Je prends le relai
Anomalies Sexuelles / Abarten der körperlichen Liebe (Franz Marischka - 1970)
Fritz Leist, progressiste psychanalyste germanique nous explique avec rigueur et humanisme les affres et tourments d'une poignée d'individus dont les préférences ont dévié des normes établies.
Il faudra qu'un jour L'Unesco, la fondation Abbé Pierre ou SOS Société rendent justice à nos voisins d'Outre-Rhin pour leur courage et abnégation à prendre à bras le corps les sujets délicats de la sexualité, son éducation, ses travers ou ses cas particuliers.
Ici, leur conscience professionnelle leur fait embrasser de nobles ambitions en affrontant sans tabous, hypocrisie morale ou pudibonderie aux jugement hâtifs, des vrais dilemmes de nos sociétés contemporaines dont les victimes ne connaîtront jamais le repos intérieur.
Fritz Leist convoque ainsi, avec pudeur et délicatesse, lesbiennes, travestis, homosexuels et sado-masochistes en prenant pour exemples des individus déchirants et déchirés.
Pas besoin d'aller plus loin : on est dans l'altruiste lignée des grandes heures du cinéma racoleurs teutons où l'exploitation se justifie par des sujets de société qui oscillent entre conservatisme, raccourcis hallucinant et bien-sûr de quoi se rincer l’œil.
Celui-ci passe pas trop mal grâce à sa structure film à sketch qui permet de ne pas s'ennuyer avec une approche docu-fiction. Un peu de reconstitution entrecoupée d'interventions pédagogique de Fritz Leist qui voudrait bien nous faire croire que ces "anomalies sexuelles" ne sont pas issus de monstres dépravés mais sont les conséquences de leur éducation, de leur enfance et de leur précédentes expériences. La vulgarisation a ses limites et même pour les années 70, il est difficile de garder son sérieux devant les explications parfois surréalistes, surtout une fois qu'elles sont mises en images : Le sexe entre femme ? Juste une passade le temps qu'une jeune femme violée par son père apprenne à retrouver confiance dans les hommes. D'ailleurs, elle est initiée par une ainée qui n'a pas réussi à se défaire de la vision d'un exhibitionniste. Les travestis ? Seulement de jeunes garçons coincés entre une mère castratrice et une tante en nuisette. Normal donc que le pauvre hère en soit réduit à voler de la lingerie paysanne qui séchait au vent pour enfin s'habiller en femme. De plus, il ne trouve même pas le salut dans une masturbation triste qui aggrave son mal-être.
Pour les gays : "contrairement à ce qu'on pourrait croire, l'homosexualité n'est pas une perversité, c'est une maladie". Et ils en souffrent ! Voyez cet homme marié qui "aime sa femme. Mais il est tiré par une force obscure. Et sa verge reste désespérément ramollie".
Pour les sado-maso, les situations sont plutôt gratinées aussi avec les adeptes des fessées ou un mari qui humilie son épouse en faisant l'amour à sa maitresse dans le lit conjugal pour mieux lui hurler de ramener le petit déjeuner.
La réalisation est à la hauteur des enjeux : stock-shots de voitures remontant des rues nocturnes, des décors se résumant à une pièce, des figurants qu'on a oublié de dirigé, une photographie aussi admirable que les papiers-peints (et les coiffures) ou une direction d'acteur naturaliste et un brin naturiste... encore que la parité ne soit pas respectée, les demoiselles étant curieusement plus généreuses devant la caméra. A noter quand même un symbolisme qui rajoute au grotesque comme les chandeliers et cendriers pour décoration unique dans le segment lesbien.
Sinon la musique est excellente et plutôt entraînante.
Petite valeur ajoutée substantielle de la VF : on rajoute une simple et unique voix-off qui commente par dessus la piste son originale et qui traduit tous les dialogues, y compris quand deux femmes sont à l'image.
Par contre, on ne se moque pas de Fritz Leist,
c'est un vrai psychanalyste mais également un philosophe catholique, ceci pouvant expliquer cela.
