
Zatoichi 21: Goes to the Fire Festival (Misumi, 1970) : Episode très réussi, assez hétérogène, avec en tête d'affiche bien entendu le duel Katsu Shintaro/Nakadai Tatsuya, même si au final ce n'est pas forcément ce qui fait l'intérêt majeur du film. Nakadai a très peu de scènes et son personnage fait un peu Tsukue Ryonosuke du pauvre. Bien sûr sa présence incroyable est là pour compenser, mais c'est un petit gâchis. L'essentiel est donc ailleurs. Si la mise en scène très nerveuse de Misumi n'est certainement pas sa meilleure c'est aussi loin d'être la plus mauvaise (pinaise, je suis inspiré moi ce soir...) avec quelques très bons passages notamment certains combats magnifiques dans la forêt, qui évoquent les meilleurs morceaux de Daibosatsu Toge 1 du même Misumi. L'épisode joue beaucoup sur la veine "Zatoichi est amoureux" mais ne s'enfonce jamais trop dans le sentimentalisme (comme cela peut être le cas dans beaucoup de films de l'époque) et cultive même l'humour propre à la série dans des proportions rarement atteintes. Enfin et surtout au delà de l'incontournable duel final bien sûr, deux séquences somptueuses : celle ou Zatoichi est attaqué aux bains par une hordes de yakuzas qui n'ont sur eux que leur sabre et leurs tatouage, et naturellement le fameux "Fire festival" du titre, qui offre un bon quart d'heure absolument superbe. Définitivement un excellent épisode, un peu difforme et monstrueux comme pouvait l'être le précédent ("...meets Yojimbo"), mais plus resserré, plus cohérent et tout aussi splendide plastiquement par la grâce du dieu des chef opérateurs nippons : Miyagawa Kazuo.

Zatoichi 22 : Meets the One-armed-swordman (Yasuda, 1971) : A l'image de tous les autres Yasuda Kimiyoshi que j'ai pu voir à ce jour, particulièrement décevant. Si je peux me baser sur la demi-douzaine de ses films que j'ai pu voir, qu'il touche aux Sleepy Eyes of Death ou aux Zatoichi, il n'arrive jamais à rien. Zatoichi 18 : The Blind Swordsman and the Fugitives qui bénéficiait pourtant de l'un des scénarios les plus prometteurs de la série (l'un des plus sombres) se révèle finalement tout juste moyen, ce qui en fait un des moins bons épisodes. Ici, il en est à peu près de même. La mise en scène de Yasuda est suffisamment ininteressante pour anémier tout le potentiel de la rencontre tant attendue entre nos deux super-stars, Katsu Shintaro et Jimmy Wang Yu. On sent d'ailleurs qu'il y a eu deux versions du film et que les Hongkongais et les Japonais de l'époque voulaient peut être bien faire des films ensemble, mais seulement si ça ne les obligeait pas à trop à se mélanger. Le résultat c'est que Zatoichi et Wang Kang n'ont qu'extremement peu de scènes ensemble et leur relation ne donne absolument rien. De même à l'échelle de la série qui aurait pu se voir enrichie par l'insertion d'un élément allogène, peine perdue. L'ensemble cultive tranquillement sa platitude. Au final un épisode terne et dont aucune scène ne décolle vraiment - d'autant que Yasuda ne sait pas filmer un combat de kung fu. Relativement dépourvu d'intérêt, si ce n'est la présence conjuguée des deux légendes vivantes à l'écran. Cela se suit sans trop d'ennui mais on est clairement en présence d'un des opus les plus faibles de la saga. Rien à voir avec le Misumi donc.