Re: Kiyoshi Kurosawa (1955-)
Publié : 9 août 12, 17:31
Loft (2005)
Je déconseille d'aborder l’œuvre du cinéaste par ce film, ça vous vaccinerait probablement. En effet, voici un KK bien intrigant ! Indiscutablement rempli de défauts et de ratés, il a refroidi la critique tandis que les amateurs ne semblent jamais le citer dans leurs préférences. Une rapide consultation du topic classikien de l'époque montre qu'on en parle volontiers comme d'un nanar. Tout en reconnaissant le caractère très boiteux de l’œuvre, je ne serai pas aussi catégorique.
D'un point de vue thématique, spirituel et formel, on est indubitablement en territoire connu, c'est du film d'épouvante 100% Kurosawa, impossible de se tromper. Des personnages se débattant dans leur solitude, des lieux désaffectés, le poids de la fatalité, l'emprise des morts sur les vivants, le tout dans un système de réalisation contrôlée maladivement : compositions des cadres, spatialisation de la menace (l'arrière-plan est toujours capital), surgissement d'une tension par la simple fixité d'un plan, importance de la bande sonore, des silences surtout. Cependant, quoique portant son empreinte reconnaissable, il manque singulièrement à Loft la flamme de génie qui irrigue les meilleurs travaux du maître. KK nous joue sa petite musique mais toute rodée soit-elle, cela ne prend pas franchement cette fois-ci. Les quelques fulgurances ne compensent jamais l'impression dominante d'un paradoxe : la précision de la mise en scène contraste avec les approximations patentes du scénario. On a du coup un joli petit travail de mise en scène qui tourne à vide. Je ne sais pas trop ce qu'a voulu tenter l'ami Kiyoshi mais son scénar reste quand même super improbable (bon, ça, encore) mais surtout bien mal fagoté (ce qui est plus rare le concernant). On dirait qu'il veut caser plein d'idées hétéroclites mais leur agencement, leur concrétisation, laissent perplexe. Douleurs ventrales, bile vaseuse, momie millénaire repêchée, phénomènes paranormaux, visions étranges, éditeur insistant, KK nous balade dans une intrigue pot-pourri et surtout trompe-l’œil, dont la complexification ne s'avère finalement pas très probante, tant elle ne fait que pointer le poids des trop nombreux passages à vide du film et plus encore, la fragilité du postulat.
Impressions très ambivalentes, donc, pour ce film incontestablement bancal mais loin d'être inintéressant.
Je déconseille d'aborder l’œuvre du cinéaste par ce film, ça vous vaccinerait probablement. En effet, voici un KK bien intrigant ! Indiscutablement rempli de défauts et de ratés, il a refroidi la critique tandis que les amateurs ne semblent jamais le citer dans leurs préférences. Une rapide consultation du topic classikien de l'époque montre qu'on en parle volontiers comme d'un nanar. Tout en reconnaissant le caractère très boiteux de l’œuvre, je ne serai pas aussi catégorique.
D'un point de vue thématique, spirituel et formel, on est indubitablement en territoire connu, c'est du film d'épouvante 100% Kurosawa, impossible de se tromper. Des personnages se débattant dans leur solitude, des lieux désaffectés, le poids de la fatalité, l'emprise des morts sur les vivants, le tout dans un système de réalisation contrôlée maladivement : compositions des cadres, spatialisation de la menace (l'arrière-plan est toujours capital), surgissement d'une tension par la simple fixité d'un plan, importance de la bande sonore, des silences surtout. Cependant, quoique portant son empreinte reconnaissable, il manque singulièrement à Loft la flamme de génie qui irrigue les meilleurs travaux du maître. KK nous joue sa petite musique mais toute rodée soit-elle, cela ne prend pas franchement cette fois-ci. Les quelques fulgurances ne compensent jamais l'impression dominante d'un paradoxe : la précision de la mise en scène contraste avec les approximations patentes du scénario. On a du coup un joli petit travail de mise en scène qui tourne à vide. Je ne sais pas trop ce qu'a voulu tenter l'ami Kiyoshi mais son scénar reste quand même super improbable (bon, ça, encore) mais surtout bien mal fagoté (ce qui est plus rare le concernant). On dirait qu'il veut caser plein d'idées hétéroclites mais leur agencement, leur concrétisation, laissent perplexe. Douleurs ventrales, bile vaseuse, momie millénaire repêchée, phénomènes paranormaux, visions étranges, éditeur insistant, KK nous balade dans une intrigue pot-pourri et surtout trompe-l’œil, dont la complexification ne s'avère finalement pas très probante, tant elle ne fait que pointer le poids des trop nombreux passages à vide du film et plus encore, la fragilité du postulat.
- Spoiler (cliquez pour afficher)
Impressions très ambivalentes, donc, pour ce film incontestablement bancal mais loin d'être inintéressant.