. 13, 19:20
par Commissaire Juve
Rien à voir (quoique) : ton appel à la solidarité, en signature... ah oui, alors ! Quelle misère, ce genre de projet (ça fout "les boules" ! :mrgreen: ).

... Tu remplaces le Parti par la Télé, et c’est bon. On est dans un système soviétique, la Télé dit oui, tu fais le film, elle dit non…"
Et sinon, en sortant des frontières... il n'y a pas des producteurs européens qui pourraient être intéressés ? Quoi qu'il en soit : quand on voit qu'un film comme "Les invincibles" trouve des producteurs, tout est possible et il n'y a vraiment pas de raison pour que le Dupeyron soit recalé.

Re: Etat de la comédie française actuelle

Publié : 16 sept. 13, 13:59
par julien
Commissaire Juve a écrit :Quoi qu'il en soit : quand on voit qu'un film comme "Les invincibles" trouve des producteurs, tout est possible et il n'y a vraiment pas de raison pour que le Dupeyron soit recalé.
Oui mais dans Les Invincibles t'as de bonnes trognes. Le gros gégé qu'on ne présente plus, l'espiègle Edouard Baer, la pulpeuse Virginie Efira, Daniel Prévost, qui va probablement comme à son habitude jouer le rôle d'un enfoiré et un pt'it beur dans celui de l'opprimé. C'est nase comme concept et c'est cousu de fil blanc mais ça marche. Ça aide au financement. Le film de Dupeyron, déjà tu vois l'affiche dans la rue, t'as envie de changer de trottoir.

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Re: Etat de la comédie française actuelle

Publié : 16 sept. 13, 14:42
par Anorya
julien a écrit :Le film de Dupeyron, déjà tu vois l'affiche dans la rue, t'as envie de changer de trottoir.

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Ah quand même.
La France, un pays où le graphiste est maintenant espèce menacée. :mrgreen:

Re: Etat de la comédie française actuelle

Publié : 16 sept. 13, 14:57
par julien
Par rapport aux Invincibles, la campagne d'affichage est évidemment beaucoup plus discrète mais j'en ai vu quand même quelques unes ce matin. Comme ce sont des agences de pubs qui font les affiches de ciné évidemment faut pas s'attendre de leur part à une quelconque recherche artistique au niveau du graphisme.

Re: Etat de la comédie française actuelle

Publié : 16 sept. 13, 15:21
par Commissaire Juve
julien a écrit :... Le film de Dupeyron, déjà tu vois l'affiche dans la rue, t'as envie de changer de trottoir.
Mouarf ! :mrgreen:

Re: Etat de la comédie française actuelle

Publié : 16 sept. 13, 15:21
par Supfiction
Des pistes, des pistes..
http://www.lefigaro.fr/culture/2013/09/ ... WCQUmDCEvk

J'aime bien la conclusion de l'article :
Il faut que les producteurs mettent plus d'argent

Re: Etat de la comédie française actuelle

Publié : 16 sept. 13, 15:26
par homerwell
julien a écrit :Par rapport aux Invincibles, la campagne d'affichage est évidemment beaucoup plus discrète mais j'en ai vu quand même quelques unes ce matin. Comme ce sont des agences de pubs qui font les affiches de ciné évidemment faut pas s'attendre de leur part à une quelconque recherche artistique au niveau du graphisme.
Il y a encore des agences de pub avec de bons graphistes, mais là aussi, le budget et la volonté du donneur d'ordre ont le dernier mot. Et puis aussi un "je ne sais quoi" qui fait qu'on nous donne à manger ce que nous réclamons, nivellement par le bas plus uniformisation parfaitement illustré par ce petit tableau même si on est hs je vous l'accorde.

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Re: Etat de la comédie française actuelle

Publié : 16 sept. 13, 15:32
par Supfiction
Bien vu.. j'ai justement découvert avec étonnement le très moche nouveau logo de Yahoo. J'ai même cru qu'il s'agissait d'une erreur ou d'un truc pour la journée.

Re: Etat de la comédie française actuelle

Publié : 16 sept. 13, 15:35
par homerwell
Et là, graphisme et recherche artistique, pour revenir au cinéma.

http://www.carsandfilms.com/

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Re: Etat de la comédie française actuelle

Publié : 16 sept. 13, 15:36
par homerwell
C'est une série d'affiches par Jesús Prudencio, épatant non !