Initiation au bonheur sexuel ou l'art d'aimer aka
Techniques de l'amour physique alias
Technik der körperlichen Liebe (Dietrich Krausser - 1968)
Alors là, on s'est fait avoir comme des bleus.
On s'imaginait qu'on se allait retrouver devant un p'tit film d'exploitation teuton qui détournerait le film d'éducation sexuelle pour en faire une comédie grivoise et macho (qui fut un vrai sous-genre local)
Pas de bol, c'est un vrai film d'éducation sexuelle
On a donc droit à une description de 15 minutes sur les organes reproducteurs masculins (via deux figurants filmés en gros plans, circoncis ou non !) et féminin (un simple dessin, les fourbes!) accompagnés de schémas en coupes.
S'en suit 10 minutes de préliminaires entre deux nouveaux figurants (de sexes opposés c'est mieux) qui ont l'air encore plus endormis que le scientifique qui raconte le programme.
Bon, on se dit alors qu'une fois ces bases établies, on va pouvoir rentrer dans le cœur du sujet. Que(ue) nenni ! Le film bascule dans une surréaliste explication des différentes positions utilisant des marionnettes en bois !
Et ils vont détailler 21 positions comme ça pendant facilement 30-40 minutes. Histoire de bien assommer le malheureux spectateurs qui se seraient tromper de salles, le vocabulaire est extrêmement répétitif (on aurait dû compter combien de fois "intense plaisir de la femme" est prononcé). Pour rythmer un peu tout ça, il faut reconnaître que les marionnettes sont disposées sur un plateau tournant et qu'on a parfois une illustration avec les deux comédiens mollassons qui doivent se croire à un shooting de roman photos.
Et quand on espère que cette énumération exhaustive touchera enfin à sa fin, on embraille sur 15 minutes de courbes explicatives. Et elles sont longues ces courbes à s'afficher, on dirait presque du temps réel. En gros, on y apprend que si Mr y va comme un bourrin égoïste, Madame n'a pas d'orgasme. Mais si Mr est généreux, alors Madame sera très contente. Mais si Monsieur et Madame connaissent leurs corps et sont initiés à l'art érotique, alors là champagne, feux d'artifice et cotillons.
Devant tant d'amateurisme, de pédagogie mal placée, d'incompétence, de comédiens disgracieux, je crois qu'on tient un des "trucs" les moins cinématographiques que j'ai jamais vu. Après, quelques points (mais pas le G) ont permis de relativiser quand même la découverte. Certains passages sont tellement improbables et saugrenues qu'on atteint quelques beaux rires au second et troisième degré. Ou plus si affinité.
Difficile de garder son sérieux face au scientifique entouré par les deux mecs à poils (et qui passe son temps à reluquer l'anatomie de son voisin non circoncis, comme hypnotisé). Et les premières images des marionnettes ne peuvent que provoquer un fou rire qui deviendra ponctuellement nerveux vu l'interminable leçon prodiguée. Et quelques commentaires sont en effet forts instructifs. On y apprend que le missionnaire n'est pratiqué essentiellement qu'en Amérique du nord, que les dames asiatiques préfèrent être en amazone ou qu'au moyen orient, les positions physiques et acrobatiques ont la préférence du couple.
Ah oui, et si certaines postures vous semblent perverses, c'est parce que vous n'êtes pas assez complices de votre partenaires.
Un grand film romantique en fait.
