Et ça tombe bien car on pense un peu à lui sur l'adaptation d'une pièce du 16ème siècle Mariken de Nimègue (Jos Stelling - 1975) où l'on suit une jeune fille immergée dans le tumulte d'un moyen-âge boueux à souhait tandis qu'une épidémie de peste fait rage et qu'un mystérieux comédien utilise Mariken pour semer davantage de trouble parmi la population.

Pour son premier long-métrage, Jos Stelling n'a pas fait les choses à moitié et le sujet comme l'approche sont ambitieuses, avec une influence évidente de la peinture flamande, notamment Jan Steen pour les intérieurs. Il passa pas moins de 6 ans à la préparation du film. Malheureusement pour lui, le producteur s’empara du premier montage et dégagea 100 minutes sans concertation avec le cinéaste pour le ramener à 90 minutes.
Ces coupes se sentent terriblement dans le premier moitié qui ne raconte pas grand chose à part une succession de scènettes interchangeables qui donnent cependant une description réaliste de l'époque : les rats, la paranoïa de la maladie, les corps ramassés dans la rue, l'insalubrité, les saltimbanques itinérants.
La seconde partie est plus narrative et s'avère excellente avec cette figure "maline" (dans son sens diabolique) qui pousse aux vices, à la débauche et aux crimes, exploitant la beauté virginale de Mariken. D'où deux scènes "érotiques" qui justifient la place de ce film dans cette programmation. La première est plutôt originale où la luxure se propage comme une épidémie sur les résidents d'une auberge observants les ébats de Mariken, qu'ils soient jeunes, vieux, gros, moches, se mettant à copuler à même le sol des couloirs exigus.
La seconde est une séquence de viol dérangeante et perturbante sans voyeurisme ni gratuité dans ses effets qui sert de bascule à la dernière partie dans la fable fantastique assez troublante, qui dévoile une richesse seulement effleurée. On se met alors à rêver d'une version intégrale. Sauf que les séquences coupées ont été détruites par le producteur. Tout aussi frustrant la copie 35mm projetée était déjà virée et ne rendait pas justice à la photographie.

Malgré sa bonne réception à Cannes en 1975, il désormais tombé dans l'oubli et seul semble exister un DVD néerlandais.
Les furies / Mijn Nachten met Susan, Olga, Albert, Julie, Piet & Sandra (Pim de la Parra - 1975)

Sur une route peu fréquentée, en bordure d'une digue, deux jeunes femmes séduisent un touriste américain avant de l'assassiner. Elle cache le corps dans un marais avant de rejoindre leur maison isolée à quelques pas. Elle y retrouve la propriétaire, une autre co-locatrice ainsi qu'une voisine autiste. C'est à ce moment qu'un homme à moto arrive à son tour et est invité à rester quelques jours.
Rien compris à ce que le film voulait raconter si ce n'est installer un étrange climat à la lisière du fantastique (le résumé de la cinémathèque avance même l'idée de vampirisme). Mais au delà de ça, qui sont les personnages, leur psychologie, leur motivation ? Et la finalité du récit ?
C'est totalement abscons, presque surréaliste comme ce mec enfermé pendant 3 ans dans un cagibi et qui observe les deux meurtrières par un trou dans le mur. Tout le monde semble trouver ça normal. C'est un peu la même chose avec le héros masculin qui débarque pour une raison précise qui sera rapidement mise de côté. J'ai davantage eu l'impression de me retrouver devant une production tournée en une semaine, misant tout sur un décor unique (la route de campagne et la maison), pas mal de nudité, un peu violence et beaucoup de références cinématographiques plus ou moins habilement digérées (de Hitchcock à Tarkovski en passant par Pasolini ou Bergman)
Les 10 premières minutes étaient ainsi très alléchantes avec pratiquement aucune dialogue, un humour noir à froid, un ton décalé, un scope qui utilise bien la campagne hollandaise.
Ca ne tiendra malheureusement pas la longueur, tournant rapidement en rond malgré les régulières bonnes séquences où la voisine soigne son "un amoureux".
D'après les retour de mes amis qui ont pu assister à d'autres films signés Pim de la Parra, ce n'était guère mieux, voire médiocre au possible. Et dans l'ensemble cette rétrospective présente beaucoup de films sans grand intérêt. On est beaucoup à avoir revu à la baisse le nombre de séances prévues.
